Chapitre 6

Jules

Je me suis senti si mal quand Kiny a posé son regard sur moi, regard qu'une seule personne a eu à poser sur moi. Il y a une si grande tristesse, tout comme ce regard là. Les souvenirs sont encore trop douloureux pour moi. J'espère que je pourrais me confier à quelqu'un un jour.

Je m'en veux déjà d'être arrivé en retard, et je ne veux même pas imaginer ce qui se serait passé si j'avais encore plus trainer. Anna se dirige vers les toilettes. Les clients ont enfin remarqué le drame et ils ont prévenu la police. Les agents ont posé plusieurs questions avant d'emmener ce type en détention, il risque un ou deux ans d'après ce que m'a dit le policier. Il paraît qu'il a essayé de violer Miss rebelle il y a environ un an, et cette nouvelle m'agace énormément.

Pendant que mon esprit ne cesse d’imaginer les pires scénarios sur le drame qui a failli se produire, la blonde me surprend en me serrant de toutes ses forces.

— Merci Jules, me dit-elle tout bas le visage toujours baigné de larmes. Tu as trop trainé, je commençais vraiment à avoir peur.

Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa vie, mais à l'instant précis, j'ai juste envie de la bercer afin que ses larmes s'arrêtent de couler pour de bon. Dans le besoin de la protéger, je resserre mes bras autour d'elle et, on reste comme ça pendant un bon. Elle sent la vanille, ses cheveux sentent si bon que je m'y perds complètement.

Sa respiration saccadée se calme peu à peu jusqu'à ce qu'elle cesse enfin de pleurer. Je la relâche doucement, puis quand je vois son visage, il brille maintenant à cause des larmes. Je m'abstiens de tout commentaire. Elle commence subitement à rire. Son rire sonne dans tout le café qui est à présent vide. Ça doit être le contre coup de ce qu’elle vient de vivre.

En regardant autour de moi, je remarque que tous les clients ont quitté le restaurant, tandis qu’Anna est en pleine discussion avec une dame, peut-être que c'est sa mère.

— Je reviens, déclare Miss rebelle en se dirigeant vers les toilettes.

Pendant ce temps, j'essaye de calmer mon rythme cardiaque parce que ce câlin m'a fait plus d'effet qu'il ne devrait. Je me souviens aussi que la dernière fois quand elle était sur mon dos, mon cœur s'était emballé.

La bonne sœur que j'ai vu vendredi dernier entre dans le café, son visage inquiet m'indique qu'elle recherche Kiny. M’ayant reconnu, elle se rapproche de moi.

— Bonjour mon garçon ! Saurais-tu où se trouve Kiny?

— Oui bonne sœur, en ce moment elle se trouve dans les toilettes.

A ma réponse, son visage se relâche et elle se dirige à son tour vers les toilettes. Il est treize heures passés et je ne suis pas sûr qu'on travaillera à cause de toute cette pagaille. Quand les deux femmes reviennent à la table, Kiny me fait comprendre qu'Anna est parti avec sa mère et qu'elle me remercie d’être arrivé à temps.

J'ai un pincement au cœur car à une époque, je n'ai pas pu apporter mon aide. Je chasse cette pensée, me rappelant de la raison de ma présence en ce lieu.

— Alors, on reporte la séance à quand ? Je crois que tu devrais te reposer.

Je lui dit cela en prenant mon sac et mon casque.

— Non Jules, je vais bien et on va travailler aujourd'hui.

Sa réponse m'étonne vraiment.

— Tu viens d'être agressée je te signale, tu devrais plutôt te reposer.

— Rien ne m'empêchera de travailler, même pas un con comme Riff.

Ah donc ce type s'appelle Riff, c'est bon à savoir.

Malgré le fait que j'insiste, Kiny veut a tout prix travailler. Je ne sais pas si c’est son orgueil qui parle ou si elle est aussi forte qu'elle le prétend mais sa réaction face à la situation m’impressionne.

— Et si vous veniez tous les deux à l'orphelinat, Kiny tu pourrais travailler avec lui dans ta bulle, propose la bonne sœur.

Une bulle ? C’est quoi cette histoire, je ne veux pas me retrouver enfermé dans une bulle, je n'ai rien fait !!!

— Ma sœur, pourquoi dans une bulle ? Pourquoi pas dans la cour ? demandais-je, n'y comprenant rien.

Les deux me regardent en faisant les yeux ronds et elles éclatent de rire. Ai-je dit quelque chose de travers ?

— Mais non mon garçon, la bulle c'est un espace que Kiny a aménagé. C'est ainsi qu'elle l'appelle.

Ouf !! Moi qui ai cru au pire !

