Chapitre 11 : Les conséquences de l'anomalie. Partie 1
Des nuances de vert se disputaient entre elles et s'alternaient de façon imprévisible et intermittente dans cet océan. Les rayons de lumière passaient au travers des flots, apportant un peu de clarté dans ce monde liquide.
Néanmoins, bien plus loin, plus profondément, dans les abysses de ce monde de poche confiné dans une tasse de thé, se tenait un voyageur.
Hascley dérivait dans cet océan monde n'étant en réalité qu'une étendue de thé qu'il avait changé, par ses compétences de distorsions et de perspectives, en un territoire rien qu'à lui.
Grand de quelques centaines de mètres cet endroit englouti par des flots verdâtres avait en son sein, tout au fond, des petites maisons de toutes sortes. Diverses tant dans leur architecture que dans leur époque d'inspiration, ces bâtisses fantômes flottaient comme de simples déchets dans l'océan vert.
Le voyageur au manteau de pluie sans manche jaune, était assis sur le toit de l'une d'entre elles, agitant nonchalamment les jambes dans le vide. Il était seul ici, mais l'isolement ne saurait déranger quelqu'un comme lui. Hascley se plaisait à creuser toujours plus son éloignement avec la réalité en concevant des mondes dans des mondes.
Son lien avec tous les apprentis qui lui permettait de rendre leur trépas réversible actif en permanence pour le moment, il n'était pas libre de ses mouvements.
Malgré tout il acceptait gentiment cette tâche qu'on lui avait confié. Zoreïphan était venu à lui, expliquant avec des signes et des mots aussi simples que possible pour qu'il comprenne ce qu'il attendait de lui. Naturellement Hascley avait accepté, car c'était de coutume d'avoir une obéissance absolue en son veilleurs, bien que le peintre masqué n'en soit qu'une substitution.
De plus il n'était seul dans cette mission, car le serpent de pierres, le médecin s'occupait d'unir ses capacités de soin à son lien avec les apprentis pour amener à un niveau plus élevé la mort réversible. Sans l'aide de Zurocrasy, Hascley n'aurait pas été capable de devenir un véritable catalyseur de don d'immortalité pour tous ces non voyageurs.
Malgré tout, la reconnaissance ne faisait pas partie des connaissances du petit Hascley. Que Zurocrasy le soutienne ne lui faisait ni chaud ni froid, car après tout là était sa mission. Il se serait passé de lui combien même sa stabilité aurait été compromise, car qu'importe qui se tient auprès de sa personne, tous ces gens ne sont que de douloureux piques. Ces épines étaient un rappel de l'existence de la réalité, aussi ne voulait-il pas laisser celle-ci réapparaître devant lui, car il n'était pas prêt, pas prêt à l'affronter.
Le petit être sombre au manteau jaune sauta du toit de la maison rustique sur laquelle il se tenait pour retourner à son état de déchet dans l'eau. Juste exister était un labeur mais il le supportait encore et toujours parce que c'était une nécessité pour quelqu'un de son statut.
Son corps se mit à pivoter lentement, effectuant des rotations, tantôt à 360° tantôt des demi rotation qui s'en retrouvaient altérée, changeant son angle de rotation à mi chemin.
Il passa près de ce qui semblait être une maison Européenne de l'époque. Bâtie en briques rouges et équipée de sa petite cheminée au sommet, elle dégageait ce petit air "vintage" et pittoresque qu'on attribuait aux bâtisse d'un autre temps. Elle reposait sur un petit lopin de terre circulaire qui lui servait de sol et de base. La maison, tout comme Hascley, tournait sur elle même, tout en se mouvant à travers les fonds de l'océan.
