( Jazzy Bazz - El Presidente)

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Avec son sweatshirt vert, son pantalon de jogging et sa casquette sur la tête, Hakim ressemble davantage au rappeur que l'on m'a décrit récemment. En tout cas, il semble bien plus alaise dans son pull que dans sa chemise. J'avais donc raison, il ne doit pas en porter très souvent.

Voyant que personne ne répond à sa question, il ajoute d'une voix forte :

— Et elle ? Qu'est-ce qu'elle fout là ?

Le garçon finit par s'approcher de la table et check ses amis. Comme je pouvais m'en douter, il agit comme si je n'étais pas assise à côté d'eux.

Ken hausse un sourcil avant de répondre à sa deuxième question :

— J'sais pas. Lana l'a invitée.

— L'emmerdeuse.

Il parle de Lana ou ce mot m'est-il directement adressé ?

Mohammed nous dévisage lui aussi. Il ne semble pas comprendre grand chose à ce qui se passe autour de lui :

—Vous vous connaissez ?

Hakim s'apprête à ouvrir la bouche mais je suis plus rapide que lui , autant éviter les maladresses :

— Oui. On s'est croisé il y a quelques semaines. Je buvais un verre avec Lana.

— UN seul verre ? Tu es sûre ? rétorque Ken, un sourire narquois sur les lèvres.

Son pote se moque bien de ce détail.

Actuellement, tout ce qu'il souhaite, c'est obtenir une réponse à sa première question :

— Qu'est-ce qu'elle prépare la naine ?

Je sais que c'est à moi qu'il s'adresse pourtant ce sont ses amis qu'il fixe avec intensité, les sourcils froncés et les lèvres plissées.

D'ailleurs, c'est toujours Ken qui lui répond :

—J'sais pas non plus. Tu fais chier avec tes questions frère. Pourquoi Lana devrait-elle toujours avoir quelque chose derrière la tête ?

— Parce que c'est une malade mentale et qu'elle a rencontré l'autre au tribunal. répond-il en me pointant brièvement du doigt.

Ken acquiesce comme si sa réponse était suffisante et expliquait tout, comme si sa parole était d'or et qu'il avait toujours raison. Il lève ensuite la tête vers moi :

—Qu'est-ce qu'elle t'a proposée ?

Je ne supporte pas la façon qu'ils ont de toujours la surprotéger, de se mêler des affaires de la pauvre fille.

A croire que c'est son mec qui lui laisse le plus de liberté.

— Une nuit de sexe plutôt torride.

Moh éclate de rire. Ken s'apprête à surenchérir mais, heureusement pour moi, Lana réapparait au même moment. Elle passe sa tête par l'embrasure de la porte et me fait signe de la suivre.

Cependant, Hakim va plus vite que moi et me barre la route :

— Lana, balek que tu sois la meuf de Fram. Si je dois te séquestrer parce que tu te mêles des affaires des autres, je le ferais sans hésiter.

— Mais enfin Hakim, tu sais bien que je ne suis rien d'autre qu'une petite enseignante.

Il n'aime pas le ton qu'elle emploie. Ca se remarque à son corps qui se crispe davantage. Je l'ai déjà vu foutre son poing contre le mur juste à côté de ma tête. Pourtant, j'ai la conviction qu'il ne fera jamais de mal à la petite blonde.

—Fais pas la conne. Tu...

Lana dépose sa tête contre le dormant de la porte avant de l'interrompre sans ménagement :

— Arrête de jouer au grand frère Haks. Je veux juste lui présenter Shannon.

Shannon ?

Ken grimace :

—Elle était pas invitée.

C'est qui cette nana ?

Lana lève les yeux au ciel et se mordit la lèvre, comme si elle devait retenir sa langue. Elle se tourne ensuite vers Hakim :

—Bon, le Mekra va se décaler et laisser Kami passer ? C'est une nouvelle habitude chez toi ou il y a autre chose ?

Mekra ? Je suppose qu'il doit s'agir de son surnom.

Le garçon peste contre Lana avant de me céder le passage.

La jeune femme m'emmène à l'extérieur de la cuisine. Nous traversons la foule qui se veut bien plus dense que tout à l'heure.

— Fais pas attention à Hakim. hurle-t-elle pour que je puisse l'entendre malgré le vacarme provoqué par la musique et les discussions.

—Je sais pas pourquoi vous trainez avec lui. Il ne semble pas très...sympa.

Ma remarque a le mérite de faire rire la jeune femme :

—C'est le frère d'Idriss. Puis, quand il est avec tous ses amis, c'est un garçon en or.

Idriss et Hakim sont donc frères... En y repensant, c'est vrai qu'ils ont un air de famille bien que leur style soit différent.

—Avec toi aussi, c'est un garçon en or ?

— J'sais pas s'il m'apprécie. C'est un mystère depuis bientôt deux ans.

Lana ouvre une porte et met donc fin, par la même occasion, à notre conversation. Nous atterrissons dans une chambre. Sur la table de chevet, on y trouve une photo de Théo accompagné d'une magnifique femme en robe de mariée. Je suppose donc qu'il s'agit de sa piaule.

Toutefois, c'est une autre jeune femme aux yeux de chats, extrêmement bronzée et mince, aux boucles parfaites qui nous attend, ici, les bras croisés.

Lorsque nous nous approchons davantage, je constate qu'elle porte un uniforme de flic.

