Ce matin je me suis vraiment levée du bon pied. Vous demandez sûrement pourquoi n’est ce pas ? Eh bien, Danielle vient me rendre visite aujourd'hui en plus, Émile et Lanta sont chez elle pour Noël. A présent, je me rends compte à quel point ils m'ont manqué pendant ces dernières années. Si je ne me trompe pas, Émile doit maintenant être âgé de dix-neuf ans et sa petite sœur doit en avoir quinze.

D’ailleurs, j’ai souvent réfléchi sur le fait que pendant qu’ils étaient là,  j’avais un semblant de vie sociale mais à partir du moment où ils ont quitté la ville, je me suis fermée comme une huitre. Encore une fois, Anna est la seule à me supporter malgré mon sale caractère.

Bref, laissons les souvenirs douloureux derrière nous, et avançons. Il est près de quatorze, et je suis toujours en classe. Mon cours d'anglais fini dans une heure environ, et je peux vous assurez que c'est fatiguant. Heureusement que le week-end commence demain mais surtout qu’on sera en vacances.

VIVE NOËL! ! !

Presque deux semaines depuis l'arrivé du mec pas sympa, j'ai dû l'aider avec les cours et il m'exaspère énormément. Tenez par exemple ce midi au réfectoire, je mangeais tranquillement mon plat de nouille quand monsieur a décidé de s'asseoir à ma table.

— Eh Roland ! J'espère que tu m'as apporté ce que je t'ai demandé ? m’a t-il demandé, tel un maitre à sa servante.

Je l’ai transpercé du regard avant de farfouiller dans mon sac le document de géographie qu'il m’avait demandé.  Il l'a récupéré, il s’est levé avant d'emporter avec lui ma bouteille de jus de fruit. Mirna et lui feraient un bon duo, car il a réussi en une journée à m'agacer. Finalement, il n'a plus parlé de mes parents et il s'est excusé le lendemain. L’incident avec Jules est arrivée chez le proviseur et je risque le renvoi, car c'est ma cinquième bagarre. J'ai donc décidé de me tenir à carreaux et de faire ce que m'a demandé Monsieur Smith.

Comme si l'assister dans toutes les matières n’était pas assez énervant, il a choisi la musique comme matière artistique. J'ai pris mon rôle au sérieux et je l'ai aidé à s'intégrer. En deux semaines, il est à jour dans tous les cours, il est inscrit à la bibliothèque. Il a même eu l'occasion d'écouter l'histoire de Kiny l'orpheline rebelle. Il est arrogant, imbus de lui-même et narcissique.

Quand on est ensemble à la bibliothèque, il ne cesse de blablater. Les groupies de l'école ne cessent de tourner autour de lui, et il semble être fier de la réputation de pingouin qu'il s'est faite en quelques jours. Je n'ai donc plus rien à faire avec lui.

Avant que la cloche ne sonne, le professeur nous donne une dissertation à faire en anglais sur le changement climatique. Le devoir doit se faire en binôme, et comme si la terre était contre moi, Jules est choisi pour travailler avec moi alors que Anna sera avec l'intello de la classe, Milo Celan.

Je sens que tu seras la seule à travailler sur la dissertation ma petite Kiny !

Encore une fois, je suis d'accord avec ma conscience. Jules ne fait pratiquement rien de son cerveau, la plupart du temps il joue au con. Et je crains une mauvaise note si je me prête à son jeu. Finalement je ferai peut-être des recherches ce week-end afin qu’on travaille ce lundi. Je veux profiter de mes vacances de Noël, je pense que lui aussi. On ne va donc pas tout faire à la dernière minute.

En sortant de l'école, je vais directement dans le parc, et je remets la musique de ce latin. Sur le chemin, en venant à l’école, j'ai décidé d'écouter Way Maker de Sinach. Ce chant me rappelle à quel point je n'ai pas mon mot à dire dans la création du monde si ce n'est de remercier mon créateur. En même temps je lui fais un sms. Oui j'oubliais, on a échangé nos numéros pour mieux se donner rendez-vous quand il faut travailler. Ne voyez rien d'autre !

Moi- Salut Celvhino. Toi et moi ce lundi à 12h, rendez-vous au parc à côté de l'école. On doit avancer sur la dissertation.

Je n'espère pas qu'il me réponde aussitôt, je commence donc à réviser. Une dizaine de minutes plus tard, je reçois une notification.

