8-Clyde
«Si tu savais combien je t'aime, combien tu es nécessaire à ma vie, tu n'oserais pas t'absenter un seul moment, tu resterais toujours auprès de moi, ton coeur contre mon coeur, ton âme contre mon âme.»
-Victor Hugo.
On ne s'attend pas à ce que quelqu'un bouleverse notre vie à tout jamais. Ce n'est pas une évidence, c'est pas marqué sur le front des gens qu'ils s'apprêtent à changer votre monde.
Le pire c'est qu'on ne le comprend pas tout suite. On est là, à vivre avec cette personne, à manger à ses cotés, à regarder la télévision dans le même canapé, à dormir dans la chambre d'en face et pourtant cette présence n'a rien de marquant, jusqu'au jour où cela nous frappe. C'est comme un choque électrique, comme si quelqu'un venait d'allumer la lumière, C'est une une putain de révélation. Tu ne peux plus l'ignorer, tu ne peux plus passer à coté, tu ne peux plus te prétendre aveuglé.
Tu deviens dépendant de quelqu'un et c'est là que c'est dangereux.
Eleanor, le dos collé au mur, son corps près du mien ne me quittait plus des yeux quand un bruit déchira le silence. La porte de la salle d'entrainement claqua et l'adolescente me poussa avant de s'appuyer d'une manière ridiculement nonchalante contre un appareil de musculation.
-J'interromps quelque chose, s'inquiéta Jared en remarquant la tension qui régnait entre nous.
-Qu'est ce que tu veux? le questionnai-je froidement en attrapant une serviette posée à même le sol.
-Il n'a pas voulu payer, m'informa-t-il en glissant un regard discret vers Eleanor.
-Et pourquoi tu ne l'as pas convaincu de le faire? Tu es plutôt doué pour ce genre de truc en général.
Il afficha un sourire.
-Je lui aurais bien tiré une balle dans la jambe mais ce connard se planque aux Jaiz'Club.
-C'est quoi le «Jaiz'Club», intervint Eleanor en s'asseyant en tailleur.
-C'est un..., commençai-je.
-Bordel, conclu Jared alors que je lui lançais un regard noir.
-C'est pas un bordel, Jared. C'est plutôt...
-Une maison close, reprit-il.
-Jared, l'averti-je avant de me tourner vers Eleanor, C'est une sorte de bar... Bar-Cabaret.
-Oui c'est ça, souligna mon meilleur ami ironiquement, Un Bar-Cabaret avec certaines prestations assez originales.
Je soupirais.
-Bon, dans ce cas-là, on va aller lui rentre une petite visite Jared. Mais on ne va pas y aller seuls, ajoutai-je.
Nos regards glissèrent vers Eleanor qui se concentrait sur ses étirements. Elle releva la tête avant de hausser un sourcil.
-Vous savez que vous avez l'air de deux psychopathes à me regarder comme ça, déclara-t-elle.
-El', rigola Jared en l'aidant à se lever avant de passer un bras autour de ses épaules, Tu vas assurer ta première mission sur le terrain. Tu feras enfin partie des nôtres.
Elle se remit debout avant de me fixer.
-Jared, tu peux nous laisser deux minutes.
Le regard de mon ami glissa d'elle à moi avant de hocher la tête et de quitter la pièce silencieusement.
-Tu ne lui as pas dit c'est ça? Personne ne sait la raison de ma présence? Je ne suis pas censée assurer vos missions, Clyde. C'est pas mon job. J'ai ma propre mission.
-Je ne leur ai rien dit et ils ne sauront rien. Moins de gens sauront, mieux tu te porteras, crois-moi là-dessus! Par contre, cette mission tu vas la faire Eleanor, pas pour m'aider mais pour toi. Tu dois agir sur le terrain, considère cela comme ton entrainement.
Elle me lança un regard exaspéré.
-Oui chef.
-Oh, et Eleanor, l'interpellai-je, Disons simplement que dans ce genre de Club les pantalons ne sont pas de rigueurs pour vous les femmes. C'est principalement des habits courts, du genre, ceux qui ne laissent pas beaucoup de place à l'imagination.
