Chapitre 13 Partie 10
La mort de Swan fut un moment brutal et intense pour tous les spectateurs de cette mise à mort. L'avertissement était clair, et faisait encore plus comprendre aux apprentis que leur marge d'erreur était fine. Bien trop fine pour qu'ils puissent compter dessus.
Showeï prit alors du recul, conscient qu'il ne pouvait faire aucun faux pas dans ce combat. Han, toujours à terre, tenta de se relever, serrant les dents alors que son bras le faisait souffrir. Lui qui n'avait pas récupéré totalement des blessures que lui avait infligées Harmgath, savait mieux que quiconque à quel point l'état physique de chacun était une donnée fondamentale dans leur situation.
Une main tendue saisit son bras encore valide, avant de le relever précipitamment. Showeï était de nouveau à ses côtés, bien moins téméraire qu'au début du combat. Tout en tenant sa hallebarde, il palpait la zone fragilisée de son arme, inquiet.
Une défaillance dans leur équipement était la pire chose qui puisse leur arriver en plus de la perte d'un coéquipier. Si sa hallebarde se brisait au mauvais moment, le peu d'équilibre maintenant leur affrontement laisserait place à un massacre unilatéral.
Le samouraï avait foi en son arme, mais face à L'Aura, plutôt qu'impuissant, il se sentait jamais assez préparé. C'était comme faire face à une force, mais une force tout droit venue de l'inconnu lui même. Une puissance imprévisible en face de laquelle tout pouvait arriver.
Aran secoua frénétiquement son poing ayant tué Swan, bien que celui-ci soit dénué de toute hémoglobine. Il donnait l'impression prendre plaisir en sa force qui le plaçait au-dessus de ses adversaires. Il semblait à la fois enthousiaste et surpris.
D'un coup d'œil, il vit alors l'impact qu'avait eu son meurtre sur les autres apprentis. Dans leur yeux, il pouvait voir la détermination à ne pas abandonner le combat, et ce quand même ce début de combat catastrophique.
– Vous savez… lança Aran avec sérieux. Ça peut sembler fou, mais votre camarade, c'est la première personne que je tue de ma vie.
– Vous m'avez l'air bien trop satisfait de vous-même pour déclarer être à votre premier meurtre. rétorqua Showeï sur le ton.
– Pourtant, c'est l'entière vérité. Cependant, en tant que chef des Anakana survivants aux folies meurtrière des voyageurs, je sais quel genre de personne je dois devenir si je veux pouvoir leur permettre de vivre une vie comme ils l'aspirent. Le monde des voyageurs est sanglant… et même les intentions les plus bienveillante ne pourront épargner l'entièreté de cette société mortelle. Je désire aider ce morceau de peuple qui a souffert par la faute des voyageurs, c'est pourquoi je ne dois pas hésiter à me salir les mains.
– … c'est une philosophie qui se tient.
Le chef des Anakana se mit à avancer vers le groupe, forçant Showeï et Han à un recul progressif. Sans avoir l'air de se préoccuper de leur mouvements, Aran leva les yeux au plafond, presque pensif.
– Au départ, je voulais épargner un maximum de gens… j'ai vu une femme parmi les prisonniers prit du grand bâtiment à la surface, elle ne cherchait même pas à se protéger elle-même mais avant tout les enfants à ses côtés… même moi je ne pouvais pas rester insensible à ça… mais avec le recul, je me suis rendu compte, qu'à vouloir être trop juste, on ne peut accomplir ses ambitions.
Tout en continuant de parler, comme s'il s'adressait davantage à lui même qu'à ses opposants, Aran poursuivait son avancée progressive dans le couloir. Han et Showeï n'étaient d'ailleurs qu'à deux pas des deux jeunes, Arthur et Quentin.
– Vos ambitions en tant que chef, ne peuvent donc être accomplies sans causer un massacrer sur ce navire… incluant sans doute des individus n'ayant aucun lien avec vos malheurs passés…? demanda Showeï la hallebarde prête à frapper.