Sa dérive se poursuivit, l'amenant jusqu'à un appartement, une habitation bien plus moderne et luxueuse que le foyer précédent. Assez grand et spacieux, cet appartement peint en blanc, aux larges vitres teintées, renvoyait une sensation de froideur. Contrairement à sa cousine d'une époque plus éloignée, cette construction n'avait pas d'âme, pas de personnalité véritable. L'autre de part ses couleurs guillerettes avait un petit côté plus acceuillant, plus chaleureux et plus personnel. Cet appartement posé sur un morceau de terre couvert d'herbes taillées ressemblait à une de ces choses qu'on retrouverait en quantité infinie, répliquée encore et encore, changeant ce bien en une "chose" aussi inintéressant qu'une carte vierge.
Hascley dépassa l'appartement blanc et s'approcha d'un igloo, cette maison miniature faite de blocs de neige durci et assemblés pour former ce dôme. Un petit tunnel se trouvait sur le côté, servant d'entrée à l'habitation qui était posée sur une surface circulaire de glace aux pourtours irréguliers.
Posant ses deux bottes de pluie rouge sur le sommet de l'igloo, Hascley s'immobilisa un instant. Quelque chose le démangeait atrocement. Après une rapide vérification, il sentit très distinctement l'apprentie Azaly décéder. Néanmoins, quelque chose n'allait pas.
Ses démangeaisons croissaient de plus en plus, et, comme on enfonce une lame incandescente dans la chaire, quelque chose venait pénétrer son essence même. C'était comme si on touchait à l'entièreté de sa personne, du corps jusqu'à la pensée. Réfléchir lui faisait mal, tenter d'agiter toutes les parcelles de son corps ombreux le torturait, cette souffrance n'avait aucune échappatoire et s'emplifiait par à-coups successifs.
Le jeune voyageur se courba avant de se mettre en position assise. Il n'usait d'aucun moyen de communication pour extérioriser la douleur, et ses mouvements simplistes ne trahissaient pas un instant la sensation de déchirement qui lui tordait l'être. Hascley subissait de plein fouet tout cela, et ce, sans broncher. Mais pas parce qu'il était capable d'encaisser la souffrance, mais pour une raison bien plus sombre que cela.
Hascley ne savait pas comment l'exprimer. Il n'avait aucune connaissance réelle de la façon dont il pouvait faire sortir de son être cet état de d'immolation constante. Il était incapable d'appeler à l'aide, car il n'avait pas conscience de l'existence de ce concept.
Trop juvénile pour en avoir connaissance, il se contentait alors du minimum, de tout ce qu'il était sûr de pouvoir faire correctement : s'assoir et attendre patiemment.
Son corps ombreux s'agitait comme une flamme, se ramifiant en petits embouts qui frétillaient nerveusement. Il n'osait bouger son œil unique car un mouvement, même le plus petit, venait activer les lames métaphoriques venant le transpercer de toutes parts.
De sa tête sortait un liquide violacé et sombre qui s'écoulait comme de l'hémoglobine sur la surface neigeuse de l'igloo. La petite maison blanche devenait chaque seconde plus pourpre et du liquide violet sortait au travers des interstices entre chaques blocs de neige.
Le temps passait, lentement et douloureusement, laissant Hascley supporter une forme d'agonie interminable. Soudain son visage sombre et dépourvu de toute forme précise du petit commença alors à expulser des perles aux nuances légèrement rosées. Elles ne duraient qu'un instant, avant de s'évaporer dans un petit nuage de poussière à peine coloré et tout juste perceptibles.
Ces fines gouttes devenant poussières se perdirent dans l'étendue verte, décuplant d'autant plus la solitude du petit être vêtu de jaune. Son isolement, il l'avait souhaité, mais pas le reste, la réalité n'était que superflu à ses yeux, et désormais, Hascley ressentait comme il ne l'avait jamais ressenti, le lourd poids de cette réalité qu'il à toujours rejeté. Dans la réalité la peine existe, dans la réalité les gens changent et dans la réalité les gens auxquels on tient disparaissent dans le néant.
Les perles rosées continuaient de s'échapper de son visage par la voie verticale, perpétuant indéfiniment leur cycle éphémère.
