Chapitre 58 : Réveille-toi, oublie tes problèmes.
(Nemir feat Alpha Wann - Wake up)
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Quatre mois se sont écoulés depuis le mariage de ma soeur.
Ce jour là, après avoir discuté avec Hakim jusque midi, je suis rentrée chez mes parents pour leur annoncer qu'il était temps pour moi de partir.
— Tu vas retourner au pays avec ta grand-mère ? Accepter son offre ? m'a questionnée mon père.
— Non, ai-je répondu, je compte bien rester sur Paris.
Un gigantesque sourire s'est dessiné sur leur visage alors que j'expliquais pourquoi j'étais enfin prête à tourner la page.
Nous avons très vite été rejoints par Danna qui a profité de ce moment pour leur annoncer sa propre décision, celle concernant son souhait d'abandonner le travail à la librairie.
Il était tant pour nous deux de nous éloigner de notre famille et de mettre fin à cette étrange rivalité qui nous unissait depuis la naissance...
Et me voilà aujourd'hui !
J'ai eu énormément de chance. Sans Mohammed, jamais je n'aurais trouvé cet appartement, de taille moyenne et au prix plus que correct dans le 13ème arrondissement.
Je termine de ranger le salon et dispose sur le meuble de la télévision une photo de Sky, Meredith et John.
J'aurais voulu être assez forte pour me débarasser des photos de Jassim et Sofyan mais je ne peux pas. Elles sont toujours dans une boite, sous mon lit. Parce que, malgré tout ce que j'ai pu découvrir, je continue de les aimer.
Je ne peux pas effacer nos moments d'un simple claquement de doigts. Sinon, croyez-moi, je l'aurais déjà fait.
Hakim dit que je suis une malade mentale avec tous ces souvenirs dans mon nouvel appart, il voudrait que je détruise chaque photo d'une seule traite... Mais c'est impossible pour moi, pas maintenant.
D'ailleurs, en parlant du loup...
— Sérieux, t'étais obligée de tous les inviter aujourd'hui, grogne-t-il en décapsulant sa bière.
Je lève les yeux au ciel.
— Le principe d'une crémaillère, c'est d'inviter ses amis quand on vient de s'installer. Or, je viens d'emménager, tu vois le truc ?
— Tu me prends vraiment pour un teubé parfois.
Je le rejoins et passe mes bras autour de son cou.
— T'en fais pas, je sais parfaitement comment inaugurer cet appart quand ils seront tous partis, je murmure.
Il se détend un peu car un bref sourire apparait sur son visage :
— Balec, je vais tous les foutre dehors.
Je ris alors qu'on sonne, une première fois, à la porte.
Très vite, l'appartement se remplit. D'abord de rappeurs accompagnés chacun de leur petite amie respective, puis, de ma soeur et, enfin, de Meredith.
Elle entre, peu sûre d'elle, mais finit par me prendre dans ses bras.
— Merci pour l'invitation, souffle la brune.
— C'est normal, c'est toi et moi désormais.
Ca m'a pris la tête durant de longues de nuits...
Pourtant, c'était la meilleure chose à faire.
Je ne peux pas lui tourner le dos indéfiniment. On a vécu la même chose et Meredith n'a rien fait de mal.
On s'est revue plusieurs fois, elle s'est excusée à chaque fois. Elle commence à reprendre du poil de la bête aussi, c'est cool.
— Euh Kami ?
Ses yeux s'agrandissent. Je suis son regard à l'autre bout de la pièce. Elle fixe, avec attention, Hakim qui discute avec Deen et sa nana.
Je ne comprends pas trop ce qui se passe avant qu'elle n'ajoute :
— Je crois que j'ai déjà vu ce garçon quelque part...
Ah oui, c'est vrai...
— C'est mon petit ami.
Ok, toujours chelou de dire ça.
— Et, faudra qu'on discute de quelque chose mais pas aujourd'hui, je m'exclame, va te servir un verre ! N'aies pas peur, ils ne mordent pas.
Ivan passe justement par là. Je pousse presque mon amie dans ses bras.
— Tu peux l'accompagner jusqu'au bar, s'il te plait ?
Le rappeur me répond, heureusement, par l'affirmatif.
Car uun groupe vient de se former près de la fenêtre et attire particulièrement mon attention.
Antoine est avec Ken et Mohammed. Ils semblent tous les trois perdus dans une discussion des plus sérieuses. Le blond a les mains dans les poches alors que Moh fait de grands gestes. Le marocain est excité comme une puce. Les deux autres, par contre, sont contrariés.
