Prologue
«Ah, look at all the lonely people»
Ah, regarde tous ces gens seuls
Mes parents m'ont appelé Eleanor.
C'était à cause de cette chanson, leur chanson.
Eleanor Rigby, Les Beatles, 1966.
Je l'ai entendue toute mon enfance, d'abord pendant les vacances à la compagne dans le vieux tourne-disque de grand-papa et puis ensuite à la maison, à chaque fois que mes parents dansaient dans notre salon bien trop étroit. Ils étaient très amoureux les deux.
C'était la chanson qu'ils avaient choisi pour leur mariage.
C'était la chanson se trouvant sur le premier disque que j'ai reçu.
C'était la chanson qui m'a poussée à commencer la guitare.
C'était la chanson que maman me chantait avant chacune de mes opérations.
C'était la chanson qui a résonné à l'église durant leur enterrement.
Eleanor Rigby, c'était tout pour moi; ma berceuse, ma force, ma comptine, mon identité. Quand j'y réfléchis aujourd'hui, c'était beaucoup trop de symboles à la fois, trop pour une seule chanson.
Et puis, c'est triste comme histoire.
Quand on prête bien attention au parole, derrière cette musique entraînante, on entend la vie d'une jeune fille solitaire attendant un jour que son grand un amour vienne. Il ne vient pas. Elle meurt seule, sa tombe couverte de poussière.
Eleanor Rigby était comme moi.
Jusqu'à lui.
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