24.
Je m'écarte, haletante, de Jason lorsqu'un bruit de pas me sort de ma transe. Reprenant difficilement ma respiration, ses yeux me jaugent.
— Qu'est-ce que tu as, Eden ?
Haussant un sourcil à mon tour, je lui réponds :
— Je ne sais pas de quoi tu parles, tout va bien.
Ma réponse est rapide, et peu convaincante, même pour moi.
— D'accord, alors t'as pas failli faire péter l'alimentation et tu n'as pas déchiré le déguisement de Faith.
— Je n'ai rien fait, et puis je ne la connais même pas cette "Faith", je ne vois pas pourquoi j'aurais un rapport avec le fait qu'elle ne connaisse pas son tour de fesses, maugrée-je.
Un sourire sur les lèvres, il m'entraine à l'intérieur en m'attrapant la main une nouvelle fois. Il nous dirige vers la piste de danse improvisée. Évidemment, ça se passe comme dans les films. Au moment où nous arrivons, la musique change pour une musique plus douce et intime. Sans aucune hésitation, Jason place ses mains dans mon dos pour me coller à lui. Nous sommes donc collé l'un à l'autre, à la vue de tous. Je me sens un peu mal à l'aise, mais je me laisse aller pour éviter une nouvelle catastrophe.
Sa tête près de mon oreille me permet de l'entendre murmurer :
— Je sens qu'il y a plus que de la jalousie, explique-moi ce qu'il s'est passé, Eden.
Je m'arrête de danser et m'écarte de lui. Je fais demi-tour et m'éloigne de lui lorsqu'il me rattrape.
— Je peux savoir ce que tu fous, princesse ?
— Écoute, Jaz, si je voulais en parler, je le ferai, mais comme tu peux t'en rendre compte par toi-même, ce n'est pas le cas. Maintenant, tu devrais voir comment va ta copine avec le cul à l'air, je dois aller voir Vé.
Je me dirige vers la cuisine pour noyer tous mes problèmes. Jason a eu la bonne idée de ne pas me suivre, comme quoi, de temps en temps, il est capable de comprendre ce qu'on lui dit. Je me sens un peu mal à l'idée de me défouler sur lui, mais lui, plus que quiconque, sait que ma vie ne ressemble pas vraiment à un arc-en-ciel avec des paillettes et des licornes.
Ce n'est que lorsque je commence à tanguer que je me rends compte que cela fait de nombreuses minutes que j'ai commencé à boire, mais je ne me suis jamais arrêtée. Sans raison apparente, je repense à Jason. Son sourire, ses mains sur ma peau... L'alcool agit indéniablement comme un aphrodisiaque, je pense même être en train de mouiller mes sous-vêtements. Cependant, l'imaginer avec l'autre calme mes ardeurs assez rapidement. Mes sentiments sont sur les montagnes russes.
Je finis de sortir de la cuisine, avec la tête qui tourne beaucoup trop pour être stable. Je rejoins Vé qui visiblement n'a pas fait que regarder les autres boire. Elle semble en grande conversation avec... Sam. Un pincement au cœur se fait ressentir.
Je sens que je suis en colère contre Sam, mais ça me semble impossible. Il est tellement adorable, et gentil, et mignon... C'est lui que je devrais choisir. Pourtant, j'ai la sensation que j'oublie quelque chose. Mais je n'y prête pas attention.
Je me rapproche d'eux et leur demande comment se passe leur soirée. Sam me dévisage avec une expression différente, tandis que Vé s'amuse de mon alcoolémie avancée.
— Eh bien, c'est malin, comment on va rentrer maintenant, Den ? me demande Véia, sans l'ombre d'un reproche dans la voix.
Je m'apprête à répondre lorsque j'entends une voix rauque répondre à ma place :
— Je vous ramène.
Jaz.
— Ben tiens ! Jason le chevalier servant de retour, dis-je en me moquant largement de lui.
Ça ne semble pas le faire rire. Je rajoute :
— De toute façon, je m'amuse bien ici, je n'ai pas besoin que tu nous ramènes.
Je pose mes ailes factices dans un coin pour qu'elles arrêtent de m'encombrer. Je réajuste aussi ma robe qui a tendance à remonter à cause des collants.
— Je te ramène, Eden. Je ne suis pas en train de négocier.
— De mieux en mieux, c'est quoi la suite ? Me séquestrer et m'obliger à t'appeler papa ?
La fureur atteint son regard et le rouge lui monte aux joues. Je ne pense pas l'avoir déjà vu aussi en colère.
— Tu es tellement bourrée que tu n'es plus capable de descendre ta robe de manière décente, j'ai déjà vu au moins 3 mecs qui seraient prêts à profiter de ton état, alors je te ramène tout de suite. Et n'essaie même pas de m'en empêcher, je ne laisserai pas ça arriver.
— JE. N'AI. PAS. BESOIN. DE. T...
Je suis coupée dans ma phrase lorsqu'il me soulève comme un vieux sac à patates et me met sur son épaule.
