Jean passa la soirée seul. Il n'avait partagé la nouvelle à personne car il avait trop peur que l'officialiser ne réduise son euphorie. Il était comme ça Jean, il craignait toujours tout et cela le rendait particulièrement renfermé sur lui même. 

Assis sur son canapé, il réactualisait sans cesse sa boite mail: il devait recevoir un message avec les détails de son contrat et devait ensuite se rendre à la galerie sur rencontrer son client et signer les papiers. Il s'était autorisé à en parler une fois sa signature inscrite sur la feuille. Pas avant. Jean avait également peur du faux espoir. Peut-être que le client allait refuser au dernier moment, peut être que Jean ne sera pas à la hauteur... 

Jean se redressa brusquement. Ce n'était pas le moment de se faire du sang d'encre alors que rien n'avait encore commencé ! Marchant dans son salon où étaient exposés ses toiles lorsqu'elles ne sont pas à la galerie, il contempla sa dernière création: celle sur le canal avec le pécheur. Il aimait vraiment ce tableau qui lui procurait une certaine sérénité mais aussi nostalgie rien qu'en le regardant.

Il prit alors une grande inspiration et se dit: "Ca va aller."