– Là est l'injustice d'une vie en tant qu'être normaux guerrier. répondit Aran. Il y a toujours des innocents… bien souvent plus que de coupables. Il vient toujours un moment où on se heurte à eux, où ils sont un frein à notre avancée, et où notre moralité et le poids de nos ambitions est mis à rude épreuve. Dans notre situation à nous Anakana, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la moralité nous empêcher d'évoluer. Mes compagnons me l'ont fait comprendre, et alors que je pensais possible un chemin sans victimes jusqu'à notre objectif… ils m'ont rappelés qu'on ne peut pas viser ce genre de sommets sans grimper sur une pile de cadavres.
Aran s'arrêta alors, et prit une grande inspiration avec d'expulser lentement tout l'air qu'il avait aspiré. Les yeux clos, il se mit en position, les points serrés, avant de les rouvrir. Il n'était plus aussi enthousiaste qu'il y a quelques instants, il montrait une expression mêlant sérieux et emphatie. C'était un peu comme une forme de tristesse.
– Alors je vais m'excuser auprès de vous. Pardon de vous le dire… mais vous êtes un frein à notre ambition. Alors non seulement moi, mais aussi tous mes semblables, allons devoir prendre appui sur votre mort pour pouvoir avancer.
Showeï allait lui répondre, mais ce fut Han qui le fit. Il prit les devants et brandit son arme en direction du chef des Anakana.
– Inutile de s'excuser monsieur Aran… voyez-vous, mon bras, vous me l'avez pour ainsi dire détruit… et je crois bien que pour la douleur occasionnée, je désire vous mettre une balle entre les deux yeux. De plus, pour mon avenir dans cette formation, je veux stopper votre révolution contre les voyageurs. Vous voyez ? J'ai encore moins de raison que vous de mettre fin à toutes ces vies, néanmoins vous et vos pairs êtes un frein à mon évolution personnelle en tant que voyageur… alors finissons-en voulez-vous ? Notre présence à tous en ces lieux prouve qu'on est pas des gens qui se préoccupent de la morale.
– Vous n'avez peut-être pas tort… lança Aran. Alors, comme vous l'avez dit, finissons-en.
Suite à cela, il s'élança vers le duo et le Han fit feu. Boosté par son Aura, le chef évita les balles avec aisance, et finit devant le tireur vers qui il balança un direct précis et d'une fluidité terrifiante.
Au même moment, Showeï fit s'abattre sa hallebarde vers le bras tendu d'Aran qui se retira en un instant avant l'impact.
L'arme du samouraï frappa le vide, et Han fut épargné. Cependant, leur opposant n'allait pas leur laisser de répit.
Le temps que Showeï relève son arme, Aran fonçait d'ores-et-déjà vers eux. Le gentleman prit du recul, et tenta de s'acculer contre la paroi tout en gardant en joue son ennemi. Mais plutôt que de s'attaquer au tireur, le chef des Anakana fila droit sur le samouraï.
Sans perdre son sang froid, Showeï se mit en garde, prêt à prendre du recul en cas d'attaque. Aran fit mine de lui balancer une droite quand il fit à la place un tacle en pleine jambe. Cependant, le samouraï parvint à réduire la force du coup de sa hallebarde. Il sentit le bois de son arme se fracturer, mais vit avec soulagement l'ensemble tenir le coup.
Aran enchaîna alors avec un uppercut qui faillit décapiter sur le coup le samouraï. Cependant, ce fut cette fois Han qui lui sauva la vie d'une balle tirée au bon moment. Showeï profita du moment où son opposant évitait de peu la balle prête à lui perforer le crâne, et s'equiva rapidement.
Le chef des Anakana lança un coup d'œil en direction de Han, conscient qu'il était décidément trop dangereux, même avec un bras en moins.
Cependant, Showeï était lui aussi bien pénible. À moins qu'il ne le tue, Aran se doutait que ce guerrier reviendrait lui mettre des bâtons dans les roues tôt où tard.
