Chapitre 12 Partie 17
Alors qu'il rentrait de son travail quotidien aux champs, avec Lula à ses côtés, Enri se retenait d'interroger sa petite sœur au sujet de celui avec qui elle passait désormais tout son temps. Un dénommé Martin, apparemment auteur des livres que possédait Enri, était la personne avec qui Lula allait discuter chaque fois qu'elle avait du temps libre.
Depuis qu'elle avait fait sa rencontre, la petite sœur d'Enri n'offrait même plus à sa propre famille sa présence si réconfortante. Bert ne discutait avec elle que pendant les repas, et encore, Lula ne parlait que de ses échanges avec Martin.
Lisa aussi, donnait l'impression de ne plus savoir si elle avait réellement affaire à sa fille. Lula, en grandissant, était devenue comme distante, même avec son frère qu'elle aimait et admirait. Quand elle parlait, il n'était question que de ce Martin, et ce quelque soit la conversation de départ.
Bert s'était même bien des fois fâché contre sa fille, excédé que leur vie de famille pâtisse de son obsession pour les histoires que lui comptait l'homme.
Quand Enri repensait à ce moment tendu, alors qu'ils étaient tous à table, il ne pouvait s'empêcher de regretter de ne pas avoir trouvé les mots pour mettre fin à cette quasi dispute.
Même sa mère avait gardé le silence, étant du même avis que son mari sur ce sujet. Pas un instant elle n'avait jeté un regard compatissant vers Lula qui a tout encaissé avec embarra. Depuis ce jour d'ailleurs, elle s'était montrée encore plus distante avec leur parents.
Alors qu'il saisit la poignée de la porte de leur maison, Enri se décida alors à parler. Lula se tenait à ses côtés, silencieuse comme toujours, et à son expression, il sentait que sa petite sœur n'attendait qu'une chose, rejoindre son rendez-vous quotidien.
Enri prit alors une courte inspiration, tout en ouvrant la porte, puis demanda à Lula :
– J'aimerais bien t'accompagner quand tu iras voir Martin, tu y vas quand ?
– Tu ne m'empêche pas d'y aller ? J'avais l'impression que tu n'attendais que ça. déclara-t-elle avec une sorte de mépris.
Il soupira à cette réponse de Lula, à la fois désagréable mais pourtant vraie. Ignorant l'irritation qui montait en lui, il s'efforça de répondre simplement.
– C'est vrai qu'en tant que grand frère j'aurais pu le faire… mais bon, je me dis que ce sera plus intéressant de voir en personne l'individu qui t'a autant fasciné ces dernières années.
– … d'accord. Si maman n'a pas besoin de moi je partirai après avoir prit une bonne douche.
– Okay…
Sur le chemin de la bibliothèque, environ une heure plus tard, le frère et la sœur ne s'échangèrent pas un mot. Enri cherchait un sujet à aborder, mais c'était comme si une barrière invisible l'empêchait de se rapprocher de Lula. Lui même ne se sentait plus aussi complice avec elle.
Tous deux prenaient ensemble la direction de la bibliothèque, un modeste bâtiment du village, que seuls quelques-uns fréquentaient régulièrement.
Le duo pénétra alors l'édifice, et s'arrêta devant le guichet où se trouvait un dénommé Luc. Installé sur une chaise en bois au coin de la bibliothèque, il somnolait, comme souvent, sur le comptoir.
– Salut Luc ! Je suis venu voir monsieur Martin ! lança Lula.
Le guichetier sursauta, surpris par cette voix venue de nulle part. Il ajusta ses lunettes de travers et se positionna les coudes contre le comptoir, un sourire gêné sur le visage.
– Ah euh bonjour Lula ! Et… ton frère je crois ?
Le guichetier contempla Enri choqué. Grand et musclé, il était impressionnant. Son travail aux champs avec son père lui avait forgé un corps de guerrier.
– Oui, je m'appelle Enri, enchanté.
– Hum… enchanté aussi monsieur Enri. Que puis-je pour vous ?
– Enri tout court sera suffisant… et je suis ici pour rencontrer ce fameux monsieur Martin. Ma sœur parle tellement de lui que je ne pouvais manquer une occasion de le rencontrer en personne.
– Je vois ! Eh bien allez-y, Lula connait le chemin jusqu'à son bureau.
– Il a carrément un bureau ici ? s'étonna Enri. Je pensais qu'il travaillait chez lui.
– Eh bien pour tout te dire mon cher Enri, la bibliothèque avait de grandes prétentions à sa construction, mais il s'avère qu'en réalité pas grand monde n'y viens ahah… on avait pas beaucoup de livres, alors on a donné une partie de la salle à monsieur Martin vu qu'il nous restait de la place.
– Je vois…
– Oui ! intervint Lula. Et ce sont même ses livres qui remplissent pleins d'étagères de la bibliothèque ici !
Jetant un coup d'œil dans la salle, Enri pu constater qu'en effet, la bibliothèque était petite. Elle ne possédait que quelques étagères dispersées un peu partout, comme pour donner une impression d'abondance dans cette salle presque désolée.