Je dois savoir ce qui se passe.
Je marche d'un pas décidé mais une grande main que je connais si bien me rattrape au vol.
—Laisse-les discuter Kam, te mêle pas de ça maintenant.
— Pourquoi ?
Hakim sait quelque chose... Mais il ne dira rien.
— Flav, t'en parlera plus tard. Toi, va nourrir tes invités avant qu'ils soient tous bourrés et qu'ils puissent pas rentrer chez eux.
J'abdique en n'émettant pas de grogner à mon tour.
J'espère qu'il a raison. Si quelque chose ne va pas, Antoine viendra certainement m'en parler, que je sois là pour lui comme il l'a été pour moi ces derniers mois.
Une fois les desserts servis pour tout le monde, Ken quitte le groupe et vient s'installer entre Doums et moi.
— Je suis retourné à la librairie, c'est moins cool d'acheter quand c'est pas toi qui m'accueilles avec ton humeur de chien, m'explique très sérieusement le grec.
Je hausse un sourcil, ce qui suffit à le faire sourire.
— Ce qui est cool, par contre, c'est qu'on peut toujours se voir maintenant que t'es avec mon Kho.
Ouais, ils ont beau le répéter, c'est toujours bizarre.
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Lana et Idriss sont les derniers à partir.
La porte à peine refermée que déjà Hakim s'appuie contre le dos du canapé, les bras croisés.
— Alors, cette idée ?
Toujours impatient le Mekra.
Je déboutonne ma robe et la fais glisser sur le sol.
— Je me disais que pour inaugurer mon premier appart...
C'est maintenant au tour de mes sous-vêtements de rejoindre le carrelage.
— La tenue d'Eve était exigée.
Le garçon ouvre de grands yeux alors que je tourne sur moi-même.
— Quoi ? je m'agace face à son manque de réaction.
— Faut pas que tu fasses ça.
J'ai peut-être agi trop spontanément ? C'est peut-être pas trop son délire de me voir nue au milieu du salon...
Je m'apprête à rebrousser chemin jusqu'à ma chambre lorsqu'il bondit pour me rattraper.
— Faut pas que tu fasses ça parce que je vais devenir ouf si tu es tout le temps aussi....
Je m'approche pour déposer un baiser sur ses lèvres. Rapidement, ses mains se déposent sur mes hanches alors que nous nous embrassons à nouveau.
Hakim s'écarte soudainement. Nos lèvres s'effleurent toujours et sa respiration est plus rapide qu'ordinaire.
Mon petit tour lui a vraiment fait de l'effet on dirait.
— Je t'aime.
Quoi ? Pause. On rembobine ?
Je ne sais pas si j'ai bien entendu mais mon cœur s'emballe.
— Me demande pas de répéter, ajoute-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
Et aussi un peu pour me narguer, je lui ai déjà dit la même chose.
C'est alors que deux coups annoncent l'arrivée de quelqu'un à la porte. Nous n'avons pas le temps de réagir, elle s'ouvre brusquement sur une Lana énergique.
— Excusez-moi j'ai oublié ma veste. Oh mon dieu !
Il me faut encore quelques secondes pour réaliser que je n'ai plus aucun vêtement sur le dos.
Je me jette sur le sol et me cache derrière le canapé.
Rappelez-moi de toujours fermer la porte à clé...
Lana s'excuse et ferme les yeux. Idriss entre à sa suite mais la petite blonde le repousse aussitôt disant qu'il a plutôt intérêt à fermer les yeux lui-aussi ou sinon elle ne lui adressera plus la parole de la soirée.
De ma position, je peux apercevoir Hakim, Il rit à gorge déployée.
Je pensais, depuis deux ans, que ma vie serait solitaire, je pensais que je n'étais assez bien pour personne et que je mériterais de finir seule avec mes souvenirs et mes cauchemars.
Mais quand je vois ce garçon, debout au milieu de mon salon, qui adore quand je me ridiculise...
Je me dis que la vie est plutôt cool en fin de compte.
Alors, quand son petit frère et sa nana ont enfin quitté l'appartement (pour de bon cette fois), je me jette dans ses bras.
— Je t'aime aussi Hakim Akrour.
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On se retrouve demain pour l'épilogue ;).
Merci à tous ceux qui sont arrivés jusque là. Je ne sais toujours pas comment l'expliquer.
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