Chapitre 13 : Justice contre Ambitions Partie 1

Un frisson parcouru le corps d'Enri, alors qu'un Aran confus se tenait devant lui, vulnérable, pathétique, assis au sol, dominé par la volonté du jeune garçon.

Autour d'eux, une foule consumée par la rage et la haine se déchaînait sauvagement sur les otages.

Les deux voyageurs se regardaient sans un mot, les battements de leur propre cœur couvert par les bruits alentours. Le chef des Anakana se mordit les lèvres, et articula ces paroles d'une voix presque tremblante.

– Pourquoi…? Pourquoi en arriver là Enri ?

Il n'avait pas peur, Enri le sentait. Aran ne comprenait pas pourquoi tout ce peuple qu'il s'était efforcé de guider, en maintenant un semblant de pacifisme dans leur cœur, avait été incité à s'adonner à la colère par celui qu'il voyait comme son digne successeur, son seul confident.

– Je ne peux pas chef… on ne peut pas mener bataille avec de la pitié et de belles paroles..!

Aran se releva, lentement, alors que son expression prenait une mine presque déçue.

– Enri… quand je t'ai rencontré, tu étais prêt à te suicider à cause de ta condition de voyageur qui t'avait accablée ! Tu haïssait ces êtres à cause de ce qu'ils ont fait à ton village… et tous nos semblables rassemblés sur ce navire aussi ! Ils ont vu leur proche brûler, exploser où même se faire torturer sous leur yeux… ils ne veulent plus revivre cela, et moi non plus ! Si on part en guerre contre les voyageurs, que nous arrivera-t-il ?!

Désormais debout, dans toute sa hauteur, Aran se dressait devant Enri, comme s'il se confrontait à lui. Les deux se faisaient face en silence, alors que L'Aura de chacun s'affrontait dans une joute invisible.

– Je me contrefiche de quel genre d'adversaire je défie, lança Enri d'un ton sec, si nous gardons notre tête baissée indéfiniment, alors nous ne connaîtront jamais la liberté !

– Mais comment peux tu amalgamer passivité et prudence Enri ! Je souhaite tout autant que toi pouvoir connaître la liberté, et offrir aux autres un monde où ils ne craindront pas la mort ! Seulement je ne suis pas fou au point de montrer les crocs aux entités qui régissent la société des voyageurs ! Si on fait trop de vagues ils viendront nous écraser purement et simplement, tous nos efforts auront été réduits à un rien !

Enri ne répliqua pas de suite, et un cours instant, son aura faiblit, laissant celui d'Aran prendre le dessus. Mais ce fut bref, et le jeune garçon reprit le duel avec encore plus de force.

– On n'abat pas un titan en rongeant gentiment ses jambes Aran ! Il faut l'attaquer à la tête ! Qu'il sente que ce ne sont pas des fourmis qui l'attaquent, mais bien quelque chose de plus dangereux !

– On est pas des colosses Enri ! On est rien face à l'Agence !

– Pour le moment non… mais très vite, les choses vont aller très vite, et bientôt même l'Agence réfléchira à deux fois avant de s'en prendre à nous !

– Qu'est-ce qui te fais croire ça ?

– Ceci ! Grâce à ça tout va changer !

Enri sortit alors un rouleau rouge sombre, laissant surpris Aran qui écarquilla les yeux de stupeur.

– C'est- ?!

– Les paroles maître Héliam nous à transmises au travers de ses serviteurs infiltrés !

– Je l'avais avec moi comment as-tu pu le prendre ?

– Vous êtes très forts chef… mais ne me sous-estimez pas.

Au même moment, L'Aura d'Aran se mit à rétrécir, laissant presque Enri prendre totalement le dessus. Cependant, le chef tint bon.

– Ce message était une instruction de la part de maître Héliam qui nous avait dit de nous rendre maître du navire ! En aucun cas il n'a ordonné de passer pour des sauvages, quand bien même ce serait aux yeux de l'ennemi !

– Ahaha… vous êtes dépassé chef.

– Qu'est-ce que tu racontes ?

– Regardez.

