PARTIE 2.10


{ Jaycen }

La robe qu'elle portait ne faisait plus d'elle une petite fille, mais la fille séduisante qui attirait les regards. C'était difficile de voir tous ces regards la dévorer comme du sucre, n'y a-t-il pas un diabète pour régler ce genre de choses ?

Amélia était à quelques mètres, mais je sentais qu'elle se mettrait à courir dans la direction opposée si je m'approchais.

Je repris mes salutations en acceptant les félicitations que je recevais, tout sourire.

Je ne pouvais pas m'en empêcher, mes yeux la cherchaient toujours du coin de l'œil. Je reconnaissais le blond qui venait de lui couper le passage.

J'étais trop loin pour l'entendre, mais je savais pertinemment déchiffrer les traits ennuyés d'Amelia.

Prêt à intervenir, on attrapa mon bras.

C'était le père d'Emma.

-Bonsoir Jaycen, as-tu quelques minutes à m'accorder ?

Entendant Amelia hausser le ton, je me retirais de son emprise et m'exclama :

-Je suis désolé, j'ai une affaire pressante à régler pour le moment. Tout à l'heure.

Je n'étais pas non plus d'humeur à l'écouter.

Je fus un peu déçu de ne pas attirer son attention après l'avoir défendu de ce petit con. Elle avait l'air absente, et je savais qu'elle m'en voulait.

Pour ne pas avoir le courage d'être un homme pour elle.

Comment étais-ce même envisageable ?

Elle m'accorda une danse, et je pouvais admirer son corps de plus près. Son odeur si singulière me faisait toujours sourire.

Je lui demandais ce que voulait ce type, prénommé Elec, et sa réponse ''je ne sais pas'' ressemblait aisément à un mensonge. Je la mis en garde, mais cela lui déplut. Son visage si doux s'était renfrogné. Elle était mignonne quand elle essayait d'être en colère.

-Alors tu ne veux pas être avec moi et tu ne veux pas que je sorte avec un autre ? Je suis quoi pour toi, Jay ? Un jeu ?

Tu es tout. Mais tu es trop précieuse pour être à moi.

La danse ne dura pas une éternité, et
la soirée ne pouvait qu'empirer. Mon exact opposé venait de se joindre à nous. Papa.

Élégant, un sourire fier, et toujours ce menton relevé en l'air.

J'aurai préféré qu'il ne vienne pas.

Mais il fallait qu'il me provoque, et il excellait dans ce domaine.

Amelia savait que j'allais me marier, et j'aurai donné n'importe quoi pour qu'elle ne l'apprenne pas ainsi.

Elle fit bonne figure, et quand mes parents se sont éloignés accompagnés de David, je m'avança vers elle.

-Reste où tu es ! M'ordonna-t-elle d'une voix autoritaire et sur le point de dérailler.

Je continuais à avancer.

-Je voulais te l'annoncer, mais pas...

-Tu n'as pas besoin de te justifier.

-Lia...

-Tu voulais que ce qu'il y avait entre nous soit terminé. Félicitations, tu viens d'y parvenir.

Elle me tourna le dos et s'échappa à toute vitesse. Je ne voyais que le dos de sa robe, et en la voyant quitter la salle, elle me quittait.

David me rejoint, le regard inquiet.

-Tu sais ce qui lui prend ? Questionna-t-il en fixant la porte qu'Amelia venait de claquer.

Je lui fis un 'non' de la tête, et je disparus aussitôt.

La soirée était bien trop intense pour moi, et à cet instant, ce dont j'avais réellement envie, c'était de boire.

Je m'assis sur une chaise du bar que l'hôtesse avait installé. Le barman comprit mon désarroi, et je lui demandais de me servir quelque chose de fort.

Il me proposa du Bailey's, mais j'optais pour du whisky pur.

Je ne savais pas comment j'en étais arrivé là, mais j'étais certainement loin d'être l'avocat qui jouissait de sa réussite professionnelle.

