Chapitre 27
Jules
Nos deux semaines à Dearmstrong étaient vraiment merveilleuses. Deux jours après notre retour, c’était la rentrée. On ne s'est pas plaint, se voir ensemble pendant deux semaines c’est comme si l’école ne s’était pas arrêtée.
— La judoka ne t'accompagne pas aujourd'hui ?
Malheureusement, certains ne changent pas... Après un duel de regard avec ce crétin de Kenzo, j'ai gagné bien évidemment, je retourne dans la salle de musique. Les cours aujourd'hui sont quelques peu mélangés. On se retrouve avec les autres classent de première. C'est génial, étant donné que ces vacances ont créés de nouvelles amitiés.
J'ai de la peine pour Kiny car la situation avec Anna ne s’est pas du tout améliorée. Heureusement qu’elle le soutien de cette peste de Mirna, ça lui va trop bien comme surnom. Au moins, la rebelle n’est plus renfermée sur elle-même. On a eu plusieurs sorties en groupe depuis notre retour et elle n’arrête pas de nous casser les tympans.
***
— Je ne sais pas si tu avais oublié le lien que nous partagions. Mais malheureusement, il n’existe plus.
— Attend Jules ! On est des frères, tu ne peux pas me dire une chose pareille.
— Alors pourquoi n'arrêtes-tu de mettre ta famille en danger. Tu m'as fait douter de tout dans cette fichue vie. Je ne sais même pas qui t'a dit que j'étais ici. Ni comment tu as fait pour nous retrouver.
Après les cours, Kiny et moi sommes passés à la bibliothèque pour terminer un projet de philosophie. Cette matière me donne vraiment du fil à retordre. Après la bibliothèque, nous avons décidé de faire un tour dans le parc, et là j'ai eu le déplaisir de tomber sur quelqu'un que je ne voulais plus voir depuis longtemps. Il a failli causer ma perte, et ça je ne lui pardonnerai jamais. Je m’attendais vraiment à le voir dans les rues de Dearmstrong mais comme par magie, c'est à Minhtown que je le revois.
— Je suis le parrain, ne l'oublie pas. J'ai des yeux et des oreilles partout.
Du haut de ses 1m79, avec ses cheveux bruns en épis, ses yeux verts et son regard de drogué, il me regarde de haut en bas. Jamais j'aurai cru le revoir à nouveau et dans le même état qui plus est.
— C'est la raison pour laquelle j'ai failli mourir. Ne l'oublie pas, Georges. Savais-tu que Tany était de retour ? Savais-tu que tante Janis est morte en Mai à cause d'un cancer de sein ! Tu ne connais rien de ta famille, ta mère est morte. Toi, son seul fils, tu n'as même pas assisté à ses obsèques. Mes parents ne veulent pas te voir, ils ne veulent pas non plus que tu nous approche. Ne l'oublie pas, tu es interdit de m'approcher à moins d'un rayon de cent mètres. Je n’hésiterai pas à joindre les flics.
Il me regarde, le visage déformé par la colère. Ce type a deux ans de plus que moi, c'est un voyou de première classe, il m'a entraîné dans ses histoires de drogue après la disparition de Tany. Il m'a fait découvrir le monde ténébreux de la vie nocturne, et lors de cet accident de voiture, il m'a abandonné sur le sol dur et froid, me vidant de mon sang. Si cette fille ne courait pas et si elle n'était pas passée par là, je serai six pieds sous terre terre à l'heure qu'il est.
— Jules, tout ce que je te demande c'est de m'aider. Les flics sont à ma poursuite et je ne peux pas m'en aller. Demande à tes parents de m'aider, je t'en prie.
— Je ne le ferai pas, laisse moi tranquille et surtout, ne t'approche pas de moi.
Je prends la main de Kiny et je l'emmène jusqu'à ma moto. Il la regardait d'une drôle de façon, je préfère ne pas risquer sa vie.
Je prends plusieurs virages pour le semer, ce parc est assez loin de la maison, il ne me retrouvera pas. Le trajet se fait en silence. Kiny me tient fermement pour ne pas tomber. Il est vrai que je suis en colère et que je roule très vite...
… Assis sur mon bureau, je regarde par la fenêtre, le ciel est orange. Regarder le soleil se coucher a le don de me calmer.
— Je suis désolée, je n'aurai pas dû insister pour aller au parc.
