Chapitre 6 Partie 2


Napolio fit disparaître en un instant le monstre attaché à son fleuret, le visage déformé par une expression désemparée. Comment un être supérieur comme Zoreïphan pouvait être réduit à s'agenouiller à cause d'une simple enfant.

Les mains de Napolio tremblaient puis après quelques secondes il serra les dents et planta brutalement son fleuret encore en forme de lance dans le sol et approcha à grand pas de Zoreïphan contre lequel il était présentement le plus furieux.

– Quel acte pitoyable es tu en train de perpétrer pauvre fou ? vociféra-t-il.

– Je m'excuse en son nom. répondit Zoreïphan sans lever la tête.

– Cesse ces bêtises maintenant Zoreïphan, et explique moi plutôt pourquoi. rétorqua Napolio.

– J'ai pu m'entretenir en privé avec elle et… j'ai pu constater quel genre de personne était la petite Azaly, ne lui en tiens pas rigueur elle à encore un long chemin à faire. déclara Zoreïphan.

L'humilité dont faisait preuve Zoreïphan était telle qu'on croirait voir dans cette scène un père dévoué protégeant sa fille.
Napolio fit volte-face, faisant de son mieux pour se contenir. Un homme qu'il voyait comme un modèle de maturité se tenait devant lui, demandant à gracier une impertinente qu'il aurait châtié avec joie. Napolio se demandait où était passé l'Artiste Pourfendeur qu'il avait connu, celui qui accomplissait son devoir sans broncher, ne laissant pas des sentiments freiner ses objectifs.

De son côté Azaly était plutôt enthousiaste de revoir cet homme qu'elle commençait à apprécier de plus en plus. Il serait d'ailleurs sans doute assez gentil, en tout cas davantage que Napolio, pour l'aider à rejoindre Kessadi.

– Vous pouvez m'aider à aller à l'endroit où est monsieur Kessadi ? demanda Azaly.

Elle ne le remerciait même pas d'avoir été sauvée, car de son point de vue elle n'avait jamais été en danger, après tout, qu'était-ce pour elle que ce concept.

– C'est impossible. répondit Zoreïphan avec froideur.

Le visage d'Azaly s'assombrit. Qu'est-ce que ce gentil homme lui racontait, était-il réellement en train de tenir le même discours que Napolio ?

– Pourquoi ? continua Azaly frustrée.

– Parce que telles sont les règles, c'est moi même qui l'ai dit. répondit Zoreïphan sans changer sa position mais gardant son genou au sol et ses mains serrées autour des membres d'Azaly.

– Mais pourquoi des règles ! Je veux juste retourner voir monsieur Kessadi ! insista-t-elle passant pour une enfant gâté.

– Parce que les règles sont faites pour êtres respectées. continua Zoreïphan.

– Mais ça c'est pas mon choix ! Je veux seulemen-

Soudain, ayant trop entendu l'enfant se plaindre, excédé par son insubordination, Napolio prit en main son arme plantée au sol puis la pointa sur l'œil d'Azaly à seulement quelques millimètres. Zoreïphan fut momentanément surpris mais il réussit à se contenir pour rester en place, immobile.

– Arrête Napolio, ça ne te mènera nulle part. conjura Zoreïphan d'une voix humble.

– Désolé Zoreïphan, je te respecte profondément cependant, cette enfant je ne peux la laisser impunie. déclara Napolio visiblement affligé de devoir aller pour cette fois à l'encontre du désir de son camarade.

– Napolio s'il te plaît… appuya Zoreïphan.

– Elle m'empêche d'effectuer correctement mon travail de professeur, et tu sais à quel point j'étais ravi de le faire, pourvu seulement qu'on m'écoute, déclara Napolio, mais voilà, elle va à l'encontre de ma philosophie, et ça je ne peux le supporter, alors quitte à devoir continuer je désire obtenir compensation pour ce préjudice.

– Je comprends… marmonna Zoreïphan.

Il se releva lentement, faisant reculer Napolio, tenant toujours Azaly dans ses bras. Une fois debout il lâcha la petite d'une main, lui permettant de se tenir debout sur ses pieds, cependant il lui tenait toujours le bras.

– Azaly je ne peux et ne dois en aucun cas faire de favoritisme envers des apprentis durant les épreuves, alors je vais te le demander une dernière fois… articula Zoreïphan.

– Je veux aller retrouver monsieur Kessadi ! cria Azaly.

Elle tremblait la tête baissée, elle était frustrée et déçue de Zoreïphan qui n'avait pas pu satisfaire ses attentes. Azaly n'écoutait pas, mais à ce stade, Zoreïphan ne pouvait plus se préoccuper d'elle, tel était son devoir. De plus, il ne souhaitait pas négliger le désir simple de son camarade, lui qui n'exigeait rien d'autre que de l'attention.

– Azaly, je te demande s'il te plaît, jusqu'à la fin de l'épreuve écoute Napolio, après ce qui vous attend rien ne t'empêchera de voir Kessadi, alors prend patience et suit les règles. continua Zoreïphan d'un ton grave.

Azaly refusait de prendre garde aux dires de Zoreïphan. Elle voulait seulement faire ce qu'elle voulait, pourquoi tout le monde était autant obnubilé par ces règles stupides, elle ne le savait pas.

– J'irais voir monsieur Kessadi moi même ! hurla Azaly.

Sa voix s'étendit au loin, changeant partiellement pour devenir plus grave comme tout à l'heure. Zoreïphan secoua alors la tête, sans lui lâcher le bras puis son regard alla en direction de Napolio qui tenait fermement son arme.

– C'est ton dernier mot Azaly ? demanda Zoreïphan.

