11° PHASE
Unknown mind's
Moi qui voulait la faire sourire tout au long de cette belle soirée d'hiver, j'ai tout gâcher en me laissant faire par mes sentiments.
Je savais qu'elle ne comprendrait pas, qu'elle me regarderait d'un autre œil, je ne le voulais pas. Rester l'inconnu m'arrangeait bien, c'était une sécurité. L'assurance de ne jamais pouvoir la dégoûter, c'est raté.
Elle me regarde tout en passant ses doigts froids sur mes plaies.
Ses larmes coulent encore mais je ne fais rien pour stopper ce calvaire, c'est comme si le temps s'était figé et que mon corps avait suivi. Je suis paralysé et ne sait plus quoi faire face à la situation.
Je suis largué !
Elle ne fait que renifler, pleurer et poser la même question en boucle et en boucle.
Que dire ? Sûrement pas un énième mensonge, j'en ai assez dit...
Devrais-je tout lui révéler ou bien garder ce silence comme quelque chose qui me sauvera de la catastrophe ?
Oui, je sens la catastrophe arriver.
Elle: Mais qu'est-ce qu'ils ont bien pu te faire ?
- [...]
Elle ne sort pas de son état second, elle s'y ancre de secondes en minutes. J'espère seulement que ça ne se transformera pas en heures...
Je ne fais que déglutir, ma salive commence à devenir de plus en plus épaisse. La panique me submerge et la tristesse de la situation me noie dans cet océan de vérités. Ce que je dis est beaucoup trop poétique par rapport à ce qu'il se passe.
Tout n'est que désastre, une catastrophe que j'ai semé et qui a bien fleuri depuis.
Elle: Mais qu'est-ce qu'ils ont bien pu te faire ?
- [...]
Elle: Aqeel répond moi !
Sa soudaine saute d'humeur m'a fait prendre conscience que ma langue devait s'agiter.
Je dois tout lui dire ça je le sais, mais comment le faire ? Que dois-je dire ? Par quoi commencer ? Le commencement est bien trop loin et surtout bien trop douloureux pour que je puisse le conter.
Ce n'est plus Inc qui parle, mais bien Aqeel.
Je dois parler, je le sais.
Je dois tout lui raconter, j'en prends conscience.
Je dois le faire, mais pas maintenant.
Pas ici.
Sans un mot, je me défais de son étreinte et me rends place conducteur.
J'ai presque failli rabattre ma capuche, une vielle habitude que je vais devoir abandonner à ses côtés, mais pas face au reste du monde. Je ne me sens pas encore apte à lâcher prise, pour l'instant je vais conter sur mes vitres teintées pour camoufler mon mal être.
Le moteur gronde, je suis près à partir.
Elle comprend enfin qu'elle doit prendre place dans la voiture, elle ne tarde pas à s'y engouffrer d'ailleurs.
Sans plus attendre je roule sans lui accorder un seul regard bien que je puisse sentir le siens sur moi.
Je me sens nerveux, anxieux en sa présence, même si c'est plutôt le fait qu'aucune barrière ne sépare mon visage du siens.
Plus je passe les vitesses, plus nos corps se collent aux sièges. Autrefois l'adrénaline me plaisait, je me sentais vivant et j'avais l'impression de vaincre les lois de l'apesanteur, combattre la nature.
Aujourd'hui mes excès de vitesse ne sont liés que par l'envie d'en finir, plus vite on y arrive et plus vite je pourrais lui raconter. La vitesse ne me fait plus que sentir crainte, insécurité et mort... Ce qui a donné naissance à Inc !
Les bandes blanches passent sous mes roues, le volant ne fait que tourner sous mes doigts tremblants. Je ne suis vraiment pas en état de conduire mais je le dois. Ma respiration se fait de plus en plus profonde, une technique que j'ai su acquérir pour garder tout le sang froid que je puisse avoir en stock. Autant vous dire qu'il ne m'en reste plus beaucoup, plus pour longtemps en tout cas...
Mon pied fait pression sur la pédale de frein, ma main levé le manche; nous sommes enfin arrivés à destination.
Nous descendons tous les deux et reprenons la même position que nous possédions autrefois, à quelques détails près. Moi contre cet arbre et elle posée contre celui d'en face. Il y'a quelque mois, son dos était contre mon torse bien moins bombé qu'aujourd'hui.
Nos respirations s'entremêlent bien que la distance nous fasse défaut. Elle me réchauffe dans tous les sens du therme, ma petite bouillotte humaine, cela fait bien longtemps que je n'ai pas ressenti ce sentiment d'amour.
Je sens qu'elle s'impatiente, elle veut toute l'histoire et surtout rien que la vérité.
Elle: Jure le.
- Je le jure.
Oui madame la juge, je vous jure que je vous ne raconterais que la vérité et rien que la vérité.
