Chapitre 1

Six ans plus tard

Kiny

Je quitte rapidement le lit, me rendant compte qu'il est déjà six heures et demi. Je commence toujours les cours à sept heures quarante cinq, sauf le samedi car on commence à neuf heures. Il ne me reste plus qu'une heure maximum pour me préparer. Après tout, le retard et moi on est meilleurs amis !

Cette nuit, j'ai rêvé de mes parents. J'en ai l'habitude car je le fais depuis leur mort.

Je me souviens du jour où j'ai mis pied à l'orphelinat. Beaucoup de choses m'ont troublé, mais j'ai eu le soutien du père Roger et d'une none très gentille. On l'appelle Sœur Miller. Elle m'a prise sous son aile, elle m'a fait surmonter la plupart des problèmes que peut rencontrer une fille en pleine découverte d'elle-même. Elle est comme une deuxième maman, elle m'a conseillé jusqu'à aujourd'hui et elle continuera à le faire, c'est la promesse qu'elle m'a faite le deux janvier deux mille trois.

Le monsieur à la veste noire qui est sortie de la chambre de ma mère le jour de sa mort est un avocat. Depuis ce jour, il gère les finances laissées en mon nom. Si un jour Alena revenait, elle prendrait les rennes de l'entreprise de textile de mon père. Pour l'instant, le père Roger aide l'avocat à s'en charger. Certaines de mes affaires ont été partagées, d'autres vendues et l'argent est sur mon compte, compte dont je n'aurai accès qu'à mes 18ans. La maison m'appartient mais il me faut être majeur pour l'avoir. Je n'ai toujours aucune nouvelle de ma cousine, ni de Vianney. Les amis de mes parents sont venus me voir au début, ils ont fait des dons à l'orphelinat. Ce qui nous a permis de toujours avoir un repas et des vêtements, mais au fil du temps, les gens se lassent souvent. Ainsi, seule Danielle est restée. Grâce aux réserves de mes parents, j'avais des fournitures et une inscription jusqu'à la fin de ma scolarité.

Au fil des ans, je me suis renfermée, personne ne s'approche de moi, enfin hormis Anna Genk, une magnifique black au cheveux afro qui n'a pas peur des représailles, elle a tout fait pour que je me sente bien. Quand je suis retournée certains sont venus me réconforter d'autres se sont moqués de moi. J'ai été harcelée sous-prétexte que mes parents sont morts à cause de moi. Beaucoup de rumeurs ont circulé sur ça. Il y en a dit qui disait que je les ai sacrifié pour obtenir toute ces fortunes, et il y en a qui sont même aller dire à mes professeurs que j'avais avoué d'avoir bidouiller les freins de leur voiture. Sans le soutien d'Anna, nombreux auraient fini à l'hôpital.

J'ai même failli être violée par Riff, un de mes anciens collègues quand j'avais 15ans, c'est à dire l'an dernier. Il disait que je ne méritais même pas que quelqu'un me regarde, que j'étais la chose la plus dégueulasse qui puisse exister au monde. Ce jour là, on était à un spectacle de danse organisé par l'école. La nuit commençait déjà à tomber. Certains étaient rentrés avec leurs parents. La sœur Miller m'avait permis de rester encore une heure. J'étais très contente, mais j'aurais dû me méfier du calme qui précède la tempête.

En sortant d'un magasin, je buvais tranquillement du jus d'orange quand, quelqu'un mit sa main sur ma bouche, m'empêchant de sortir le moindre mot. J'ai été transportée dans une ruelle assez sombre, mais grâce à un sillon de lumière, j'ai vu son visage. Il a commencé par m'attacher les bras comme une voleuse, ensuite il m'embrassait de partout tout en soulevant ma jupe blanche. Il caressait mon corps avec ses doigts, ce qui me répugnait. Dans un ultime effort, je l'ai frappé dans les parties génitales, et par chance, certaines prises de mes cours de judo m'ont sorti d'affaire. J'ai crié très fort et Anna est venue détacher mes liens. Je les ai utilisé pour attacher mon ancien collègue. Il a été renvoyé, mais beaucoup de parents disaient que c'était de l'injustice. Selon eux, c'est moi était trop aguicheuse.

Depuis la mort de mes parents, mon monde a été détruit car le peu de compagnie que j'avais s'est restreint. Danielle avait des problèmes financiers et c'est mon père qui l'aidait. Elle a dû vendre sa maison pour tout payer. J'aurai tellement voulu qu'elle me prenne avec elle. Elle vient me voir, deux fois par mois depuis cinq ans. Avant, elle ne venait qu'une fois à cause du nouveau boulot qu'elle avait trouvé, au départ c'est toujours chiant. Ses enfants vivent maintenant en Australie avec leur père.

