Chapitre 23

Jules

Tout le long du voyage, je passe mon temps à discuter avec Ken, Stan aussi est d'une bonne compagnie. Finalement tout le monde n'est pas comme ce Georges qui m'a entraîné dans toute cette histoire de drogue. Milo n'est pas trop voyage, il a donc passé son temps à ronfler.

- Mec, regarde !

Je regarde dans la direction que m'indique Ken. Miss Rebelle est assise seule dans son coin. Nous sommes descendus à la deuxième escale. Après ce petit repos, il nous restera encore deux heures de route.

- Tu penses qu'elle est triste ? me demande t-il, alors que la rebelle dessine avec son doigt sur le bois.

A vrai dire, avec Kiny, on peut s'attendre à tout. Ces trois derniers mois, nous nous sommes beaucoup rapprochés. Il y a eu plus de rire que de dispute, mais son comportement n'a pas changé du tout au tout. Elle essaye de s'améliorer je le sais, mais c'est pas d'un coup de baguette magique hein... Elle est vraiment géniale comme personne, mais elle a trop longtemps été seule, et ça l'empêche de s'améliorer correctement.

- Je ne sais pas, je vais vérifier.

Je la rejoins et je m'assois à ses côtés.

- Petite rebelle, qu'as-tu donc ?

Elle ne parle pas, elle garde la tête baissée. La Kiny que je connais aurait déjà réagi à ce surnom de rebelle. Elle le déteste profondément, et j'adore ces réactions impulsives. Mais là, il n'y a pas de répondant !

- Kiny, qu'est-ce qui se passe ? Où est passé ta joie de vivre ? Ton agressivité débordante ?

Quand elle relève sa tête, ses yeux sont rouges et elle a des larmes aux yeux. Instinctivement, je la prends dans mes bras. J'ai toujours détesté la voir pleurer. En la prenant dans mes bras, j'espérai la calmer mais là, tout ce que j'ai réussi à faire c'est qu'elle redouble de pleurs.

- Je suis une mauvaise personne, tout ce que je sais faire c'est éloigner de moi tout ceux qui m'aiment. Je ne sais pas garder mes proches à mes côtés. Je détruis tout ce que je touche. Je ne suis qu'une idiote. Une idiote doublée d'une madeleine. Pourquoi...

Elle sort toutes ces paroles sans respirer. C'est vrai qu'elle a cette capacité de parler très vite. Parfois, je ne comprend rien de ce qu'elle raconte.

- Chut, ça va aller. Calme toi, ensuite on va parler très clairement.

- Que tout le monde reprenne sa place, le voyage continue.

Il fallait que cette dame parle de nouveau. Elle me casse les couilles depuis le début de ce voyage et je vous assure que je pourrai commettre un meurtre. En pensée bien sûr...

- Kiny, tu vas t'asseoir avec moi, décide-je.

Elle acquiesce tout en essuyant ses larmes. Elle est douée pour porter ce masque. Elle croit me bluffer en se renfermant mais je sais qu'elle se sent souvent mal, rejetée et parfois elle est intimidée. Cette fille est tellement complexe...

***

- C'est épuisant de voyager en bus !

Ça fait à peine quelques minutes qu'on est arrivé. Et le bruit de les compagnons est assez désagréable.

- Ça, tu l'as dit. Heureusement que le retour se fera en avion, intervient Stan.

- Je me demande bien pourquoi l'allée aussi ne s'est pas faite en avion.

- Arrête de râler, Ken. Je suis plutôt heureux d'avoir fait ce voyage. Quand j'ai quitté Dearmstrong, nous étions venus en avion et je n'ai pas eu l'occasion de voir ces beaux paysages. Mon appareil photo est plein à craquer.

Je sors ledit appareil, - cadeau de la rebelle -, pour contempler mon œuvre. Il y a plein de clichés. J'en ai pris des lacs, des arbres, de certains oiseaux qui ont croisé mon chemin. J'ai pris des photos de mes compagnons, et aussi de Kiny. Elle illuminait la photo, j'ai réussi à lui faire sourire et c'était magnifique. Je compte bien sortir quelques photos et en encadrer quelques unes pour les lui montrer.