J'ai bien assez fait de mal comme ça avec mes mensonges et ma peur d'être découvert, j'aurais pu la perdre. Et ça je ne me le serais jamais pardonné.
Perdre un diamant, personne ne s'en remet réellement.
- C'était là bas en Irak. Les jours se ressemblaient tous, la solitude se faisait grande. Heureusement que les gars et moi étions soudés parce que sinon je serais revenu bien plus cassé que je ne le suis déjà.
Les missions s'accumulaient, nos rôles devenaient de plus en plus importants et la pression ne faisait que s'accroître, on devait décompresser, ont commençaient vraiment à devenir comme des lions en cage ou alors des malade mentaux dans un asil psychiatrique. Le commandant de notre rang l'a bien d'ailleurs remarqué, il sait que les atrocités quotidiennes ne pouvaient que nous détruire et qu'un peu distraction ne nous ferais que du bien. T'es lettres me permettaient de tenir mais rien de tel qu'un peu distraction physique.
Les semaines commençaient à devenir plus calme, je savais qu'il fallait se méfier plus qu'à n'importe quel moment. Je l'ai d'ailleurs signalé au commandant mais au lieu de me prendre au sérieux il en a profité pour nous proposer une sorte de sortie moi et mes gars avec l'un de nos véhicules locaux. On étaient armés jusqu'aux dents, c'était un véhicule de combat qu'il nous imposait de prendre pour cette sortie improvisée loin de la base...
Elle: Continue, je dois l'entendre.
- Plus nous nous éloignons de la base et plus je me sentais vivant, j'étais loin de ce stress permanent, loin de toutes ces atrocités. Les gars criaient et moi avec, on s'est vraiment bien amusé avec cette viré entre potes. J'accélérais sans regarder où je pouvais bien rouler, je ne regardais même pas les routes que je prenais, je m'éloignais du camps et ça je n'aurais pas dû.
A un moment, j'ai poussé l'accélérateur à fond et avant que je puisse m'en rendre compte, le véhicule à touché une bombe qui nous a complètement fait sauter. Dans cette voiture nous étions 6 et seulement deux en me comptant ont survécu. Loin d'être une bombe combustible, elle était pleine d'acide. Je m'en suis sorti avec des cicatrices, des brûlures. Ma peau s'est quelque peu distendue et je m'en pleins alors que d'autres ont carrément perdu la vie. J'aurais dû garder mes craintes en tête au lieu de me croire dans un bolide de première ligne.
Sans crier gare, Ruqaya s'avance et pose ses mains contre mes joues, le seul contact que je me surprends supporter venant d'une autre personne que moi.
Son visage fut choqué, elle pensait me voir triste ou bien alors la larme à l'œil. Cet accident à fait bien plus que des séquelles physiques, à l'heure d'aujourd'hui je n'arrive plus à extérioriser aucunes émotions. Je les ressens mais rien ne passe sur mon visage, il reste impassible. Inc n'était pas qu'un nom, c'est mon état d'esprit actuel.
Je lui explique d'ailleurs ces petits problèmes et elle finit par s'effondrer en larmes dans mes bras.
Sans faire attention à ce que je peux faire, je la repousse violemment.
Je ne supporte aucuns contact physique bien que depuis peu ses mains sur mes joues ne me paraissent pas si désagréables.
- Pardon.
Elle: J'aurais préféré te savoir bien mort dans ces cas là.
J'en reste abasourdi, je n'arrive pas à en croire mes oreilles.
Elle qui pleurait mon départ, j'apprends qu'elle préférerait me savoir mort ?
Mon visage est-il si affreux pour lui faire changer d'avis en si peu de temps ?
Elle: Savoir que je ne peux plus toucher l'un des êtres que j'aime le plus sur cette Terre me déchire Aqeel.
- Et moi alors ? Tu penses que ça me plais ?
Elle: Je ne pourrais pas supporter ne rien pouvoir extérioriser, tu à l'air bien indifférent.
- Ce n'est qu'une façade.
Elle: Tu ne peux pas faire autrement Aqeel, ce n'est pas ton choix de cacher tes sentiments !
Le temps passe et la même question me revient en tête.
Je veux savoir si son jugement a changé. Je ne peux rien extérioriser mais elle si !
- Tu aimes Aqeel ou Inc ?
Elle: Ça reste la même personne...
- Non, c'est faux !
Elle: J'aime la personne qui est sous mes yeux en ce moment. Défiguré ou pas tu restes le même.
Mon moi intérieur sourit de toutes ses dents, et le moi extérieur ne se contente que de cligner des yeux et de la contempler.
Je suis heureux et ça ne m'est pas arrivé depuis bien longtemps.
On peut dire que j'ai enfin retrouvé un semblant de vie.
Aqeel est de retour.
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