Chapitre 18

Kiny

A la mort de mes parents, j'ai vraiment eu du mal à aller vers les gens. Maintenant que je vis avec Alena et Vianney, le souvenir de la mort de mes parents est plus fort. J'avais fait des progrès, je discutais même avec Anna mais, aujourd'hui je vois tous mes efforts tomber à l'eau. L'emménagement s'est bien passé. C'est vrai que voir Alex et Julien me fait penser aux petits de l'orphelinat, ils me manquent tous tellement. J'ai vraiment passé de bons moments avec eux, je ne sais pas si c'est une sorte de bénédiction pour le nouvel an mais tous mes petits protégés ont été adoptés.

Je n'ai jamais eu de petit ami parce que je ne veux pas m'attacher à une personne et la perdre comme avec mes parents. Jules est là dans ma vie depuis un moment déjà, je suis à présent sûre de ressentir quelque chose pour lui, mais je ne suis pas sûre de vouloir envisager une relation. Quand on se rapproche, il est devient tout bizarre après. L'école a repris depuis deux semaines déjà. Et aujourd’hui, on va faire notre exposé. Ces temps-ci, on s'est un peu éloigné et je ne sais plus quoi penser de nous. Et j’ai remarqué que depuis le réveillon, les choses sont bizarres entre nous. On s’évite mutuellement et franchement, je ne sais pas quoi penser de tout ça.

— Kiny, m'interpelle Jules, alors que toute la classe prend place, nous allons passer dans deux minutes. Le prof d'anglais est déjà là.

Je me retourne et souffle, je stresse vraiment. L’école n'a repris que depuis quelques jours et je dois déjà passer devant un prof. L'anglais et moi ça fait deux. Souhaitez moi bonne chance…

***

— Tu as été géniale, je croyais vraiment que tu n'y arriverai pas, tellement tu tremblais.

Après notre exposé, on a trainé un peu dans la salle afin de faire le point sur notre travail. J’étais tellement stressée que j'ai répété deux phrases à deux reprises. Heureux de me voir en pleine détresse, ces abrutis finis n'ont pas cessé de rigoler. Et maintenant, c'est Jules qui s'y met.

— Ouais, moque toi bien de moi après tout, c'est ta nature, maugréais-je.

Je récupère mes affaires et je sors de la salle. Il sait vraiment plomber l'ambiance. Mais au moins, j'ai un A+ ce qui pourrait relever ma note de mathématiques. Cependant, encore une fois, les choses ne sont pas au beau fixe avec Jules.

— Kiny, attend !

Alors que je m’apprête à sortir dans la cour, un de mes collègues de classe m’arrête.

— Oui, dis-je, en m’adossant sur l'un des pilier de l’école.

— Je ne sais pas si tu te souviens de moi, mais je m'appelle Sta' et on a une partition de musique à rendre ce Jeudi.

Oh non! Le premier jour de la rentrée, en musique, on nous a donné un devoir. Je l'avais complétement oublié. Et surtout, je ne savais pas avec qui je le faisais.

— Désolé, j'avais oublié. On le fait cet après midi, dans la salle de musique.

Il me regarde d'une drôle de façon, ce qui me pousse à lui en demander la raison. Je dois avouer que ses yeux verts sont plutôt magnifique, en plus, il a deux tête de plus que moi et il possède un corps de sportif. Ses cheveux châtains lui arrivent presque sur les épaules et ça lui va plutôt bien.

— Eh bien, Kiny, je te connais, tu es une grande retardataire. Je suis dans cette école depuis au moins cinq ans et rares sont les jours où tu arrives à temps.

Ouais, le retard est souvent mon plus grand allié quand je suis obligée de faire ce qui me déplait. Mais la musique c’est la musique… Et puis, si c’est mon partenaire on ira bien plus vite.

— Promis, après le cours de mathématiques, on ira ensemble en salle de musique.

Il acquiesce, visiblement heureux avant de rejoindre ses potes tandis que moi je me dirige vers le Self. J'ai trop faim, et j'ai l'impression de ne pas avoir petit déjeuner ce matin.

— Je suis là ! Par ici !

Je souris à Anna qui ne cesse de gesticuler en agitant des bras. Les gens autour la regardent, mais elle s'en fiche pas mal. Voilà ce que j'aime le plus chez Anna, son assurance et son je-m'en-foutisme. Oui je sais que ça n'existe pas, mais avec Jules, ils ont ça en commun. Pourquoi je parle de lui d'ailleurs ?

— Salut, je suis désolée pour ces quelques jours. Je n'étais pas trop dans mon assiette.

— Ne t'inquiètes pas, Kiny. Je te connais depuis assez longtemps pour savoir à quel moment tu as besoin d'être seule. Maintenant, tout ce que je veux, c'est que tu gouttes à ce sandwich, il est trop bon !

Je ris tout en me dirigeant vers le comptoir.

— Bonjour Kiny. Ça faisait longtemps que je t'ai vu.

Berthe, la dame de la cantine, a dû s'absenter dès le mois d'octobre. Aujourd'hui, elle a repris son service, et j'en suis heureuse. Elle fait partie de ceux qui m'ont soutenu pendant mon deuil. Et c’est l’une des seules adultes à ne pas me juger.

— Tu m'as manqué ! dis-je, en serrant son épaule avec affection.

Je souris à cette dame au grand cœur. Elle me pince les deux joues comme à son habitude.

