Chapitre 12 : Face à la réalité. Partie 1
L'air s'était rafraîchi, rien d'étonnant pour une obscure fin de journée. Napolio se tenait toujours à sa place, à l'avant du navire. L'heure était bientôt venue, pour deux choses. La première était son dîner du soir en plus de celui des apprentis. La seconde, était l'arrivée du Ballistia sur la dernière île : Vivana.
Le navire y accosterait 15 minutes après le repas du soir. Les plats ne seraient servis qu'à l'heure prévue pour ne laisser qu'un court laps de temps aux apprentis pour leur dîner, mais à quoi bon ?
Il n'y était pas, néanmoins il l'avait bel et bien sentit de là où il était. Une violente bataille avait eu lieu au sein du Ballistia.
Le nombre de morts lui était inconnu, mais sans aucun doute y avait-il pléthore de cadavres.
Napolio ne put s'empêcher de lâcher un soupir. Combien même les massacres étaient quelque chose qu'il avait d'ores-et-déjà expérimenté, voir ces gens tomber dans une situation du genre n'était pas quelque chose auquel il pouvait s'habituer. Tous ces individus venus de divers horizons, n'ayant même pas encore passé le stade d'éveil et toutes les rivalités qui découlent de ce processus, qui s'entretuent purement et simplement, tout ça le faisait frissonner intérieurement.
De son point de vue de voyageur expérimenté ayant vécu durant des siècles, c'était comme s'imaginer en tant qu'instituteur, voir ses élèves se battre à mort. Certe, le monde des voyageurs était sans pitié. Certe, la pureté était proscrite dans cette société. Malgré tout, n'y avait t'il pas un semblant de transition entre l'avant et l'après ? Passer de simples arrivant à des meurtriers ne prenait-il pas davantage de temps que la durée d'une épreuve ?
Le conquistador écarlate avait beau y réfléchir, cela lui paraissait toujours insensé. C'était une implacable logique qu'il ne parvenait pas à accepter. Tout ceci était bien trop cruel.
Les yeux perçants du professeur aperçurent alors l'île au loin. Son horloge mentale et son destrier marin ne l'avaient pas trompé une fois de plus.
Dans 15 minutes le bateau viendrait se accoster, et là, ce qui devra arriver arrivera.
Puisant dans ses poumons pour offrir aux passagers sa meilleure annonce, Napolio harangua :
– À tous les apprentis ! Les repas vous seront servis au réfectoire ! Et le navire arrivera à la dernière île dans 15 minutes !
Une fois son annonce terminée, il expira, ne pouvant qu'attendre la suite des événements. Encore un peu, et ils prendront ensuite la direction de la montagne, leur destination finale.
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La voix de Napolio se fit entendre jusque dans la cabine du deuxième étage inférieur. Sanda comme Han Allevister l'entendirent, mais à le voir, on croirait que leur roi lui n'en avait pas capté un mot.
Arthur était bien réveillé, mais son esprit était ailleurs.
Tous les trois le savaient bien, la menace que représentait Puppet avait été appréhendée, mais l'héroïne n'était pas revenue. Les minutes étaient passées puis les heures, et toujours rien. L'absence de la reine ne pouvait signifier qu'une chose. Le roi veuf n'avait désormais plus sa toute puissante amante pour veiller sur lui.
Arthur le comprenait maintenant, la lumière qui illuminait son monde, qui irradiait son univers d'une sécurité certaine, avait disparue.
La tête prise entre ses mains, il semblait en pleine descente dans la folie, dans les abysses du désespoir.
Ni le sportif, ni le gentleman ne savait quoi lui dire. Ils se contentaient de rester là, à simplement réfléchir. Penser à la raison de leur présence ici, au pourquoi de leur croyance en ce souverain aux mains liées.
Si frêle, si faible, Arthur semblait pourtant incarner quelque chose qui manquait à tous ceux qu'ils avaient croisés.
Han lui même était assailli de doute, mais la seule présence de Sanda était une sorte d'assurance, que le peu de confiance qu'il désirait accorder au garçon n'était pas vaine.
L'athlète à la peau de bronze l'avait expérimenté, il l'avait vu de ses propres yeux. Arthur avait quelque chose en plus, cet aura caché au fond de cette enveloppe, un pouvoir qui rallie les autres à sa cause.
Il était ce type qu'on ne connaissait guère, mais qui avait ce "je ne sais quoi" qui nous motivais à le suivre. Han l'avait sentit quand il a vu ce garçon se ruer sur Puppet. Il était si déterminé, si sûr de lui, que pendant un instant, il espérait que l'inattendu arrive.
Un miracle, voilà ce qu'il voyait au travers d'Arthur.