Ouvrant le rouleau, dévoilant une longue feuille bardée d'écrits dorés incompréhensibles, Enri utilisa ensuite son aura. Les écrits réagirent et se mirent à changer, devenant un orthographe compréhensible pour les deux Anakana.

Aran lu les phrases ainsi créés, finit à genoux, sous le choc. Des instructions bien différentes de celles qu'il avait vu étaient écrites sur le rouleau. Elle mentionnaient des choses qu'il ne soupçonnait même pas.

– Comment est-ce possible….? Je n'ai jamais vu ça !

Esquissant un sourire victorieux, Enri lui tendit le rouleau.

– Ce que vous avez vu écrit est vrai… mais incomplet chef. La messagère à explicitement dit qu'il était destiné au voyageurs. Ce rouleau n'était cependant pas que pour vous, mais aussi pour moi. Vous seul ne pourrez jamais mener les Anakana vers la liberté… c'est la raison pour laquelle je suis là. Ce que vous avez révélé comme ordres sur ce rouleau n'était que le préambule de notre ascension !

Aran resta à genoux au sol un moment, avant qu'il ne relève la tête. Une volonté renouvellée sur le visage.

Dépassant Enri, il se dirigea vers la foule amassée autour des apprentis. Il laissa son aura déborder et cria à ces alliés :

– À tous les Anakana !!

Amplifiée par l'Aura, sa voix traversa les rangs telle l'onde de choc d'une explosion. Même Enri fut surpris de la puissance déployée. Comme figés sur place, les Anakana cessèrent de parler, de crier et d'insulter.

Lentement mais sûrement, toute l'attention de porta vers le chef. Personne ne voulait même lui demander la raison de cette intervention, ils n'attendaient que ses ordres désormais.

– Je vous demande à tous pardon, lança-t-il d'une voix sombre, par mes actes et mon égoïsme j'ai bien failli mettre en péril l'ensemble de notre peuple… mais ça n'arrivera plus !!

L'air soufflait en cercle autour de lui, et Aran se mit à flotter, comme galvanisé. Ses vêtements s'agitaient au gré du vent que son Aura perturbait de son intensité.

– Ne vous laissez plus restreindre pas l'empathie ! Nous n'avons plus besoin de nous retenir ! Grâce à Enri maître Héliam nous à offert un destin encore plus glorieux que tout ce que nous aurions pu espérer ! Mes amis ! Rendons nous maître de ce navire, et débutons notre ascension vers de nouveaux sommets !

La colère de tous, devant le discours du chef Aran, se changea en un élan d'espoir. Le bras levé, le peuple Anakana hurla de joie.

La foule se retourna vers les otages, et commença soudain un véritable lynchage. Le peuple qui se contentait de crier, décidait enfin de commencer la châtiment des apprentis. Alizéa fut brutalement plaquée au sol, et femmes et enfants s'agglutinèrent devant elle pour la tuer de coups dépourvu de toute retenue.

Béatrice écarquilla les yeux, alors même que la situation prenait une tournure dramatique. Elle cria à l'adresse d'Aran, laissant même les larmes lui monter aux yeux. Les cris de douleur d'Alizéa firent tressaillir tous les autres otages, qui se sentaient désormais réellement en danger.

– S'il vous plaît !! Laissez les enfants en dehors de ça ils n'y sont pour rien ! Vous êtes un homme bon j'en suis sûre alors laissez-moi prendre la responsabilité qui leur incombe !

Le chef lui tourna le dos, non sans lui lancer un regard dépourvu d'empathie. Ce geste était telle la fermeture brutale d'une porte, la mise sous scellé du seul rayon d'espoir visible.

– Ne vous méprenez pas… je ne fais que suivre la volonté de maître Héliam. Je croyais qu'il ne jugeait pas nécessaire de vous faire du mal… mais les choses ont changées.

Le temps qu'il finisse sa phrase, la vue de Béatrice fut obstruée par un groupe qui se tint prêt à la masscrer. Ses derniers appels furent vint, et l'instant d'après, le matraquage débuta.

Aran retourna vers Enri et posa sa main sur son épaule. Rien qu'à le voir, on sentait que le chef n'était plus le même homme. Il respirait l'assurance et la fermeté. Plus aucune crainte n'était lisible en lui, et Aran semblait prêt à faire face à toutes situations. C'était le genre d'homme qu'Enri était prêt à appeler "leader".