— Lana Rousseau. J'avais dit que je ne ferai plus rien d'illégal pour toi. Medhi a été arrêté et est officiellement emprisonné. Pourquoi penses-tu que je pourrais changer d'avis ?

En les entendant tous parlé, je comprends que Lana a fait énormément de choses pour son mec quand il a été suspecté. Cependant, il me manque encore une pièce du puzzle, pourquoi était-elle aussi malheureuse au tribunal ? et pourquoi tout le monde semble vouloir la garder bien sagement dans son rôle de maitresse d'école ?

— Moi aussi je suis contente de te voir. Je te présente Kami et son histoire est super interessante.

La police me regarde sans prononcer un seul mot. Elle doit s'attendre à ce que je lui explique la raison de sa venue.

Alors c'est ce que je fais. J'essaye de ne rien oublier, de n'omettre aucun détail. Toutefois, plus je parle et plus je me rends compte que je ne sais pas grand chose de ma propre histoire. Tout ce que je peux lui dire, c'est que je crois mes amis innocents et que je ferai n'importe quoi pour le prouver.

Une fois mon récit terminé, Shannon soupire :

— Oui, c'est une histoire de dingue... Mais Lana ?, dit-elle en se tournant vers son amie qui est maintenant assise sur le lit, Ne te lance plus dans des histoires pareilles. Tu as failli y passer la dernière fois.

Cette dernière s'exclame :

—T'exagère Sha.

—Pardon ? J'exagère ?

Lana s'apprête à rétorquer mais on n'a pas le temps pour ça. C'est comme si, tout à coup, je me rendais compte que Lana était ma seule chance de parvenir à la vérité, la seule à me croire et à pouvoir m'aider.

— Ecoutez, Shannon. Vous avez des problèmes avec Ken c'est ça ?

La flic ouvre de grands yeux.

—Pa.. Pardon ?

— Ken et vous, vous aviez une relation mais ça n'a pas fonctionné parce que vous êtes flics et qu'ils ont eu trop de problème avec ces derniers. J'ai tord ?

Son silence en dit long sur la relation qu'ils entretiennent. J'ai donc bien raison :

—Je peux parler à Ken. Mais en échange, je vous demande de nous aider, une seule fois. Je vous promets de ne jamais mettre Lana en danger. Elle me donnera ses idées et je ferai tout par moi-même. De toute façon, il y a pas trop de risque.

Shannon fait craquer ses poignets. Je déteste ce genre de manies. Si je n'avais pas besoin d'elle, je lui aurais déjà fait la remarque. Je force mon sourire en attendant une réponse qui met une éternité à sortir de sa bouche :

—Très bien. Mais je ne le fais pas pour Ken. Je le fais parce que votre histoire m'intéresse. Je vais voir ce que je peux tirer du dossier.

Lana la remercie. Moi, je suis incapable d'ouvrir la bouche. Je commence à peine à comprendre ce qui est en train de se passer.

Les deux copines se saluent avant que Shannon quitte la pièce. Nous sommes, désormais, toutes les deux et une question me brûle, étonnamment, les lèvres :

—Lana ?

—Oui ?

— Pourquoi sont-ils tous aussi chiants avec toi ?

La jeune femme cherche ses mots puis finit par me répondre d'une voix douce qui la caractérise si bien :

— Quand Idriss était suspecté, j'ai souvent agi sans leur accord. Ce que j'entends par là, c'est que j'étais souvent seule. A vrai dire, J'étais même plus efficace quand ils n'étaient pas tous les parages. Puis, un jour, j'ai failli... Enfin, quand j'ai découvert que Medhi, leur cousin, était le véritable coupable, il a essayé de me tuer.

Leur cousin... Mais oui, maintenant que j'y pense, ça a du être un choc pour Hakim de savoir qu'un membre de sa propre famille a comploté contre son frère.

—Il a vraiment voulu te tuer ?

Ca semble tellement surréaliste.

—Promis.

Elle soulève délicatement son pull et me montre sa cicatrice qui prend une certaine place sur son ventre.

Je dois dire que ça me touche plus que je ne l'aurais voulu. Ca me rappelle mes propres blessures bien que cela ne soit pas vraiment comparable.

— C'est Hakim, Ken et Théo qui m'ont trouvée. Quant à Idriss, il était au poste alors il n'a rien pu faire. Je pense qu'ils ont un peu culpabilisé ce jour là... Mais, je ne suis pas en sucre.

J'ai, soudainement, l'impression que la douleur se ravive dans mon dos et sur le haut de ma cuisse. Il faut que je change de sujet, tout de suite.

— Et si on retournait dans le salon ? J'ai dit à Ken qu'on allait se pécho toutes les deux mais si on pouvait éviter de faire ça dans le lit d'un couple marié, ce serait bien.

Lana se réjouit de ma proposition.

— Bien envoyé, je n'aurais pas trouvé mieux pour les faire taire. Allons rejoindre les autres.

La blonde se redresse, prête à m'emboiter le pas.

Mais lorsque j'ouvre la porte, quatre personnes bondissent à l'intérieur de la chambre.

L'endroit semble alors se rétrécir. Je reconnais Théo qui est appuyé contre la porte, Hakim et Ken sur sa gauche.

Idriss s'est avancé et tient sa copine par les épaules.

— Tu vas nous expliquer ce qui se passe, déclare-t-il d'un ton plutôt glacial, et c'est pas  négociable.