PARTIE 3.3


{ Amelia }

-Dieu du ciel ! Amelia Valentyne, où diable étais-tu ?

-Tu as utilisé dieu et diable dans la même phrase...

-Je ne plaisante pas, s'énerva-t-il en m'attrapant par le bras pour me tirer à l'intérieur de la maison.

-Je suis désolée papa, je ne voulais pas...

Ma phrase resta en suspend lorsque mes yeux se posèrent sur Jaycen. Il portait une chemise blanche froissée et tâchée, à moitié ouverte, et ses cheveux étaient dans un indescriptible désordre.

Il avait l'air d'avoir passé une sale journée.

Mais il ne pouvait pas me battre.

-Bonjour Jaycen, dis-je pour ne pas créer une tension que papa pourrait remarquer.

-Bonjour Lia, répondit-il avec un sourire crispé.

Il avait l'air de m'en vouloir, et pour je ne sais quelle raison je trouvais cela injuste. Ses grandes mains passèrent doucement sur son menton tandis que papa me réprimandait sur mon comportement.

Je ne devais pas avoir répondu à une question, puisqu'il attendait subitement une réponse.

-Si tu te demandes où j'étais passée, je faisais les boutiques avec ma nouvelle amie...Octavia.

Ils n'avait qu'à tourner la tête pour voir mon crâne ensanglanté. Mais papa ne remarqua rien.

Son visage, au contraire, s'illumina. Il devait être fier pour moi. J'eus un léger pincement au cœur en lui lançant ce mensonge. Il n'était plus énervé désormais.

-Tu t'es faite une amie ?

J'hochais la tête. Le regard de Jaycen se faisait intense.

-Tu veux boire quelque chose ? Demanda-t-il en se tournant vers Jaycen.

Il refusa poliment, admettant qu'il avait beaucoup de travail à rattraper. Je me demandais pourquoi, étant donné qu'il gérait généralement son travail de façon à ne pas avoir à trop travailler le week-end.

Je tremblais encore à la seule pensée de retrouver les inconnus d'hier soir. La douleur qu'ils m'avaient infligée avait beau ne pas être trop visible, elle me brûlait de l'intérieur.

Je me déplaçais doucement, avec difficulté, et priait pour que l'on ne remarque rien.

-Amélia, tu devras accompagné Jaycen demain matin pour les essayages.

Je déglutis en cherchant son regard. Il l'évitait.

Papa se servit rapidement un verre dans la cuisine, et pendant ce temps, je cherchais à questionner Jaycen des yeux.

Mission impossible.

-Donc, tu seras prête demain dés l'aube ?

-Quel genre...d'essayages ? Demandais-je, hésitante.

-Voyons, ne sois pas idiote. Le costume pour la cérémonie. Le mariage est pour bientôt, rajouta-t-il en tapotant l'épaule de Jay.

Aucune expression lisible sur son visage, j'en conclus que la décision ne venait pas de lui mais de papa. Jaycen ne m'aurait jamais invité pour essayer son costume.

Cela aurait été inconvenant.

Enfin seule dans ma chambre, je me ruais dans la salle de bain avant de verser toutes les larmes de mon corps. J'avais mal. Mais je ne savais plus si c'était une douleur physique ou mentale.

Le lendemain matin, Jaycen m'attendait en bas de la maison. Pauline me réveilla bien tard, et c'est en jogging que je sortis pour le rejoindre. Il me dévisagea un instant, le sourire aux lèvres, et m'ouvrit la portière de sa voiture.

Je rentrais silencieusement à l'intérieur, et le trajet fut rudement long. Il ne pipa pas un seul mot de tout le chemin, sauf pour me demander si j'avais trop chaud.

Pas de cette façon, pensais-je.

Nous étions rentrés dans une galerie quand je reconnus que tous ceux qui s'y baladaient portaient des robes de couturiers et des costumes hors de prix.

Jaycen avait l'air de connaître l'endroit par coeur, il parcourait aisément les allées à la recherche de son magasin. Je le suivais en tentant de le rattraper du mieux que je le pouvais. J'étais éssouflée lorsqu'il s'arrêta à l'entrée d'un magasin du nom de "Luxury".

-Très classe, ironisais-je à voix basse.

-Ils sont très compétents, répondit Jay en me faisant un signe de tête pour rentrer.

Je rougis instantanément. J'aurais du me taire.

Une femme vêtue de noir nous accueillit. Jaycen était un bon client, elle le reconnut aussitôt. Je fronçais les sourcils à chaque fois qu'elle posait malencontreusement une main sur son épaule. Elle faisait paraître cela pour un geste naturel et amical, mais c'était une tentative de séduction fort connue des femmes.

-Bon, m'énervais-je, vous nous montrez la marchandise ?

Elle se tourna enfin vers moi, et j'en déduis vite qu'elle n'appréciait pas tellement ma tenue. Elle me lança un sourire qui sonnait aussi faux que mes chants au primaire.

-Suivez-moi.

Et nous la suivions comme des petits idiots. J'avais l'impression de tourner dans un film, et que j'étais figurante. Sauf que là, je n'étais pas payée et c'était tout sauf une œuvre de fiction.

