Chapitre 21
Jules
Après l'épreuve de tolérance, qui a consisté à écouter son partenaire parler de sa vie et de n'importe quoi, nous avons passé l'épreuve d'endurance. J'ai dû porter ma partenaire sur mes épaules et j'ai fait trois fois le tour du gymnase. Ceux qui avaient des partenaires assez charnues ont dû les mettre sur le dos. Un spectacle très drôle à voir. Pour la ténacité, nous avons fait un drôle d'exercice, je ne sais pas si Monsieur Lee l'a fait exprès, surtout qu'il a changé la constitution des duos. Il fallait fixer une personne pendant au moins trente minutes et devinez avec qui il m'a mis ?...
— Tu as intérêt à ne fixer que mes yeux, Celvhino !
Je vous assure, elle m'a vraiment surpris avec sa menace. Je n'avais vraiment pas l'intention de regarder son corps, même si je sais que c'est un beau spectacle. Depuis que je la connais, elle est toujours habillée en vêtements chauds, donc, je ne sais vraiment pas ce qu'elle cache sous ses vêtements. Et aujourd’hui, son bas de survêtement est tellement large qu’il n'y a pas la place pour l’imagination.
— Ne t'inquiètes donc pas, je n'ai rien à voir après tout.
Le coup que j'ai reçu dans les côtes m'a tellement fait mal que j'ai crié de surprise.
— Roland ! Celvhino !
Monsieur Lee s'est rapproché de nous, tel un lion en quête d’une proie à se mettre sous la dent.
— Vous avez trop d'énergie à dépenser, faites cinq fois le tour du gymnase. À la fin vous allez ranger tous les matériaux.
Sachez le, il y a des matériaux de musculation, de fitness ainsi que plein d'objets à remettre dans les placards. Le tour du gymnase c'est quelque chose, mais faire des tours afin de tout ranger c'est pire.
— Hâte toi si tu veux manger quelque chose.
Faire quelque chose avec Kiny c'est pire que de travailler avec Madame Leclerc. Cette dame est tellement aigrie. Mais Kiny ne l'est pas, elle est juste super maniaque et autoritaire. Et ça peut être vraiment cassant.
— Merde !
Je sors du placard et je tombe sur la petite Kiny. Elle est étalée sur le sol telle une pâte à crêpe. Vraiment drôle comme situation…
— Merde ! Ça fait mal !
Elle s’assoit sur le sol et elle tient sa cheville entre ses mains.
— Kiny, ça va ?
Le regard qu'elle me lance me fait froid dans le dos. Je ne voudrais pas me faire trucider par elle. Je vous assure, ses yeux peuvent lancer des éclairs.
— Quelqu’un qui se tort de douleur peut-il bien aller ? Tes questions sont tellement stupides Celvhino.
Je fais non de la tête. Elle m'a littéralement laissé bouche bée. Je me rapproche d'elle pour l'aider à se lever. Elle ne tient pas debout, et le seul fait de se lever sur son pied fait couler ses larmes.
— Tu ne vas pas pleurer pour autant ? me moque-je.
Elle me regarde, mais cette fois-ci, son regard est implorant. Kiny l'arrogante a vraiment besoin d'aide à présent. Waouh… c'est tellement insolite comme situation.
— Prend appui sur moi, je vais te porter.
Elle acquiesce et je la porte telle une mariée. J'avance de quelques pas et elle éclate de rire. Ce rire si jovial que j'aime tant chez elle. Ce son est vraiment capable de me faire oublier tous mes soucis.
— Puis-je savoir ce que tu trouves de drôle en ce moment ?
— Et bien, dit-elle entre deux fous rires, je me suis imaginée être portée de la sorte le jour de mon mariage. Et quand j'ai imaginé ta tête entant que mon mari, ça m'a fait littéralement rire.
Et elle éclate à nouveau de rire, trop amusée par la situation. Je me joins à elle, après tout, c'est pas tous les jours qu'elle me permet de rire avec elle.
A l'infirmerie, un plâtre lui a été posé sur la cheville. Nous sommes tous les deux dispensés de cours aujourd'hui. Mais Kiny doit rester chez elle jusqu'à ce qu'elle guérisse. Ça tombe bien, j'étais fatiguée de rester à l'école aujourd'hui.
— Tu es dans l'obligation de me ramener à la maison, Monsieur Celvhino.
— Oh, tu es d'humeur taquine aujourd'hui ? Et bien, profitons-en.
Kiny
Ça fait du bien de discuter avec lui sans se prendre la tête. Je me demande ce qui me pousse à toujours le chercher des noises. Bon, j’avoue, j'adore vraiment nos disputes mais c’est pas un truc que je vais crier sur tous les toits.
— Eh bien, laissez moi être votre chauffeur pour ces deux jours à venir.
