5-Eleanor
«Je me donnerais volontiers au diable, si je ne l'étais moi-même.»
Faust - Johann Wolfgang von Goethe.
Il faut arrêter de compter sur les gens, il faut arrêter de leur en demander trop, de vouloir plus que ce qu'ils sont capables de nous donner. Parfois les gens ne peuvent pas nous aider, parfois on doit comprendre qu'il est souvent bien difficile de réaliser l'impossible. Arrêtez de croire que tout restera éternellement pareil, arrêtez de croire que vous serez heureux avec les mêmes personnes toute votre vie, les gens changent, ils partent, ils évoluent. Un jour on grandit et on s'en va pour la simple raison que ce qui précède n'a plus sa place dans votre vie. Il y a un temps pour chaque chose dans ce monde, même pour partir.
Une citation célèbre dit: «On nait seul, on meurt, seul, le reste n'est qu'illusion».
Dans mon cas, je crains qu'il n'y ait même plus cette illusion.
M'engageant dans la cage d'escalier de mon immeuble, je regardai la date sur mon téléphone en soupirant. Cela faisait sept jours, une semaine déjà, le temps était donc écoulé et Clyde ne m'avait pas contacté. Comme je n'avais aucun doute sur le fait qu'un homme tel que lui puisse découvrir mon adresse, mon identité et ma vie, jusqu'au nombre de zéro sur mon compte en banque sans problème, j'en déduisis que ma proposition n'avait pas gagnée son intérêt.
La porte émit un grincement sinistre quand je l'ouvris pour m'engouffrer dans mon appartement. J'était en train de refermer la porte quand, prise de court, on me plaqua brutalement contre le mur, dos à mon agresseur. Quelqu'un me tenait par derrière m'empêchant d'assurer le moindre mouvement, ce gars savait y faire je ne pouvais esquisser un geste.
L'idée de qui cela pouvait être s'imposa dans mon esprit, si c'était ce fameux Red qui venait se venger ou un gang sur lequel j'avais trop approfondi mes recherches. Etait-ce donc ainsi que l'histoire devait se finir, avant même que rien n'ait vraiment commencé? Etait-ce ainsi que j'allais mourir, dans un vieil immeuble sordide de Brooklyn vidée de mon sang à coup de couteau ou une balle dans la tempe? Cette idée me fut très inconfortable, je n'étais décidément pas prête à m'en aller.
-Je t'ai manqué gamine? souffla sa voix dans ma nuque alors que je cessais de me débattre, mon corps se détendant presque immédiatement.
-Coal, répondis-je comme unique salutation.
Il s'éloigna subitement en riant, me laissant l'occasion de me retourner alors qu'il se dirigeait vers la cuisine miteuse -ou ce qui faisait office de.
Je ne pouvais pas nier qu'il était beau, même si je l'avais souhaité je n'aurai pas pu, personne n'aurait pu. Un corps musclé par des heures intensives et douloureuses d'entraînements et de batailles, suivit d'un réel visage d'ange qui jurait avec ses vêtements de mauvais garçons et ses multiples tatouages. Et puis il y avait surtout ces yeux bleus marines, contrastant avec sa chevelure foncée, qui semblaient regorger de tellement de secrets, de tout ses secrets.
Ce gars était une bombe atomique.
-T'es pas mal non plus, rigola-t-il en suivant des yeux mon minuscule studio alors qu'il se préparait un café.
Je soupirais en prenant conscience d'avoir parler à haute voix, cela m'arrivait plus souvent ces derniers temps, une de mes nouvelles habitudes de solitaire.
-Alors, repris-je en me postant de l'autre coté du bar, face à lui, T'es venu chez moi juste pour te faire un café ou y'a une autre raison, quelque chose qui susciterait vraiment mon intérêt?
Il esquissa un sourire en me tendant une tasse que je refusais.
-Prends tes affaires Eleanor, on y va, déclara-t-il finalement en jetant le café.
-C'est bien sympa une petite escapade, mais où?
Il ne daigna pas me répondre et attrapa d'un air décidé mon sac de sport en dessus de l'armoire avant d'ouvrir cette dernière. Il sembla méditer sur mes vêtements quelques instanst et commença à farfouiller dans les piles. Ce comportement m'agaça au plus haut point, j'avais toujours eu horreur que l'on touche à ce qui m'appartient.
-Clyde, m'écriai-je, Ça suffit!
Il se figea en fronçant les sourcils.