C'est pour cet aperçu de son potentiel, que le gentleman, quoique la reine ne soit vraisemblablement plus dans la course, se tenait encore à ses côtés.
Le roi s'affala sur son lit, les jambes pendante au bord de ce dernier. Son regard passa sur ses deux vassaux, et dès lors, son esprit figé par la disparition de la reine, se remit en marche.
– Vous n'allez pas manger ? demanda-t-il.
– Pas vraiment. À l'heure actuelle je suis davantage concerné par ce qui va arriver dans le futur. répondit Han du tac au tac.
– J'ai un petit creux perso… et toi…? demanda Sanda à son tour.
– Je suis à cheval entre vous deux…! déclara-t-il en se redressant sur son lit. La faim me tenaille mais en même temps… je suis soucieux de ce que je veux faire à l'avenir.
Les deux autres ne répondirent rien. Le roi était prit dans un dilemme, aussi était ce à la figure de leur équipe de prendre l'ultime décision. Arthur resta un moment à réfléchir, puis finit par relever la tête.
– J'aimerais qu'on revienne un instant sur l'épreuve dans son ensemble… on est d'accord ce bateau fait route en direction d'une certaine montagne pas vrai ?
– Oui. C'est là bas que se déroulera la seconde phase de l'épreuve de ce cher colon à la peau rouge. acquiesça Han pensif.
– Bon alors… je serais d'avis qu'on évite de faire davantage de victime désormais. Toutes ces vies sur le navire seront sûrement notre ticket de survie à l'avenir.
Sanda hocha la tête, tandis que le gentleman haussa les sourcils.
– À t'entendre on croirait qu'il y a peu tu n'écartait pas l'option de faire un massacre pour ne laisser que nous 3 en lisse.
– C'était effectivement mon plan de départ. corrigea Arthur avec sérieux.
Han Allevister ne put s'empêcher un sourire narquois. Ce jeune garçon avait certe des trésors en sa possession, mais il n'avait pour sûr, aucune chance d'espérer pouvoir éliminer tous les survivants encore en jeu.
Assurément, lui ainsi que l'athlète avaient été compris de l'équation, et il est vrai que sa seule présence changeait la donne. En un instant, Arthur semblait avoir prit pleinement possession de ses deux nouveaux compagnons de route, et de leur potentiel.
– Je comprends pourquoi tu veux éviter de voir davantage d'adversaires mourir mais… ça signifie qu'on devra agir en conséquence pour ne pas avoir à le faire non ? réfléchi Sanda.
– Oui, répondit le concerné, c'est pourquoi on n'ira pas sur la dernière île. On va plutôt en profiter pour se créer une organisation et la consolider.
– C'est…. À dire ?
– On va devenir une coalition… un groupe constitué par plusieurs partis qui se défendront mutuellement pour assurer la survie de l'ensemble.
Arthur sauta de son lit et se dirigea sans attendre vers la porte de la cabine. Il avait déjà son idée en tête.
– Il va nous falloir un allié de plus… et pas n'importe lequel. Il va nous falloir quelqu'un capable de nous aider à former une équipe que personne n'oserait attaquer. De quoi devenir un pacte de non agression vivant.
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Vanessa et Stéphanie regardaient une à une les portes devant lesquelles elles passaient. Chaque porte avait inscrit sur elle quelque chose. Tantôt un numéro, tantôt un mot où un nom, en bref, ce que le résident avait décidé d'y inscrire.
Leur groupe avait choisi sa chambre, et par praticité, les filles ont prises une chambre pour elles deux. Cette même chambre leur servait d'ailleurs actuellement, l'autre ayant été détruite par Wish. Au moment de la sélection cependant, Valentin avait alors prit une chambre différente de la leur. Il l'a fait naturellement, sans rien leur dire ni même les regarder. Pour tous les autres, c'était encore un comportement venant rendre leur doute au sujet de leur camarade encore plus grand. Eux qui avaient l'habitude de ne jamais se quitter, avaient alors dû voir leur ami, une partie de leur grande famille, les quitter et faire son chemin sans leur dire quoique ce soit.
Les deux amies encore secouées par le départ de Quentin désiraient alors connaître les raisons du mauvais garçon de la bande. Le petit protéger du groupe avait prit sa décision dans le but de grandir, d'évoluer pour devenir un homme, mais l'autre lui n'avait pas encore donné la moindre explication.
Vanessa s'arrêta alors devant la porte de sa chambre. C'était une pièce faite pour une seule personne, Valentin n'avait donc aucun allié. Cette semi certitude qui ne faisait que faire espérer les deux adolescentes leur donna la force de frapper à la porte.