Nous éclatons tous les deux de rire. Bizarrement, ça me fait plaisir d'être avec lui. Il me met sur son dos. Comme la dernière fois avant Noël. Les effluves de son eau de Cologne me chatouillent les narines. Ce qu’il peut sentir bon…
— À ce que je vois, tu aimes bien me mettre sur ton dos ! dis-je, pour essayer de le ressaisir.
— Ce n'est pas de ma faute si tu es maladroite ! Et puis, avoue que t'es vraiment à l'aise dans mon dos.
— Quoi ? Le maladroit ici c'est toi , Jules. Souviens toi, avant Noël, tu m'es rentré dedans quand je sortais du Tojo et je me suis fait mal à la cheville. Aujourd'hui, tu m'as laissé porter un poids plus lourd que moi, et je me suis fait une belle entorse. Et puis, ton dos est très inconfortable.
Il éclate de rire. C’est drôle, mais il a un rire très contagieux.
— La prochaine fois, c'est toute ta jambe qui sera paralysée.
Je l'assène un coup sur l'épaule, et quand nous arrivons devant sa moto, il me dépose délicatement dessus. Mon pied droit est presque invalide et je vais devoir me tenir en équilibre sur une moto, génial…
— Fais très attention à ne pas bouger ta cheville. Je n'ai pas de voiture, juste une moto.
— Ça je le savais, ô cher ami.
Il me tend le casque de la dernière fois, et il m'aide à l'attacher. Il grimpe à son tour, et il démarre en trombe. J'adore les sensations que me procure la vitesse d'une moto. J’en oublie presque mon mal à la cheville.
— Je suis libre ! m'écriais-je.
Quand il prend un virage, je suis obligée de m'accrocher à lui. Et ses muscles se contractent, ce qui me donne des idées pas prudes du tout. Son parfum m'enivre, je reconnaitrais entre mille l'odeur de la lavande. Je dépose ma tête sur son épaule et nous restons silencieux pendant tout le trajet.
***
En me voyant avec une cheville emplâtrée, Alena est tout de suite devenue hystérique. Si Jules et Vianney n'étaient pas là, elle aurait sûrement piqué une crise. Jules m'a aidé à monter dans ma chambre et il est descendu me chercher à manger. Il a pris par la même occasion une assiette que lui a préparé Alena. Une vraie mère poule, quand elle s'y met…
Nous avons mangé tout en discutant de tout et de n'importe quoi. Il m'est arrivé de m'imaginer en plein rendez romantique avec Jules. Il m’a suffit de faire disparaitre ma chambre et mon plâtre, et c'est vrai que ce serait vraiment sympa. Quand nous avons terminé de manger, il est redescendu pour mettre les plateaux dans la cuisine.
Mon cousin par alliance en a profité pour s'incruster dans ma chambre.
— Kiny, j’aimerai te parler un peu.
Je me redresse du mieux que je peux et il vient s’assoir près de moi. Il hésite à me parler et ça commence à me stresser. J'ai pour habitude de discuter avec lui seulement quand Alena est là. Et maintenant, juste tous les deux, c’est hyper bizarre.
— Eh bien… euh… je sais que je ne suis pas ton père, ni quelque chose du genre, mais je voulais juste te dire que je t'aime beaucoup.
Rien que ça… Je ne sais même pas quoi dire ! Je ne me serai jamais douté qu’un jour, il me le dirait aussi ouvertement. Un peu plus confiant, il continue son speech.
— Tu sais, après le voyage, Alena pensait souvent à toi. On avait aucun moyen de vous joindre et ça l'a bouffait de l’intérieur de ne pas te parler. Et puis, tu me manquais aussi. Je me suis vraiment senti mal quand on a reçu la mauvaise nouvelle et depuis ce jour, je me suis juré que l'on te redonnerait cette famille que tu as perdu.
Je n’ai pas besoin de me voir dans un miroir pour savoir que mes yeux sont remplis de larmes.
— Tout ça juste pour te dire que tu peux avoir confiance en nous. On est à présent comme tes parents et heureusement qu'aucune autre famille ne t'a adopté. Ta cousine est vraiment triste que tu ne t'ouvres ni à elle, ni à moi, ni aux autres. Tu devrais te libérer, ça te fera du bien. Et sache le qu'on t’aime vraiment beaucoup.
Il me prend dans ses bras et ma cousine apparait devant la porte, les larmes aux yeux.
— Je suis désolée, dis-je, j'ai tellement gardé les choses au fond de moi que c'est difficile de parler aux autres. Mais je vous promet, je ferai des efforts.
Ils m’embrassent tous les deux avant de rejoindre le salon. Juste après, c'est Jules qui entre dans ma chambre. Heureusement que j’ai effacé toute trace de larmes sur mon visage. Il s’assoit près de moi et c’est vraiment déstabilisant.
