Chapitre 8
Kiny
Quand je rentre après la vente, je suis ravie de revoir les petites sur pieds. Elles m’ont énormément manqué durant le reste de la journée. Danielle et ses enfants ne viendront que ce soir, et j’ai vraiment hâte. Ici, à chaque réveillon, le père Roger nous rassemble dans le hall, aménagé spécialement pour l’occasion. Il y a une estrade sur laquelle il se met pour nous en apprendre plus sur le petit Jésus, on donne aussi l’occasion aux petits de faire des scénettes ou encore des reprises de chant. Ce qui est sûr, on s'amuse énormément et j’apprécie toujours ces moments là.
A l’époque ou Riff a failli me violer, on m'a permis d’inviter quelqu’un afin que je ne sois pas trop seule car tout le monde se moquait de moi. J’ai invité Anna et on a passé un très beau moment. On devait le refaire cette année aussi. Dommage qu'elle ne soit pas ici pour Noël.
Je suis cependant plus heureuse car les activités commencent à partir de vingt et une heures. C'est normal, il n'y que pendant le réveillon de Noël et celui du nouvel an que l'on veille jusqu’à minuit. J'ai alors tout le temps pour me préparer.
Après avoir appliqué un masque à l’avocat sur mes cheveux, je les revêt d'une charlotte. J'ai le temps de ranger mes affaires dans l’étagère qui m'est destiné et de refaire mon lit avant que les trente minutes ne soient écoulées. Nettoyer mes cheveux m'a toujours fait un grand bien car en rentrant ma tête propre, celle-ci respire mieux et mes cheveux sont plus brillants.
Je retourne dans la chambre après une bonne douche bien chaude. Mirna n'est pas là, il n'y a que les jumelles diaboliques et la petite Ava qui se laisse tirer par le bout du nez. Une fois, j'ai essayé de lui faire comprendre que ces filles ne se comportent pas bien envers les autres mais elle n'a pas changé d’avis. Et malheureusement, la semaine passée elle a fait un sale coup à petite brune qui n’avait rien demandé.
J'ai arrêté de me bagarrer avec elles, car j’ai réalisé que ça ne sert à rien. Pour ne pas attraper un coup de froid, j’enfile rapidement un pantalon et un haut à col roulé, j'enfile ensuite des chaussettes et des bottes fourrées. Je m’allonge enfin sur mon lit, attendant que le comité d’organisation finisse d’aménager le hall. Étant allongée sur mon dos, je sens un poids lourd se poser sur moi. Paniquée, je me débats, ne sachant pas qui c’est qui a encore décidé de m’importuner.
— Je t’ai bien eu hein ! s’exclame une voix que je ne connais que trop bien.
Elle se lève et je peux enfin respirer correctement. Ses cheveux sont tressés en deux jolies nattes parsemées de petites fleurs décoratives. Elle porte un pantalon rose identique au mien et un col roulé blanc.
— Je ne m’attendais pas à ce que tu viennes ici plus tôt, dis-je en regardant l'heure sur mon téléphone. Il est à peine vingt heures trente.
— Oh, oui ! C’est parce que maman a eu un contre temps, elle nous a donc déposé ici. Émile est en bas, il aide à la déco je crois !
Ravie qu’on ait encire du temps à dépenser, nous restons là à papoter pendant une demi heure sous le regard meurtrier des jumelles diaboliques jusqu’à ce que la cloche sonne, signalant le début des activités.
— Prépare toi à passer un merveilleux réveillon lui dis je en l’entraînant dans le hall. Jamais tu n'as participé à un tel évènement.
Comme je l’avais prédit, les petits font la représentation de la naissance du petit Jésus avec les commentaires du père Roger. Après ça, plusieurs autres enfants se mettent à chanter, nous entraînant tous dans une atmosphère magnifique remplie de joie et de félicité.
Je suis fière d'avoir gagné autant d’argent cette année et j’espère que demain matin les petits seront tous contents. Une partie de mon gain a servi à aider l'association des enfants démunis, une autre pour aider l'orphelinat et une autre partie pour offrir des cadeaux aux petits, en plus de ceux que m'ont ramené mes amis australiens. Je ne suis pas la seule à faire une activité lucrative pour l'orphelinat, ça responsabilise comme le dit la Sœur Anaïs. J'ai été très heureuse de pouvoir aider les petits à décorer la cafétéria. Au fond c'est toujours aussi beau de préparer Noël.
Étant chaudement habillés, on est sorti pour s'amuser avec la neige, tels les grands gamins que nous sommes. Celle-ci a débuté ce matin et le sol en est déjà recouvert. On passe le reste de la soirée autour du feu à griller des marshmallows et tourner en rond comme les indiens.
Les enfants, tous excités comme des puces, sautillent par ci par la. Et aux alentours de vingt trois heures cinquante neuf, on s'est tous rassemblés dans le hall et au premier coup de minuit, on s’est mis à crier JOYEUX NOËL!!!!!!!!
