PARTIE 2.4

{ Amelia }

-Qu'est-ce que c'était que ça ? Me réprimandait-il.

Le procès était fini, et Jaycen avait réussi à mettre le coupable entre les barreaux. Je n'ai pas eu le temps de le féliciter, qu'il me tirait déjà par le bras.

Il vérifiait si personne n'était présent dans une pièce avant de m'entraîner dedans. Il la ferma à clé aussitôt, et je pris une grande inspiration pour lui répondre le plus calmement possible :

-Je ne sais pas...Elles étaient si méchantes et elles...

-Ecoute, Lia. Tu ne vis pas dans un monde tout rose, les personnes que tu côtoies ne sont pas toutes là pour complimenter tes tenues. Alors grandis, et arrête de te comporter comme une adolescente rebelle.

Je n'aimais pas du tout la manière dont il me traitait, alors je le lui fit comprendre en le poussant.

-Je ne suis pas une adolescente, j'ai dix-huit ans, lui rappelais-je en le défiant du regard, et tu le sais très bien parce que dans le cas contraire tu ne m'aurais jamais embrassée.

Je jouissais intérieurement de sa surprise aisément visible sur son visage. Il avait pris une teinte blanche, et en passant une main dans ses cheveux je compris qu'il n'était plus aussi confiant qu'avant.

-C'était une erreur, ça ne doit plus...

-Jamais arriver, le coupais-je.

J'entendais cette phrase bien trop de fois. Comme si me faire humilier n'était pas suffisant, j'avais besoin d'un Jaycen qui se comportait comme un papa protecteur.

Il soupira.

-Tu es encore trop jeune pour comprendre la gravité de la situation. Je crève d'envie de toi, et je crèverai si j'ose encore te faire quoi que ce soit.

Je rougis à l'entente de ses paroles, l'entendant me dire qu'il avait envie de moi me rendait à la fois joyeuse et excitée. Dans le sens moral, bien entendu.

-Tu as envie de moi ? Répétais-je pour l'entendre le dire à nouveau.

Il me sourit simplement.

-Tu as très bien entendu.

J'avançais d'un pas.

-Je veux que tu me le répètes.

Je me mis sur la pointe des pieds pour atteindre son cou. J'y déposais un baiser, espérant qu'il ne s'éloignerait pas violemment.

J'étais irrémédiablement attiré par lui, et chaque fois que je le voyais aussi près, je ressentais cette envie brûlante de le toucher.

Je voulais toucher sa peau, plonger ma main dans ses cheveux, et y respirer son odeur masculine et si familière.

-Lia...

Je pris une grande inspiration, et mon élan pour atteindre ses lèvres fut interrompu par sa main sur ma bouche. J'ouvris grand les yeux en le voyant me regarder avec fureur.

-Arrête, me dit-il faiblement.

Je retirais sa main d'un simple geste, il la laissa retomber le long de son corps. Je desserrais sa cravate qui m'avait l'air bien trop serrée pour lui être confortable, et il arrêta mon geste à nouveau.

-Ne joue pas à ça avec moi, m'avertit-il.

-Sinon quoi ? Risquais-je de demander, le sourire aux lèvres.

Je ne sais pas comment j'ai eu le cran de m'aventurer dans ce territoire inconnu, mais j'aimais la manière qu'il avait de me repousser parce qu'il me désirait autant que je le désirais.

-Sinon, je ne serais plus capable de me retenir.

Je vis une mèche de ses cheveux retomber, et je cédais à l'envie d'y plonger ma main pour les caresser. Je vis ses yeux bleus se foncer, ils prenaient une teinte noire, comme s'il souffrait rien qu'en gardant les yeux ouverts.

-Alors ne te retiens pas, murmurais-je en longeant de mes mains sa nuque.

Il semblait se contenir, alors je déplaçais mes mains sur son costume, et je le sentis se contracter à travers le tissu.

-Tu me rends fou, me dit-il en fermant les yeux.

Je l'appelais par son prénom pour qu'il reste avec moi. Je ne voulais pas qu'il se mette à penser que c'était mal et qu'il devait se contenir. Je le voulais pour moi.

Même si c'était mal. Même si c'était risqué.

-Amélia, m'appelait-il à son tour.

Je n'atteignais pas son visage aisément, alors je me mis à nouveau sur la pointe des pieds pour frotter son nez contre le mien. Je voulais que ce soit lui qui fasse le premier pas, mais je sentais qu'il se paralysait aux moindres de mes mouvements.