Quand nous sommes rentrés, je n'ai plus sorti un seul mot et Kiny a décidé de me tenir compagnie. Et maintenant, à cause de mon silence, elle se sent coupable.
— Je ne t'en veux pas, Kiny.
Je m'allonge sur le lit, à côté d'elle et nous restons comme ça pendant un moment. Le silence entre nous n'est pas gênant, il est plutôt apaisant. Tellement apaisant que je m'endors sans m'en rendre compte.
Kiny
Je me lève le plus calmement possible. Jules s'est endormi et après la journée passée, je ne veux pas qu'il se réveille.
— Alors, il va bien ? s'enquit Tany, visiblement inquiète car en rentrant, Jules était en colère.
— Oui, il s'est endormi. Je ne sais pas s'il se réveillera pour dîner.
— Ne t'inquiètes pas, je lui monterai un plateau tout à l'heure. Heureusement que les parents ne sont pas là, Jules en colère, c'est pas beau à voir. Dis moi ce qu'il s'est passé, s'il te plaît.
A son ton implorant, je cède et je lui explique la scène. Jules m'avait brièvement parlé de ce type et de son accident lorsque nous étions à Dearmstrong. Voir le visage de Tany se crisper à l'entente du prénom de Georges, me confirme à quel point celui-ci est un poison pour la famille Celvhino.
— Il ne faut surtout pas répéter cela à mes parents, me dit-elle après un moment de réflexion. Ils sont capables de déménager sur le champ.
Je la regarde, ne comprenant pas où elle veut en venir. Se rendant compte de mon interrogation muette, elle décide de me raconter ce qui se passe vraiment. Je suis triste d'apprendre la vraie version de l'histoire. La dépression de Jules, son addiction à la drogue, son accident en voiture, l'arrêt temporaire de ses études — me rappelant qu'il est plus âgé que moi de deux ans. Madeleine que je suis, les larmes dévalent mes joues tel un torrent.
— Je suis désolée, je ne voulais pas d’infliger tout ça, me dit-elle, en essayant de me consoler.
Lorsque le cadran affiche dix neuf heures, je décide de rentrer. Je ne voudrais pas inquiéter mes cousins. Et quand j’arrive, je suis accueillie par Alena mettant la table.
— On s'apprêtait à dîner, viens, dépêche toi.
Je dépose mes affaires devant la porte et je m'empresse d'aller manger. A vrai dire, je n'ai pas vraiment manger en cette journée chaotique.
Le ventre plein, je retourne prendre mes affaires et je monte dans mon lit, non sans avoir débarrassé et fait la vaisselle, bien sûr. Alena et Vianney étaient tellement obnubilés par les enfants qu'ils n'ont pas remarqué mon état. Tant mieux !
Allongée sur mon lit, j'entreprends de faire un bilan de ma vie. Avant j'étais orpheline, ensuite la sœur Miller s'est comportée comme une mère pour moi, j'ai rencontré Anna et nous sommes devenues des amies, Mirna m'a rendu la vie difficile, Riff a failli me violer, Alena et Vianney sont revenus me prendre. J'ai rencontré Jules, Anna était toujours là, il y a eu ce voyage de vacances et cette Sandra m'a enlevé mon amie — c'est de ma faute aussi, ma fierté m'a fait perdre mon amie. Je suis finalement la pire personne qui soit.
Quand je m'endors, je fais un rêve atroce. Mon reflet juste en face de moi se met à me sermonner. Je lui fait comprendre qu'elle n'a rien à dire sur moi mais elle continue de me gronder.
« Personne ne t'a ouvert les yeux, et moi je vais le faire. Tu es fière, Kiny, et ta fierté t'a fait perdre quelqu'un d'important. Arrête de te voiler la face, tu es jalouse de cette Sandra, tu es jalouse de l'amitié qu'elles ont et que toi tu n'as pas. Tu es jalouse d'être celle qui reçoit toutes les insultes, toutes les blagues, alors que les autres vivent bien. Tu es jalouse car tu aimerais vivre comme tout ado, mais c'est impossible. Tu es jalouse car tu ne t'aimes pas assez ! Reprends toi ma vielle… »
— Assez ! murmurais-je, les larmes dévalant mes joues. Arrête de me torturer l'esprit.
Je peine à retrouver le sommeil, tellement ces paroles résonnent en moi. Je dois arranger les choses.
