Chapitre 12 Partie 18

Bert passa la porte en bois de la maison, exténué par sa nouvelle journée de travail. Il trouva en rentrant sa femme Lisa, et son fils Enri tous deux assis sur les fauteuils de la maison. Lisa avait une expression presque inquiète sur le visage, alors qu'Enri semblait à contrario plutôt calme.

Le père de famille soupira, comprenant de suite, à l'attitude de son épouse, ce qui occupait son esprit.

– Elle est encore chez ce type… n'est-ce pas ?

– Oui… répondit sombrement Lisa.

– Ne t'inquiètes pas papa, ce Martin, bien que je ne cautionne pas tout à fait l'influence qu'il a sûr elle, n'est pas une mauvaise personne…

Bert lâcha un grognement contrarié à cette réponse. Enri ne pouvait lui en vouloir, Lula avait en quelques sortes diabolisé son seul nom à force de n'avoir que ce dernier à la bouche. Traînant ses outils jusqu'à la pièce réservée au rangement de ces derniers, Bert laissa son fils et sa femme, un court moment.

Pendant ce temps, Lisa, qui semblait avoir perdu sa belle figure si charmante d'antan, au profit d'un visage presque contrarié, se tourna vers son fils.

– Ne me dis pas que toi aussi tu t'y met Enri…

Enri se mordit les lèvres. La voix de sa mère était si dure, tellement emplie de déception, qu'elle donnait l'impression d'être adressée à un étranger.

– Je ne me mets dans rien du tout maman, répondit-il avec calme, moi aussi j'étais comme vous, je ne supportait pas la simple mention de cet homme par la bouche de Lula, mais j'ai été avec Lula le voir, et ce n'est en rien un manipulateur… du moins il ne m'a pas renvoyé cet effet. Je pense que vous devriez lui laiss-

– Ça suffit Enri !! cria Lisa.

Le jeune homme resta stupéfait, alors que Lisa se massait le front de ses doigts. Son fils lui, n'y comprenait rien. Elle semblait si fatiguée, si exaspérée, tellement plus froide qu'à l'époque. Sa mère lui donnait l'impression de ne pas être là sienne.

Depuis la dispute entre Lula et son père, Enri avait sentit que ses parents commençaient à prendre de la distance avec sa sœur. Ils ne prenaient même plus le temps de l'empêcher d'aller voir Martin, et se contentaient d'arborer une attitude lassée et irritée. Au début il se disait que par amour pour leur fille, non pas que ce soit la meilleure solution, ils préféraient la laisser libre, mais en réalité non.

Bert et Lisa s'étaient peu à peu détachés complètement de Lula, comme si ils lui avaient lentement ôté son titre d'enfant leur appartenant. Enri souhaitait de ton son cœur avoir faux, mais ses craintes croissaient de jours en jours.

– Du calme maman ! lâcha-t-il. Ce n'est qu'un homme, un homme passionné par ce qu'il fait ! Je sais que beaucoup de choses sont arrivés dans notre famille, mais s'il te plaît n-

– Écoute ta mère pour une fois toi ! rugit soudain Bert.

Il venait de ranger ses outils et se tenait dans l'encadrement du couloir de la maison. Ses poings serrés tremblaient de colère, et les veines ressortaient de son visage.

Enri ne répondit rien, encore bloqué par le mot "toi" sortit de la bouche de son père. Bert ne lui laissa cependant pas l'occasion d'y rester focaliser.

– Pourquoi elle n'est pas rentrée depuis le temps d'ailleurs ?!

– Lu-Lula doit encore être en train de parler au professeur de monsieur Martin… répondit Enri encore sous le choc.

– C'est pas possible… c'est pas vrai putain !! hurla Bert. En plus il est pas seul cet illuminé !

Son fils fut encore plus abasourdi par l'usage d'injures de la part de son père. De toutes les années qu'ils ont passés ensembles, Enri n'avait encore jamais entendu Bert prononcer la moindre vulgarité.

Que faire ? Que répondre alors même que ses parents étaient déjà comme à un point de non retour.

– De simples livres… justes des mots stupides… marmonnait Lisa.

– Maman… balbutia Enri.

– Tais-toi !! J'en ai assez maintenant ! Tu te rends compte que ta sœur à jeté en l'air tout ce qu'elle possédait juste pour des contes ?!

– J-je sais que c'est dur maman mais-

– Mais quoi ?! Ce sont ces amas de feuilles et d'encre qui l'ont mis au monde ? Non ! Et pourtant elle met tout derrière son dos pour s'intéresser à des soit-disant mondes ! Elle va faire quoi ensuite ? Prendre son baluchon et partir à l'aventure comme une idiote ?!

Enri fut de nouveau réduit au silence. Sa mère était à la limite de rentrer dans une colère noire, et son père lui aussi semblait instable mentalement.
Il se leva lentement, effectuant des mouvements simples, de peur qu'un rien ne fasse exploser ses parents.

– Hum… pardon maman… j-je vais vous laisser un moment seuls-

– Quoi, toi aussi tu veux partir découvrir le soit-disant monde extérieur ?! s'écria soudain Bert.

Ce dernier s'était précipité vers lui avec rage, et avait planté son doigt dans sa poitrine. Son ton était accusateur, et surtout pleins de mépris.

– Ma-mais non papa Je-

– Eh bah vas-y ! Part explorer, et ne reviens pas fils ingrat !!

Tout s'enchaînait si vite et si brutalement qu'Enri ne put que reculer sans voix. Comment les choses avaient-elles pu empirer à ce point ? Il n'avait pourtant rien dit de mal. Et quand bien même ça aurait été de la faute de ses mentions successives de Martin, pourquoi ses parents se montraient-ils si violent à son égard.