Moi je suis née le vingt cinq décembre à vingt et une heure mais ici c'est dès minuit qu'on me souhaite un joyeux anniversaire. Tous les enfants ont sauté sur moi, on s'est retrouvé sur le sol à rire ensuite ils sont montés dormir.
— Alors, comment se passe le réveillon là-bas ? demandai-je en fixant le feu.
Assis devant la cheminée, un gobelet de chocolat chaud entre les mains, mes amis et moi discutons de tout et de rien.
— Avec son boulot de médecin, papa travaille beaucoup, et on ne le voit pas souvent. Mais il se libère pendant les deux semaines que durent les vacances de Noël. On reste à la maison avec sa femme Cathy et Nathan, notre petit frère. Il aura cinq ans en janvier.
Je suis heureuse de savoir que mes amis s'amusent à cette période de l'année et qu’ils ne restent pas cloîtrés dans leur chambre ou à la maison à ne rien faire. Comme moi au début qui avait du mal à fêter Noël.
— Cette année, poursuit Lanta, nous avons décidé de venir ici. C'est vrai que là-bas tout est beau, on ne manque de rien mais, l'amour de maman, ses gâteaux et ses câlins nous manquaient trop. D’ailleurs, ne pas te voir pendant autant de temps m’étouffait.
Je sais ce que c'est. Moi aussi je suis en manque de ces petits moments intimes que nous partagions.
— Nous rentrons demain malheureusement, papa retourne travailler tôt cette année. Entant que médecin chirurgical, il est très demandé, termine Emile.
On voit la souffrance dans leur yeux, mais je sais qu'ils sont entrain d'échafauder un plan pour se libérer. Espérons qu’ils restent en bons termes avec leur père.
Tu parles comme s'ils étaient séquestrés !
Je fais abstraction de ce que me dit mon cerveau. Cette voix va me rendre folle.
Finalement à une heure du matin, tous les grands rejoignent les chambres après avoir mis les cadeaux des enfants au pied du sapin. Je pressens au fond de moi que l’année qui arrive sera pleine de joie.
Jules
Encore une fois, j'ai passé le réveillon avec mes parents devant des films frissons. Dans notre famille, on n'aime pas trop les films de Noël. Le seul qui ait retenu mon attention restera Home Alone, avec le petit Kevin qui n'a pas arrêter de torturer ces braqueurs là.
On monte se coucher un peu tôt car il y aura du monde à la maison. Et ma mère aimerait que l'on soit tous frais pour les recevoir.
La route est sombre, jonchée de débris de verre. Je titube, les bras ensanglantés. Ma vue est trouble et je pue l’alcool à plein nez. On m'avait dit d’attendre mais je n'y ai pas prêté attention. Je croyais que j’étais assez fort pour nous protéger mais je me suis trompé. J'ai failli à mon rôle de protecteur.
Écouter ses cris m'ont brisé le cœur, je ne sais plus comment les choses se sont déroulés, car j'ai été frappé dès le départ. Quand j'ai repris connaissance, j’étais dans cette rue malfamée. L'alcool reste mon seul réconfort maintenant.
J'ai failli…
Je me réveille en sursaut, le corps tout trempé. Ce cauchemar me hante depuis bien trop longtemps et chaque fois que je le fais, j'ai vraiment l’impression de revivre cette scène. Je ressens exactement la même douleur, la même tristesse, la même déception. Si seulement j’avais fait plus attention, ma vie n’aurait pas été ce gâchis monumental.
Il est presque huit heures quand je parviens à quitter mon lit. Après une bonne douche rafraîchissante, les dernières images de ce cauchemar disparaissent. Je prends mon petit déjeuner avant de me mettre en route pour récupérer la petite princesse rebelle.
Au moins je ne risque pas de m’ennuyer aujourd’hui.
Kiny
— Haha ! ! !
— Youpiiiiii ! ! !
Le matin de Noël est toujours aussi bruyant.
Exactement, et je n'ai pas besoin de réveil pour me lever tôt. Dès sept heures, les enfants sont dans la cafétéria et ils dansent autour du sapin avec beaucoup de bruit. Même Mirna se montre agréable envers les petits. Nous, on a plus besoin de cadeaux surprises au pied du sapin. On se les offre le matin de Noël.
Aujourd'hui j'ai reçu un livre sur comment apprendre à gérer sa colère. Bien sûr il est de la princesse Mirna, elle me l'a déposé sur le lit, mais bon c'est déjà ça venant d'elle. Je n'ai pas l'habitude de remettre les cadeaux que je n'apprécie pas, au contraire je les utilise. En plus, avec mes crises de colère innombrables, celui là pourrait bien m'aider aussi.