Nous dormirons dans des cabanes. De l'extérieur, ça paraît vieux et moche, mais à l'intérieur c'est beau et surtout très moderne. Il y a quatre lits dans chaque cabane. Ce sont des lits une place, mais ça fera l'affaire.

Nous avons atterri dans un camp de vacances et j'avoue ne jamais avoir fait ce genre de choses. Pour moi, les colonies de vacances c'est plus pour les gamins. Mais là, je suis vraiment impatient de savoir ce qui va se passer. D'habitude les camps se trouvent dans les bois, mais celui-ci est plutôt proche de la ville.

- Dépêchez vous de vous installer. Le repas sera servi dans trente minutes.

Pressés de remplir nos estomacs, nous finissons les installations. Mon lit se trouve juste à côté de la porte de sortie. Celle des toilettes se trouve à côté du lit de Kenzo et celle de la salle de bain se trouve à côté de celle de Stan. Il y a une fenêtre à côté du lit de Ken et une autre fenêtre à côté de celui de Stan. La chambre est grande, ce qui nous permettra d'avoir chacun son espace. Heureusement que les toilettes sont séparées de la salle de bain, Ken aime souvent squatter les toilettes, je ne vous dit pas pourquoi !

~•~

Lors du repas, nous nous sommes tous réunis dans le réfectoire. La cabane dans laquelle il se trouve est plus grande que celles des chambres. Nous sommes au moins deux cents personnes, si on compte les surveillants, c'est normal que le réfectoire soit grand.

- Chers campeurs, le repas d'aujourd'hui est assez léger, j'espère que vous allez vous régaler, intervient une dame qui peut avoir au moins quarante ans.

Elle est courte et elle a des jambes arquées. Elle ressemble beaucoup à une japonaise, elle a sûrement des origines asiatiques. Son tablier vert bouteille est plein de farine et ses cheveux sont coiffés d'une charlotte, pas moyen DZ voir leur couleur.

- Kiny, demain on ira visiter l'emplacement du premier camp de réfugiés qui ont dû fuir la guerre de 1536. Ça te dirait d'être dans mon équipe.

- Et bien, étant donné que nous devons former des duos mixtes, j'aimerais bien être ta coéquipière.

- C'est génial, ça ! Alors, tu es avec qui dans ta cabane ?

- Je te laisse deviner !

Son visage exprime déjà son dégoût.

- Je parie qu'il y a Sandra avec toi, Anna aussi doit être là !

- Bingo, tu as trouvé, dit-elle d'un ton triste.

- C'est qui la quatrième fille ?

Je ne sais pas avec qui on a bien pu les mettre. Déjà, Kiny n'est pas du genre à traîner avec les autres, mais c'est pas par rapport à ça que les gens ont été placés. Je me demande bien quelle fille a été mise là-bas.

- Eh bien, c'est quelqu'un avec qui je n'ai pas l'habitude de discuter. Tu la connais bien toi aussi !

A en croire l'expression de son visage, cette fille là ne doit pas être en bon terme avec Kiny. Qui c'est ? Qui peut bien en mauvais terme avec Kiny...

- Non, ne me dit pas que c'est Mirna ?

- Apparemment ton cerveau fonctionne bien aujourd'hui ! s'exclame t-elle en riant un peu.

- Je te plains. Mais sache que moi aussi je suis avec quelqu'un que je n'apprécie pas beaucoup.

- Ah bon ?

Elle arque un sourcil, l'air intrigué.

- Évidemment. Kenzo est avec nous. Je n'apprécie pas ce type, il est trop imbu de lui-même. Imagine, dès que nous avons fini d'installer nos affaires, il a commencé à nous raconter sa vie. Qui a besoin de savoir qu'il a déjà couché avec une trentaine de filles ? Il me fait penser à un lapin en chaleur.

Elle éclate de rire. Ce rire que j'aime tant !

Tu as tendance à nous le répéter tout le temps hein !

Tiens, j'entends des voix maintenant...

- Comment veux-tu que je mange correctement si tu me dis ce genre de choses ? Un lapin en chaleur ? N'importe quoi !