-Personne ne m'appelle ainsi, rétorqua-t-il froidement.
-Quoi? Par ton prénom tu veux dire, Clyde, répondis-je en haussant un sourcil.
Il se retourna et s'approcha de moi dans un démarche menaçante, je ne cillai pas et continuai de sourire en croisant les bras sur ma poitrine.
-Ne me cherche pas gamine, répliqua-t-il en plongeant ses yeux dans les miens.
Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre notre petit jeu, chacun voulait imposer sa domination, celui qui baisserait les yeux en premier déclarerait forfait, ce serait un signe de soumission. Son visage était si près du miens que je sentais son souffle chaud sur mes lèvres, je failli émettre un mouvement de recul en constatant notre proximité avant de comprendre que c'était exactement ce que Clyde recherchait. Il voulait vraiment jouer à cela? Je pouvais faire de même; m'approchant d'avantage de lui, je collais mon corps au sien en posant mes mains sur son torse.
Trois centimètres et nos lèvres se touchaient.
Ma prise de risque sembla lui plaire car un sourire moqueur se dessina sur son visage alors qu'il glissait se bras autour de ma taille et me rapprochait plus encore.
Deux centimètres.
Je lui lançais un clin d'oeil, le défiant ouvertement ce qui lui fit émettre un imperceptible mouvement vers moi.
Un centimètre.
Il me lança un regard joueur, il me demandait ainsi jusqu'où j'étais prête à aller pour gagner cette bataille, je n'avais aucun doute qu'il irait jusqu'où il faudrait ressortir gagnant. Je n'étais pas si sûre d'être aussi assurée que lui, ce petit jeu débile pouvait nous mener bien loin et nous causer bien des problème. Alors, soupirant intérieurement, je me soustrayais à son regard et baissais les yeux.
-Bon choix gamine, me souffla-t-il à l'oreille sans décoller sans corps du mien, Il faut savoir qui est le chef.
Je grinçais les dents à l'entente de cette phrase et lançais mon poings contre son parfait visage qui m'incitait à la haine. Ma main n'eu cependant pas même le temps de parcourir la moitié de la distance qu'il arrêta mon coup avec une facilité déconcertante en me bloquant de sa main qui garda prisonnière la mienne.
-Adorable, rigola-t-il.
Puis brusquement il me fit une clé de bras de façon à ce que je me retrouve dos à lui et me plaqua violemment contre le mur. Il dégagea ensuite les cheveux dans ma nuque et je sentis ses lèvres s'y poser doucement.
-Ecoute moi bien gamine, on ne me manque pas de respect. Et si je ne peux pas te l'apprendre par la douleur, je trouverai un autre moyen un peu moins conventionnel.
-J'ai bien conscience de n'avoir aucune chance en me battant contre toi, répondis-je le visage face au mur, Mais je peux te faire une promesse, je te respecterai aussi longtemps que tu mériteras mon respect.
-Ça me va.
Il se détacha alors de moi et se dirigea derechef vers ma penderie comme si notre altercation n'avais pour ainsi dire jamais eu lieu.
-Par contre ne touche pas à mes..., commençai-je quand nous fûmes interrompu par la sonnerie d'un téléphone.
-Coal, répondit ce dernier en s'éloignant.
J'ignorais le contenu de cet appel mais je pouvais en déduire aux expressions faciales de Clyde que c'était tendu. Il fronça les sourcils en soupirant.
-J'arrive, dit-il simplement avant de raccrocher.
Il se dirigea vers la porte avant de se retrourner.
-Ma voiture est parquée en bas, on passera prendre tes affaires plus tard. Là faut y'aller.
-Où?
-Dans le Queens, problème de gang.
J'acquiesçai avant de me diriger vers le vestiaire et d'en récupérer deux casques.
-Avec le trafique on sera trop long, expliquai-je en lui lançant l'un des deux , On prend ma moto.
-Tu fais de la moto, s'exclama-t-il, surpris alors qu'on dévalait les escaliers.
Je haussais un sourcils sans m'arrêter de courir.
-Non, j'ai une moto pour décorer, répondis-je, sarcastique
Il leva les yeux aux ciel alors qu'on arrivait dans la rue. J'enjambai rapidement l'engin, enfilai mon casque d'un noir qui empêchait quiconque de discerner mon visage et fit signe à Clyde de me suivre.
-C'est parti, m'écriai-je en démarrant alors qu'il enroulait fermement ses bras autours de ma taille.
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