Comme je commence à avoir faim, j'emporte deux burgers et deux Pepsi, un pour moi l'autre au cas où Miss rebelle aurait faim. Casque à la main, je récupère les contacts dans ma poche.

— Oh tu as une moto, elle est trop cool! s'extasie la blonde en apercevant mon bolide à l’extérieur.

Elle est surexcitée, je le vois. Apparemment notre chère rebelle a un penchant pour les motos…

— Ma sœur, pourrais-je venir avec lui sur sa moto ? S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ?

Sa supplication me fait rire, elle est mignonne comme ça. La bonne sœur accepte nous demandant de faire attention, j’enfourche alors ma moto. Derrière moi Kiny ne cesse de bouger comme une puce. L'orphelinat n'est qu'à quinze minutes, mais je décide de prendre une autre route pour lui faire savourer le voyage à moto.

Elle m'entoure par taille pour s'accrocher, quand je prend un virage elle me sert très fort, cette sensation me fait plaisir, c'est assez bizarre aussi. On roule à travers le parc, par-ci par-là il y des gens qui s'amusent et je me surprends à vouloir en faire parti. Depuis que je suis ici, je découvre plein de choses nouvelles et aussi plein de sensations nouvelles. Au final, ce n’était pas une si mauvaise idée de déménager.

On arrive à l'orphelinat, Kiny desserre son emprise, elle descend et je fais de même. Elle m'emmène jusqu'à une porte en bas des escaliers, cette porte est assez haute pour que je passe. L'endroit qui nous accueille est très agréable à voir. On mange, avant de commencer à travailler.

— Tu as vraiment fait des recherches ? me demande t-elle.

Cette fille a une si mauvaise image de moi ? C'est assez vexant.

— Bien évidemment, je tiens à avoir de bonnes notes aussi. Je sais que j’ai une réputation à entretenir mais les études comptent aussi !

Je peux lire de l'étonnement sur son visage. Tout le monde me voit donc comme un simple fêtard et coureur de jupons ? Ou bien, il n'y a que dans son regard que je peux lire ça ? Parfois, elle me regarde comme jamais personne ne l'a fait et j’ai l’impression qu’elle le sonde. Ça me trouble énormément.

On s'arrête de travailler aux alentours de quinze heures et je suis fier car on a beaucoup avancé. Il nous faudra peut-être deux ou trois séances pour tout terminer. Finalement je me suis trompé sur elle. Je croyais qu'elle était du genre à tout prendre sur la défensive, mais cette fille est vraiment cool. Elle sait s'amuser.

— Je reviens, il faut que j'aille faire quelque chose là-haut, me dit-elle. Surtout ne touche à rien et reste sur place sinon je te coupe les doigts.

Elle me laisse seul dans son antre, je décide de visiter un peu cet endroit. Elle comprendra que me donner des ordres ne peut pas m’arrêter. A première vue, c'est typiquement féminin. Mais si on regarde bien, plein de posters de footballeurs, de basketteurs et de catcheurs sont collés au mur tel que Jeff Hardy. Ce qui contraste avec les coussins roses, la peinture rose fuchsia et les stickers en forme de petits cœurs encadrant les posters.

Sur la porte, il y a un calendrier accroché. Mes yeux s'ouvrent en grand quand je remarque la date du 25 décembre qui est entourée, c'est écrit "mon anniversaire". C’est bizarre de savoir que je suis né le même jour qu'elle.

Au moment où je veux ouvrir la porte, celle-ci s'ouvre brusquement et je me la prends en pleine figure.

— Désolée, désolée, je ne savais pas que tu étais derrière la porte.

— Ouais c'est bon, ça va.

Mon nez est tout rouge, et il me fait vraiment mal. Je n'ai pas en m'en plaindre, encore une fois, je suis le seul fautif.

— D'ailleurs, que faisais-tu derrière celle-ci ?

Je ne lui répond pas, trop accaparé par la douleur. Elle apporte une trousse de secours, elle y sort une pommade et elle me masse le nez.

Je frissonne à son touché. La pommade anti-inflammatoire commence à faire effet, ou bien c'est peut-être à cause de cette proximité. Elle relève ma tête et je croise à nouveau son regard. Cette fois j'arrive à sentir cette attirance qu'elle fait naître en moi. Cette fille est franchement très belle, ses yeux qui me scrutent, son regard de braise, ses lèvres pulpeuses entrouvertes. Elle est si magnifique. Je suis comme scotché à elle, je ne scille pas des yeux, elle aussi me regarde. Ça devient de plus en plus intense.

Comment supporter autant de pression ?

Je me rapproche un peu plus pour combler cette distance entre nous. Elle semble paniquée mais elle ne bouge pas. Finalement je m'éloigne d'elle. Je ne veux pas m'attacher à elle, qui sait si je devrais quitter cette ville sur un coup de tête ?

