Chapitre 12 Partie 6


Alors en pleine course à travers le navire, Arthur, Sanda et Quentin s'efforçaient de mémoriser ce parcours fait en urgence. Le trio regardait de part et d'autre les couloirs divers de la structure, imprimant dans leur esprit chaque bifurcation, chaque chemin qu'ils seraient en mesure d'emprunter.

Pour Quentin, l'ambition d'Arthur en procédant de la sorte était toute trouvée. À l'exception de Sanda, lui et le vraisemblable leader de leur troupe n'étaient clairement pas taillés pour le combat. Han Allevister et Wish, leurs atouts, ayant d'ores-et-déjà été pris dans la bataille, plus aucun affrontement de face n'était conseillé pour le groupe.

Le Ballistia et son tentaculaire réseau de chemin dans les niveaux inférieurs constituaient leur dernière retraite et dernier territoire. Ce labyrinthe dont-ils devaient impérativement prendre le contrôle formait une retraite idéale, et un piège tactique pour prendre l'ascendant sur l'ennemi.

Personne ne parlait, car la situation n'y prêtait guère. L'imagination de ces petits soldats inapte au combat mettait en scène de véritables guerres dans leur esprit anxieux. Personne parmi eux, n'avait une quelconque expérience de ce genre d'évènement.

Même l'existence de Wish et sa semi immortalité ne rendait pas Quentin moins inquiet. Il savait que ce monstre avait massacré bon nombre d'apprentis, mais ce palmarès sanglant ne lui ôtait pas une pointe de doute présente dans son esprit.

– Vous pensez qu'il s'agit des pirates dont parlait le prof au début ? demanda soudainement Quentin.

Leurs pas résonnaient bruyamment sur le sol métallique. La voix du jeune garçon filait dans un écho lointain bien vite avalé par les entrailles de fer des niveaux inférieurs.

– Je suppose que oui, lança Arthur d'un air suspicieux, mais j'imaginais pas qu'on aurait droit à ce genre d'assaut de leur part.

Leur voix portaient sur de très longues distances, laissant à qui le voulait bien, l'opportunité de les entendre. Sanda en première ligne jetait de discrets regards inquiet vers l'arrière. Il s'imaginait que dans une situation pareille, la discrétion était de mise.

Pourtant, Arthur lui même s'accordait la liberté de parler sans réserve dans ces intestins de métal redistribuant leur nonchalantes paroles à travers toute l'étendue. Était-ce son plan ? L'athlète n'en savait rien, néanmoins il lui faisait suffisamment confiance pour ne pas les mettre tous en danger.

Sanda suivait Arthur pour cette raison, il écoutait ce garçon faiblard pour s'assurer une survie dans cet endroit où ses seuls muscles ne pourraient pas l'emmener bien loin.

Sûrement Han Allevister l'avait compris lui aussi. Arthur était un leader porteur d'espoir, mais également un tacticien qui certe les utilisait, mais qui leur offrait la chance de ne pas avoir à réfléchir. Ce garçon avait besoin d'eux, de leur force, tandis qu'eux n'avaient qu'à jouir de ses plans, s'octroyant de surcroît la possibilité de penser pour eux même.

L'athlète y avait déjà pensé, et il savait qu'à n'importe quel moment, il pourrait quitter ce royaume, le royaume du roi Arthur. Mais il ne le faisait pas, parce qu'Arthur, en échange de sa protection, et de son obéissance, lui ouvrait la voie vers des possibilités qu'il n'aurait pas envisagé.

Soudain, Quentin écarquilla les yeux, et se couvrit la bouche de ses mains. Il prenait sûrement conscience de son imprudence d'il y a peu. Sanda comme Arthur entendirent son mouvement et son souffle brusquement étouffé.

L'athlète attendit alors, curieux de voir si le roi prendrait le temps d'apporter un commentaire à cette action. Arthur ne manqua pas d'agir comme il l'avait imaginé.

Abaissant d'un geste ample la main de Quentin, ce dernier lui fit signe de mettre fin à ses inquiétudes.

– Pas la peine de te taire… expliqua Arthur. Mentionner l'attaque des pirates sur tous les toits peut être à notre avantage. Bien que ce soit risqué à bien des points, on avertit tous ceux ici du danger qui nous menace tous.

Les yeux de Quentin et Sanda se sont illuminés simultanément à cette réponse inattendue mais logique. Bien que procéder de la sorte puisse avoir un effet négatif sur la suite des événements, ils avaient besoin de faire passer le message autant que possible.

– Ce dont on a besoin à l'heure actuelle..! Se sont des alliés ! ajouta-t-il le souffle plus court, c'est pas juste quelques personnes qui peuvent être en danger selon moi... mais bien l'entièreté des apprentis ! On doit diminuer au maximum notre infériorité numérique sous peine de voir réduites à néant toutes nos stratégie !