Serrant les poings, il fit alors croître son aura, faisant frissonner plusieurs secondes Han et Showeï directement exposés à cette montée en puissance.
Le samouraï pouvait le sentir, l'air était comme pâteux, un peu lourd, et pénible à inspirer. Le temps n'était pas leur allié, pas contre un adversaire devenant plus fort de secondes en secondes.
Soudain, un grondement saisit l'ensemble du couloir. Le métal se mit à vibrer, et le sol tremblait.
– C'est quoi cette explosion ? lança Arthur à la fois à tout le monde et a personne.
Lui qui s'était fait oublier, préférant rester auprès de Quentin qui se remettait de la douleur de sa chute, avait soulevé une interrogation dans l'esprit de tous.
Personne n'avait de bombe ici, et personne ne savait de qui cela venait. Peut-être d'un allié, où bien d'un ennemi. Aran non plus ne savait pas quoi en penser. Peut-être était-ce l'oeuvre d'Enri, lui qui, après tout, ne lui racontait les choses que quand il jugeait cela nécessaire. Peut-être avait-il en sa possession quelque chose au potentiel destructeur aussi impressionnant. Où, peut-être était-ce là une œuvre d'un ennemi.
Showeï et Han se lancèrent un coup d'œil fugitif, n'ayant besoin de nuls mots pour comprendre que cet événement inattendu était leur chance de déstabiliser leur adversaire. Han fut le premier à sourire, surpris d'a quel point le samouraï était capable de saisir le fond de sa pensée.
– Sacrée explosion en tout cas…! J'espère qu'elle a eu une grande zone d'effet. lâcha-t-il simplement.
Sans attendre une réaction d'Aran, il pressa de nouveau la détente et tira. Le chef des Anakana eu un temps de réaction plus lent qu'à l'accoutumée. À la place d'une esquive fluide, il effectua un petit saut arrière. Même après ça, il semblait préoccupé, et ça se voyait sur son visage.
Showeï saisit cette chance pour tenter une attaque frontales. Han le soutint avec plusieurs shoot qui permirent au samouraï d'atteindre en un instant son adversaire. Aran se servit alors de son bras pour bloquer le coup d'ores-et-déjà paré à fondre sur lui.
La hallebarde s'écrasa sur son poignet, et le fer de l'arme parvint à le pénétrer. La blessure n'était pas aussi profonde que l'aurait suggéré la force de ce coup. C'était comme s'attaquer à un tronc en gomme, à la fois mou et très ferme.
Aran retira son bras, comme prit de panique, quoiqu'il s'efforce de conserver son calme, quand une balle vint se loger droit dans sa jambe.
Cependant, plutôt que de se préoccuper de la douleur, le chef des Anakana enfonça son poing dans l'estomac de Showeï qui poussa un râle sinistre. L'armure céda à l'impact comme eu papier, et le bruit de la chaire pénétrée fit frémir Arthur.
Quentin à ses côtés, tressailit à la vue de cette scène, et, retenant son envie de vomir, il hurla à plein poumons :
– Monsieur !!
Il tenta de courir vers lui, mais Arthur le retint.
– Non !! Fais pas l'idiot ! Il va te tuer !
– Mais il va le tuer !
– C'est trop tard !
Showeï cracha une gerbe de sang par terre, et semblait prêt à tomber à n'importe quel moment, quand il saisit de ses mains le bras d'Aran, empêchant ce dernier de le sortir. Le chef, surpris tenta de reculer, mais le samouraï résista à sa force pour tout miser là dessus.
À la vue de cet acte inattendu, Quentin persista d'autant plus à lui venir en aide. Mais ici encore, Arthur l'en empêcha.
– Lâche moi !!
– C'est mort je te dis ! On peut rien faire dans un combat pareil !
Han lui, alors que l'effervescence était à son comble, conserva son sang froid, car il avait obtenu une ouverture de premier choix. Il n'hésita pas un instant, et tira droit sur la tête d'Aran qui la reçu directement dans le crâne.