***
Il ne reste qu'un mois avant de finir l'année scolaire. Anna ne me parle toujours pas, Mirna est beaucoup plus proche de moi et je sens que Jules n'est plus aussi retissant envers les autres. Aujourd'hui, il faut à tout prix que je parle avec Anna. Elle sort avec Stan depuis le retour des vacances, elle ne m'en a pas parlé mais Stan en a parlé à Ken, Milo et Jules. Ce voyage a vraiment rapproché les gens, Jules a trois personnes supplémentaires sur qui compter aujourd'hui. Hormis cette Sandra, c'est le diable incarné.
— Anna ! Attends s'il te plaît !
Elle me regarde, l'air agacé. Nous sommes à l'extérieur, les cours viennent de finir.
— Que veux-tu encore, Roland ?
Elle copie même la façon de parler de cette peste, Sandra est un vrai poison !
— Je voulais te parler. Pouvons-nous discuter dans un endroit plus calme ?
— Bon, cette fois je te l'accorde. Mais je te préviens, ne me fait pas perdre mon temps.
Nous avançons jusqu'au centre de la cour, pour s'assoir là où il y a des bancs.
— Tout d'abord, j'aimerais m'excuser. Je sais que mon comportement n'était pas digne d'une amie. Je ne me suis pas ouverte à toi. En fait, toi tu ne l'as peut-être pas remarqué mais Sandra...
— Si c'est pour juger mes amis, je préfère m'en aller.
— S'il te plaît, écoute moi jusqu'au bout. Chaque fois qu'on était ensemble, elle trouvait le moyen de nous séparer. Je veux m'excuser pour ce comportement de gamins. Toi même tu sais ce que j'ai vécu, ce n'est pas une excuse je le sais. Mais à cause de tout cela, j'ai appris à cacher mes vrais sentiments. Je me sentais rejetée, Sandra m'a éloigné de toi pendant les vacances, chaque fois que je lui passais un message, elle ne te le rendait pas. Je croyais que toi aussi tu ne voulais plus me parler, mais hier matin, le camp m'a appelé pour me dire que des lettres écrites par moi on été retrouvées dans la chambre et ils me les ont envoyés. Je ne veux pas te perdre, je t'aime Anna.
Je ressort l’enveloppe, contenant mes lettres, que m'a envoyé la directrice de mon sac.
— Tu fais partie des seuls qui m'ont soutenu, tu m'as appris à marcher sans me retourner, mais en bonne idiote, je ne me suis pas ouverte à toi, je te demande pardon. Je te remets ces lettres, elles te parlerons mieux que moi. Je me suis toujours sentie mise de côté, rejetée et aussi insultée. Mais toi tu as toujours été là, je ne veux pas te perdre, et je promets de faire des efforts sur ce point là.
Je me lève et je lui tend l’enveloppe. Je m'en vais rapidement pour ne pas pleurer devant elle. J'espère juste qu'elle prendra conscience de qui est cette peste de Sandra.
Après les cours, je me rends à l'orphelinat. Avec Mirna, nous y allons une fois par semaine depuis notre retour de vacances.
— On doit acheter de nouvelles provisions, hier j'ai vu Carl à la recherche de dons pour aider l'orphelinat.
— Alena m'a dit que ce matin elle ferait les courses. Je crois qu'elle les a déjà déposé.
— D'accord, on fait la course ? demande t-elle excitée.
Une vraie gamine !
— Ok, celle qui perd achète une glace à la gagnante.
Moi aussi je peut faire ma gamine…
— Marché conclu, accepte t-elle en faisant une grimace de bébé.
— A vos marques...prêts...go !
Nous manquons toutes les deux de tomber quand nous arrivons devant le portail de l'orphelinat.
— Je suis désolée, mais aucune de vous n'a gagné aujourd'hui, déclare quelqu'un en riant.
Ce n'est personne d'autre que la sœur Miller qui nous regarde d'un œil moqueur.
— Bonjour, la saluons nous en cœur.
— Bonjour, mes chéries. Alena vient juste de partir.
Nous entrons dans l'enceinte de l'établissement pour saluer les nouveaux. De la même manière que de nouvelles personnes naissent par jour, d'autres personnes meurent. Ainsi, beaucoup d'enfants deviennent orphelins du jour au lendemain. Nous avons reçu deux jumelles nigériennes, Adaésé et Adaobi, ainsi qu'un indien Akash et d'autres enfants que je ne connais pas bien.