En bref, ma vie n'a plus été aussi mouvementée. Mes anniversaires sont de plus en plus nuls, et là je dois me dépêcher car il ne me reste que 30 minutes. Je file à la douche commune, qui doit être vide à cette heure-ci car certains dorment, d'autres sont déjà à l'école. Après ma douche, j'enfile une jupe noire patineuse, des bas en résilles couleur peau, un chemisier blanc et des ballerines noires. Mon sac de cours est blanc, j'y fourre tout ce dont j'aurai besoin puis je me dirige vers le miroir. « Noir et blanc, mes couleurs préférées ».

Mes cheveux blonds me tombent jusqu'au milieu du dos, avant ils étaient noirs mais ça me rappelait trop ma mère. Je les attache en queue de cheval basse puis je mets le pendentif que mes parents m'ont offert le jour de mes huit ans. Celui-ci en forme de cœur peut s'ouvrir et dedans il y a une photo de mes parents et moi, sur l'autre il y a Alena et Vianney. Finalement je suis prête à temps mais, il faut que je me dépêche, heureusement que je me maquillage légèrement.

Minhtown, la ville dans laquelle j'habite est très grande, et il y a tellement d'habitants que je le retrouve parfois en plein embouteillage humain. Aujourd'hui, j'ai fait de mon mieux pour arriver à temps, et j'arrive une minute après le professeur. C'est rare que je sois si à temps, d'habitude, je suis là à partir de huit heures.

-

Mademoiselle Roland, que nous vaut l'honneur de vous voir si tôt aujourd'hui ? me demande Mr Smith, prof de français.

- Eh bien monsieur aujourd'hui mon réveil a sonné plus tôt. J'ai donc eu la chance d'avoir la salle de bain pour moi toute seule, vous savez à quel point les gens sont lents à l'orphelinat !

Toute la classe rit et je me mets au fond, ma place habituelle quoi ! J'aime rire les, d'une manière ou d'une autre car j'ai l'impression d'être comme mon père. Mais, par moment, il m'arrive de ne pas contrôler mes mots. Je suis peut-être orpheline mais il ne faut pas aussi que j'en abuse. D'où, je respecte tout ceux qui me respectent, je respecte aussi mes professeurs ainsi que les parents qui ne me traitent pas de prostituée.

Le cours de français est fondamental pour les élèves de première, car si on ne satisfaisait pas, on redouble. Noël c'est dans trois semaines et aujourd'hui il y a déjà un air glacial dehors.

Pendant le cours, quelqu'un frappe et le directeur entre avec un garçon. Il prend le prof de côté, lui dit quelque chose et il s'adresse à nous avant de sortir en disant :

« - Travaillez-bien les enfants !!! » .

Le professeur fait alors signe à l'autre garçon pour qu'il se place devant nous, celui-ci s'exécute et baisse la tête .

- Alors, voici un nouveau venu, déclare Mr Smith en caressant sa barbe. Présentez-vous s'il vous plait, lui dit-il après un moment.

Je l'observe triturer le bout de son T-shirt blanc. Il est assez grand et avec son corps, on voit qu'il fait régulièrement du sport. Son T-shirt est assez moulant et rien qu'en respirant, ses muscles saillant se contractent, malgré le blouson noir qu'il a mis par-dessus. Il porte un jeans noir et des « All stars » noires. Ses cheveux de couleur brune sont en bataille, et il porte un collier en argent autour du coup.

Il ne manquerait plus que le pendentif à la place de ce J.

Je vous présente ma conscience ! Une voix super agaçante qui n'arrête pas de m'importuner. J'ai parfois l'impression que c'est une autre personne qui me parle.

Le jeune relève la tête, regarde toute la salle puis il s'attarde sur moi quelques secondes avant de se présenter. Je baisse rapidement les yeux, j'ai pas l'habitude de regarder les gens dans les yeux, c'est vrai que j'ai l'allure d'une dure à cuire, mais je connais mes limites.

- Je m'appelle Jules Édouard Celvhino, dans trois semaines j'aurai dix huit ans et j'ai redoublé deux fois ma seconde. Je viens d'emménager à Minhtown avec mes parents, et on me colle dans cette école de...

- Très bien, le coupe le professeur qui a certainement senti la vulgarité qu'il allait balancer en plein cours. Prenez place.

Il paraît déjà agacé de la désinvolture du nouveau. Celui-ci balaie à nouveau la salle des yeux puis se dirige vers moi, mon cœur bat de plus en plus vite et je le vois s'asseoir à la place d'à côté. Je n'ai jamais ressenti autant de mélange de sentiments quand j'ai croisé son regard. Ses yeux gris m'ont littéralement transpercé quand je l'ai fixé. Il y a une sorte de mystère en lui, ce qui suscite ma curiosité. Et ma conscience me rappelle que la curiosité est un bien vilain défaut.