-Tu veux me faire passer pour une prostitué?
Cette pensée me fit rire.
-Je peux te faire passer pour une Escort Girl si tu préfères.
-Va mourir Clyde, rétorqua-t-elle en quittant la pièce.
Je la suivais vers la sortie pour rejoindre la chambre de H en rigolant.
H venait du nom Hacker et cela lui collait à la peau. Ce gars ne savait pas se battre, il n'avait absolument aucune compétence dans le maniement des armes, je ne l'avais jamais vu toucher à une quelconque drogue de toute sa vie et il devait avoir autant de force qu'une gamine de huit-ans. Mais c'était un véritable génie. Les mathématiques, la physiques, l'informatique, ce gars aurait pu être accepté dans n'importe quelle université si il l'avait voulu, il aurait pu avoir n'importe quel avenir. D'ailleurs c'est ce qu'il aurait dû avoir: un avenir hors du commun, si les circonstances avaient été différentes, si les terreurs de son passé de ne le hantaient pas.
-Salut, mec, Jared t'as informé, lui demandai-je en rentrant,
Sa chambre était remplie d'ordinateur, des écrans couvrant la quasi totalité des murs, jamais éteints. Il était toujours près à nous prévenir de chaque changements de plans, il devait probablement avoir piraté les caméras de toute la ville.
H se leva de son lit pour se diriger difficilement vers son bureau, sa prothèse le faisait boiter. Il ne parlait pas de l'accident, à personne, pas une fois. Il ne racontait pas comment il avait perdu sa jambe droite des dizaines d'années plutôt. C'était son secret, celui qu'il ne révèlerait sûrement jamais.
-Je déteste quand vous allez au Jaiz', c'est vraiment la réunion de tout les gangs. C'est le premier endroit où vous pouvez vous prendre une balle.
-Moi c'est pour toi que je m'inquiète H. Depuis combien de temps tu n'as pas pris tes médicaments?
-Tout va bien Coal, tout va bien, m'assura-t-il avant de me passer une boite contenant plusieurs oreillettes.
-Fais gaffe, c'est mieux qu'on ne voit pas vos oreillettes dans ce genre d'endroit, m'avertit-il.
-Merci mec, prends soin de toi.
-Et toi te prends pas une balle dans la tête.
-Ça marche, criai-je en rentrant dans ma chambre.
Je fouillais dans la pile de vêtements en me rappelant qu'il faudrait bientôt faire une lessive. Je m'emparais d'habits propres avant de me diriger dans la salle de bains. Il n'y avait plus d'eau chaude, cela me rappela l'armée et ses douches glaciales. Je n'aimais pas parler de cette période de ma vie, c'était probablement la plus sombre, la plus dure, la plus noire. Mais c'était également l'armée et sa discipline qui m'avait sauvé, sans cela je me serais foutu en l'air bien avant, je me serais détruit bien d'avantage encore.
J'enfilai finalement mes fringues et quittais la pièce pour rejoindre le salon où Jared, Ed et Steven nettoyaient leurs armes.
-Dîtes à Jack de venir aussi. On y va les cinq plus Eleanor. D'ailleurs où est-elle, celle là?
-Là crétin, répondit une voix dans mon dos alors que je voyais Jared se figer en la regardant.
Je me retournais pour découvrir une véritable bombe atomique. Des cheveux lâchés, un robe noir qui suivait ses courbes et des bottes de cuirs noirs. Le flingue qu'elle tenait à la mains la rendait plus sexy encore. Je déglutis en la suivant du regard.
-T'es magnifiques, la complimenta Jared
-C'est court, soufflai-je.
-C'est normal, rigola-t-elle, C'est un top d'habitude.
Jared la déshabilla du regard avant de nous indiquer qu'il était l'heure de partir.
-Et tu vas mettre où ton arme, lui demandai-je en la retenant.
Elle colla son corps au mien avant de pencher son visage vers mon cou, ses lèvres frôlant mon oreille.
-Fait tourner ton imagination Clyde.
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