Quentin acquiesça alors, tout en reprenant péniblement son souffle. Sa tête continuait de se tourner chaque fois qu'il apercevait un tournant.

– Ouais…! En plus le bateau est parti de l'île ! Alors ces types sont possiblement pas dans une optique où ils viennent juste pour se barrer ensuite ! Ils veulent carrément investir le navire…!

Arthur hocha la tête, en signe d'acquiescement, tandis que lui et Quentin perdaient en allure. Sanda lui ne ressentait pas la fatigue comme eux, bien plus habitué à des parcours de ce genre. Leur vitesse de croisière déjà modérée ralenti alors sensiblement, jusqu'à ce qu'Arthur s'arrête, exténué.

– Arf..!! Putain j'en peux plus…!

Contrairement à Sanda, Quentin lui aussi arborait une expression à bout. Son visage trempé de sueur et sa respiration rapide en disait long sur sa condition. L'athlète se mordit les lèvres à la vue de ses deux compagnons lui rappelant un point essentiel de cette bataille.

– Ce sera vraiment une épreuve pour vous deux niveau endurance…! lança-t-il inquiet.

– Je confirme…! Ça va pas le faire si on tombe de fatigue ! cracha Arthur acculé contre une paroi.

– Prenez le temps d'inspirer ! C'est primordial si vous voulez récupérer efficacement ! conseilla l'athlète en voyant la manière de procéder des deux autres.

La respiration des deux garçons était précipitée, là pour rafraîchir leurs gosiers brûlant. Ils absorbaient l'oxygène tel des assoiffés devant une oasis.

Quentin faisait de son mieux pour suivre les conseils de Sanda, mais la panique mêlée au manque d'habitude à cet exercice rendait la pratique difficile. Le jeune garçon se remémorait déjà les propositions de Vanessa qui s'efforçait d'inculquer aux autres son amour du sport, qu'elle était seule à pratiquer.

Le souvenir de son amie fut cependant comme un coup de poignard en plein cœur. Quentin désirait les revoirs, mais il s'interdisait de le faire. Il les avait quitté pour tracer sa propre voie, son amour propre l'empêchait d'envisager l'idée même de retourner vers eux.

Il serra les poings, songeant alors à Wish qui se battait pour lui plus haut. L'idée même de ne pas pouvoir agir activement à la bataille l'enrageait, et il avait besoin de ce mépris de lui même, de son impuissance, pour se donner la force d'avancer.

– Changement… de plan..! déclara brusquement Arthur. On se sépare, Sanda continue moi et Quentin on va prendre une autre voie…!

Ses deux alliés se sont tournés vers lui, choqués, quand le roi sortit l'un de ses trésors.

– C'est pas le meilleur plan de s'y fier totalement, mais on peut pas perdre de temps…! Faut qu'on ait quadrillé un bon bout du bateau pour qu'on sache où on va en cas de déplacements. On pourra pas toujours rester ensembles, en tout cas dans le pire scénario, alors on doit pouvoir être autonomes dans nos mouvements !

L'expression de Sanda traduisait le doute qui l'habitait, mais Arthur affichait une volonté implacable. Leur survie était en jeu, et une armée s'était invitée dans cette forteresse, ils n'avaient pas le luxe d'hésiter.

L'athlète hocha la tête, et continua son chemin d'un pas rapide.

Sans plus d'explications, Arthur prit un autre chemin, intimant d'un simple mouvement de tête à Quentin de le suivre.

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Ses doigts fermes agrippant le bout de son képi, le vieux loup de mer installait sur son crâne garni de cheveux blanc son couvre-chef. Son album rempli d'anciennes photos, posé sur un meuble à côté d'un vieux livre de contes sur les mers, il ajustait sa tenue, s'assurant d'avoir l'allure la plus flamboyante possible.

Son costume d'amiral bien entretenu, d'un blanc immaculé et aux couleurs encore fringantes, rentrait sur lui comme un gant, et ce malgré son embonpoint.

Le vieux loup de mer, une fois impeccable en terme d'apparence, se dirigea vers la commode à côté de son lit. Tirant l'un des tiroirs avec délicatesse et fierté, il sortit un fusil vintage parfaitement conservé. De la crosse au canon, il luisait comme une arme sortie d'une vitrine.

Les voix nasillardes et volatiles d'apprentis étaient parvenus jusqu'à lui, une invasion ennemie semblait frapper le Ballistia, mettant en péril la survie de tous. Le vieux loup de mer n'y voyait pas un funeste événement, mais bien une opportunité. Lui qui avait déjà connu la rudesse du champ de bataille, bien qu'à une glorieuse époque maintenant révolue, c'était l'occasion de briller à nouveau.

