Chapitre 9

Kiny

— Joyeux anniversaire, Kiny Roland.

Il me tend le fameux paquet et me fait un bisou sur la joue. Autour de moi, la foule ne cesse de s'exclamer. Je sais qu'ils ne vont pas arrêter de jaser dernière mon dos.

— Joyeux Noël aussi, ajoute t-il en me faisant un deuxième bisou sur la joue.

Je me fige cette fois-ci. Je ne le connais que depuis presque un mois et je suis sûre de n'avoir jamais vu cette facette charmante de lui. Et ça me déstabilise vraiment.

— Il y a de l'amour dans l'air par ici, s’exclame la foule autour de nous.

D’un côté j’ai honte d’être au milieu de tout ça et d’un autre, c’est très drôle à voir. Leur vie est tellement ennuyeuse qu’ils sont à l'affut de toute distraction. Quand la Sœur Miller se rapproche de nous, ils se dispersent aussitôt. Ils savent à quel point elle n’aime pas les commères. J'en profite de lui remettre le paquet de Jules.

— Prends bien soin de toi ma chérie, et surtout sois calme quel soit ce qui va t’arriver.

Elle me fait la bise et s'en va directement dans la cour arrière. Ses mots me laissent quelque peu perplexe et c'est l’Arrogant qui me fait signe qu'on doit y aller.

J'entre dans la voiture, et je la trouve super sympa. Il y a même un compartiment boisson. 

Un silence de mort s’est installé dans l’habitacle, il conduit et moi j’observe les rues. D’un côté, j'aimerais bien savoir pourquoi la dernière fois, il a essayé de m'embrasser puis s'est ravisé. De l'autre, je ne veux pas lui parler parce qu'il me traite d'irrespectueuse. Je décide de ne pas parler. Et finalement, il rompt le silence.

— Tu es très belle aujourd'hui !

Voilà, alors que je me débats mentalement pour savoir si je dois lui parler ou pas, il me dit ce genre de chose. Et si on y ajoute que son baisé de tout à l'heure ne m'a pas laissé indifférente. Ce type veut ma mort ou quoi !

— Euh... Merci, répondis-je timidement.

Mes joues rougissent, et je détourne le regard pour ne pas qu'il voit ma gêne. Pourquoi moi ? C’est pas mon genre, d’habitude ! Décidément, aujourd’hui ce n’est pas ma journée !

***

Arrivés devant chez lui, il me fait signe de descendre. Sa mère m'accueille chaleureusement.

— Bienvenue à toi ma chère Kiny ! Nous te souhaitons un joyeux Noël et un joyeux anniversaire aussi.

Son père me fait la bise et m'accompagne au salon. Au moins cette bise n'a rien à voir avec celle de son fils.

Leur maison est très jolie et elle ressemble beaucoup à notre maison, le quartier me dit quelque chose mais je n’arrive pas à savoir en quoi. Ça fait des années que je n'y suis pas retournée, je ne sais même plus où il se trouve.  Le salon est très vaste. Trois fauteuils de taille différente et une table basse sont placés vers la gauche. Il y a un meuble avec un grand écran plat dessus. Il y a des photos de famille qui ornent les murs, y compris quelques tableaux d'art.

La salle à manger, qui est vers la droite, a elle aussi son charme. Une grande table en bois massif entourée de six chaises se trouve en plein milieu et la cuisine y est relié par une petite porte en bois. Il y a un escalier qui mène à l'étage où se trouve les chambres, la buanderie et les toilettes, tel que me l'a expliqué la mère de Jules. Les couleurs de cette maison sont vives et elles reflètent la bonne humeur.


C’est si beau, si paisible. Je me sens  comme à la maison...

Jules est monté directement dans sa chambre et sa mère m'a dirigé vers la bibliothèque. Celle-ci est tellement grande et tellement belle en même temps que je ne voulais plus en sortir. Dommage qu’il fallait que j'aille en cuisine, j'aurai bien pu y passer toute la journée.

La cuisine est une pièce super chaleureuse. Sur les murs, il y a de jolis petits dessins d'ours à côté de pots de miel. C’est tellement mignon que ça me fait sourire. Il y a tout plein d'appareils électroménagers dans cette pièce et il y a quand même assez de place pour au moins cinq personnes.

Émilie, vêtue d'un tablier rose avec de jolies motifs me tend une charlotte et un tablier bleu. Je le revêt illico et on se met aux fourneaux. La dernière fois que j'ai eu à participer à la cuisine remonte à mon enfance, il y a exactement six ans aujourd'hui. Et tout en découpant l'oignon, des larmes silencieuses coulent sur mes joues. D'une part c'est à cause de l'oignon et, de l'autre c'est à cause du souvenir de ma famille, le chagrin que je ressens en pensant à eux.

— Kiny, tout va bien ? J’ai l’impression que tu te sens mal.