– Pour sûr l'endroit est bien triste… acquiesça Enri durant son observation.
Luc se gratta le front, lui aussi conscient de l'allure peu reluisante de la salle. Lui qui prenait sur son temps pour y rester savait mieux que personne à quel point la bibliothèque n'était pas attirante.
– Malheureusement oui… eh bien on y peu rien je suppose… mais bon, c'est toujours agréable de voir quelques habitués y venir comme la petite Lula. Sans elle et quelques autres amoureux de la lecture, je ne pense pas que j'aurais pu rester ici… c'est bien trop déprimant.
Enri sentit un peu de compassion naître en lui, à l'égard de Luc qui semblait subir personnellement le délabrement de l'endroit. Assurément il l'aimait beaucoup, cette bibliothèque, pour rester là, prêt à accueillir de potentiels visiteurs.
Un silence gênant faillit s'installer si Lula, bien plus enjouée qu'auparavant, n'était pas intervenue pour mettre fin à l'échange.
– Ouais ! C'est clair ! Bon, on te laisse Luc je reviendrais peut-être plus tard !
– Pas de soucis Lula, j'espère que ton frère appréciera monsieur Martin.
– Je l'espère aussi. répondit Enri d'un ton suspicieux.
Laissant le guichetier, le duo se dirigea alors vers le fond de la salle où une porte les attendait. Enri était de meilleure disposition qu'avant, sa rencontre et son court échange avec Luc lui ayant donné un coeur mieux préparé à rencontrer Martin.
Au moment où Lula allait frapper à la porte, elle se tourna alors vers son frère. Enri remarqua tout de suite que sa sœur n'était définitivement plus aussi fermée qu'à la fin de leur labeur où durant le trajet. Rencontrer cet homme lui procurait un réel bonheur.
– Ah oui d'ailleurs ! Ne soit pas trop surpris en entrant, monsieur Martin n'est pas quelqu'un de très ordonné, alors il y aura surement pleins de choses par terre.
– Hum… d'accord.
Elle frappa ensuite à la porte, et une réponse vint sans tarder :
– Oh ! Entrez donc ! Entrez donc !
L'instant d'après, le frère et la sœur pénétrèrent enfin le bureau de Martin, et Enri put alors mettre un visage sur ce nom qu'il avait entendu sa sœur prononcer tant et tant de fois.
Martin était un homme relativement simple physiquement. Il n'avait pas la carrure taillée par l'effort comme lui, et avait une cicatrice au cou, sinon rien de notable.
La pièce lui servant de bureau non plus n'avait rien d'incroyable. Surtout classeurs, des crayons et autres stylos à plumes, ainsi que des petits meubles et armoires.
Enri remarqua ensuite, alors qu'il commençait à avancer dans le bureau, le fameux désordre dont l'avait averti sa sœur. Des feuilles traînaient par terre en quantités phénoménales. Impossible de faire un pas sans piétiner l'une d'entre elles.
– Ah ! Ne vous en faites pas pour les feuilles ce n'est pas grave si quelques unes sont abîmées ! Venez donc et parlez moi un peu de vous ! lança Martin.
– Eh bien je m'appelle Enri, dit-il en marchant avec attention sur le sol rempli de feuilles, je suis le grand frère de Lula…
– Enchanté monsieur Enri ! Vous pouvez m'appeler Martin ! Que me vaut l'honneur de votr-
Martin fut soudainement coupé par Lula qui lui tirait la manche. Elle lui présenta un de ses nombreux livres, présent en quantité dans son bureau, et sans un mot, lui transmettait son envie d'en savoir plus sur ce dernier.
– Ah ! Oui bien sûr ! Ne t'inquiètes pas on s'occupera de celui-ci également ! Laisse moi juste le temps de finir avec ton grand frère !
– Ce n'est rien, je suis juste ici pour l'accompagner, faites comme d'habitude. lança Enri.
– Je vois ! Eh bien vous pourrez écouter un peu les petites histoires que je lis à la petite Lula !
Martin s'empara du livre que lui tendait la petite et l'ouvrit. Après un court éclaircissement de la voix, il débuta alors la narration de son ouvrage.
Lula s'installa par terre près de lui, et Enri resta quant à lui adossé à un mur.
Pendant plusieurs heures, le frère et la sœur restèrent là à écouter Martin lire son livre, de sa voix claire et pleine d'assurance. Il n'y avait pas de réel protagoniste dans cet étrange récit, mais il invitait plutôt le lecteur à s'imaginer comme étant ce dernier.
Un monde très précis était dépeint par Martin, qui mentionnait fragrances et textures, aspects et même sons comme si il avait expérimenté tout ce qu'il racontait. Le sens du détail était à l'honneur dans son livre, et tout était mit en œuvre pour transporter les auditeurs dans ces univers riches et idylliques.
Le plus frappant, c'est qu'il n'allait pas chercher bien loin, et mentionnait des lieux qui, d'après son ouvrage, étaient voisins des contrées habitées par les Anakana. Il était question de sanctuaire automnale gardé par un gardien muet, une grande plaine de lave et de neige, et même de ruines flottant dans le ciel.