La femme au merveilleux nom de Charlotte m'invita à m'asseoir pour attendre Jaycen. Elle lui avait proposé un pantalon simple noir et en voyant le prix exorbitant pour un simple pantalon, je ne pouvais m'empêcher d'écarquiller les yeux et penser à combien de macdo j'aurais pu manger pour ce prix.

Je jouais avec les lacets de mes baskets lorsqu'une paire de chaussure noire écrasa mon lacet droit. En relevant les yeux, je reconnus ce beau brun aux yeux gris...

-Even ?

Il était absolument magnifique et...élégant.

-Que fais-tu ici ? Chuchotais-je.

-Je ne sais pas pourquoi tu murmures, répondit-il à voix basse, mais je suis ici pour acheter une tenue de mariage.

-Tu vas te marier ? Blaguais-je.

-Non. Pas encore, répondit-il simplement en plongeant son regard métallique dans le mien.

Je ravalais ma salive.

-Tu as des goûts prononcés, continuais-je pour changer de sujet.

-Oui. C'est un mariage important. Et toi, que fais-tu ici ? Je ne pensais jamais te voir ici.

Je fus un peu contrariée par ce commentaire. Lorsque j'ouvris la bouche pour lui répondre, j'entendis un bruit de rideaux dans mon dos.

Je me retournais instantanément, éberluée par la vue qui s'offrait à moi.

-Tu es super, commentais-je sincèrement à l'adresse de Jaycen.

Il fixait Even.

-Oh ! M'exclamais-je, voici Even, c'est un ami...

-Even, bonjour, dit-il en lui serrant la main.

-Bonjour Hudson, répondit celui-ci.

Je devais avoir raté un épisode.

-Je vais le prendre, déclara Even à l'intention d'une métisse aux yeux verts qui devait s'occuper de lui, je suis vraiment heureux de t'avoir vu...

-Amelia, allons-y, reprit Jaycen en souriant simplement.

-Amelia, répéta Even comme pour s'imprégner de mon prénom, nous nous reverrons.

Je rougis lorsqu'il embrassa ma main d'un geste furtif. Il disparut des essayages et ma main resta paralysée en l'air. Jaycen me fit reprendre mes esprits en pressant ma taille.

Je grimaçais de douleur, et un léger gémissement s'échappa de mes lèvres. Je me retins, mais la douleur et les crampes étaient bien trop fortes pour le supporter...

-Jaycen, je...

-Lia ? Est-ce que ça va ?

Mais je m'écroulais déjà dans ses bras, incapable de me tenir sur mes jambes. Ce qui suivit se déroula pendant mon inconscience temporaire, et c'est sur le canapé de Jaycen que je me retrouvais.

En ouvrant les yeux, je vis Jaycen torse nu à quelques mètres sur un siège, la main dans les cheveux et le regard lointain. Je toussais légèrement pour le faire réagir, et il se releva immédiatement.

-J'étais terrifié ! S'exclama-t-il en s'asseyant près de moi.

Je posais ma tête sur son épaule pour m'asseoir correctement. Il passa sa main dans mes cheveux, jouant avec les pointes en attendant que je reprenne complètement mes esprits.

-Jaycen je n'ai pas été honnête avec toi...

-Je sais. J'ai vu, répondit-il la seconde suivante, et celui qui a osé lever la main sur toi sera puni. Sévèrement. Dis-moi qui t'as fait ça.

Je tentais de m'échapper, mais il m'en empêcha en attrapant mon visage dans ses mains. Je resta paralysée.

-Dis-moi, répéta-t-il d'une voix plus douce.

-Je ne peux pas...

Une larme dévala le long de ma joue, incontrôlable. Jaycen l'essuya du bout des doigts.

-Je veux t'aider, ajouta-t-il.

-Où est Emma ?

-Elle n'est pas là.

-D'accord. Jaycen, c'est moi qui voulais t'aider...

Je ne pouvais plus lui cacher la vérité sur Elec et ses menaces. Jaycen m'écouta attentivement, en hochant la tête de temps en temps comme pour digérer les informations et maîtriser ses émotions. Il ne paraissait pas en colère, mais ...quelque peu triste.

-Lia, déclara-t-il en essuyant de nouvelles larmes, pourquoi est-ce que tu as enduré ça toute seule ?

-Parce que tout est ma faute, dis-je en pleurant de plus belle.

Je me sentais ridicule, mais l'intérêt que Jaycen me portait était rassurant.

-Ce n'est pas...Ce n'est pas ta faute, bon sang Lia ! C'est une faute mutuelle, d'accord ? Je suis aussi fautif que toi. Je t'ai embrassé. Tu aurais du m'en parler avant.

-Mais...Le mariage était plus important et je ne voulais pas...te le gâcher.

Il déplaça ses paumes de mains dérrière ma nuque et je sentis ses lèvres chaudes se poser contre les miennes. La sensation me donna l'impression de m'être évadée, et le goût de ses lèvres m'avait tellement manqué...

Il rompit le baiser sans perturber la distance entre nous. Avant de me laisser respirer, il murmura contre mes lèvres :

-Rien ne sera jamais plus important que toi.

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