Son rire redouble de plus belle, ce qui dirige tous les regards sur nous.

- Je vois que vous vous amusez bien ! C'est normal, un mec qui se fait frapper par une meuf ne peut que devenir son ami, intervient Kenzo.

Tous les autres commencent à rire sauf nos proches, bien sûr ! Ce type n'est qu'un sale petit con. Enragé, je me lève pour lui donner une bonne leçon.

- Tu n'es pas ce genre de type, ce n'est que de la provocation.

Kiny se lève à son tour et elle m'attrape par le bras.

- Apparemment, c'est aussi ton coach de vie !

Les autres rigolent de nouveau. Kiny a raison, il veut juste amuser la galerie. Nous nous remettons à nos places pour finir de manger nos nouilles sautées.

Après le repas, nous avons eu vent de plusieurs activités que nous ont préparé l'école et ce camp de vacances. Kiny participe à un concours de cuisine, elle a choisi cet atelier car la pâtisserie c'est une sorte de don pour elle. En plus c'est sa passion. Après tout ce qu'elle a vécu, je me dois de la soutenir. Depuis que nous sommes ici, je la sens revivre, ce voyage la rend vraiment heureuse, et l'annonce de ce concours est un baume au cœur pour elle.

- J'espère que tu passeras les meilleurs vacances de ta vie.

Elle me regarde, les yeux toujours triste. Apparemment, elle ne s'est pas encore réconciliée avec Anna. Quand elle m'a expliqué la cause de leur dispute, ça m'a fait de la peine. Se sentir rejeté c'est la pire chose qui soit. Ça peut te pousser à faire des choses inimaginables, tu peux même commettre l'irréparable.

- Tu sais, tu devrais essayer de lui parler. Explique lui exactement ce que tu ressens devant les gens comme Sandra. Ne te laisse pas abattre à cause de gamins aussi mal élevés.

- Kenzo n'avait pas totalement tort, finalement c'est toi mon coach de vie, dit-elle en souriant.

Sa remarque me fait rire. J'espère au moins qu'elle prendra en compte toutes ces paroles.

- Tu devrais essayer de t'entendre avec Mirna. Tu m'as dit qu'elle avait changé, n'est-ce pas ?

- Je ne sais pas trop. J'ai arrêté de suivre ses faits et gestes. Je ne veux plus vivre au dépend des autres. Depuis toujours, j'ai été seule, donc je ne sais pas trop comment exprimer mes sentiments aux autres. Je regrette amèrement d'être comme ça, mais je n'y peux rien.

Je me suis aussi senti comme ça quand je suis arrivé. Ken était le seul qui m'approchait, les autres me voyaient comme un intrus.

- Cherche juste la meilleure manière que tu as de t'exprimer. Tu chantes souvent, ça peut t'être utile. Et puis regarde, avec moi tu réussis à t'ouvrir.

- C'est normal, toi et moi avons un point commun.

- Ah bon. Lequel ? demandais-je intéressé.

- Eh bien, la vie ne nous a pas fait cadeau. Au fait, Tany reviens quand ?

Oh, ma sœur ne reste jamais sur place. Quand elle a appris que ses bourreaux ont été arrêtés, elle était la plus contente du monde. Elle a pris la décision de partir faire le tour du monde. Pour de vrai cette fois-ci...

- En ce moment elle se trouve en Afghanistan. Je ne sais pas ce qui l'intéresse là-bas mais elle s'amuse bien. Elle m'a parlé des moustiques, là-bas il n'y a pas moyen de dormir dehors sans moustiquaire.

- Oh, Jules il y a des moustiques partout, allons mettre de l'anti-moustique.

La panique dans ses yeux me fait rire. Nous continuons de discuter jusqu'à vingt et une heure au moins quand un monsieur en bermuda blanc et t-shirt noir nous intime de rejoindre nos chambres.

Ce séjour risque de me confronter à mes vieux démons, j'espère juste que je n'aurai pas à croiser Georges et sa bande.

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Hello ! J'espère que vous allez bien !

J'espère que ce chapitre vous plaira 😉😉😉

Bonne lecture 🤗🤗🤗.

Stéphanie

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