– Merci de m'avoir ramené dans le droit chemin tracé par maître Héliam Enri… je ne vous décevrai plus. Ni toi, ni les autres.

– Heureux de l'apprendre… chef.

Le regard d'Aran se porta en direction d'un sac laissé à côté de la voie de passage avant, du navire. Il était vide. Un discret sourire se dessina sur son visage.

– Hmm… on dirait que nous ne sommes pas les seuls à être passés à la vitesse supérieure.

Il prit un instant pour regarder les autres s'adonner plus que jamais à leur vengeance, bien conscient que désormais, le devenir de ces apprentis ne le concernait plus. Il laissa alors Enri et se dirigea d'un pas décidé, le corps entouré d'un dense Aura.

– Je te laisse t'occuper des choses ici, je vais prendre en main les opérations dans les niveaux inférieurs du navire.

– Compris.

Le chef fila droit en direction de l'escalier, et disparu l'instant d'après, laissant Enri seul avec les autres. Le jeune garçon serra le poing de satisfaction, alors même qu'il sentait le vent tourner en leur faveur. D'ici peu, une fois la colère de ses camarades étanchée, ils mettraient fin à la vie des otages. Pas de négociation, ce n'était pas utile face à des êtres liés à l'immortalité.

Mais alors qu'Enri observait le lynchage intense qui avait lieu, un détail le frappa quand son regard atterrit sur l'ensemble de la foule.

– Mais… qu'est-ce qui font encore dans le bâtiment les autres…? Ils ne se sont toujours pas occupés des corps…?

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Ogmios marchait d'un pas rapide en direction de la section médicale, intrigué par l'appel lancé par le médecin de la forteresse, Zurocrasy.
Il s'arrêta devant la porte qui s'ouvrit un instant plus tard, et resta surpris un instant à la vue des changements intérieurs.

– Ah ouais c'est vrai qu'il sait faire ça lui…

Ogmios garda les yeux écarquillés un court moment avant de réaliser la logique derrière la métamorphose de la section médicale. D'une salle rectangulaire, elle était devenue un long couloir sur lesquels en débouchaient d'autres encore.

Le nombre de morts ayant augmenté, le médecin avait agrandit la salle et le nombre de pièces disponibles pour accueillir les apprentis en conséquence.

Ogmios reprit ses esprits et retrouva Zurocrasy qui sortait justement de l'une des pièces, finissant tout juste les traitements finaux d'un apprenti.

– Hey Doc ! lança Ogmios.

– Où est Zoreïphan ? répondit sèchement ce dernier en retour. Je l'ai appelé à cause d'un cas important.

– Justement il est en train de batailler avec la direction de l'Agence pour éviter que cette formation ne devienne une histoire politique. Alors je suis venu voir ce qui t'avait affolé au point que tu l'appelles pour un apprenti.

Le serpent de pierres cligna de son œil unique à de multiples reprises, signe que sa patience s'usait déjà. Ogmios savait que leur nature de collègues n'engageait cependant pas Zurocrasy à révéler une information qu'il n'estimait pas nécessaire à quelqu'un d'autre que Zoreïphan.

– Appelle Pyrius dans ces cas.

– Tu sais je peu-

– Appelle Pyrius.

Ogmios espérait secrètement que l'inflexible médecin serait prêt à mettre de côté ses considérations pour la hiérarchie, mais le serpent semblait bien plus incorruptible qu'il ne l'imaginais. Il tenta alors une autre approche, pas bien subtile mais qui, il le souhaitait, fonctionnerait avec Zurocrasy.

– Doc je suis aussi balèze que Zoreïphan, alors je peu-

– Appelle. Pyrius.

Ogmios voulu répliquer, mais Zurocrasy commençait d'ores-et-déjà à changer de forme, devenant bien plus imposant et bien plus reptilien encore. Le dissident se retint d'en dire davantage, sentant son propre aura subir celui de son opposant.

Clignant frénétiquement des yeux pour chasser la roche qui couvrait rapidement ses sourcils, Ogmios finit par abdiquer.