– J'irais !

– Bien… Napolio ?

Zoreïphan souleva soudainement Azaly de sa main qu'il couvrit d'Aura. Azaly s'éleva dans les airs après qu'il l'ait lâchée, incapable de bouger. Son corps monta à quelques mètres de hauteur avant de se bloquer dans l'espace alors qu'Azaly luttait pour se dégager.

– Napolio… crève lui l'œil ! ordonna Zoreïphan.

– Bien. acquiesça ce dernier.

Alors que l'enfant était suspendue au ciel tel un agneau à l'abattoir, Napolio brandit sa lance argenté avant de la pointer en direction d'Azaly.

Une flèche scintillante fila de la pointe de la lance tel un projectile et transperça l'œil de la petite d'un seul coup. L'organe circulaire sortit de l'orbite à moitié fêlé avant de tomber par terre au sol.

L'instant d'après Azaly chuta des airs, Zoreïphan ayant annulé les effets de son Aura, laissant l'enfant s'écraser au sol comme un vulgaire déchet.
Azaly qui était sur le dos resta quelques secondes l'œil écarquillé, réalisant avec effroi que quelque chose manquait dans son corps.

Elle se retourna brusquement, appuyant sa main contre l'orbite vide duquel coulait du sang puis rampa désespérément jusqu'à son morceau d'œil, sous le regard horrifié des apprentis pour qui la dangerosité de ce monde et de ses résidents gagnait en impact. Plus qu'une simple punition, les plus perspicaces du groupe purent remarquer l'exécution psychologique qui s'était déroulée sous leurs yeux.

Azaly récupéra de sa main libre son œil et le contempla le corps tremblant. Peu à peu elle réalisait, peu à peu la douleur se faisait de plus en plus présente.

Le visage de l'enfant se déforma alors que des larmes commençaient à affluer.
Soudain, Azaly poussa un cri effroyable qui mélangeait les pleurs.
Elle avait mal, très mal, c'était une première pour elle qui n'avait jamais ressenti quelque chose de ce genre.

Sa pupille disparue, laissant son œil vide de contenu tel une étendue blanche et morte. Sa voix puissante se répandit aux alentours, perçant les tympans des apprentis en arrière qui se bouchaient les oreilles pour bloquer tant bien que mal ce son abominable.

Azaly hurlait à la mort une main plaquée contre sa blessure et l'autre tenant le reste d'œil alors que Zoreïphan et Napolio se regardaient et regardaient l'enfant pleurer au sol, innocente et blessée à tour de rôle.

Grâce à leur Aura ils purent se communiquer quelques mots au milieu de ce brouhaha assourdissant.

– Je vois que tu n'as pas perdu une partie de l'ancien toi… lança Napolio.

– J'ai fait ce qui devait être fait. répondit Zoreïphan.

– Je constate surtout que ton cœur n'était pas présent durant cet acte. continua Napolio.

– Je l'admets ce fut une décision à contrecoeur, cependant c'est nécessaire pour son évolution.

– Je l'ai entendue utiliser ce mot… peut-être comprendra-t-elle ce que signifie évoluer pour un voyageur de mondes. réfléchi Napolio.

– C'est à elle de voir, il faut qu'elle prenne conscience qu'ici ce n'est pas une aire de jeu. lança Zoreïphan.

– En effet.

– Je vais donc me retirer, continue ta mission quoiqu'il arrive, et si elle n'écoute toujours pas, préviens Hascley qu'en cas de problème il ne devra pas là sauver. ordonna Zoreïphan.

– Compris. acquiesça Napolio.

Zoreïphan fit volte-face et commença à partir. Il passa près d'Azaly encore en pleurs sans lui jeter le moindre regard.

– N'oublie pas qu'ici tu n'es rien. marmonna Zoreïphan à Azaly avec froideur.

Azaly ne réagit pas, son corps et son cœur encore mortifiés par ce qui venait de se dérouler.

Napolio se retourna alors vers les participants, son arme rangée.

– Veuillez m'excuser pour cette interruption et cet imprévu, dit-il, cependant je vous conseille de prendre pour leçon ce que vous venez de voir !

Il frappa du pied le sol en rythme avant de reprendre.

– Nous allons donc pouvoir commencer l'épreuve !

Eh voici le second chapitre Diastasis de la semaine ! Désolé encore pour le retard ^^

Comment c'était l'écrit ?

Comme le précédent, ce fut particulièrement délicat de montrer l'obstination d'Azaly, je voulais que ça fasse un maximum réaliste, de sorte à ce que ce soit prit au sérieux. Azaly à sa vision, sa psychologie, et il m'arrive d'être quelque peu suspicieux de la façon dont les lecteurs le comprennent. Cette enfant ne réagit pas du tout de la même manière qu'un humain, elle n'en est même pas une, et c'est ça qui devra être prit en compte pour la prochaine fois :3

Sinon j'ai continué de développer le caractère de Napolio, mais également de montrer aussi sa relation avec Zoreïphan. L'un comme l'autre ont des principes, et j'avais besoin d'ajouter Zoreïphan pour montrer davantage de complexité chez lui.

La fin fut vraiment dure à écrire... Disons que ça fait quelque chose qu'Azaly subisse ça d'un coup, combien même elle l'avait cherché. Il faut comprendre qu'elle ne voyait pas le mal dans son désir, et qu'au fond, eh bien cette situation est pour elle un enchaînement d'événements qu'elle ne parvenait pas à saisir.

J'espère que c'était assez intense, je ne sais pas encore si je suis assez bon pour écrire une scène dure mais bon, on verra bien ^^

Merci d'avoir lu et à la semaine prochaine !

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