— Et ton fils, il s'est rétabli ?

Elle récupère un plateau de l’autre côté, y déposé un grand sandwich bien garni.

— Oh, oui, il remarche même. Sa cheville est restée enflée pendant les deux premiers mois. Mais il a fait des rééducations tout le mois de décembre. Il va super mieux.

Elle y ajoute ensuite un pot de yaourt ainsi que mon jus d'orange.
— J'en suis ravie. Désolé de ne pas avoir pu t'envoyer ton cadeau. Cette année, Noël a vraiment été chargé.

Et elle dispose enfin le flan au chocolat que nous avons comme dessert aujourd’hui. Miam…

— J'ai eu vent de ce qui s'est passé. Alors, tu tiens le coup ? Alena est toujours aussi mignonne qu'avant ?

Cette dame, une vraie perle. Elle sait transformer les situations les plus improbables en scène comique. Et son imagination débordante m’a plusieurs fois sorti du pétrin.

— Tout va pour le mieux. Maintenant, je vais manger, Anna m'attend.

Je reprends mon plateau désormais rempli, et je m'assois à côté de mon amie.

— Le sourire que tu affiches est divin. Je t'en prie Kiny, ne le perd plus, surtout pas pour un garçon.

Je l'aime cette fille. Même si je la repousse, elle est là, peut-être ne devrais-je plus la repousser. Elle est géniale, et elle est très sympa. Et moi je suis toujours là à me plaindre cintre la terre entière…

— Tu fais quoi après le cours de mathématiques ? demande t-elle, alors que je la vois prendre une nouvelle bouchée de ce met délicieux.

— Travailler ma partition de musique avec Stan. On a pas fini.

— N'oublie pas que jeudi c'est dans trois jours. Et cela veut dire que tu dois donner ton maximum.

— Je sais, je sais ! dis-je en croquant dans mon sandwich.

— Doucement, tu risques de salir ta robe. Même si le noir ne montre pas la saleté.

Depuis le début de l’année, mes vêtements sont plutôt sombre. Hier encore, je portait une robe bleu nuit, avec mes bottes. Aujourd’hui, j'ai opté pour un t-shirt noir enfilé dans un jeans noir avec une veste en cuir noire. Bien évidemment, mes chaussures aussi sont noires. Je frôle presque le look gothique…

— Tu as raison, le sandwich d'aujourd'hui est délicieux. Et si on se souvient que c’est Berthe qui la fait, c’est tout à fait normal. Elle cuisine trop bien.

— Calme ton enthousiasme ma belle. Je savais que tu adorais la bouffe. Mais pas jusqu’à ce point !

Parfois, il suffit qu’une simple phrase de mon amie pour que je me sente légère. Nous rions toutes les deux de bon cœur et on termine notre repas.

***

— Tu joues toujours aussi bien, me complimente mon binôme.

Assise devant le piano, je viens de finir la partition de musique que nous devions travailler. J'adore cette sensation que j'ai lorsque mes doigts survolent les touches noires et blanches. Et puis d’ailleurs, le violon s'accordait très bien avec le son du piano.

— Merci, Stan. Toi aussi tu te débrouilles pas mal.

Il sourit légèrement, dévoilant une dentition parfaite, y compris deux belles fossettes le creusant les joues

— Bon, maintenant que nous maîtrisons la partition au piano et au violon, que devons nous faire ?

Je m'empourpre légèrement quand il me fixe du regard. Il a sûrement remarqué que je le détaillais et ça me gêne parce que ce n’est pas dans mes habitudes.
 
— Euh… c'est tout je crois. Il nous reste plus qu'à rentrer, et surtout bien se détendre car jeudi ça va chauffer.

On se tape dans la main avant de sortir de la salle. Ça aussi ce n'est pas quelque chose que j'ai l’habitude de faire.

— Kiny ? m’appelle t-il alors que je me dirige vers les casiers.

— Oui, Stan.

— Je te préfère comme tu es maintenant. Souriante, gentille et surtout, tu ne rejettes plus ceux qui se rapprochent de toi.

Je lui souris timidement, personne ne m'a jamais parlé aussi franchement, hormis Anna, Mirna et Jules. De surcroît, c'est un garçon mignon qui ferait chavirer n'importe quelle fille. Je me perds vraiment là !

— Euh... ça te gêne que je te dise cela ?

Je me ressaisis rapidement pour mieux le répondre. Je ne suis pas le genre de fille à flancher dès le premier compliment.

— Non, pas du tout.

— Alors, pourquoi tu rougis ?

— Pour rien. Il fait un peu chaud ici.

Il sourit, c'est vraiment un très beau garçon, pourquoi ne l'ai-je pas remarqué plus tôt ?

— Bref, on se revoit jeudi ! dit-il en rejoignant ses amis.

Demain, on a tous quartier libre car les profs auront un conseil de discipline. Ça tombe bien, j’aurai du temps pour moi. En sortant de l’établissement, j’aperçois Jules au loin, discutant avec une des filles de l’équipe de volley-ball. Leur discussion est assez passionnée et je ressens un pincement au cœur. Avec moi, il ne se laisse jamais aller comme ça.

Finalement, c’est dans une atmosphère maussade que je rentre chez moi.

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Salut salut. Je viens avec un autre chapitre qui je l'espère, vous plaira !

Bonne lecture 🤗🤗🤗

Stéphanie 🖤

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