– Okay ! Okay ! Mais tu pourras me dire ce qu'il se passe hein ?

Il fit volte-face alors que le regard noir de Zurocrasy l'invitait, voire lui ordonnait, de presser le pas. Au moment où il rejoint la porte d'entrée, celle-ci s'ouvrit en dévoilant Pyrius déjà présent et prêt à rentrer.

– Ah cool, il est déjà là Doc.

– Que se passe-t-il Zurocrasy ? demanda l'homme de feu. Zoreïphan m'a dit que tu m'appellerait sûrement à sa place au vu de son indisponibilité.

Il pénétra la salle, laissant Ogmios le suivre, intéressé par l'information que devait donner le médecin.

– On a un problème, répondit-il, un problème qui concerne un des apprentis décédé il y a peu.

– Développe.

– Même inconscient le jeune Hascley tient toujours actif son lien d'immortalité avec les apprentis, de ce fait ces derniers seront ramenés à la vie ici grâce à moi, jusqu'ici tout est normal. Seulement voilà, on a justement l'un d'entre eux qui ne s'est pas réveillé… plus précisément, il est réellement mort. Sa conscience ne reviens pas, et pourtant le lien est bien actif.

Ogmios resta perplexe à cette nouvelle, tandis que Pyrius demeurait dans le silence.

– Attend doc… le petit à un lien d'une puissance énorme, même moi je pourrais pas le défaire où rien que toucher aux liés ! Ça voudrait dire qu'on a soit un type très puissant impliqué, soit quelqu'un spécialisé dans les liens !

– Et ce qui m'inquiète… c'est que dans le cas présent, je crois bien qu'on a à faire à quelqu'un qui rassemble les deux.

Le duo regarda de nouveau Pyrius qui sortit de ses réflexions.

– Donc son corps est effectivement revenu ici comme le veut le lien d'immortalité d'Hascley, mais la conscience de l'apprenti n'en a pas fait de même, résultant de son état de décès ?

– Oui.

– Bon sang… et qui est la victime ?

– Un dénommé Harmgath.

Eh oui ça repart sur les chapeaux de roues et ça accélère très fort !
Mais on dirait que les problèmes arrivent aussi du côté des professeurs !

Comment c'était l'écrit ?

Une "libération" ? Un peu oui, le flashback était... Un peu éreintant à écrire je dois bien avouer. Pas tant dans le processus, mais dans le moral. J'aime énormément Diastasis, mais je crois bien être le type d'écrivain qui a besoin de se consacrer à des écrits plus courts... Où structurés et racontés d'une autre façon.

Depuis que je me suis mis aux nouvelles ( c'est ultra passionnant et ça offre une liberté d'approche incroyable ) j'apprécie plus que jamais le fait de pouvoir écrire moult textes différents qui ne vont pas me prendre plus d'une année entière à être bouclée. Est-ce un message de détresse...? Pas vraiment, néanmoins Diastasis est si long que j'en vois toujours plus les défauts... Je suis loin d'être un pro en écriture, mais ça fait toujours mal de ne pas être ENTIÈREMENT satisfait de son travail.

Le chapitre 12 ... Surtout vers le milieu et la fin avec le flashback, j'ai l'impression de pas avoir fait comme je l'aurais voulu... Que l'histoire a perdue en qualité. C'est peut-être vrai, en tout cas ça me prouve que j'ai encore du chemin à faire.

Ce chapitre je l'ai fait en me disant que "là ça doit se finir !" Non pas pour rush la fin... Mais pour apporter le point final tant attendu à ce récit qui dure depuis maintenant plus de 600 pages ( oui j'ai compté ).

J'espère que le changement d'Aran n'avait pas l'air trop précipité... Mais c'était pour moi un moyen de montrer l'influence de ce "Maître Héliam" dont Battista et Harmgath parlaient si souvent. Tel le chasseur et la professeure il est très important dans le Lore de Diastasis... Mais contrairement à eux il a une grosse influence dans l'Ascension des voyageurs. Il est d'ailleurs l'un des premiers personnages que j'ai créé, avec Azaly, Pierrot et Zoreïphan.

Merci d'avoir lu ^^ !

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