10° PHASE
Ruqaya mind's
Du haut de l'endroit où je suis, la vue est pleine.
Rien ne peux m'échapper, tous passe sous mon œil avisé.
Alors que je voulais seulement respirer l'air frais de ma belle cité, j'aperçois l'homme que je viens de quitter dans les bras de celui que je connais depuis des années.
Celui qui portait le titre le plus proche de celui que j'ai perdu.
Mais cette image, cette action me fait poser mille et une questions...
L'ai-je vraiment perdu ?
Il ne montre rien. Même dans les bras d'Ilies l'endroit où sa carapace s'est brisée, il arrive à garder le mystère sur son identité.
C'est l'inconnu le plus doué que j'ai pu connaître. Je n'en connais qu'un... c'est Inc.
Rien n'a changé depuis que je l'ai quitté et pourtant j'ai l'impression de ne pas voir le même, je ne vois que celui que j'ai perdu.
Est-ce possible ?
Non, je dois seulement me faire des idées. De plaisantes idées je ne vais pas vous mentir...
Il me faut savoir, il me faut être sûre de ce que je vois, de ce que je pense, de ce que mon coeur et ma tête me disent.
Je ne peux passer l'éponge sur une chose si importante que la disparition de mon A.
Je dois en tirer le maximum d'informations.
J'attends encore quelques minutes le temps que ces deux messieurs finissent leur discussion tout en enfilant mon manteau.
Inc s'en est allé pendant que moi je fais mon apparition.
J'avance à grand pas en direction d'Ilies et de ses nouveaux acolytes.
Au départ il ne réagit pas, n'étant pas sur que je venais à sa rencontre mais maintenant que mes deux pieds se sont fermement posés devant lui, il ne peux plus se poser de questions. Je suis déterminée bien que tous ces regards me perturbent un tant soit peu.
C'est pour lui que je fais ça, rien de plus.
Lui: Ruqaya ?
- Salam Ilies.
Lui: Tu devrais rentrer chez toi il fait froid.
- C'était lui ?
Lui: De quoi tu me parles là ?
- C'était lui que tu viens de serrer dans tes bras ?
Il me regarde avec surprise puis me prend par le bras tout en nous éloignant du groupe.
Il regarde autour de lui pour fuir mon regard mais je ne lâche rien, je veux en être certaine.
Je lui pose plusieurs fois la question en espérant qu'il cédera, et c'est ce qu'il a finit par faire...
Lui: Tu sais très bien qui j'avais dans mes bras.
- Je veux te l'entendre dire.
Lui: [...]
- Dit le Ilies, je dois le savoir ! J'ai le droit de savoir.
Mes larmes coulent, je ne peux plus les retenir.
Je sais ce que je vais entendre mais je dois l'entendre. Ce serait comme une certitude, la certitude que celui dont je suis tombée amoureuse représente celui dont je commence à tomber sous le charme.
Lui: C'était lui.
- [...]
Lui: Il est pas mort.
- T'en es bien sûr ?
Lui: Je le reconnaîtrais même les yeux fermés.
Aucune colère ne m'envahit, seulement un sentiment de bien être me berce.
J'ai trop souffert, combien j'ai eu mal au coeur ? J'ai pas su faire avec, un jour il vit et un autre il meurt.
Mais il est vivant ! Inc est A... mais le plus important c'est qu'il est vivant !
Je le remercie et cours en direction de ma tour sous les multiples regards des jeunes.
Je fais abstraction de tout, rien ne peux me rendre plus heureuse que cette annonce, cette révélation.
Comment ai-je fait pour ne pas le reconnaître ?
En poussant la porte de chez moi, je tombe nez à nez avec la femme qui m'a mise au monde.
Elle me regarde les larmes aux yeux comme si elle était au courant de tout.
Je me vois en elle.
Elle reflète mon image avec seulement quelques années de plus.
- Il...
Elle: Je sais.
- Je dois lui en vouloir ?
Elle: Non.
J'hoche la tête tandis qu'elle retourne à ses fourneaux.
Nous ne sommes pas très démonstratives mais rien que ses mots me montrent qu'elle est et qu'elle sera toujours là pour moi.
Je n'ai besoin rien de plus que l'amour de ma mère, mais aujourd'hui j'ai enfin retrouvé l'amour de celui que j'aime.
Une longue histoire.
Du revers de la main j'essaye d'effacer les larmes restantes tandis que l'autre s'occupe à balayer les quelques vêtements qui me restent dans mon armoire.
Pour nos retrouvailles je dois être présentable, puis c'était aussi notre rituel.
Chaque sorties qu'il me proposait nous nous imposions un thème.
Je m'en foutiste, jeunes bourgeois, amants cachés, touristes...
Et ce soir, quel est le thème ?
Retrouvailles.