— Je te ramène Vé ? Tu peux prendre ses ailes ?
Je n'entends pas sa réponse, je suis trop occupée à gueuler comme un putois :
— Pose moi tout de suite par terre, espèce de malade !
Je tape sur son dos et veux utiliser mes pouvoirs, mais je suis trop alcoolisée pour ça. Je me laisse finalement embarquée jusqu'à ma voiture. Lorsque Jason me pose, ou plutôt me jette au sol, je m'étale par terre et m'entaille le genou. Jason, toujours de mauvaise humeur et sans la moindre considération pour mon état, m'ordonne de lui donner les clés. Je les lui donne sans un mot et monte à l'arrière pour ne pas croiser son regard. Je repense à Sam... lui ne me ferait jamais ça... alors pourquoi je n'arrive pas à le choisir? Et qu'est-ce qui continue de m'échapper à son sujet?
Le trajet est très froid, même carrément glacial. Personne n'ose dire un mot, même pas Vé. Lorsque la voiture s'arrête, je bondis pour aller à l'encontre de mon amie. Jaz a la bonne idée de lui souhaiter une bonne nuit sans sortir de la voiture.
— Ça va aller si je te laisse seule avec lui? me demande Vé visiblement inquiète.
— Il ne me ferait jamais de mal... mais crois-moi, je ne suis pas prête de lui pardonner son comportement d'homme de Cro-Magnon. Je ne suis même pas sa copine, il a passé toute sa soirée avec Catwoman puis il me fait une crise pour me protéger ensuite ? Il est taré...
Véia m'étudie un moment puis je la raccompagne jusqu'à sa chambre. Nous ne parlons pas, nous n'en avons pas besoin. Elle me serre dans ses bras et je la quitte à contre cœur après l'avoir remerciée d'être toujours là pour moi.
Je retourne à la voiture en traînant les pieds. Je fais le trajet seule, pourtant, je sens la présence de Jaz à l'intérieur de moi. Il me scrute pour me ressentir et savoir où je suis. Le traceur GPS vivant... incroyable...
Je le retrouve assis sur le capot de ma voiture, la mine toujours sombre.
Lorsque j'arrive à son niveau, il ouvre la bouche pour parler, mais je l'arrête d'un signe de la main.
— Si tu ne veux pas que je fasse exploser toutes les ampoules du quartier en imaginant que c'est ta tête qui éclate, tu ferais mieux de la fermer.
Puis je m'assieds sur le siège passager en restant le regard fixé vers l'extérieur. Je ne lui adresse pas même un regard quand il entre à son tour dans la voiture pour me reconduire jusqu'à chez moi.
J'aperçois mon immeuble, mais Jason ne ralentit pas alors qu'il y a des places devant. Suspicieuse, je lui demande :
— T'as oublié mon adresse ?
— Non.
— Alors tu attends quoi pour te garer ?
— On va chez moi ce soir. Je ne peux pas te laisser seule dans cet état, et je dois rentrer chez moi.
— Donc finalement j'étais pas si loin en parlant de séquestration...
— Avec un peu de chance tu finiras par comprendre que je fais ça pour toi. On est presque arrivé.
J'ai envie de crier, de le forcer à s'arrêter, mais je sais que c'est peine perdue. Je tente de me contenir puisque je vois les voyants et les phares de la voiture vaciller. Sans cacher son mécontentement, Jason soupire :
— Tu comptes faire sauter la voiture ? Parce que si c'est pour te débarrasser de moi, c'est perdu d'avance. Je survivrai. Tu perdras juste ta nouvelle caisse, alors calme-toi maintenant, princesse.
Je fais ce qu'il me dit, puisque ça serait difficile d'expliquer à l'assurance que j'ai perdu deux voitures en l'espace d'un mois. Je parviens à me canaliser en me concentrant sur mon énergie, mais l'alcool n'aidant pas, c'est très compliqué. Après avoir clignoté un moment, toutes les lumières se rallument normalement. La clarté m'éblouit et toute la soirée me revient en mémoire. Les flammes dans l'aura de Sam... La réalité me percute de plein fouet. Comment ai-je pu oublier ça ?!
Je reprends contenance et me force à rester calme.
— Merci d'y mettre enfin du tien.
— Je le fais pour ma voiture, certainement pas pour toi.
Après avoir garé la voiture, il sort sans un mot. Je lui emboite le pas et marche silencieusement à côté de lui. Je tente de mémoriser le chemin pour pouvoir récupérer ma voiture et partir dès que je serai sobre.
Nous arrivons face à la porte d'un immeuble de cinq ou six étages. Nous prenons l'ascenseur et la tension est à son comble. Je reste calme au possible, je n'ai pas envie qu'on reste coincé dans cet ascenseur toute la nuit. J'ai envie d'être proche de lui, je sens encore ses lèvres sur les miennes, mais son comportement me révulse. Je ne suis pas une petite chose qu'il faut protéger. Et puis "Faith"? Je ne sais même pas quoi penser d'elle. Se rendant compte de l'énergie qui bouillonne en moi, il m'attrape la main et mes sentiments ambivalents s'atténuent instantanément.
