L'ART DE CRAINDRE

KIM YONGSUN ou plus humblement rebaptisé "Chichi" est une légende, je vous explique: sa vie est tellement pathétique qu'elle pourrait figurer dans le "Guiness World Book". Honnêtement, elle n'est pas à envier.

Ma vie n'a jamais été grandiose, j'ai eu mon bac sans mention, j'ai fait ma première fois à vingt-deux ans à l'arrière d'un camion et je suis la plus grosse déception de ma famille. Cependant, depuis environ deux ans, j'ai accompli ma plus grande réussite et celle-ci porte le doux nom de Louis.

Cet homme est ma fierté parce que, pour la première fois depuis ma naissance, j'avais l'impression de rendre quelqu'un heureux. Je le faisais rire, le soutenais, j'étais sa confidente, sa meilleure amie, sa petite-amie, il était mon monde. Personne ne m'a jamais apporté de tels sentiments comme l'amour, la sûreté et plus important: le bonheur.

J'étais comblée d'avoir un tel homme à mes côtés. Louis, contrairement à mon entourage, ne m'a jamais blessée que ce soit physiquement, mentalement ou émotionnellement, j'avais trouvé chaussure à mon pied comme on dit.

Enfin ça, c'est ce que je vous aurais dit la semaine dernière.

Je rentrai de mes courses habituelles, vous savez, ce sont des courses que je fais une fois par mois quand mes ovaires décident de déclarer la guerre à tout ce qu'il y a dans le bas de mon ventre... eh bien pour me calmer j'achète des pommes. Oui je sais ça peut vous paraître absurde mais mordre dans autre chose que ce que vous pensez aide à apaiser mes souffrances.

Donc comme je vous le disais si bien, je venais de passer la journée la plus éprouvante de ma vie (jusqu'au mois prochain) lorsqu'en passant la porte d'entrée j'entendis de drôles de bruit provenant de ma chambre.

Des gens devaient tourner une sextape, ce genre d'incident est courant en deux milles dix-sept.

Je ne fis plus aucun bruit, je posai délicatement mes sacs de courses dans la cuisine puis, je fis signe à ma tortue qui rampait sur la table basse de se taire, on ne sait jamais, les animaux sont plus malins que ce que l'on pense.

Je me dirigeais à pas de loup dans le couloir et me raidis quand je me rendis compte que la porte de ma chambre était entre-ouverte, je passais discrètement un œil dans l'ouverture qui me donnais vue sur Louis avec... Seunghyun.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, Seunghyun est mon petit-frère.

Et ils ne jouaient pas au UNO ensemble, loin de là. Je pense même que cette position, Louis et moi ne l'avons jamais faite. Je décidais de donner un léger coup de pied dans la porte, celle-ci m'affichant entièrement l'horrible scène se jouant devant moi, alors ça y est, je suis cocu.

Les deux jeunes hommes se relevèrent brusquement, paniquant à la vue de leur moitié qui se trouvait là, dans la pénombre, le cœur brisé.

— OK, alors ça c'était pas prévu, déclara Seunghyun.
— Yongsun, j'peux tout t'expliquer, sortit automatiquement Louis.

La jeune femme desserra ses poings, sa mâchoire tremblait, qu'est-ce qu'elle était censée faire ? Elle se contenta de pointer la sortie du regard, mi colérique, mi désemparée.

— Sortez.

En l'espace de dix minutes, le salon de la brune s'était transformée en un champs de bataille, les tableaux, coussins, verres qui étaient normalement rangées étaient crachés sur la moquette désormais sale de la salle à vivre, ils reflétaient ses sentiments: le chaos.

Elle hurlait en déblatérant des jurons, des insultes à la Terre entière, accusant son père et sa mère d'avoir crée un enfant aussi humiliant de la sortes. Nul ne sait si elle parlait en réalité d'elle ou de son frère.

Tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son chemin finissait éclater contre le mur le plus proche, sauf la tortue, elle s'était déjà enfuie.

Elle ressentait de la honte, de l'abandon: il l'avait laissée alors qu'elle avait tout sacrifié pour lui, elle avait battit cette relation durant deux putain d'années et il n'a fallut que la force d'un souffle pour que ces murs s'effondrent.

Elle misait tout en lui, elle lui avait acheté tout ce qu'il voulait, elle allait dans ses bars préférés alors qu'elle ne supportait pas tous les alcoolos qui y traînaient, elle s'était mise au sport pour lui alors pourquoi ? Pourquoi l'avait-il brisé de la sorte ? Elle n'avait jamais fait un seul pas de travers, elle commençait même à construire leur futur en changeant de boulot afin de gagner toujours plus d'argent et d'avoir un foyer sûr. Et tout ces effort pour qui ? Pour lui.

Un nom vint apparu tel un éclair dans mon esprit: Wheein. Cette rousse à la frange déprimante avait l'honneur d'être la petite-amie de mon petit frère, plus dramatique y a pas.

On s'était retrouvé toutes les deux ici, dans mon salon, elle avait écarquillé les yeux en constatant tout ce qu'avait causé ma colère. La fausse rousse avait préparé une infusion avec je-ne-sais-quoi dedans, Wheein connaissait des tas de remède à base de plantes donc je lui faisais confiance.

Assises à même le sol, nos bol laissant échappé une vapeur chaude et odorante, j'étais prête à déverser verbalement toute ma haine et à ce qu'elle fasse pareil à propos de mon crétin de frère.

— Tu en fais un peu trop, poursuivit la jeune femme.
— J'espère que tu te fiches de moi ?! J'étais censée réagir comment ?
— Tout sauf comme ça, rétorqua-t-elle en zieutant le carnage autour d'elle.

Elle posa délicatement ses fines lèvres autour de son bol tandis que je la scrutais, ahurie par ses propos. Je ne comprenais pas, était-elle heureuse avec mon frère ? Elle semblait si épanouie lorsqu'ils étaient ensemble, quand elle le voyait sourire elle l'imitait automatiquement. Elle aimait Seunghyun alors pourquoi cette réaction ?

— Est-ce que t'es devenue folle ? Demandais-je en penchant ma tête sur le côté.
— Écoute, rien n'est de leur faute, m'assura-t-elle.
— Comment ça ?! M'écriais-je. Donc la bite de Louis s'est accidentellement perdue dans les fesses de mon frère, c'est ça ?

Le sang bouillonnait en moi, j'étais devenue une vraie fournaise et je m'apprêtais à retaper ma crise. Je bu d'un seul coup l'infusion de la rousse avant que mes papilles ne se rendent compte de l'horrible goût du liquide, qu'est-ce qu'elle avait foutu dedans ?

— Est-ce que t'as mis tout ce qui te restait dans ta cuisine dans ce truc ? M'exclamais-je, dégoûtée.
— Non c'est une vieille recette que j'ai l'habitude de faire avec du lait, des gousses de vanille et un peu de cannabis, m'expliqua-t-elle dans le meilleur des mondes.

— T'es entrain de me faire boire un de tes trucs de drogué ?! M'énervais-je.
— Tu vas juste ressentir des crampes à l'estomac et tu vas sûrement un peu vomir mais ça va t'affaiblir au moins tu crieras moins.

Le silence était tellement pesant que l'on pouvait entendre Yongsun vomir depuis les toilettes, tout ce qu'elle avait ingurgité dans la journée s'était retrouvée dans la cuvette, son estomac hurlait de douleurs entre les crampes des règles, ceux de l'infusion et la famine, les trois se battaient pour se faire le plus entendre.

La petite brune revint dans la pièce, la main sur le ventre et le visage pâle, elle avait morflé, ça c'était le bon mot. Elle s'écroula sur la moquette sale devant les yeux indifférent de Wheein qui continuait de siroter son mélange comme si elle était immunisée depuis longtemps.

