Chapitre 3
Je savais qu’il était sorti, mais je n’aurai jamais cru qu’il aurait le courage de venir me parler.
Juste devant moi se trouve mon presque violeur, alias Riff Manchester...
— Oh! Euh... Salut Kiny.
A le voir écarquiller ses yeux, j'ai l'impression qu'il ne s'attendait pas à me voir. Mais peut importe, ça ne change en rien le fait que je ne veux plus le voir, même en peinture. Cependant, avec l’éducation que j'ai reçu, je ne peux l’ignorer alors qu’il est devant moi.
— Salut, je lui réponds froidement.
— Alors, tu vas bien ?
Oh mon Dieu, il a vraiment le culot de me poser cette question. A l’instant même, un feu prêt à jaillir bout en moi. Je reste de marbre et il enchaîne.
— C'est à combien tes cupcakes ?
Je lui indique la pancarte avec le prix de deux euros. Je ne veux pas sortir ne serait ce qu’un seul mot de peur de le brûler. Littéralement !
— Ah d'accord. J'en veux quatre alors, tu peux garder la monnaie.
Il me tend dix euros, et je lui remet les deux euros restants. Il insiste pour que je garde la monnaie mais je ne me laisse pas faire, malgré la peur que j'ai qu'il veuille à nouveau me faire du mal, je me montre courageuse. Finalement il arrête d'insister puis il rebrousse chemin. Je m’assois en soufflant bruyamment. Jimmy vient vers moi, je n’avais même pas remarqué que ils étaient de retour.
— Eh Kiny j'espère qu'il ne t'a rien fait ? demande t-il affolé. J'ai vu ce sale type t’approcher et je ne voulais pas alerter les gens autour de nous.
— Ne t'inquiètes pas, je vais bien. Ce type n’aurait rien pu me faire en présence d'autant de monde.
On continue la vente, et vers dix huit heures, les enfants commencent à fatiguer. La température est de plus en plus glaciale et je décide de rentrer. Jimmy ramène les derniers cupcakes à l'association d'aide aux enfants démunis que nous soutenons, puis on se dirige vers l'arrêt de bus. Quand on arrive, je conduis les filles au dortoir des plus petits, ensuite je vais dans le mien.
Je suis heureuse de constater que personne ne squatte le dortoir. Avec tout ce froid, une bonne douche chaude me fera extrêmement du bien. Quand j'arrive à la salle de bain, je remarque qu'il y a du rouge à lèvres tracé sur le carrelage avec écrit dessus : « — Kiny tu rentres quand chez toi ? Ici tu nous empoisonnes la vie » .
Finalement, je suis destinée à souffrir comme ça le reste de ma vie. Pourquoi il faut toujours que ces filles me rabaissent de quelque manière que ce soit ? Je n'ai rien fait pour mériter autant de mépris de leur part. Je m'assois par terre contre le mur, les genoux contre ma poitrine et je pleure jusqu’à en perdre l’haleine. Revoir Riff m'a troublé au plus haut point, j'avais extrêmement peur qu’il ose me toucher à nouveau, et ce message m'a littéralement achevé. Je me dirige vers la cabine, puis je prend une douche bien chaude pour décompresser. J'enfile ma robe longue et mon pardessus. Avant de sortir je regarde mon reflet dans le miroir.
Mes cheveux blonds ont légèrement frisé à cause de l'eau, mon visage est long, mes yeux bleus semblent tristes. Je me regarde et la joie que je ressentais toute petite n'est pas là. Ma vie a complètement changé, j'aurai préféré que mes parents fassent faillite, au moins je les aurai avec moi. Si seulement la neige n’était pas aussi abondante durant ce Noël là ...
Quand je regarde mon téléphone posé sur le banc, j'ai deux nouveaux messages. Je n'ai pas d'amis, la sonnerie d'Anna je la connais par cœur et je discute rarement avec Émile et sa sœur. Qui est-ce donc ?
Inconnu: « Salut Kiny c'est Riff. Réponds moi s'il te plaît j'aimerai beaucoup discuter avec toi ».