Émile et Lanta me rejoignent à l’extérieur pour me dire au-revoir. Je suis triste qu’ils s‘en aillent, mais je n’y peux rien. Au moins, cette fois-ci je ne suis pas triste de rester ici. J'ai réussi à reconstruire une partie de ma vie et j'ai des gens que je peux aimer. La tristesse et la douleur ne sont plus aussi grande qu’avant.
Aux alentours de huit heures, tous les cadeaux ont déjà été déballés, et j'ai réussi à prendre beaucoup de photos avec l'appareil que je me suis acheté pendant les vacances avec mes économies. Celui de mon anniversaire avait eu un accident toujours à cause de Mirna et sa bande. Ce jour là, je n'ai pas hésité à lui balancer toute ma colère. Elle peut être très agaçante parfois.
Eh oui!! J'aimerais bien faire de la photographie quand je serai plus grande Vianney a été mon modèle. Ou alors je ferai comptabilité comme ma mère. Bref, je ne sais pas encore.
Tous autour des tables, nous prenons le petit déjeuner. Les longues tables sont remplies de victuailles. Les gaufres, les crêpes et les jus de fruit sont dégustés avec avidité, les plats sur la table se vident déjà et les estomacs se remplissent rapidement.
Je me lève avec lassitude tellement j'ai le ventre plein. Il faut que j'aille me préparer j'ai un repas chez les Celvhino et j'angoisse à mort. Je l'ai expliqué à Lanta hier, elle m'a dit d’essayer d'oublier son caractère de cochon et de voir comment il se comporte dans son milieu naturel. Peut être qu’il n'est pas si arrogant que ça. Depuis hier, je n’arrive pas à joindre Anna sinon je lui aurais aussi demandé conseil.
***
Cinq minutes après ma toilette, je décide de m'occuper de mes cheveux. Ils sont encore un peu humides, je fais deux nattes que j'enroule ce qui me fait deux couettes. Je pioche une robe blanche fleurie, évasée à partir de la taille qui s'arrête au dessous des genoux, — c'est la seule robe de ce genre que j'ai. J'enfile mes bas couleur chair et mes bottines noires. Mon manteau marron sur le dos je décide de me maquiller.
D'habitude je ne m'y attarde pas mais je vais m'appliquer aujourd'hui. Je mets un peu de poudre, je maquille mes sourcils, ensuite mes yeux avec une ombre à paupières mi sombre mi argentée, du mascara et enfin un peu de gloss rosé pour parfaire mon maquillage. Mon reflet dans le miroir me plaît bien, c'est la première fois que je me donne autant de mal.
Tu veux attirer l'attention de quelqu'un on dirait !!!
Je récupère mon sac avant de descendre. Toujours faire abstraction de cette peste de conscience. Il faut sue je sois assez présentable, je vais quand même déjeuner avec des adultes.
Aujourd'hui tous les regards sont rivés sur moi. La honte ! D’habitude, je passe inaperçu et il n'y a que Mirna qui a le privilège de l’agacer.
— Mademoiselle a sorti son côté féminin aujourd'hui ? Je croyais qu'elle préférait son côté garçon manqué !!!
Ah, mais qui aurait cru que Mirna serait sympa d'ailleurs ? Juste là dans le hall, elle décide de m'importuner.
— Joyeux Noël à toi aussi, dis-je sur une pointe d'ironie.
Elle perd aussitôt son sourire et presse le pas pour sortir avant moi. Soudain elle s'arrête, puis se retourne. Elle me regarde suspicieuse.
— Je te trouve très bien habillée ce matin, tu vas quelque part ?
Sa question ne m'agace pas plus que ça. Cette fille a toujours fouiné dans les affaires des autres. C’est la reine des casse pieds mais aussi la reine des commères.
— De quoi je me mêle ? dis-je sèchement. Tu n'as pas de fille orpheline à malmener ce matin pour m'importuner ?
Je continue ma route jusqu'à la cour. Et là, Jules descend d'une Fiat noire vitres teintées. Il ne manquait plus que ça !
La classe ! Il a vraiment sorti le grand jeu.
— Oh!!! Je vois, s’enthousiasme t-elle. En fait, madame a un rendez-vous galant le jour de son anniversaire. Comme c'est romantique et surtout très niais.
Elle fait appel à tous les autres qui accourent pour regarder la scène.
— La petite rebelle a t-elle perdu sa langue ? dit-elle, triomphante.
Tout le monde éclate de rire. Finalement, Mirna et Jules sont de la même espèce. Toujours là à vouloir rabaisser les gens. Et comme si je n’avais pas assez d'ennuis avec cette bande de jaloux, le pire des emmerdeurs se rapproche de moi, un grand paquet en main.
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Voilà voilà !!!
J'espère que ce chapitre vous plaira. ☺☺☺
Bonne lecture et bonne journée.
Stéphanie 🖤
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