Robe en daim marron.
Cuissardes noires.
Brushing.
Maquillage léger.
Bijoux discrets.
Long manteau sombre.
Voici ce que j'ai bien pu faire pendant les trois heures restantes jusqu'à ce que la sonnette retentisse dans tout l'appartement.
J'attends quelques minutes le temps de respirer devant mon miroir tout en me répétant que je suis forte.
J'ai pu survivre à neuf mois sans lui, je peux bien m'en sortir un soir à ses côtés.
Comme autrefois.
La lanière de mon sac à main atterris sur mon épaule droite et mes talons claquent sur le sol froid en direction de celui qui m'attend.
Mon regard se pose à mes pieds tandis que je sens que ceux de ma mère se posent sur moi.
Les siens ne se lèvent pas, il garde son rôle jusqu'au bout.
Je ne pensais pas que ses talents d'acteur étaient si performants.
Il se lève et me fait signe de sortir.
J'embrasse ma mère et descend les escaliers avec Inc à mes trousses.
Dois-je toujours l'appeler Inc ? Il n'est plus vraiment l'inconnu d'autrefois...
Je verrais bien ça plus tard.
À peine mes songes mis sur pause, je me retrouve en route avec lui au volant.
Je ne sais où il m'emmène mais je ne me fais aucun soucis.
Je l'analyse sûrement trop puisqu'il ne fait que de remettre sa capuche sur les coins de son visage.
Il est fort. Même dans ce genre de positions délicates il arrive à se cacher.
Je n'ai pas choisis le plus médiocre.
Je regarde face à moi et au bout de quelques instants la voiture s'arrête.
Il se gare sur le bas côté, allume ses phares puis coupe le moteur.
Il sort sans me porter la moindre attention et se poste contre le capot, la tête baissée.
Je ferme les boutons de mon manteau et sort à mon tour.
Je me présente face à lui, le corps enluminé par les phares tandis que le sien représente une sombre ombre, un total contraste.
Seul le bruit du vent et celui de nos soufflent se font entendre, tous se mêlent dans un chant.
Je ne comprends plus rien et ne veux rien comprendre. Je me laisse porter par ce qu'il a à m'offrir.
Je ne veux que lui, mon A me suffit.
Ma poche vibre, j'en sors mon téléphone.
Un message. Je l'ouvre et je vois que la question tant attendue tombe.
Inc n'a pas tardé à me la poser, je reconnais bien mon A là dedans, impatient !
Je ne prends pas la peine de lui répondre, je ne le veux pas.
Je le remet dans ma poche et me met à fixer celui qui a toujours hanté mes pensées.
C'est vrai qu'en faisant la comparaison j'aurais pu le deviner.
La même carrure, même façon de se tenir.
Même sans le visage, Inc reste mon A.
- J'aimerais que tu me poses cette question.
Mon téléphone vibre une nouvelle fois mais cette fois ci je ne le sors pas.
Je préfère m'avancer un peu plus vers lui, j'efface petit à petit la distance qu'il y avait entre nous.
- Je ne veux plus te parler par message, soyons adultes et pose là moi comme un homme.
Tout d'un coup sa tête se relève comme jamais elle ne l'a fait au paravant.
Elle est haute et droite, il me regarde dans les yeux même si je ne peux le voir.
Je suis trop loin de lui pour détailler son beau visage et le contre jour des phares ne me facilite pas la tâche.
Enfin il réagit !
- Pose moi cette fameuse question.
Sa tête ne flanche pas, il reste stoïc et moi de même.
J'ai tellement rêvé de ce jour, ce n'est pas maintenant que je vais craquer.
Mon A est enfin là, reprenons là où nous avons arrêté.
- [...]
Lui: ... Tu m'aimes ?
Sa voix n'a pas changée d'un seul poil.
C'est le même. Mon A n'a pas changé et pourtant il s'entête à se cacher, pourquoi ?
Sa phrase résonne dans ma tête et ma réponse me titille la langue.
Ça ne fait aucun doute, bien évidemment que je l'aime mais j'essaye juste de profiter du moment présent.
Les larmes me montent mais ne coulent pas.
Je m'avance petit à petit en sa direction.
Ses traits se font moins flous bien que sa capuche et sa casquette cachent toujours autant son visage.
Je me stoppe tout en lui souriant.
- Toi, tu m'aimes ?
Lui: Répond d'abord à ma question.
- Toi d'abord.
Lui: Je t'aime comme un fou.
- Et moi comme une folle Aqeel.
Mes mains se posent le long de sa tête.
C'est le sourire aux lèvres que je retire enfin cette capuche et la casquette qui le séparait de moi.
Je cligne des yeux et mes larmes tombent, je n'en crois pas ce que je vois.
Mon sourire se meurt et des questions font surfacent.
Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ?
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