— Alors, comme ça tu t'en sors très bien en musique maintenant ? demandais-je pour le taquiner.
— J'ai reçu l'aide de la meilleure amie qui soit !
"Meilleure amie"... Ces deux mots mettent une sorte de froid dans la discussion. Il me considère comme une amie ? Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait un pincement au cœur. Il se rend sûrement compte de l'atmosphère refroidie, car il se remet à parler.
— Kiny, tu sais, là où j'habitais avant, j'ai été trahi par ma petite amie. En fait, elle sortait déjà avec quelqu'un et je ne le savais pas, le jour où je l'ai croisé dans la rue avec ce type, ma vie a été gâchée. Tout cela s'est passé peu de temps après la disparition de Tany. Je me suis réfugié dans l'alcool et dans le sexe, plus rien ne comptait pour moi, et pendant un an entier, j'ai arrêté d'aller à l'école.
Son aveu me brise le cœur. Quelqu'un d'aussi cool que lui a eu un moment de manque de confiance, un moment de perte de personnalité, et je me dis que finalement, tout le monde a une part d'ombre. Je ne suis apparemment pas seule…
— J'ai fait des choses que je n'aurai pas dû faire. Je me suis mal comporté envers mes parents et j'ai commencé à côtoyer des voyous. Venir ici, était comme une manière de me racheter auprès de mes parents. Ils voulaient que je change d'air. Et maintenant, à cause de tout ça, je n'arrive plus à rester sympa avec une fille, ça a beaucoup plus été difficile avec toi car tu ne te taisais pas comme les autres filles. Toi tu t'es toujours défendue et c'est ce trait de caractère qui me plaît le plus chez toi. Pardonne moi si je t'ai blessé par mes insultes, mais je t'assure que j'essaye de m'améliorer.
Je suis une madeleine, une vraie… Parce qu'avec ce qu'il m'a dit, les larmes sont revenues. Pourquoi dois-je toujours pleurer dans ce genre de situation ? Il y à peine quelques que je pleurai en compagnie de Vianney et Alena. Et maintenant, je pleure encore ?
— Hormis le fait que tu sois forte de caractère, tu es aussi très sensible et j'adore ce contraste en toi.
— Je n’ai jamais été proche des jeunes de mon âge à l’exception d'Anna. Je ne sais vraiment pas comment agir face aux hommes, vous êtes trop cons mais aussi trop compliqués, dis-je en soupirant.
— Pas aussi compliqué que vous les femmes, ajoute t-il en riant.
Il se rapproche de moi et me prend dans ses bras. J'aime cette sensation là. Je ne suis pas prête à me mettre en couple, lui aussi d'ailleurs. Mais ça ne change en rien cette attirance entre nous. Je le sens et malgré ça, je ne veux pas brusquer les choses.
— Je te promets de faire des efforts sur mon comportement de brute. Mais surtout, ne cesse pas d'être celui que tu veux être. J'aimerai pouvoir connaître le vrai Jules. Pas celui qui se cache dans une carapace.
— Promis, me dit-il. Je vais devoir rentrer, il se fait tard et maman risque de me tirer les oreilles.
Nous rions tous les deux, et il m'embrasse sur le front.
— Bonne nuit, Kiny.
— Bonne nuit, Jules.
Il sort de la chambre à reculant. On croirait qu'il ne veut pas couper le contact de nos yeux.
Boom !
— Aïe ! s'écrit-il.
Jules ! Je descend de mon lit et j'avance en rampant. Malheureusement, je ne peux pas marcher. Mais j'arrive devant l'escalier et je le vois allongé par terre.
— Jules ! Jules tu vas bien ?
Il relève la tête et me sourit. Malgré la douleur, il me sourit. Ce type est cool…
— Mon poignet est foulé, mais je vais bien, déclare t-il tout sourire.
Vianney qui se trouvait sûrement à l’étage, apparaît rapidement au seuil de ma porte et me relève tandis qu'Alena aide Jules à faire de même.
— Vous êtes tellement connectés, se moque Vianney. L'un se foule le poignet tandis que l'autre se foule la cheville !
— Quel beau couple, ajoute Alena.
Nous rions tous, un moment convivial qui m'a beaucoup manqué quand j'étais jeune. Après avoir prévenu l'école, par je ne sais quel miracle, Vianney a réussi à faire annuler nos heures de colle par Leclerc.
La vie est belle !
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Salut à tous, j'espère que vous allez bien, j'espère que ce chapitre vous plaira 😉.
En passant, mon deuxième roman Génération méchants est aussi en mode réécriture. J'espère qu'il vous plaira aussi.
Bonne lecture 🤗🤗🤗
Stéphanie 🖤
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