Il pencha la tête, et s'arrêta net en entendant cogner à la porte.

-Jaycen, c'est toi ? Qu'est-ce que tu fais enfermé là-dedans ?

Je reconnus la voix de mon père, et me mis à paniquer. Il resta immobile un instant, je vis son visage redevenir aussi neutre qu'un robot.

-Je devais me changer, David. J'arrive tout de suite, rejoins-moi dans le parking.

-Oui, bien sûr, répondit mon père.

J'entendis ses pas s'éloigner, et je soufflais pour reprendre mes sens.

Jaycen s'éloigna vers la poignée de porte et avant de quitter la pièce après l'avoir déverrouillé, il me lança :

-Tu comprends pourquoi on ne peut pas, maintenant ?

Et il me laissa culpabiliser seule, comme toujours, en proie à mes douloureuses pensées.

*

-Amélia, tu es levée ?

Je marmonnais pour répondre à ce que je devinais comme la voix mielleuse de Pauline, une sorte de charabia que moi-même je n'avais pas compris.

Je pris la peine d'ouvrir les yeux quand elle s'exclama :

-Tu as de la visite, en bas. Je leur ai dit que tu venais tout juste de te réveiller.

Je me redressais péniblement. La nuit avait été longue, et ça pouvait très bien se lire sur mon fabuleux visage.

Nous ne pouvons pas tous êtres des mannequins pour Calvin Klein au réveil. Je remis mes cheveux en place en les lissant de mes doigts, et je demandais à Pauline qui m'attendait en bas.

-Jane et son petit ami.

Je manquais de tomber du bord de mon lit.

-Son petit ami ? M'écriais-je.

J'entendis le rire de Pauline à travers la porte.

-Tu peux leur dire de repasser ?

Je n'avais pas trop envie d'être la citrouille d'Halloween en voyant le nouveau petit ami de Jane, qu'elle voulait probablement me présenter.

En revanche, si ce n'était que Jane : je n'aurais eu aucun problème.

Elle sait que je suis moche, au moins, je n'ai pas à le lui cacher.

-Trop tard, je les ai prévenus que tu arrivais.

Je roulais des yeux, même si Pauline ne pouvait pas me voir.

-Fais chier, jurais-je en descendant de mon lit.

-Descends vite, et ne jure pas Amélia !

Je rigolais en l'entendant descendre les escaliers. Pauline n'est pas très crédible quand elle veut essayer d'avoir de l'autorité.

Elle ne fera jamais aussi peur que ma mère ou mon père.

J'enfilais rapidement un jogging trois fois trop grand pour moi et un débardeur blanc histoire de ne pas garder mon pyjama flamand rose, et descendis en bas sans me regarder dans le miroir.

J'aurais peut-être du, parce qu'en voyant Jane en robe et...

-Mais tu es le fils de Mike ! M'exclamais-je en riant à pleins poumons.

Jane parut un peu gênée.

-Elec, me dit-il sur le même ton que la dernière fois.

-Oups, pardon, Elec.

Je serrais Jane dans mes bras en lui murmurant pour qu'elle seule comprenne :

-Depuis quand tu me caches ce genre de choses ? Et ton père, il va te tuer.

Elle sourit.

-C'est un secret.

Je m'écartais en leur proposant un verre, mais ils refusèrent.

-Je suis passée pour te dire que je sortais avec Elec, et que tu ne devais pas t'en faire si mon père te demande souvent où je suis. Je dis que nous allons souvent à la bibliothèque.

Je lui souris malicieusement.

-La bibliothèque, hein ?

Jane se mordit les lèvres en me lançant un regard de tueuse.

-Et bien...Bonne lecture, alors !

Elec me prit dans ses bras en me remerciant. J'étais un peu surprise de ce geste, mais je ne dis rien. Quand il se recula, je sentis ses mains frôler mes fesses.

C'était peut-être une erreur de sa part, et je devenais peut-être paranoïaque, mais je préférais me dire qu'il l'avait fait malencontreusement.

-A plus, Lia ! S'exclama joyeusement Jane.

Elle s'éclipsa en prenant la main d'Elec, qui me regardait étrangement. Je choisis d'ignorer aussi ce détail.

Dans quelques jours, je reprenais les cours.

Ce qui signifiait que j'allais m'éloigner de mes parents, et à priori Jaycen.

C'était ce qu'il voulait de toute façon, non ?

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