Nous sortons au sixième et dernier étage. Je le suis jusqu'à un appartement bien plus spacieux que le mien. Ce n'est pas un palace, mais de l'entrée, j'aperçois un grand salon contenant un grand canapé blanc et une table basse en verre qui font face à un écran de télévision.
Une boule de poil blanche arrive vers nous, se collant à Jason et ronronnant de plaisir. Incrédule, je demande :
— Tu as un chat ?
— Oui, je te présente Bounty. C'est pour ça que je devais rentrer, je n'avais pas prévu de la laisser seule ce soir.
Abasourdie, je le laisse m'entrainer pour qu'il me fasse visiter l'appartement. Je vois donc une cuisine dont les meubles sont rouges et le plan de travail noir. Je ne suis pas une grande cuisinière, mais avec une cuisine aussi spacieuse, je suis sûre que je pourrais le devenir. La salle de bain ressemble un peu à la mienne, mais en plus grande. Une douche plus grande que la mienne, un miroir plus grand que le mien, des étagères, etc. Et enfin, la chambre est spacieuse et simple. Une grande baie vitrée et des rideaux blancs d'un côté et un lit avec des draps noirs et des meubles gris de l'autre.
Il ouvre un tiroir de la commode, et prend un t-shirt et un caleçon qu'il me tend ensuite.
— Tu peux aller te doucher, si tu veux. Tu devrais trouver du démaquillant dans la salle de bain.
Une ombre de jalousie obscurcit mes pensées quand je me rends compte qu'il a le nécessaire pour qu'une femme vive ici... Elle en a de la chance Catwoman.
Comme s'il lisait dans mes pensées, il sourit mystérieusement en me jaugeant avant d'ajouter :
— Comme j'ai mis du maquillage sur mes yeux, j'ai aussi acheté du démaquillant.
Un peu soulagée, mais pas entièrement, je me dirige vers la salle de bain, sans un mot. Je ne me sens pas prête à lui parler pour l'instant.
Je suis cependant ravie de remarquer que le démaquillant n'est pas entamé. Je me démaquille et retire mes vêtements. Je me place sous le jet d'eau chaude. Je me sens tellement apaisée sous cette chaleur. Je profite un instant de ce bien-être naissant pour décompresser. Mes perceptions sont fortement diminuées. Quelle idée de boire autant... mais je me concentre sur mon énergie. Il faut que je fasse le vide, où on n'arrivera pas à rester tous les deux vivants cette nuit.
Je panique en entendant la porte de la salle de bain s'ouvrir, mais personne ne rentre. Seule la voix rauque de Jason se fait entendre :
— Tout va bien ? Pas de crise énergétique en vue ?
Grommelant dans ma barbe, je lui indique que tout va bien, et il referme la porte.
Je sors de la douche, me sèche avec une serviette trouvé sur une de ses étagères et j'enfile les vêtements qu'il m'a prêtés. L'avantage de ne pas être fine et mince comme la plupart des filles qu'on voit dans les films, c'est que le t-shirt s'ajuste à mes formes. A côté des filles qui semblent perdues dans un haut qui leur arrive aux genoux, je ne me sens pas si mal dans se pyjama. Il est serré à la poitrine et plus lâche au niveau du ventre et tombe sur le haut de mes cuisses devant, et sur la moitié de mes fesses derrière. Le caleçon, lui, n'est pas si différent de mes shorts de pyjama au final. Je ne me sens pas mal à l'aise ou quoi que ce soit. Du moins, pas pour ma tenue. Je me regarde un instant dans le miroir embué. J'ai bien réussi à retirer la coloration de mes cheveux. Je les attache négligemment, ils sécheront à l'air libre.
Je m'apprête à sortir de la salle de bain, mais je reste perdue dans mes pensées. Quand je repense à la façon dont il m'a trimballée hors de la fraternité... C'est un homme surprenant, non seulement, il est canon, mais en plus, c'est un homme arrogant et qui a un chat. Comme si c'était permis de combiner l'arrogance, le physique et la tendresse... Il doit sortir d'un livre ou d'un film, ce n'est pas possible autrement, il ne peut pas être réel...
Je sors de la salle de bain et me trouve nez à nez avec un Jaz souriant avec suffisance, et sans t-shirt...
Qu'est-ce que je vous disais, sorti d'un putain de bouquin...
***
Coucou tout le monde !
Comme toujours j'espère que vous aimez toujours autant ! Ça parait rien, c'est subtile, mais on voit une nouvelle face de Jason. Qui aurait pu penser que c'était le genre de mec à prendre soin d'un animal ?
Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à me donner votre avis sur ce chapitre.
Je galère un peu en ce moment, ma rentrée est très très très prenante, alors j'ai pas pu écrire une seule fois cette semaine. J'espère rattraper mon retard pour maintenir les chapitres le samedi !
Bisous bisous !
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