Plusieurs longues secondes se passées, gênantes et stressantes pour le duo. Malgré tout, Vanessa tenta de nouveau. Rien ne changea alors que Stéphanie se mit à serrer la main de son amie.
– Tu… crois pas qu'on devrait… partir…? murmura-t-elle. Peut être qu'il ne veut juste pas nous voir…?
– J'en sais rien… mais très franchement je doutes que toutes ces années passées ensemble aient pu disparaître de son esprit en si peu de temps…! répondit Vanessa sur le même ton.
L'absence de réponse ne faisait qu'inquiéter davantage les deux amies, et Stéphanie commençait d'ores-et-déjà à envisager le pire. Elle se couvrit la bouche de sa main, l'air de vouloir craquer.
– Tu penses qu'il lui est arrivé quelque chose…? Genre qu'il a été tué…?
– Tu crois…? La porte m'a l'air bien fermée pourtant...
– On a bien croisé un monstre chelou qui s'avère être un vieillard mutant Vaness !
Stéphanie semblait encore plus instable émotionnellement. Elles avaient vus tant de choses absurdes ici, dans cette formation, qu'un meurtre du style ne serait guère étonnant. Leur imagination corrompue par ce monde où tout semblait possible visualisait déjà moult scénario macabres.
Terrifiée par ce qu'elle imaginait, Vanessa n'attendit plus une quelconque réponse et s'apprêtait à ouvrir la porte. Soudain, alors que sa main allait tirer la porte coulissante, une voix familière la fit tressaillir.
– N'ouvre pas cette porte.
Vanessa s'est figée sur place en même temps que son amie quand cette voix l'a avertie. Il était même plus juste de dire qu'elle l'avait menacée.
Enlaçant le bras de Vanessa, Stéphanie se mit à paniquer. Des larmes coulaient de ses yeux rouges. Sa voix minuscule confirmait alors les soupçons de sa camarade.
– C'est…! C'est la voix de Valentin…!
La salive descendait dans la gorge de Vanessa alors qu'elle réalisait que quelque chose n'allait pas. Elle reconnaissait son ami, mais il y avait une partie de lui qui l'effrayait.
Son esprit s'efforçait de chasser cette pensée, mais elle ne pouvait s'empêcher de comparer cet instant précis à un film de science-fiction. Valentin n'était pas dans un état normal. Le ton de sa voix ne laissait aucun doute là dessus. Il lui rappelait un de ces extraterrestre changé en humain qui reprenait sa forme d'origine.
Sa main encore en plein mouvement s'avança alors, sous les protestations silencieuses de Stéphanie. Son corps s'agitait furieusement pour convaincre Vanessa de ne pas laisser sa curiosité ouvrir la boîte de Pandore.
Vanessa voulait connaître le fin mot de l'histoire. Son corps d'athlète refusait de broncher sous les secousses de son amie terrifiée. Elle voulait le mieux pour Stéphanie, mais s'imaginer le pire pour Valentin conduisait sa décision. Il n'était pas question pour Vanessa de laisser plongée dans le mystère, la condition de son ex petit ami.
Lentement, la porte s'est ouverte, et les yeux fermés les deux adolescentes ont attendues. Un souffle froid leur à alors fouetté le visage. Un bruit de dégoulinement à brisé le lourd silence. Puis un écoeurant bruit de mélange de salive remué par une langue à retentit. Stéphanie céda la première, laissant Vanessa la suivre, le cœur battant, alors que le souffle coupé et les gémissements de son amie faisaient grimper son stress.
Leur pupilles tremblantes ont alors contemplée l'horreur, sans un mot.
Plusieurs secondes se sont écoulées. Une éternité quand on faisait face à un cauchemar vivant.
Puis un hurlement à rugit. Le sol à bruyamment grincé, et des murs ont été tailladés.
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Alfred et Etienne étaient là, pétrifiés devant leur deux amies traumatisées. Arrivées dans leur chambre précipitamment, elles avaient installées en quelques instants une atmosphère oppressante.
Leur mains tremblantes n'avaient pas la force de bouger, et les larmes vinrent dévoiler au grand jour là peur viscérale refoulée jusqu'alors.
Vanessa pleurait en pressant de ses mains la blessure d'une Stéphanie gémissante. Une plaie béante avait écartée son vêtement et sa chaire profondément atteinte. Sa respiration était rapide, et saccadée. Elle avait mal. Elle souffrait.
– Respire…! Respire un grand coup…!! Je suis avec toi Stéphanie ! criai Vanessa en panique.
La grande demoiselle si sûre d'elle n'avait plus aucune contenance, elle perdait ses moyens. Sous ses yeux se trouvait son amie, sa meilleure amie, sa protégée, mourante.
– Qu-qui…? Qui vous à fait ç-ça ? balbutia Etienne au bord de la crise.