Comment il a fait pour avoir mon numéro ? Hors de question que je lui réponde. Il se prend pour qui à débarquer dans ma vie alors que j'essaye encore de me remettre de cette situation. Il veut que l’on discute ? Moi je n'ai rien à faire avec lui.
Mirna: « Hello miss tâche. J'ai rencontré ton ancien petit ami Riff ! Il voulait ton numéro et je le lui ai donné. Amusez vous bien ! ».
Le clin d’œil qui se trouve à la fin du message me démontre que ça lui fait plaisir de m'agacer. Deux personnes que j'ai arrêté d'aimer m'écrivent, bien sûr je ne répondrais à personne. Je n'ai pas le temps de me crêper le chignon.
Mirna, je croyais qu'elle était mon amie. Elle était super mignonne et toujours gentille. Elle n'a jamais connu ses parents car sa mère l'a abandonné. La Mirna que j'ai rencontré à mes dix ans détestait voir quelqu’un se faire rabaisser. Elle était comme mon super héros chaque fois que les autres se moquaient de moi. Sauf qu'elle a commencé à changer lorsque Jasmine et Andréa sont arrivées. Elles sont jumelles et aujourd’hui, elles considèrent Mirna comme une reine.
Mais ce qu'elle m'a fait quand j'ai eu mes douze ans m'a marqué à vie. Le soir de Noël, après le repas et la bataille de boule de neige, Mirna voulait que je l'accompagne dans la cave du jardinier. Elle m'avait dit qu'il y avait une surprise pour mon anniversaire. Comme une sotte, j'y ai cru. Devant la porte de la cave, elle m'a bandé les yeux avec un foulard et m'a dit d'avancer tout droit. Quand j'y suis arrivée, elle m'a retiré le foulard, je devais compter jusqu'à dix avant d'ouvrir la boîte. Elle a commencé à filmer en me disant qu'elle voulait capturer ce merveilleux moment.
Quand j'ai ouvert la boîte, non pas une ni deux, mais une vingtaine de souris blanches déchiquetaient la photo la plus précieuse que j'avais en possession, celle sur laquelle il y avait mon père, ma mère, Alena, Vianney, Danielle et ses enfants ainsi que moi. Cette photo a été prise la veille de la mort de mes parents, la seule preuve de la famille que j'ai eu, je me souviens avoir pleurer toutes les larmes de mon corps en la voyant en lambeaux.
Ensuite j'ai pris une souris, je l'ai enfoncé dans la bouche de Mirna, une autre dans son pull et une autre sur ses cheveux tout en filmant bien la scène avec mon téléphone. Puis j'ai posté la vidéo sur le net. A partir de ce soir là, Mirna et moi sommes devenues ennemies. Elle n'a pas manqué de me rabaisser chaque fois qu'elle en a eu l'occasion et, aujourd'hui encore elle le fait. Elle ne s’arrête plus, c'est comme un cercle vicieux qui au final, ne fait que la détruire.
— Si seulement vous étiez encore là, murmurais je en m'asseyant sur mon lit, quelques larmes coulant silencieusement sur mes joues.
Je reçois soudain une notification sur mon téléphone. J'ai reçu le programme de demain y compris des devoirs à faire que je dois rendre. Je vais donc récupérer mon ordinateur et mes écouteurs pour m'installer dans ma cachette de fortune que je me suis trouvée il y a trois ans de cela. Au dessous des escaliers qui mènent au dortoir des garçons, il y a une petite pièce avec un grand divan et des coussins. J'y ai apporté une grande couverture et j'ai décoré la pièce et les coussins. Maintenant personne n'y accède car j'ai demandé au père Roger d'y mettre une serrure avec double de clé juste pour moi, c'est ma propriété.
C'est un peu égoïste non ?
La faim justifie les moyens. Cet endroit me permet de réduire le nombre de bagarre avec tous ceux qui me cherchent.
Ce soir les devoirs sont plus faciles. Le français me donne un peu de fil à retordre mais je parviens à faire ma dissertation sur le développement de l'activité littéraire. En musique, je fais du piano et c'est en classe que je pratique. Les mathématiques me demandent un peu de temps puis je tombe sur la philosophie, ma bête noire. Par chance je dois rendre ma dissertation dans une semaine, ce qui me laisse encore six jours pour la peaufiner.