— Non madame, ce n'est que l'oignon qui me fait ça. Ne vous inquiétez pas.

— Appelle moi Émilie et tutoie moi voyons, essaye de faire attention au moins, ajoute t-elle maternellement.

Au moins, Émilie n'y a vu que du feu. La préparation du repas se fait agréablement, et vers onze heures, on a fini de préparer le dessert. Heureusement qu'elle avait commencé à cuire les plats avant que je ne vienne. Les hommes de la maison dressent la table pendant que nous mettons la nourriture dans les bols. Apparemment certaines personnes viendront, et je suppose que je dois me comporter comme une grande fille hihihi...

Avec la place qu'il y a dans la salle à manger, Christian et Jules y ont ajouté une table de quatre. La salle à manger est à présent bien décorée. Et je la trouve magnifique. J'ai vraiment du mal à retenir mes larmes, tant le souvenir de mes dix ans ne cesse de me frapper de plein de fouet. Du mieux que je peux, je réussis à me contrôler. Je retire le tablier pour aller dans la salle de bain me passer de l'eau sur le visage, et en profiter pour réajuster mon maquillage. Ayant fini, je décide de redescendre, cependant, il y a un bruit qui m'interpelle. J'arrive devant une porte légèrement entrouverte, et j'y vois un Jules bien concentré, essayant de retirer quelque chose de sa paume de main. Il y a un liquide rouge qui s'étale sur le sol, et là je comprends ce qu'il s'est passé.

En entrant, je remarque la lampe de chevet cassée, étalée par terre. Le brun relève la tête quand je me pose devant lui.

— Kiny ! Je ne t'ai pas entendu rentrer. Que fais-tu ici ?

Son ton est plutôt calme, comparé à toutes les fois où il m'a adressé la parole. Soit c’est pour me taquiner, soit pour me rabaisser. Et là, je ne sais pas vraiment quelle est la marche à suivre avec lui. Depuis ce matin, il est tout différent.

— Eh oh ? Tu m’écoutes ?

Je cligne des yeux pour sortir de ma rêverie. C'est vrai que j'ai souvent la tête dans la lune, on aurait dû m'appeler Luna ! Mais aujourd’hui, c'est vraiment exagéré.

— En fait, je descendais et j'ai entendu du bruit, dis-je. J'ai décidé de vérifier ce qui se passait et j'ai bien fait ! Regarde l’état de ta paume ! Tu t'es battu avec un ours ou quoi ?

Il sourit et me montre une boîte rouge que j'imagine être là boîte de secours. Je la récupère et je l'entraîne dans la salle de bain. Je place sa main dans le lavabo, je retire le tesson ensuite, je fais couler de l'eau afin de laver le sang coagulé sur sa main. Je prends une serviette accrochée juste à côté pour essuyer, et par la suite, je désinfecte sa plaie pour enfin y mettre un bandage.

— Merci, me dit-il en me souriant.

Cette image fait monter en moi une vague de chaleur et j'ai l'impression que la pièce manque d'air. Encore une fois, il agit différemment de quand nous sommes à l’extérieur. Lanta avait-elle raison ? N’est-il pas aussi con qu’il ne le prétend ? Trop de questions sans réponses que je préfère taire.

En essayant de quitter la pièce pour ne pas faire une deuxième erreur, il me retient par le bras et me met face à lui. Vu ma taille, il relève mon menton et mes yeux croisent ses iris gris. Je m'y perds complètement, comme la première fois qu'il est venu à l'école. Il se rapproche un peu plus de moi, et je ressens plein de frissons parcourir mon corps. Il n'y a plus vraiment d'espace entre nous. Son regard plongé dans le mien m'hypnotise, je le vois dubitatif. C'est comme s'il voulait m'embrasser mais qu'il y a quelque chose qui l'en empêche, encore. On reste comme ça pendant un moment jusqu'à ce que Christian m'appelle. Je sursaute comme si je sortais d'un rêve, et je déguerpis en faisant bien attention à ce qu'il ne m'arrête pas cette fois-ci.

Je descends rapidement les marches et je bouscule le père de Jules. Oups.

— As-tu vu un fantôme là-haut ? se moque t-il devant mon air ahuri.

— Euh... Quoi ? Hein !

Je ne parviens qu'à bredouiller des mots qui n'ont aucun sens. Foutu Jules ! Il pouvait pas se comporter comme un con aujourd’hui ?

— Christian ! Demande à Kiny de venir s'il te plaît, dit Émilie depuis la cuisine.

— J'arrive Émilie, je réponds.

Quand j'entre dans la cuisine, elle me tend un paquet emballé avec du papier cadeau.

— Je ne voulais pas te laisser partir sans pour autant te donner quelque chose, c'est de la part de mon mari et moi. Joyeux anniversaire.