Jamais ils n'avaient montrés une telle attitude envers lui, jamais, depuis son enfance jusqu'à avant ces événements, ils n'avaient affichés une colère aussi profonde.

Encore déboussolé par les paroles de son père, le garçon chercha vainement à gagner un peu de soutien de la part de sa mère. Lisa respirait comme une bête furieuse alors que leurs regards se croisaient. Pour Enri, ce comportement n'annoncait rien de bon, néanmoins il ne voulait pas que les choses se terminent au plus mal.

– Maman…! Dis quelque chose ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi vous êtes comme ça ?

– Arrête de me parler… marmonna-t-elle sombrement.

– Maman…?!

Sous le choc, il saisit sa mère par les épaules, trop désespéré pour mesurer sa force et ses actes. Il secoua sa mère, en proie à la détresse, et en quête de réponses.

– Répond moi !! Pourquoi vous avez changés vous deux ! Vous n'avez jamais avis ainsi avec moi bon sang ! Je suis votre fils, je peux vous aider, juste parle mo-

Son corps fut alors brusquement jeté vers l'arrière, et Enri finit par terre. Il cligna des yeux, encore confus, alors que son vêtement sentait encore la poigne de celui qui l'avait balancé au sol.

Ses parents se tinrent tous deux là main, contemplant Enri avec le même mépris que celui renvoyé à un miséreux.

– On vivait bien ici, on avait des champs des animaux pour nous nourrir… de grands espaces où les enfants pouvaient jouer et s'amuser jusqu'à plus soif… on n'aimait pas regarder l'horizon, parce qu'il nous faisait voir l'étendue, bien trop grande pour. Dans ce village on avait tout ce dont on avait besoin…! lança Lisa.

– Mais il fallait que ce type arrive avec ses livres…! On a pas besoin de connaître ce qui entoure nos terres ! Si tu veux fantasmer sur le monde extérieur, part. Les gens comme toi n'ont pas leur place ici ! Vous empoisonnez notre vie avec vos rêves surréalistes !

Enri était perdu. Son cœur était meurtri. Pourquoi était-il aussi impuissant alors que ses propres parents le chassaient ouvertement de leur demeure. Pourquoi la seule hypothèse qu'un autre part existe en dehors du village, les rendait aussi agressifs, aussi bornés, incapable d'écouter ?

Le corps du garçon se mettait en mouvement, le faisait ramper vers l'arrière, en direction de l'entrée de la maison.

Où aller ? Il n'en savait rien. La seule chose qui lui importait, c'était de fuir cette réalité sordide.

Oui, il devait être en train de rêver, non, de faire un cauchemar. Tout ce qui s'était déroulé en si peu de temps ne pouvait être réel.

En un rien de temps, Enri se releva maladroitement, et se précipita ensuite vers la porte de la maison. Cette dernière s'ouvrit alors brusquement, laissant apparaître Lula à la surprise de tout le monde dans la maison.

Comme à chaque fois qu'elle revenait de son entrevue avec Martin, elle rayonnait de joie. Ses petits yeux turquoise analysaient d'un air ludique son environnement, sous le regard de son frère et ses parents.

Le monde était comme figé pour eux, jusqu'à ce qu'Enri ne tente de l'avertir. Leurs parents n'étaient pas dans un état normal. Si même avec lui, qui était resté proche d'eux pendant tout ce temps, ils avaient montrés des réactions si brutales, alors Lula pourrait peut-être même courir un danger.

– Vite sort Lula ! Papa et mama-

– Vous avez l'air fatigués, et si vous alliez dormir ? ordonna clairement la petite.

Sa voix douce lança ses paroles avec une simplicité telle, qu'Enri en finit bouche cousue. Pire encore, alors qu'il regardait derrière lui, anticipant l'inévitable rage de ses parents, il fut choqué de voir leur réaction.

Bert et Lisa semblaient hypnotisés, le regard vide et l'expression plus détendue. Ils se mirent en marche de façon quasi mécanique, et prirent la direction de leur chambre sans discuter.
Enri se retourna vers Lula, hébété, et cherchant à comprendre ce qui venait d'arriver.

La petite lui sourit, et lui prit les deux mains avec tendresse.

– Ne t'en fais pas grand frère, tout ce qui est arrivé est normal… et tous ceux qui ont eu peur du vrai monde seront punis.

Enri ne répondit rien, son cerveau déjà bien trop brûlant à cause des récents événements. Il ne trouva rien à dire à sa sœur. Pas la moindre question à poser, pas la moindre déclaration au sujet de ce qui s'était passé.

– Toi aussi tu as l'air fatigué… va dormir un peu Enriri. déclara alors Lula.

Son frère ne protesta pas. Son esprit aussi se dit qu'il avait sûrement besoin de repos. Sa posture de courba, et il tourna les talons sous le regard bienveillant de sa petite sœur. Ses forces le quittaient petit à petit, et même manger ne lui semblait plus si important.

Alors qu'il s'éloignait, et s'engouffrait dans le couloir pour aller rejoindre sa chambre, Lula gloussa sinistrement.
Une lumière bleue apparue alors un bref instant à travers son vêtement. Elle sursauta à sa venue éphémère, puis sourit alors qu'il commençait à s'estomper. Lula passa alors sa main sur sa poitrine, souriant alors que sa main caressait le tissu de son vêtement.

– Hum hum…! La professeure à dit que ça allait éclore demain…! J'ai hâte de voir ce qui va sortir de moi !

La machine est déjà en route... Et désormais, plus rien ne semble pouvoir l'arrêter...

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