L'ongle de son pouce entre ses dents, il mâchonnait horrifié ce dernier alors que cette question lui consumait l'esprit. L'agitation causée par Wish passée, le calme était revenu dans les couloirs, ils pensaient alors que le danger n'était plus si omniprésent. Seulement l'état de Stéphanie leur prouvait qu'ils avaient tort.
La question d'Etienne ne reçue aucune réponse. Vanessa avait déjà trop de difficulté à se gérer elle même pour se préoccuper des autres. Alfred demanda alors à son tour.
– Il est arrivé quelque chose à Valen-
– Ne prononce pas ce nom !! hurla Vanessa en sanglots et en rage, les mains pleines de sang.
Estomaqué par cette soudaine et brutale réaction, le leader de la bande recula. Pendant un instant, lui même avait sentit qu'elle était capable de le tuer si jamais une arme était en sa possession à ce moment précis.
Etienne cependant, ne pouvait déjà plus se contrôler. Ignorant complètement la condition précaire de Stéphanie, il saisit brutalement Vanessa.
– Qu-qu'est-ce qui s'est passé..?! Répond !!
Alfred était déjà dépassé par les évènements, mais il se sentit encore plus impuissant quand un bruit d'impact éclata brusquement. Etienne finit étalé par terre, le nez en sang. Venssa se tenait debout, en état de crise, les mains ensanglantées et son vêtement déchiré par endroits.
Sa voix était apeurée, comme mise sous une malédiction qu'elle venait durcir sur elle en mentionnant les faits.
– Un-... un monstre…! Y a plus de Valentin putain…! Tu m'entends…?!
Elle marcha d'un pas rapide en direction d'Etienne et le souleva d'un coup. Le garçon était effrayé. Il ne savait plus qui était l'ennemi ici. Même celle qu'il pensait être son amie lui avait cassé le nez. Elle enroula son poing dans son tee-shirt et plongea ses yeux pour lui transmettre ce traumatisme qu'elle garderai à jamais.
– Juste un monstre…! Il a failli nous tuer…!
Elle le lâcha violemment quand un cris de douleur venant de Stéphanie parvint à elle.
Etienne resta affalé au sol. Occultant même l'existence de Stéphanie. Lui aussi avait mal désormais. Sa main toucha délicatement son nez endommagé en lâchant des volutes d'hémoglobine. Il mâcha entre ses dents des jurons que lui seul pouvait entendre, mais sur son visage ses intentions étaient claires. Son cœur était tout disposé à commettre une faute, un crime grave.
Alfred savait qu'en l'attaquant Vanessa était allée trop loin. Ses émotions ont jaillit sans retenue, et son ami en a fait les frais.
De tous les côtés, c'était l'anarchie. Le soit disant leader de la bande ne pouvait que tituber en marche arrière.
Il était dépassé par les évènements. Il n'avait plus de contrôle sur rien. Leur amitié volait en éclats.
Après un retour sur la formation et nos apprentis... On se rend vite compte que même à l'approche de la fin de l'épreuve, leur périple n'est pas encore terminé !
Comment c'était l'écrit ?
Être de retour dans la Trame de base fait du bien je dois l'avouer, et maintenant que l'a côté, les évènements arrivés à cause d'Azaly, ont été réglés, on va pouvoir se lancer dans la course finale !
Napolio, en dépit de ce qu'il projette et laisse sous entendre comme manière de penser n'en est pas moins un chic type. Bien que ce soit des inconnus, les apprentis n'en restent pas moins des individus qui comme lui auparavant, risquent leur vie pour devenir des voyageurs. Il compatit donc à leur sort, bien qu'il ne puisse y faire quoique ce soit pour le moment.
Arthur et ses chevaliers vont pouvoir passer à l'action, et comme montré, ce cher roi est aussi démuni qu'un enfant. Néanmoins, Arthur brille quand il est entouré, comme il nous l'a prouvé auparavant. Il est capable de puiser chez les autres une détermination pour aller de l'avant.
Comme on dit, un roi sans royaume n'est rien, et c'est exactement ce qu'incarne ce personnage. Ce serait mentir que de dire qu'il ne reçoit pas l'aide du scénario pour lui permettre de briller à ce niveau, mais soyons franc... Le scénario est la cause de tout, alors à quoi bon lui ôter son mérite ?
Lui et ses compagnons seront des pièces importantes de ce chapitre... J'espère que je saurais rendre ça épique...
Pour la bande d'amis... Disons qu'ils ont connus de meilleurs jours... Valentin se mettra bientôt en mouvement... J'espère en tout cas que la petite scène devant la porte aura fait son petit effet :)
Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me donner votre ressenti ;)
À la prochaine !
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