J'étais encore l'enfant qui devait obéir à ses parents.

Et comme s'il ne manquait plus que ça, mon père fit son apparition. Il me regarda fixement avec mon énième verre de je ne sais plus quel alcool, et contrairement à ce que je craignais, il s'abstint de tout commentaire.

Il demanda au barman un verre de gin tonic. Je souris.

-C'est une boisson de femme, narguais-je en titubant un peu.

Il ne répondit rien, et bu son verre d'une traite une fois servi.

-Un homme sait boire. Mais un homme intelligent sait s'échauffer le palais.

Il commanda un nouveau verre, et je fus impressionné par son attitude.

-Tu sais, me dit-il en reposant son verre, la petite Hudson est vraiment très bavarde.

Je souris.

-Tu trouves ?

Même si je n'avais pas envie de penser à elle, le fait que mon père l'évoque sans un ton cynique me réjouissait.

-Elle est très vive, c'est déjà une femme.

-Pourquoi me dis-tu ça ?

Je ne voyais pas où il voulait en venir.

-Je l'ai croisé tout à l'heure, elle allait partir. Une petite curieuse je devrais dire, puisqu'elle m'a parlé de toi.

-Qu'est-ce qu'elle a bien pu te dire ?

-Rien de très original. Mais elle m'a dit quelque chose qui m'a un peu chamboulé...

J'avalais difficilement ma salive.

-La manière dont je te traitais lui avait fait penser à la haine qu'elle avait envers un professeur. Je n'ai pas compris la référence sur le coup, mais je me suis penché sur la question. La petite Hudson avait peut-être raison sur une chose : je ne me comporte pas correctement avec toi. Je fais sûrement trop pression depuis longtemps. Je suis navré pour Emma.

Je fermais les yeux. L'intention était là, et je ne pouvais pas le haïr pour m'avoir complètement ruiné la vie.

Je me contentais de lui sourire en acceptant ses excuses. Je n'arrivais pas à croire qu'il s'excusait, et grâce à Lia.

-Levons nos verres à cette soirée médiocre, ajouta-t-il.

Le barman se servit un verre à son tour pour trinquer avec nous.

-À cette soirée médiocre ! M'exclamais-je.

Mon père a réussi à me ramener en état chez moi. Il avait plus d'années d'alcoolisme que moi apparemment. Ma fabuleuse future femme m'attendait impatiemment sur le canapé. Elle regardait cette émission anglaise complètement débile.

-Tu ne marches pas droit ? Je rêve ou tu as trop bu ?

-Je n'ai pas besoin de tes reproches, Emma.

-Cela m'est égal, Jaycen.

Je roulais des yeux. L'alcool me faisait hausser le ton, et mes poings se serrèrent automatiquement.

-Tu vas gentiment me laisser tranquille, je n'ai pas envie de te parler maintenant.

Elle se leva du fauteuil.

-Il va falloir t'y faire, car je serais bientôt une Hudson.

-Tu ne seras pas une Hudson, tu resteras toujours la petite fille pourrie à son papa.

-Je t'interdis de...

-De quoi, Emma ? De te dire la vérité ?

Je sentis sa paume de main se diriger vers ma joue, et en réalisant son geste, j'attrapais son poignet au vol.

-Ne me touche pas ! Hurla-t-elle.

-Tu veux toujours devenir une Hudson ? Demandais-je avec rage.

-Tu n'as plus le choix, Jaycen. C'est ça où tu n'as plus d'héritage.

-Au diable l'héritage. Tu sais très bien pourquoi on fait ça.

-Tu n'es qu'un imbécile. Tu vas te mener à ta perte.

-Emma, dégage ! Hurlais-je à plein poumon.

Elle s'éclipsa du salon, et en profitant de l'air que je pouvais encore respirer, je décidais de me servir un nouveau verre.

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