Ironie du sort, son monde ne semblait pas affecté par sa souffrance. Malgré toute l'essence corporelle qu'il avait perdu, comme si on extirpait d'un corps humain son sang par toutes les pores de son épiderme, tout autour de lui restait intact. Hascley était devenu un corps figé dans le temps, et pas un mouvement chez lui était perceptible. Les lames incandescentes avaient terminées leur assaut, néanmoins la souffrance perdurait encore et toujours.
Des petits bruits s'échappaient du petit être, des sortes de murmures étouffés. Ces son incompréhensibles étaient des embryons verbaux, une vaine tentative pour lui de quérir une aide quelconque. Seulement qui pouvait l'entendre ici, dans ce lieu qu'il avait bâti pour n'être en contact avec personne.
Personne.
Malgré tout, un signal pouvait percer la voûte, un cri pouvait traverser les strates des mondes pour atteindre l'extérieur. Et ce cri, "il" l'avait entendu.
Une main surgit de la surface, gigantesque au départ, puis perdant en taille au fil de son avancée. Rapidement c'est tout un corps qui, à son arrivée dans ce monde, a alors subit la déformation transitionnelle, passant des proportions d'un titan, à celle d'un être normal.
Hascley était dans une phase d'agonie bien trop importante pour seulement avoir la capacité de comprendre ce qu'il sentait et voyait. Une flèche perçant les flots s'est ruée vers lui, avant de l'atteindre.
Sans chercher à résister, à communiquer, où à saisir la situation, le petit être vêtu de jaune s'est alors laissé emporter par l'individu, avant de décider de sombrer lui même dans la léthargie.
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La citadelle royale du Continentarbre était en pleine effervescence, où plutôt en état de panique. Hascley, pour une raison actuellement inconnue, avait été comme infecté par un poison, un poison si puissant qu'il a même réussi à atteindre son esprit.
Le petit voyageur était incapable de penser correctement, comme si un virus avait hacké la facette mentale de son être.
Il était actuellement allongé sur un immense lit circulaire, assez grand pour qu'une vingtaine de copies de lui même s'y installent. Il était somptueux, décoré de toutes sortes de broderies étincelantes.
Autour de ce dernier s'affairaient des médecins. Pas de simples médecins évidemment, mais bien des voyageurs de mondes expérimentés dans les soins en tous genres.
Vêtus de larges combinaisons blanches, et de masque aux visières fumées, ils analysaient l'air impassibles les résultats des tests fais sur Hascley, sous le regard attentif de Zoreïphan et d'une femme à ses côtés.
Vêtue d'une armure intégrale faite d'un or poli et parcouru par une foudre nerveuse et agitée, elle observait les bras croisés Hascley se faire opérer.
– Tu m'as fait venir pour ça ?
sa voix laissait transparaître un peu de contrariété, néanmoins l'homme masqué savait que ce petit faisait parti de ses devoirs. Qu'elle rechigne où non sa présence était une absolue nécessité, combien même son rôle se limiterait à être là.
– Une infection aussi puissante ne peut pas être causée par quelqu'un du niveau de l'assassin.
– Pff… tu ne prends même plus le temps de relever le niveau lors de mes plaintes… en face d'un capitaine Telsa cela pourrait être vu comme une infamie le masqué !
– Qui soupçonne tu ?
Zoreïphan ne prit pas la peine de regarder son expression de dégoût alors que la femme le fixait avec les yeux d'un tueur. Il avait le don pour l'ignorer, chose qu'elle détestait plus que tout. Malgré tout il avait aussi celui de savoir aller à l'essentiel.
– As-tu déjà une idée en tête *porfa* ?
– … Les probabilités oscillent.
– Je vais prendre cette réponse pour une manière camouflée de me dire de m'occuper de mes affaires… néanmoins j'ai en tête l'hypothèse que ce soit un ennemi de haut rang. On a tous bien compris que la bombe à simplement été foutue là pour frapper la mioche, mais son niveau de puissance lui a permit de traverser le lien du petit pour aller le toucher également.