Il avait fait mouche, du moins il l'avait espéré.
La tête poussée par la balle, Aran était encore en vie, et ce parce que le projectile ne l'avait pas atteint.
Bloquée par une énorme épaisseur d'Aura, la majorité de L'Aura d'Aran placée en ce point, la balle semblait suspendue dans le vide.
– Bordel de merde…! rugit Han.
Juste après, le chef des Anakana poussa un cri empli de détermination, avant d'ôter brusquement son poing dans l'estomac du samouraï. Sa respiration avait accélérée, comme s'il sortait d'un effort conséquent.
La balle tomba finalement au sol, puis Aran se tourna vers Han, tandis que le corps massif du samouraï tomba au sol. Son corps lourd s'écrasa par terre. Et son casque, qui jusqu'ici lui avait caché le visage, tomba, dévoilant un vieillard aux cheveux longs et blancs, portant une longue moustache, tel un mandarin.
– Comme vous avez dit… lança Aran entre deux souffle. Finissons-en.
Soudain, une silhouette fonça droit sur lui, épée en main.
– Rhaaaaaaaa !!!
Miie bondit sans hésitation sur Aran et lui planta son épée dans le cou. Son opposant tenta de bloquer l'attaque de ses mains, mais la lame les transperça sans effort avant de pénétrer sa carotide.
Le sang gicla brusquement, s'étalant sur tout le visage de la chasseuse qui s'effondra au sol avec lui. L'épée transperça le cou de part en part avant de rencontrer le sol de métal contre lequel elle résonna dans un bruit sourd.
Tâchée d'hémoglobine, respirant bruyamment et les larmes aux yeux, Miie fixa Aran avec détermination et furie.
– Ça… je l'ai fait pour Swan… et Ravana !
Serait-ce la fin....? Pas encore... Mais elle est proche.
Comment c'était l'écrit ?
Ce chapitre fut... Intéressant à écrire... Mais également délicat à sa manière. Et ce pour une raison simple : c'est le combat final.
Dire une chose pareille dans un affrontement comme celui-ci peut paraître anecdotique j'en conviens, surtout quand on voit par exemple les combats du chapitre 11 qui nous fond dire qu'Aran n'est qu'une petite menace comparé à ce qui attend les personnages dans le monde de Diastasis, mais au fond... Est-ce que la puissance de l'opposant est si importante que ça concrètement ?
Évidemment c'est un outil scénaristique, pour symboliser le chemin parcouru par nos héros... Mais au fond, Aran n'est pas le "grand méchant suprême ultra puissant" juste un homme, un leader qui veut guider son peuple dans ce monde sordide.
En soit, il n'existe pas pour rivaliser avec d'autres antagonistes en terme de menace... Mais un peu pour cristalliser cette épopée sur le Ballistia... Offrir à nos héros un dernier obstacle avant la fin du voyage.
Rappelez vous : la dernière île est passée depuis longtemps... Désormais on se dirige vers la montagne... Un tout nouvel endroit, et de nouveaux enjeux. Aran est important parce qu'il est un frein à cette avancée.
J'ai bien aimé ce personnage... Notamment car il permet d'écrire un peu plus d'empathie et d'humanité dans ce récit qui, on ne va pas se le cacher, n'en avait que très peu. Bien qu'ils soient fascinant et "badass" les personnages dopées au pouvoirs comme les nombreux voyageurs vus jusqu'ici sont *à mon sens* intéressant MAIS ne peuvent pas toujours usurper dans mon cœur des individus plus humains dans leur approche d'un problème.
Les mégalomane et autres personnages qui passent au-dessus des soucis d'un monde où d'autrui sont cool un moment mais... N'ont pas assez de cette fibre qui fait que j'apprécie énormément un personnage...
Mais j'ai assez parlé psychologie et personnages !
J'espère que vous avez apprécié cette partie ! N'hésitez pas à me faire part de votre ressenti :3
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