PARTIE 1.10

Kyle était vraiment content de nous revoir, et j'avais vraiment envie de connaître cette même joie d'enfant pour une chose aussi banale.

Après l'épisode de la salle de bain, Jaycen ne m'a pas adressé la parole. Il se comporte de manière totalement puérile, prétendant de ne jamais me voir lorsque je suis dans la même pièce.

Je sais qu'il veut ignorer ce qu'il s'est passé là-bas, et après m'avoir faite tomber dans la baignoire, je pensais vraiment qu'il avait envie de moi. Mais il m'a repoussé brutalement, et ma tête a cogné contre le mur. Je n'ai pas eu le temps d'avoir mal, il s'était déjà relevé en passant une main dans ses cheveux mouillés.

Cela ne doit plus arriver, avait-il dit.

Sans un regard, il est sorti de la salle de bain pour me laisser seule dans mes pensées.

J'avais les joues en feux, et le corps aussi.

J'ai passé le plus clair de mon temps à jouer avec Kyle, et rendre visite à Jane qui ne faisait rien de ses vacances. On s'entendait tellement bien, et elle adorait les comptes-rendus que je lui faisais concernant Jaycen.

Elle suivait mon histoire comme un feuilleton télé.

Après lui avoir raconté notre semaine à la plage, Jane n'en croyait pas ses oreilles. En tout cas, c'est ce qu'elle répétait inlassablement.

-C'est tellement interdit que ça pourrait tourner en porno, rigolait-elle.

J'essayais d'ignorer ce commentaire, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à Jaycen de cette...façon.

Tout ce que nous avions fait n'allait jamais plus loin que des baisers sur ma nuque, et il n'avait jamais osé me toucher.

Je me demandais si c'était parce que je n'étais pas assez...sexy. Pas assez attirante, pour qu'il en ai envie.

Mais si j'étais aussi repoussante, il ne m'aurait jamais embrassé et été aussi dur.

-Je donnerais n'importe quoi pour être à ta place, ajouta Jane en faisant la moue.

-A propos de Jaycen ?

-Bien sûr ! Tu te rends compte d'à quel point c'est un aimant à femmes, ce gars est littéralement le rêve de toutes les femmes. Hormis le fait qu'il soit âgé, cet homme est un roi des fantasmes.

-Ouais, ouais, je sais.

-Mon dieu, Lia ! N'importe qui aimerait prendre ta place, ou celle d'Emma.

Emma.

Je n'avais pas entendu son prénom depuis un moment. Je me demandais comment les choses se passaient entre eux. Je sentais en moi un sentiment de culpabilité, même si je n'appréciais pas particulièrement Emma. Personne ne méritait cela.

Mais il fallait savoir qu'un homme comme Jaycen n'était pas le plus fiable de son espèce.

Un avocat incroyablement sexy, qui porte un costume fait sur-mesure. C'était juste inimaginable de ne pas voir les filles se retourner dans la rue.

-Je n'ai pas de place dans la vie sentimentale de Jaycen, lui rappelais-je.

-Tu rigoles ? Il t'a embrassé ! Tu crois qu'il fait ça avec toutes les filles qu'il croise ?

Je haussais les épaules.

-Qui sait.

La question m'avait prise de court. Jaycen fréquentait-il d'autres femmes ? Était-il fidèle ? Nous n'avions toujours que le visage du Jaycen parfait qui prenait soin des personnes qu'il chérissait, pas de celui qui jetait les femmes dans son intimité.

-Mademoiselle Valentyne, il faut vous reprendre ! Grondait Jane sur un ton que je trouvais comique, Jaycen est complètement à tes pieds.

-Ce n'est pas vrai. Il m'ignore.

-C'est juste que la situation dans laquelle vous êtes n'est pas très...arrangeante. Je veux dire, ce n'est pas comme si son âge se rapprochait un peu de celui de ton père. Et que c'était par la même occasion, son meilleur ami.

Je soupirais, remarquant que les propos de Jane étaient indéniablement légitimes.

-Je n'arrive pas à croire qu'on se soit embrassés, dis-je en me rappelant le goût de ses lèvres.

-Ta vie est définitivement trop excitante, râlait Jane.

-Ce n'est pas un jeu, Jane.

Elle me gratifia de son merveilleux sourire plein de sous-entendus, et son père interrompit la conversation. Je suis rentrée chez moi quelques minutes plus tard, et c'était mon père à moi qui m'attendait sur le canapé, les bras croisés.

Je reconnaissais cet air désapprobateur. J'allais me faire réprimander sur quelque chose. Pauline était dans la cuisine et écoutait attentivement.

-Papa ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

Il se releva instantanément pour me pointer du doigt.

-Tu ne fais rien, justement.

-Mais c'est les vacances ?

-Je n'ai pas élevé une fille qui profite de ses vacances en passant tout son temps chez les voisins. J'ai élevé une fille qui doit préparer son avenir, et commencer à réviser les œuvres au programme.

-Je n'ai pas encore le prog...

-Il est sorti la semaine dernière, jeune fille.