— Comment tu peux rester aussi stoïque ?! Il t'a humilié ! Continua la brune.

En voyant aucune réaction de la part de son interlocutrice, Yongsun continua de déverser sa haine, la douleur dans son ventre, dans son cœur, tout ce que lui infligeait cette tromperie la déchirait, la rendait encore plus en colère contre quiconque. Une colère aussi aveugle que l'amour qu'elle portait à Louis.

— Seunghyun te prenait pour une abrutie, il oubliait son porte-monnaie à la maison exprès pour que tu paies, il profitait de ton argent, de ton temps, de ton amour ! Tout le bonheur que tu lui offrais, il te l'arrachait des mains pour aller le donner à un autre ! Tout était à sens-unique !
— Je n'attendais rien en retour, répliqua-t-elle simplement.

Je me relevais avec énormément de mal afin de voir son visage toujours aussi neutre sauf que cette fois-ci, ses yeux étaient fermés et sa tasse vide. Je rampais vers la rousse avant de lui agripper les épaules, ses maigres épaules. La raison numéro une pour laquelle je n'aimais pas cette fille était parce qu'elle paraissait faible, la preuve, elle pardonnait celui qui lui a fait du mal.

— N'as-tu jamais été heureuse avec mon frère ? Pourquoi tu t'énerves pas hein ?! M'écriais-je en la secouant par les épaules. J'ai toujours cru que...
— C'est parce que j'ai le cœur brisé, m'interrompit-elle.

Mon regard changea complètement lorsqu'une larme noircie par son crayon roula sur sa joue maquillée, c'est la première fois de ma vie que je la voyais pleurer. Si bien que je pensais que c'était une illusion que m'apportait la drogue que j'avais bu plus tôt, je touchais ses pommettes pour vérifier que ma vue était encore opérationnelle et il y avait bel et bien de l'eau sur mes doigts.

Wheein pleurait vraiment.

— Je ne pourrais jamais lui reprocher quoi que ce soit, je ne pourrais jamais l'accuser de mon chagrin parce que je suis amoureuse de lui. Il me nourrit de tout son éclat, même si ce n'est pas réciproque, je ne peux pas nier le fait que je l'aime beaucoup trop pour le détester, expliqua-t-elle.

Je l'observais dans son entièreté, son visage détruit par la passion, voilà ce que provoque l'amour. Il y en a toujours un qui en ressort vainqueur et l'autre, perdant. Je ne dis pas que l'amour est mal, si l'on pousse chacun de nos sentiments à l'extrême, il peut devenir nocif.

Au tout début, quand je vous disais que j'aimais Louis, c'était faux. Wheein aimait Seunghyun ça c'était inévitable mais ce n'était pas mon cas. La douleur que j'avais ressenti, ce n'était pas mon cœur qui en avait fait les frais mais seulement mon égo, je me suis sentie abandonner parce qu'il était la seule personne à croire à ce que je n'étais pas: une femme forte et responsable.

Je me sentais bien grâce à lui, certes, mais c'était pathétique d'avoir eu besoin d'un homme pour avoir confiance en moi, je suis née sans Louis à mes côtés alors je pouvais mourir sans lui. Je n'ai pas besoin des yeux d'un homme pour exister.

L'amour existe mais pas celui que tout le monde croit, l'amour est un sentiment puissant réunissant l'amitié, le bonheur, la sûreté, la confiance et la loyauté. C'est beaucoup mais petit à petit toutes ses émotions se mettent en place jusqu'à ce que tout ce brouhaha finisse par créer ce grand sentiment.

L'amour ne se résume pas à un physique ou à style de vie mais bel et bien par des sentiments positifs, l'amour existe.

Wheein en est la preuve.

MENSONGE → 31/07/2017.

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