Le cours continue, et je n'ai pratiquement rien suivi comme d'habitude. À neuf heures quarante cinq, le son libérateur de la sonnerie est déclenché et tous les élèves se précipitent vers la sortie. Je traîne des pieds pour ne pas être bousculé, et quand j'atteint la porte, Mr Smith m'interpelle.

- Miss Roland, venez s'il vous plait.

Je souffle bruyamment pour qu'il comprenne que je suis exaspérée, avant de m'avancer.

- Je vous ai interpellé à plusieurs reprises pendant le cours mais comme toujours, vous rêvassiez.

- Désolée monsieur, mais aujourd'hui je n'ai pas d'excuses à vous donner.

- Comme toujours d'ailleurs ! Bon, aujourd'hui je ne vous punirais pas selon les règles habituelles car elles n'ont plus d'effet sur vous. Votre punition portera sur l'intégration de notre nouveau venu, me dit-il d'un air fier.

- Je ne suis pas une babysitteur à ce que je sache, dis-je sur un ton d'exaspération.

Non mais sérieux, déjà que ce type m'intimide avec ses yeux d'acier, devenir sa babysitteur, alors là « non merci ».

- Je ne veux pas être un fardeau pour quelqu'un ici. Je sais me débrouiller tout seul, déclare une voix légèrement rauque dans mon dos.

Le professeur et moi nous nous retournons pour tomber sur un Jules légèrement en colère. Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête, mais ça m'arrangerait peut-être qu'il tienne tête au professeur.

- Vous voyez monsieur, je préfère nettoyer les toilettes pendant deux semaines comme d'habitude. Le babysitting ce n'est pas pour moi, tentais-je pour essayer de m'en sortir.

Depuis le début de l'année, il ne tient pas souvent compte de mes arguments quand il s'agit de punition, je croise donc les doigts pour qu'il accepte enfin.

- Laissez moi vous dire Miss Roland, que vous le vouliez ou non c'est votre punition. Et vous Mr Celvhino, si vous ne voulez pas faire ce que je dis, vous êtes sous mon autorité et vous tout de même obligé de suivre mes recommandations, dit-il avant de sortir d'un air triomphal.

Moi qui espérait qu'il me donne une punition moins encombrante. Dommage. Il est neuf heures cinquante et je dois me dépêcher si je veux manger.

Il me reste encore les maths et la musique. Au moins, ces deux matières sont géniales. A la cantine, il y a un boucan infernal. Apparemment aujourd'hui, on mange des pommes de terre frites, et du bœuf. La cuisinière sait s'y prendre pour nourrir des jeunes. Plateau en main, je me dirige à ma place habituelle, tout en me faisant insulter par les groupies de populaires.

Ils me sortent le blablas habituel du genre :
« - Rentre dans ta maison d'orphelin ! Après tout tu ne sers à rien ! ».
Parfois on me dit: « - Dégage ! ici on a tous des parents, même s'il y en a qu'un seul ! » ou encore : « - Eh la judoka tu nous fait une démonstration ? Oh non tu as peur de te casser le bras, pauvre chérie ! ».

Bref, je m'en fiche pas mal. Avant je pleurais quand je rentrais à l'orphelinat. Mais après, les mots de ma mère me disant de toujours me défendre et de défendre mes sentiments m'ont aidé à le supporter. Et là, ça fait au moins trois ans que je n'y prête plus attention étant donné que je me répète les mots de maman comme un mantra.

Je rétorque un " change de disque " à Marc Pivot, grand mec avec tout ce qui peut faire chavirer une fille, puis je vais m'asseoir à coté d'Anna pour manger. Pris de court par ma répartie, devenue presque inhabituelle ces temps ci, il trébuche et son plateau se renverse sur lui, il tombe de tout son poids en faisant beaucoup de bruit . Un silence s'abat dans la cantine avant que tout le monde ne se moque de lui.

Il se sent tellement honteux que j'en souris. Bien fait pour lui!

- T'étais presque à temps aujourd'hui, que s'est-il passé ? me demande t-elle avant d'enfourner une poignée de frite dans sa bouche.

- Rien de spécial, j'ai quitté le lit précipitamment à cause des mes cauchemars.

Elle me regarde, sans pitié car elle sait que je déteste ça. Mais parfois elle me réconforte avec un regard tendre et un joli sourire. Nous continuer de manger avant que la sonnerie ne se fasse entendre.

Les deux derniers cours se passe rapidement tellement je participe. Il est quatorze heures quand je récupère mes affaires dans mon casier, et je me dirige vers la sortie. Aujourd'hui, Anna doit rendre visite au dentiste, je vais donc rentrer seule.

- Eh, Roland, m'interpelle une voix assez grave.

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Cc les gens.

J'espère que ce premier chapitre vous a plu.

Stéphanie♥

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