Des larmes coulent à nouveau, et là je ne découpe pas d'oignons. Rien ne peut cacher le fait que je suis réellement entrain de pleurer.

— Merci beaucoup Émilie c'est très... très...

Elle ne me laisse pas terminer ma phrase et elle me prend dans ses bras.

— Chut… Calme toi ma petite, me dit-elle tout bas. Tu ne dois pas pleurer en ce jour doublement heureux pour toi. Il faut vivre le temps présent.

— Je n'y peux rien, dis-je en reniflant, la dernière fois que j'ai vécu un moment pareil, le lendemain je n'avais plus de famille. Ça me fond le cœur. Sans compter toute cette gentillesse dont vous me témoignez. Tout le monde s'est toujours moqué de moi. Rares sont ceux qui ont dépassé les préjugés qu'il y avait sur moi. Depuis la mort de mes parents et la disparition des seuls membres de ma famille qu'il me restait, les gens se sont ligués contre moi pour me faire souffrir. Et aujourd'hui, sans même me connaître réellement, vous me faites me sentir à nouveau en famille.

Elle me serre plus fort, me décolle et essuie mes larmes.

— Une belle demoiselle comme toi mérite d'être aimée. Je suis là en cas de besoin. Et s'il te plaît, arrête de pleurer tu vas ruiner ton maquillage.

Cette phrase a le don de me faire rire, et c'est à ce moment que quelqu'un sonne. Je remonte dans la salle de bain pour réajuster à nouveau mon maquillage et j’évite du mieux que je peux de passer devant la chambre de Jules. A mon retour, je retrouve un grand homme massif et une dame robuste en pleine discussion dans le salon avec le père de Jules.

— Oh, et voici Kiny, une amie à Jules. Kiny lui c'est Édouard, mon frère et elle, c'est Tiana sa femme et ces petites princesses s'appellent Kate et Jane, dit Christian heureux de me présenter à sa famille.

— Mon petit neveu a enfin trouvé sa petite amie ? Elle est toute magnifique en plus.

Le monsieur me pince la joue comme à un bébé tout joufflu. Quelle honte ! Sa femme me fait la bise et les fillettes viennent me serrer dans leurs bras. Elles sont certes petites mais très fortes !

— Enchantée de faire votre connaissance, dis-je timidement.

— Eh bien, le deuxième couple qui devait nous rejoindre s'est retrouvé bloqué dans les embouteillages. Ils disent de commencer sans eux. Je vous invite donc à passer à table.

Nous suivons tous Christian qui fait office d'hôte de maison. Les fillettes sont installées à la deuxième table ainsi que Jules et moi. Les parents sont à la table principale, laissant deux places vides pour le couple en retard.

Après la prière, nous entamons le repas. Au menu, il y a du gratin de pâtes, des steaks grillés, des pommes de terre sautées. Sans oublier du pain, de la banane frite et même de la salade. Le dessert que j'ai préparé avec l'aide d'Emilie c'est de la tarte à la pomme, spécialité que m'a apprise ma mère. Nous recevons des compliments de la part de tout le monde, même des fillettes.

— C'est déééélicieux, s'extasie Katy.

— Très shucculent che gratin, ajoute Jane la bouche pleine.

Nous mangeons tout en racontant des anecdotes ou des blagues. Un vrai repas de famille quoi ! Sans faire exprès, ma cuillère tombe. Les parents sont tellement occupés à discuter qu'ils ne s'en rendent même pas compte. Quand j'essaye de la ramasser, Jules fait de même et nos doigts se frôlent. Nous nous regardons pendant un court moment jusqu'à ce que quelqu'un sonne à nouveau. Nos regards se détachent.

Il faut vraiment faire attention avec des gens comme Jules.

— Tiens nos invités sont arrivés, j'y vais dit promptement Émilie.

— Non ça va je vais y aller.

Je me précipite alors jusqu'à la porte d'entrée avec un grand sourire, je dois un peu m’éloigner de ce type aux yeux métalliques. En ouvrant la porte, je me retrouve devant un couple assez jeune. La femme est très belle avec des cheveux bruns jusqu'à la taille et son époux à un charisme déconcertant, ça se voit sur son physique qu'il fait du sport. Il porte une style assez jeune et ses cheveux blonds s'envole au vent. Je les salue et je les invite à entrer.

— Euh, Kiny...

Je me mettais en roure pour la table quand cette voix de femme m'interpelle. Je me stipe aussitôt, choquée.

— Kiny...

Je sais que je ne suis oas entrain de rever. Je sais que ce n'est pas une revenante. Je me retourne pour mieux les regarder. Cette voix je la reconnaîtrais entre mille. Des larmes coulent une nouvelle fois sur mes joues et là je ne sais pas ce qui pourrait les arrêter...

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Hello !!! Ça va par ici ???

J'espère que la correction ne vous embrouille pas dans votre lecture😉.

Grosses bises 😘.


Stéphanie

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