Je roulais des yeux. Je détestais quand il finissait ces phrases ainsi. Il me donnait toujours l'impression d'être une enfant.

-D'accord. Je commencerais, dis-je en soupirant.

-Très bien.

Je m'apprêtais à quitter la pièce, quand il ajouta :

-Et si tu ne fais rien demain, tu assisteras au procès de Jaycen demain.

Je m'arrêtais brusquement à l'entente de son prénom.

-Son procès ? Demandais-je, incertaine d'avoir bien entendu.

-Oui, confirma-t-il, tu pourras voir comment un procès fonctionne. Tu pourras savoir si le droit t'intéresses et cela t'éviteras de passer une journée ennuyeuse.

-C'est un projet déjà ennuyeux, répondis-je à voix basse.

Je savais qu'il avait entendu.

-Je vais prévenir Jaycen de ta présence demain. Tu verras, c'est un très bon avocat !

Je ne voulais pas le contredire, et l'enthousiasme qui l'animait me faisait perdre l'envie de me révolter.

Après tout, je n'avais qu'à m'asseoir dans le public et jouer à Candy Crush.

Le lendemain, j'enfilais une robe noire avant de descendre en bas déjeuner. Je n'avais pas envie de me coiffer, alors je laissais mes cheveux détacher. Kyle m'assenait de questions sur les animaux, pour savoir comment les éléphants respiraient et comment les méduses faisaient caca. Je lui répondais distraitement, imaginant déjà le costume que porterait Jaycen.

Mon père était très matinal, et il avait l'air en pleine forme. Après avoir embrassé Kyle, il se tourna vers moi.

-Tu es prête ?

Il jouait avec ses clés dans sa main, attendant ma réponse.

-Oui, oui.

Je grimpais dans notre Range Rover, profitant du soleil qui caressait ma peau. Le trajet fut rapide, si on oubliait les monologues de papa sur la justice de nos jours.

Le tribunal était si grand qu'il fallait qu'on m'accompagne jusqu'à l'audience. J'étais assez étonnée de voir autant de monde pour cette affaire. Je pris rapidement place sur une chaise non-occupée et loin des regards. Une vieille femme se tenait à ma gauche, et un homme corpulent mangeait en secret à ma droite. La vieille femme me sourit en me tendant sa main :

-Bonjour ! Je suis Daniella.

-Bonjour, répondis-je en attrapant sa main, Amélia.

-Je suis la mère d'un témoin.

Je ne savais pas trop ce que j'étais supposée dire.

-Une amie de l'avocat.

A l'entente de cette phrase, elle me lançait un regard interrogatif. Celui qui disait : "Vous êtes un peu jeune pour avoir un ami avocat". Mais elle n'avait visiblement pas le cran de me faire part de son avis.

Je me concentrais devant le juge, qui venait de démarrer l'audience. L'homme était assez vieux et visiblement très agacé d'avoir à se lever si tôt le matin. Jaycen était là, à quelques mètres, toujours aussi élégant et incroyablement sérieux. Il n'affichait aucune once d'expression, et ses mains tenaient un grand dossier qui paraissait important.

Le procès débuta en énonçant les faits pour lesquels l'accusé était appelé à la cour. Les mots étaient parfois bien trop savants pour que j'y comprenne quelque chose.

Heureusement, Daniella me raconta l'histoire afin que je la comprenne dans des mots un peu plus simple :

-L'homme est accusé d'avoir couché avec une femme sans son consentement. La femme aurait récolté des preuves pour avoir un vrai procès et le punir. L'avocat de cette femme est le meilleur de toute la ville. Mon fils va parler en sa défense. J'espère que ce répugnant garçon payera pour ses crimes.

Je hochais la tête pour confirmer ses dires, me focalisant sur le témoin qui venait d'être appelé. J'avoue que cela m'aurait paru interminable si je n'avais pas Jaycen en costume devant moi. Il avait coiffé ses cheveux impeccablement, et lorsqu'il prenait la parole, c'était avec tellement d'entrain...

Il était passionné par son métier. Par cette affaire, et le voir ainsi me fit sourire.

Daniella avait bien raison : Jaycen était doué. Même si je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'il débitait à une vitesse ahurissante.

J'entendis des femmes chuchoter derrière moi.

-Il est vraiment canon.

-C'est vraiment dommage qu'il soit en la cause de cette salope.

Daniella aussi les avaient entendues. Cependant, elle ne dit rien et malgré ma stupeur je ne pouvais me contenir. Je me retournais brusquement :

-Fermez-là où je vous pète les dents, sales vipères.

Elles baissèrent la tête et je souris de satisfaction.

J'entendis tousser dans mon dos, et lorsque je repris place je vis la moitié de l'audience me regarder.

Merde.

Je croisais le regard perçant de Jaycen, qui avait sûrement du être coupé dans son élan. Je ne savais pas vraiment quoi faire, alors je m'enfonçais dans mon siège en espérant devenir invisible.

Pitié, faites que la gêne ne dure pas une éternité.

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