Le sourire aux lèvres, le marin admira son fusil, comme s'il faisait face à une œuvre d'art. D'un souffle attentionné, il en ôta la fine pellicule de poussière qui avait eu le temps de se poser dessus.

– Eheheh… ça faisait longtemps mon bébé hein…? Tu m'as sauvé la mise pas mal de fois en temps de guerres. C'est pas des pirates de pacotille qui auront raison de nous…

Un léger bruit extérieur sortit alors le vieillard de sa rêverie, laissant ses dents serrées de colère prendre la place de son sourire empli d'égo.

Son regard se tourna vers un matelot en stand-by, attendant patiemment que son supérieur veuille bien mettre un terme à ses préparatifs bien trop longs.

– Puck !! vociféra Nemo furieux de voir son moment d'intimité avec sa fierté de jeunesse.

Le matelot planté, immobile comme une statue à côté du simple matelas posé au sol lui servant de lit, se mit au garde-à-vous.

– Oui cap- Amiral Nemo !

Le vieux marin ne dit pas un mot, et se contenta de grogner tel un chien en colère, jusqu'à atteindre Puck. Le matelot toujours en garde-à-vous dégusta alors dans un claquement tonitruant un soufflet à faire chavirer un ours.

Le corps de Puck partit sur le côté et termina sa course contre le sol froid et dur, une marque rouge, qui aurait bien pu être fumante, sur le joue. Le vieux loup de mer plongea ses yeux veineux dans ceux du jeune homme encore sonné par ce coup.

– Grr…! Combien de putain de foi…! C'est "amiral" face de mollusque !!

Son fusil en main, Nemo enjamba alors le corps de Puck et se dirigea vers la porte de sa chambre. L'imposante porte de métal s'ouvrit lentement, laissant le marin sortir de sa chambre.

– Aller mon bébé… allons botter une fois de plus le cul de ces soit-disant envahisseurs ! susurra-t-il à son arme.

Sans se retourner, Nemo lança alors à Puck en train de se relever :

– Et toi arrête de traîner feignasse !! C'est pour te retirer cette mollesse de pétoncle que ta prostituée de mère t'as envoyée chez moi !

Les pas du vieux marin se sont peu à peu éloignés, tandis que les dents serrées à s'en briser, le jeune matelot encaissait une fois de plus les réprimandes de ce vieillard coincé dans le passé.

Un revolver à la ceinture, Puck sortit à son tour de la chambre, et emboîta rapidement les pas de son abject supérieur, qui n'avait pas attendu son subordonné.

Désolé de l'absence je n'avais pas internet ^^ et plutôt que de reprendre de suite l'écriture j'ai profité pour prendre un moment de pause :) ( aussi parce que j'étais pas en forme mais chuuuut )

Comment c'était l'écrit ?

Pour assurer une tension constante, je me disais qu'il serait intéressant de maintenir le côté très "contre la montre" dans les actions des personnages. Arthur et co sont toute une bande que j'apprécie particulièrement, car elle met à l'épreuve les rapports entre le "roi" et ses sujets.

Aaah ne pas réfléchir... Sur le papier on appellerais ça un idiot, mais je considère ici cette manière de voir un peu différemment.

Imaginez un instant un travail... Ce travail, cette entreprise possède un empire financier colossal, qui lui permettrait sûrement de dominer le monde ( chose négative car il aurait la mainmise sur tout ). Il vous rémunère, vous loge gratuitement et vous nourris, en échange de votre fidélité à ses services, à ses magasins et tout le reste...

Soyez maintenant franc avec moi, et mettez toute forme de pensée héroïque de côté. Vous, simple individus, préféreriez vous vivre sous l'égide de l'entreprise, qui prendra soin de vous en échange de votre "allégeance" qui lui assure prospérité ? Où sériez vous du genre à prendre votre indépendance en allant vers une autre entreprise, qui ne vous offrira qu'un salaire, laissant à votre charge, logement, factures et achats ?

Je ne veux pas être catégorique, mais je pense vraiment que simplement en échange de d'aider l'autre entreprise à prospérer, vous série bien d'avis de ne pas avoir à vous soucier de tout le reste.

Dans le cas de Sanda et Han, c'est la même chose. Arthur conçoit des plans, pense aux éventualités etc... À leur place, ils n'ont qu'à s'exécuter, sachant bien que la balle est dans leur camps. Ils savent qu'ils sont importants pour Arthur, alors il ne les trahira pas facilement, intelligent comme il est...

Voilà donc le schéma de pensée :) eh oui encore une comparaison avec la société.... C'est dingue nan ?

J'espère que ça vous aura plu n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette manière de voir ^^ la psychologie des personnages est vraiment quelque chose de délicat, qui peut sublimer où anéantir n'importe lequel d'entre eux, alors je veux être aussi juste que possible sur la direction prise :3

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