Kiny

J'avoue que j'ai eu peur, quand Riff a essayé de jouer au super vilain. Si Mr Arrogant n'était pas arrivé, peut-être que je ne serai plus de ce monde. Ce câlin, j'en avais vraiment besoin, je me suis sentie protégée quand il a resserré son étreinte. Dans les toilettes, mon visage tout brillant m'a encore fait rire. J'ai repassé un peu de poudre pour ne pas avoir l'air de quelqu’un qui s'est badigeonné d'huile. Quelqu'un est rentré après moi dans la pièce et j'ai eu très peur, mais en me retournant j'ai vu sœur Miller, ça m’a énormément soulagé.

— Ma petite Kiny, j'étais très angoissée quand la police m'a appelé. Que s'est-il passé ?

Elle est vraiment inquiète et cela me brise le cœur. Pourquoi ce Riff n'arrête pas de faire souffrir mes proches ? La pauvre Anna semblait au bord de la crise d’angoisse.

— Ne t'inquiètes plus, tout va bien à présent. Il a encore essayé mais cette fois-ci il s'est fait prendre pour de bon.

Elle me serre dans ses bras pour me montrer son soulagement. On retourne rejoindre Jules, et elle me propose de travailler avec lui dans ma bulle. C'est un endroit intime pour moi, mais si ça peut lui rassurer sur ma sécurité j'accepte. Jules a une moto. Elle est jaune et elle brille de mille feux. Je suis super fan des motos. La vitesse me donne l’impression d’avoir des ailes.

Je réussi à convaincre sœur Miller et on fait un tour à moto. Je ne sais pas si ce cher Jules fait exprès de prendre des virages si serrés, mais je n'ai pas de casque et je dois m'accrocher à lui pour ne pas tomber. Il sent bon, un parfum à la fois doux et viril. Assez pour en faire baver les filles. J'ai beaucoup apprécié cette petite ballade à moto. Jules est peut-être nouveau ici, mais il connaît déjà les raccourcis que moi j'ai mis des mois à mémoriser.

Heureusement qu'il avait pris des burgers, parce que je mourrais de faim. Quand on s'est arrêté de travailler, je suis allée prévenir la sœur Miller. Après avoir discuté avec elle, je voulais rejoindre ma bulle quand la peste de service m'a interpellé de la plus irrespectueuse des manières.

— Eh toi ! L'enfant abandonnée !

Comme toujours, elle était perchée sur ses hauts talons. Cette fille est vraiment invivable. Je préfère encore Jules, il est peut-être con mais pas aussi insupportable qu’elle.

— Tu me veux quoi encore ? Hein la peste de service !

Elle se fige et me lance un regard noir.

— Je me demandais à quoi ça servait que tu mettes des vêtements aussi beaux alors qu'il ne te vont pas, lance t-elle d’un ton acerbe.

Non, mais elle plaisante ou quoi ? J'ai déjà vécu assez de chose en une seule journée, je ne la laisserai pas s’en tirer cette fois-ci. Apparemment la dernière fois que j'ai l'ai remise à sa place, elle n’avait pas bien compris.

— Écoute moi bien Mirna. J'en ai plus que marre de toi. Je comprend pourquoi aucune famille ne veut de toi. Tu n'as pas le moindre scrupule, tu es irrespectueuse et tu ne sais pas te tenir. Tu es insupportable, alors rebrousse chemin et va déranger quelqu'un d'autre. Moi je n'ai pas que ça à faire.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je retourne dans mon antre. J'ouvre violement la porte et Jules la prend en pleine figure. Je m'excuse, puis je lui applique une pommade anti-inflammatoire. Tout ça à cause de cette peste !

Apres avoir applique la pommade, je relève son visage. Ses yeux gris me dévisagent d'une façon inhabituelle, et je commence à manquer d'air. J'ai l'impression qu'il me sonde rien qu'en me regardant. Il s'approche, je panique mais je reste là. Malheureusement, il s'éloigne. Je ne comprends pas son geste, mais ça me fait mal au cœur.

Quelqu'un frappe. C'est le petit Lee qui me rappelle d'acheter les ingrédients pour les pâtisseries que je vendrai le 24.

Jules profite de cette diversion pour s'en aller. Je ne sais pas ce qui lui a pris. Suis-je moche ? Ne suis-je pas assez attirante ? Je n’en ai aucune idée. Je range mes affaires avant de retourner dans ma chambre.


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Cc les gens.

Pour tout vous dire, j'ai vraiment aimé écrire ce chapitre. Sur le coup j'étais inspirée. Et la relecture m'a aidé à remplir les coquilles vides.

J'espère qu'il vous plaira aussi.

Bonne lecture.

Stéphanie

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