Mr Arrogant- Ok Roland. Mais je préfère qu'on se retrouve au café Tojo sur la place principale. Là-bas il y a un cybercafé inclus.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il accepte si facilement, mais bon, c’est mieux que rien.

Moi- Ok! Va pour le Tojo.

Je remets mon téléphone dans mon sac, et je continue ma révision. Le temps file comme un éclair et c'est Danielle qui m'appelle.

« — Allo! répondis-je, enthousiaste.

— Allo! salut Kiny, je suis heureuse de t'entendre. J’étais trop pressée de t’entendre.

— Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai hâte de vous revoir. Rien que ce matin, je me suis réveillée débordante d’énergie.

— Bien sûr, te connaissant, ton entourage a dû s'en mordre les doigts. J'ai moi aussi deux piles électriques qui sont impatientes de te revoir.

— Ils sont là avec toi ? J’aimerai beaucoup les parler.

— Tu dois prendre ton mal en patience ma belle. On sera là à 16h. Prépare toi à recevoir des cadeaux en avance. A plus tard ma chérie.»

Trop impatiente de les revoir, je retourne à l'orphelinat, pour me préparer. Il ne me reste plus beaucoup de temps avant leur arrivée et il faut à tout prix que je finisse mon deuxième devoir de philo, le premier m'a valu un B+ et je suis en train de faire un bon travail pour mériter un A. Même si je suis en vacances, il faut que j'envoie ce devoir demain à mon prof.

N’étant pas vraiment concentrée, j’ai décidé de filer me préparer. Après tout, j'ai encore la soirée d’aujourd’hui avant de remettre le devoir, j'ai même la possibilité de demander une rallonge de temps pour le rendre. Avec le froid qu’il y a dehors, je met un manteau bien chaud par-dessus mon jeans et mon col roulé.

Je me rends ensuite dans le bureau de la Sœur Miller, étant donné que c'est notre point de rencontre.

— Entre ma chérie, déclare Sœur Miller quand je frappe.

Dans son bureau, je suis heureuse de voir Danielle ainsi que ses enfants. Elle semble plus mure que la dernière fois qu'on s'est vu . Émile est devenu un grand garçon, il a même un corps de sportif, ses cheveux noirs auparavant longs sont coupés courts. Lanta est devenue encore plus jolie qu'avant. Elle paraît même plus grande que moi avec ses cheveux bruns. Ses jambes sont plus sveltes que les miennes.

Je les embrasse chacun avant de quitter le bureau de la Sœur Miller. Ayant entendu parler du café Tojo, nos invités ont insisté pour y aller.

Sur le chemin, j’ai appris qu’Émile va intégrer la fac de médecine dès le mois de Janvier et que sa sœur vient de passer en seconde.

— Je t'assure Kiny, dès l’instant où Émile a vu la maison de papa, il a failli avoir une crise cardiaque. Il n'en revenait pas d'autant d'espace, d'autant de chambres... La piscine est immense et dès qu'on a fini de déballer nos affaires, moi j'ai plongé toute la journée.

Assis dans le fond du café, à l'abri des regards, je laisse mes amis me raconter leurs aventures. Lanta me raconte leur arrivée chez Mr Carson. Finalement, ils ont réussi à s'intégrer et je suis très fière de leur succès dans les études. Danielle a réussi à remonter la pente et elle essaye de reprendre la garde de Lanta. Émile est déjà majeur, même s'il doit attendre 21 ans pour avoir tous les privilèges qui vont avec. Au moins, je sais que d'ici là, ils vont s'en sortir facilement.

La tonne de cadeau que j'ai reçu de leur part me ravit énormément. Grâce à ça, je pourrais offrir quelque chose de meilleur aux petits enfants. Il y a tout plein de dînette, de petites voitures et de poupées que je pourrais leur offrir qua d je récolterai assez d’argent. Pour l’instant, je vais juste leur apporter mon soutien.

Quand mon téléphone sonne pour m'indiquer l'heure de rentrer, j'embrasse tout le monde avant de partir. Ils viendront à l'orphelinat pour Noël et j'en suis très heureuse. Je récupère tous les cadeaux qu'ils m'ont ramené d'Australie. Il y a au moins dix sacs et c'est un peu difficile à transporter.

Étant la reine des maladroites, je trébuche sur la dernière marche en sortant du café et je tombe sur un type couvert d'un manteau bleu. J'aurai mieux fait de m'excuser et de récupérer mes affaires, au moins je n’aurai pas fait de rencontre désagréable. Beurk!!! Je ne m'attendais pas vraiment à tomber sur lui ici. Et comble de malheur, je me suis faite mal au poignet ainsi qu’à la cheville, ce serait un euphémisme de dire que c'est douloureux, la douleur est insupportable.