Lee, un jeune asiatique de treize ans vient me faire signe qu'il est l'heure de manger. Quand je regarde ma montre, il est vingt heure juste. J'ai pratiquement fait deux heures, le dîner a commencé depuis quinze minutes donc je suis en retard. Je cours donc jusqu'au dortoir, fourre mes affaire dans mon sac, mets mon devoir au fond du tiroir que je ferme à double tour. Une fois, Mirna a déchiré un de mes devoirs et depuis, je fais attention à bientôt’ les ranger.
Tout le monde est déjà attablé, heureusement Catherine m'a gardé une assiette. Ce soir c'est gratin de pâte, donc je fais moins de trente minutes avant de finir mon assiette.
Je ne veux pas me réveiller en retard demain, je cours jusqu'à la salle de bain, je me brosse les dents, je fais deux tresses de mes cheveux puis j'enfile mon pyjama. Cette fois je mets mon réveil à six heures tapantes puis je cache mon téléphone sous l'oreiller, au cas où Mirna coupait le réveil. Elle est tellement mesquine que le fait de couper mon réveil ne m'étonne pas.
Parfois, quand on décide de nuire aux autres, on se fait du mal par la même occasion…
Jules
La petite blonde ne m'a pas forcément impressionné avec ses prises de judo. C'est vrai que j'ai eu mal mais j'ai appris des prises bine plus complexes et douloureuses que ça. Avec tout le scandale qu'elle a fait, je n'ai pas eu le temps de faire un tour au parc d’à côté. J'ai cependant fait un tour au marché de Noël non loin de l'orphelinat. Il était assez attrayant, j'y ai même aperçu la blonde folle furieuse.
Quand je suis rentré chez moi, j’étais complètement fatigué, je me suis donc allongé pour me reposer. L’année risque d’être longue. Sans compter le fait que je dois me coltiner la blonde pendant je ne sais combien de temps pour rattraper mon retard. Pourquoi mes parents ont choisi ce lieu pourri pour me sevrer ?
Peut-être qu’ils veulent t’éviter de ruiner ta petite vie précieuse !
Faites abstraction à cette voix, elle est la pour me pourrir la vie.
Je ne peux même pas sortir pour courir un instant car il fait déjà assez froid. Mes parents sont dans le salon et je n'ai aucunement envie de les rejoindre, les connaissant, ils ne vont pas cesser de me poser des questions sur ce qui c’est passé pendant ma première journée de cours.
Depuis mon arrivée ici, je me sens dépaysé, la plupart de mes amis sont restés à Dearmstrong, ils y sont tous d’ailleurs, je ne connais personne ici. Il est vrai qu’avec l’année entière que j'ai raté en faisant la fête chaque fois que j'en avais l'occasion, mes parents ont pris la meilleure décision. Avec tout ce qui s’est passé là bas, j’ai moi aussi besoin de recul pour mieux réfléchir sur le reste de ma vie.
*
*
Après avoir diné, je me suis assoupi sur le lit sans m'en rendre compte. Je me suis réveillé en sursaut, le lit trempé de sueur. Tout ça à cause du cauchemar qui me honte depuis maintenant un an. Je me retrouve toujours dans ce couloir, les vêtements déchirés, le corps endolori. Je suis saoul et je suis poursuivi par deux hommes bien plis grand que moi mais au moment où il essaye de l’attraper, une jeune fille s’interpose et c'est la que je me réveille. Cette fille je la connais, mais à cause de l'alcool, tout est embrouillé.
Il est déjà cinq heures trente, je préfère me préparer pour l’école. Je viens à peine de commencer que je regrette déjà les bons plans que me concoctaient mes potes. Malheureusement je ne peux rien y faire, je suis le plus grand fautif de tout ce qui m'arrive.
Sans oublier qu’il nous reste encore deux semaines avant Noël.
Ça risque vraiment d’être long…
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Alors, voilà pour vous. J'espère que les modifications apportées à ce chapitres vous plairont. N'oubliez pas la petite étoile ☺☺.
Bonne lecture.
Stéphanie♥
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