— Kiny ! Mirna ! On vous attendait depuis longtemps déjà, s’impatiente l'une des jumelles.
— Désolé, Adaobi, aujourd'hui on a fini tard à l'école.
Mirna dépose la petite sur ses pieds, et celle-ci lui dit quelque chose à l'oreille. Tous les jours, je suis surprise par toute cette tendresse qu'elle renferme. À croire que la Mirna d'avant n'était que le personnage d'un film d'horreur, et que depuis quelques mois, je côtoie la vraie Mirna.
— Arrête de me fixer de la sorte.
À présent debout devant moi, Mirna me regarde comme si elle s'apprêtait à me sauter dessus. Moi qui m'apprêtais à dire quelque chose, je me retrouve par terre, avec une Mirna en furie sur moi.
— Je ne sais pas à quoi tu pensais en me regardant de la sorte, mais tu vas me le dire tout de suite.
— Et si je n'en ai pas envie ? dis d'un ton taquin.
— Eh bien, prépare toi à subir le courroux de mes pouvoirs.
Elle commencent à me chatouiller de partout, je ne tarde pas à rire. Je suis chatouilleuse et ça, elle le sait bien.
— Tu vas parler maintenant ?
Ne pouvant pas parler à cause des chatouilles, je secoue la tête de façon négative.
— Ok, alors je vais continuer.
Les petits se mettent à rire de plus en plus fort, attirant l’attention de tout les autres.
— D'accord, j'avoue tout. Je réfléchissais à...
— Kiny...
Nous nous arrêtons toutes les deux de jouer. Cette voix chevrotante, je la reconnaitrais entre mille. Nous nous relevons, là, je vois Anna, les yeux bouffis, elle a sûrement dû pleurer. Qu’est ce qui a bien pu se passer après le court laps de temps ?
— Anna, qu'est-ce qui se passe ?
Mirna, comprenant qu'Anna ne soit pas encore habituée à elle, s'éclipse avec les enfants. Au moins, ça m'enlève un poids des épaules.
— Anna, parle !
Elle se jette dans mes bras et se met à pleurer.
— Oh Kiny...je suis tellement désolée. Je me suis comportée comme la pire des amies... Je me suis laissée amadouer par les paroles de Sandra... T'as raison sur un point, je me suis volontairement laissé marcher sur les pieds. Je sais qu'elle peut se montrer vache à un moment, mais je n'ai pas pris en compte notre amitié. Je ne me suis basée que sur les années qu'elle a passé à m'aider contre tous ceux qui se moquaient de ma couleur de peau. Je suis désolée de l'avoir laissé s'immiscer entre nous deux.
Je la serre encore plus, savourant à nouveau sa présence dans ma vie.
— Je ne me suis pas bien comportée aussi, excuse moi, Anna...
— Je ne me suis pas comportée en amie, aveuglée par la colère, je ne t'ai pas soutenu...
Je l'intime de se taire.
— C'est en parti de ma faute, pardonne moi, Anna.
— Dès l'instant où tu m'as parlé tout à l'heure, j'ai su que je t'avais déjà pardonné. En sortant de l'établissement, j'ai entendu Sandra se moquer de moi avec ses amies, ça m'a tellement blessé que je me suis rappelé du soir où je t'ai parlé comme les autres, je t'ai manqué de respect, je t'ai insulté, je t'ai trahi. Je suis là pire amie qui puisse exister.
— Anna, s'il te plaît, calme toi. Tu avais tous les droits de t'énerver. J'ai pas été honnête avec toi, promis dorénavant je le serai.
— Je te promets de toujours te soutenir. Et pardonne moi pour cette histoire avec Mirna. J'ai vu à quel point elle t'a soutenu alors que mois je n’étais pas là…
Je la prends dans mes bras et nous restons silencieuses pendant un moment.
— Désolée de vous déranger, la sœur Miller a besoin de nous, nous interrompt Mirna.
Nous passons le reste de l'après midi ensemble. C'est vrai qu'elles ne s'entendent pas encore, mais j'espère vraiment que les choses vont s'arranger entre elles.
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Salut ! Salut ! Salut !
Comment ça va ici ???
J'espère que ce chapitre vous plaira 😉.
Bonne lecture 🤗🤗🤗
Stéphanie 🖤
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