– C'est une déduction de bonne facture, maintenant avez vous pour ambitions d'aller éliminer les responsables ?
– *Never*, si le petit était mort ça aurait été autre chose, mais c'est pas le cas. Il en faudrait beaucoup plus pour le tuer.
– Je vois… j'irai voir la petite Azaly. Et toi, qu'à tu de prévu ?
– Glander ! J'ai une réunion des capitaines et commandants bientôt alors je compte pas quitter mon Sanctuaire ! Mes enfants m'y attendent.
La femme en armure dorée s'éleva dans le ciel, se retrouvant à mi-hauteur de sa salle supérieure de la citadelle royale. Avant de partir, elle pointa Zoreïphan du doigt, esquissant un sourire narquois.
– Ne foutez pas le bordel dans ma forteresse ! Où ces apprentis et même vous les profs aurez affaire à moi !
Comme si elle avait usée de téléportation elle disparue d'un coup. Zoreïphan resta alors seul sur le côté, dans ses pensées, ressassant les récents événements auxquels lui, tous les professeurs et des voyageurs extérieurs à la formation, avaient assistés.
Parler de choc était une exagération pour des êtres comme eux, néanmoins personne ne pouvait rester les bras croisés après un combat d'une telle intensité entre une non voyageuse, et une autre d'une puissance incommensurable pour de simples apprentis.
Les changements seraient mineurs pour les professeurs et lui même, mais il ne pouvait pas en dire autant des autres voyageurs. Qu'ils soient simples observateurs, recruteurs où même sponsors, ces derniers ne pouvaient plus ignorer l'existence d'une enfant comme Azaly. Des recherches seraient sûrement menées, mais plus encore les hauts pontes ne manqueraient pas d'agir, et cela il voulait l'éviter.
Après un soupir, Zoreïphan s'éleva dans les airs à son tour.
– Je vous laisse Hascley, tenez moi au courant pour son rétablissement j'ai a faire.
Les médecins ont successivement hoché la tête sans stopper leur tâches, tandis que certains se mettaient déjà au travail. Une entité imposante sortit des ramifications de l'Aura de l'un d'entre eux, déployant ses multiples bras fins pour aller opérer Hascley.
Zoreïphan s'en alla alors, prenant la direction de la forteresse.
Eh voilà que commence le chapitre 11 ! J'espère que vous allez l'apprécier ! C'est un petit break dans l'avancée histoire de faire un tour d'horizon sur ce qui se passe en dehors de l'épreuve des îles ^^
Comment c'était l'écrit ?
Quand j'ai réfléchi à comment débuter le chapitre, j'avais déjà en tête le moment avec Hascley... C'est un personnage important... Mais pas pour le moment, néanmoins c'était l'occasion de le présenter de nouveau, et de façon plus approfondie.
C'est un voyageur très puissant... Dans le sens littéral mais aussi dans sa spécialisation de création de mondes de poches... Montrer l'intérieur d'une tasse de thé de cette façon était une manière indirecte de présenter ses capacités. Faire de quelques centilitres de thé un "océan" d'une certaine manière n'est pas donné à tous.
Le montrer aussi incroyable ne fait donc que renforcer la dangerosité des sœurs et de leur pouvoir ( qui a tout de même empoisonné Hascley à travers son lien d'immortalité ).
Zoreïphan aussi n'était pas apparus depuis un moment alors c'était l'occasion... De plus cette cher demoiselle en or était un personnage qui était dans ma tête, et que j'ai imaginé avec l'aide d'une personne. Cette "Impératrice" est un personnage assez particulier car il est très lié à Avalanscia... Je pourrais y revenir dessus une autre fois peut-être sur son sujet, mais sachez pour le moment que ses menaces envers Zoreïphan, et de surcroît tous les autres profs, sont bien réelles... Elle n'est pas à prendre à la légère pour sûr '-'
Merci d'avoir lu :3
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