Celvhino m'aide à relever tout en se moquant de moi. C'est normal, avec cette chute et mes cadeaux qui se sont éparpillés par ci par là, j'ai les cheveux tout emmêlé.

— Décidément, il faut toujours qu'on se croise de cette manière hein ! Petite Kiny.

Je me renfrogne quand il m’appelle de la sorte. Petite, ça ne me dérangeait pas vraiment qu'on m’appelle de la sorte, mais aujourd’hui j’ai l’impression d’être comme une petite fourmi. Sans oublier que le type en face de moi ne cesse de me taper sur le système. Je me demande bien s'il n'a pas d'yeux ! Il ne voit donc pas que j'ai mal !

— Arrête de te moquer et aide moi plutôt à avancer, marmonnais-je.

Danielle et les autres, qui étaient encore dans le café, sont étonnés de me trouver dans cet état.

— Comment t’as fait pour te retrouver par terre, me demande Danielle.

— Elle a oublié qu’elle ne pouvait pas survoler les marches, annonce Jules sans le moindre respect à mon égard.

— Toujours aussi tête en l'air, déclare Émile, ce qui fait rire les autres.

Il a toujours été comme ça. Son envie de me prendre la tête n'a apparemment pas diminué depuis la dernière fois qu'on s'est vu. Jules et Ken, un collègue de classe me regarde comme si j’étais une bête de foire. Je n'arrive pas à marcher, et le brun décide me mettre sur son dos, et malgré mes protestations il refuse de me faire descendre. Le reste de mes compagnons de fortune récupèrent les sacs de cadeaux, même Ken fait la même chose.

On y va a pied car l’orphelinat n’est qu’à une quinzaine de minutes d’ici. Je m’accroche à mon porteur pour ne pas tomber à cause de ses mouvements parfois brusques. Étant plus proche de lui à cet instant que toutes les fois ou nous étions ensemble, je me rend compte qu’il porte un parfum agréable. C'est vrai qu’il prend toujours bien soin de son image, et ce parfum me prouve qu’il n'y va pas de main morte.

Depuis quand tu t’inquiètes de son image ?

Je ne prend même pas la peine de réfléchir à cette question qui se pose tout au fond de moi. Il y a la sœur Miller m'attend devant le portail. Dès qu'elle me voit, elle s'inquiète et fait signe au gardien. Jules me fait descendre de son dos, au moins cette séparation m'aide à me remettre les idées au clair. Son ami tend les sacs à Fanta et le petit asiatique dénommé Lee qui m'attendaient aussi. Danielle et Lanta récupérèrent les paquets d'Émile afin que me tienne à lui pour marcher.

— Merci, dis-je faiblement à Jules.

— Hein ! Quoi ? J'ai pas bien entendu, tu peux répéter s'il te plait ?

Il rêve s'il croit que je vais répéter. Moi je ne dis pas merci si facilement, je le tire donc la langue avant de boîtier jusqu'au portail, toujours soutenu par Émile.

— A Lundi Roland, et de rien pour le service rendu, me lance t-il avant de s'en aller, Ken à ses talons.

Je vois la sœur Miller esquisser un sourire avant de nous précéder. Je ne souhaite même pas savoir à quoi elle pensait. Rien que dans la cour, tout le monde me regarde. Comme d'habitude je suis le clown de la place. Tous les problèmes du monde me tombent dessus, je n'y peux rien.

*

Ce soir, les filles sont plutôt bavardes. Elle me fichent la paix ce qui me donne le temps de finir mon devoir sans recevoir d'insulte. Au final, j'ai passé une merveilleuse journée. Les revoir m’a vraiment fait du bien. Le tempérament foufou d'Émile ainsi que celui beaucoup plus posé de Lanta ne me laisse jamais indifférente.

Ce n'est pourtant pas la seule chose qui t'a fait plaisir, je me trompe ?

Mieux vaut ne pas lui répondre. Je préfère ranger mes affaires et me laisser porter par le sommeil. Depuis deux jours, je n'ai pas vraiment fait de cauchemars et ça m'aide à me reposer. Je compte bien en profiter, surtout que demain je n'aurai pas cours.

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Cc les gens. Nouveau chapitre, relu et corrigé, j'espère qu'il vous plaira.

Grosses bises.

Stéphanie ❤