Enri lui même se surpris à rêver de ces lieux, ramené à l'époque de son enfance où il dévorait avec passion les livres écris par Martin. Il se souvenait de ces lieux qui l'avaient tant fascinés que souvent, il s'imaginait partir du village pour aller sillonner tout les lieux dont il était question.
Sûrement l'aurait-il fait, mais quand Lula était arrivée, il s'était alors dit qu'au fond, il n'avait pas besoin de traverser de lointaines contrées pour trouver son bonheur. Une fois devenu grand frère, il avait pu goûter au privilèges renouvelés par sa petite sœur, de la vie en famille.
Peut-être que ce n'était pas le cas de Lula, et peut-être au fond qu'elle mériterait un jour, d'assouvir sa curiosité et quitter le cocon familial. Pourvu seulement que ça la rende heureuse, pour Enri c'était ce qui comptait dans le fond.
À la fin du récit de Martin, Enri lui même eu l'impression de se réveiller. Il n'avait pas l'impression d'avoir dormit, mais son corps comme son esprit étaient reposés. Il s'étira alors que Lula sautillait à côté de Martin. Son grand frère sourit, presque envieux de l'affection réelle que lui portait sa petite sœur, une attention malheureusement plus importante qu'à ses propres parents.
– Merci pour cette découverte, déclara Enri avec sincérité, votre manière de raconter tout ceci transporte loin, très loin.
– De rien monsieur Enri ! Pour tout vous dire on me prend souvent pour un idiot avec mes contes ahah… beaucoup se fâchent en écoutant où lisant les récits, et disent ce que je suis juste un illuminé.
– Eh bien, vos histoires sont prenantes… alors si c'est là ce qui vous passionne continuez donc sur cette voix. Votre plume vous emmènera loin.
– Ahah ! Merci, mais tout ce que j'écris et que je sais je le dois à ma professeure, c'est d'elle que je tiens tout ceci ! Sans elle aucun des livres que j'écris n'aurait pu voir le jour.
– Je vois… marmonna Enri.
Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la sortie du bureau, une Lula enthousiaste sur ses talons, Martin appela la petite, comme si il venait de se souvenir de quelque chose.
– Ah ! En parlant de la professeure Lula, j'ai une bonne nouvelle pour toi !
– C'est vrai ?! dites moi dites moi !
Elle rejoint Martin en un rien de temps, laissant Enri sortir seul.
– Je t'attend dehors Lula, ne tarde pas il doit être déjà tard.
Il retourna alors à l'entrée de la bibliothèque, après avoir salué Luc qui se tenait toujours à son guichet, puis attendit sa sœur, apaisé. Il était plein de doutes avant de rencontrer Martin en personne. Lula l'avait tellement idolâtré à en parler continuellement qu'il s'attendait à un personnage différents d'un homme enjoué comme lui.
Pas moins d'une minute plus tard, Lula sortie du bureau de Martin en courant, au comble de la joie. Elle salua Luc avec enthousiasme, puis retrouva son frère à l'extérieur.
– Mmh ? Qu'est-ce qui te mets dans cet état Lula ?
– Martin m'a dit que la prochaine fois, sa professeure allait venir et que je pourrais la rencontrer !! J'ai trop hâte ! Il paraît qu'elle connait énormément de choses et qu'elle est hyper ancienne !
– Je vois… eh bien tâche de contenir ta joie jusqu'à demain.
Sur ces dires, le duo entreprit le retour jusqu'à leur demeure. La nuit était quasiment tombée, laissant aux enfants de Bert et Lisa, le temps de rentrer avant que l'obscurité ne s'empare totalement du village.
Ce jour là, alors qu'il entendit pour la première fois l'existence de cette fameuse professeure, Enri commit sans la savoir la plus grande erreur de sa vie. Il ne le savait pas encore, mais cette personne allait faire basculer le village dans le chaos.
La professeure.... Hum hum....
Ici encore c'est lié à l'univers global plutôt que celui de l'ascension des voyageurs... Oui je sais j'aime les trucs utiles seulement au sens large X) mais que voulez-vous '-'
Bon je suis d'humeur généreuse alors quelques fun fact :
1. Anne ( chap 4 ) à prit par à la formation d'Avalanscia à 12 ans. Donc elle est voyageuse depuis 3 ans... Et je peux vous confirmer que c'est une personne vraiment talentueuse.
2. Zoreïphan et Pyrius dorment très peu... Mais quand ils le font ils sont particulièrement pénible à réveiller... Pierrot et Anne ont donc l'habitude de juste les attaquer purement et simplement... Ça ne les réveille pas mais au moins on sait qu'ils sont vivants si ils ripostent en étant inconscient :D
3. Zurocrasy ( le médecin bizarre ) est l'un des rares voyageurs à être artificiel...
4. Les formations d'apprentis sont très lucrative et l'Agence ainsi que d'autres institutions se font des guerres sans merci pour obtenir les apprentis les plus prometteurs...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top