Chapitre 57 : Incompris, parce qu'on vit pas tous la même chose.
(S-Crew - Incompris)
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Évidemment que j'ai envie de dire oui.
"Rentrons, embrassons-nous et oublions tout nos problèmes."
Sauf que non, ce n'est pas la solution.
— J'ai besoin de te parler d'abord, à propos de tout ce qui s'est passé dernièrement.
Le garçon recule d'un pas, me libérant ainsi de son étreinte.
— Ah ouais ? Et de quoi tu veux discuter alors ?, s'emporte-t-il, Du fait que j'ai failli crever à cause de ton pote ou du fait que tu m'aies dit ce truc juste pour que j'arrête de lui taper dessus ? A moins, que ce soit ma réaction à l'hôpital. Je pensais que, justement, ce qui était cool entre nous, c'est qu'on était pas obligé de discuter comme les gens chiants.
Il est tellement à côté de la plaque.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire.
— Quoi ? Un problème ? Accouche Kami.
Il ne voit vraiment pas où je veux en venir.
— Je veux discuter de pleins de choses. Pour dire vrai, j'ai surtout envie de te comprendre Hakim. Je veux savoir pourquoi tu as pris ces médicaments alors qu'ils n'étaient pas recommander, je veux savoir pourquoi tu es si proche de ta grand-mère et pourquoi tu ne parles jamais de tes parents. J'aimerais que tu me parles de Medhi si un jour tu en ressens le besoin ou de n'importe quoi, même de ta musique. Parce que ça m'intéresse vraiment. Si j'ai envie de connaitre toutes ces petites choses à ton propos, c'est parce que je suis vraiment amoureuse de toi. Je n'ai pas dit ça pour que tu t'arrêtes... Je le pensais vraiment.
Les mots sont sortis tout seul, une nouvelle fois mais autrement.
— Cependant, aujourd'hui, j'ai simplement envie de savoir ce que tu attends de moi. Je ne peux pas continuer comme ça. Moi, en tout cas...
Mon ventre se tord lorsque je termine ma phrase, peut-être lourde de conséquences.
— J'ai envie de tenter quelque chose avec toi.
Foutu mariage qui me rend bien trop fragile.
J'ai l'impression d'attendre de longues minutes avant que le rappeur ne cligne des yeux. Il se tient toujours bien droit et ne bouge plus, sa tête dépasse à peine de son sweat.
— Pourquoi donne-t-on autant d'importance aux mots ? C'est vraiment de la merde.
Je hausse les épaules.
— C'est toi qui écris des textes, pas moi.
Hakim se racle la gorge :
— Des textes de malade, que je te reprenne plus à les critiquer.
— Promis, Monsieur qui s'habille trop swag.
C'est quitte ou double. A tout instant, il peut partir, vexé.
Pourtant, contre toute attente, je jurai qu'un sourire apparait à la commissure de ses lèvres.
— T'as écouté les albums alors ?
— Oui, j'ai beaucoup aimé.
Le rappeur se rapproche à nouveau, les mains dans ses poches.
— T'as confiance en oim ?
— Oui.
— Tu retiens pas la leçon, je t'avais dit de faire confiance à personne à part toi.
Je m'apprête à riposter mais il parle plus vite que moi :
— Suis-moi. C'est tout ce que je peux t'offrir pour l'instant.
Et il s'éloigne, m'obligeant ainsi à prendre une rapide décision.
La vérité ? Je suis bien trop curieuse. Puis, on parle d'Hakim...
Alors, je le suis jusqu'à sa voiture.
Je reconnais, assez vite, la route que nous empruntons.
Sauf que je ne comprends pas vraiment pourquoi.
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Lana nous ouvre la porte, pas vraiment surprise de nous voir débarquer à cette heure tardive.
— Alors, il était comment ce mariage ?
Elle nous tend une bière à chacun lorsque nous passons le pas de la porte.
— Pas trop mal. réponds-je en m'apercevant qu'Idriss, Ken et Théo sont affalés dans le canapé.
A cet instant, je ne peux m'empêcher de penser à ma tenue, aux antipodes du look décontracté opté par le reste du groupe.
Je fais tâche et rêve, secrètement, d'emprunter quelques vêtements à la petite blonde.
Heureusement pour moi, personne ne me pose de questions.
Ken se redresse, tel un gentleman, pour me laisser sa place et s'installe un peu plus loin, sur une chaise déportée de la cuisine.
Hakim discute dans un coin avec Lana et son reuf qui s'est levé pour les rejoindre.
— Oh Kam, s'exclame Théo comme s'il s'apercevait soudainement de ma présence, on s'apprêtait à lancer "21 Jump Street" sur Netflix, ça te tente ?
Pas trop mon style de prédilection mais bon...Je ne sais toujours pas ce qu'on fout ici.
— Heu, si tu...
— 2zer, bouge ton cul et va te poser près de la naine, me coupe soudainement Hakim en pointant Lana qui vient de s'installer, à même le sol, avec une boite de "Ferrero Rocher" sur les genoux, et choisissez un meilleur film. Je préfère devenir aveugle que regarder cette merde.
Théo fait semblant de râler mais il se lève sans broncher pour rejoindre la prof. Il s'empresse, d'ailleurs, de lui piquer sa bouffe.
Hakim s'installe juste à côté de moi et laisse ses amis débattre, une nouvelle fois, sur le film à mater.
— Je peux savoir ce qu'on fait là ? je murmure à son oreille.
Il hausse les épaules.
— C'est mon quotidien, être avec ma mif.
Il prend une nouvelle gorgée de bière, mettant un terme définitif à cette conversation. Le rappeur se tourne, ensuite, vers le reste du groupe dans le seul but d'imposer son choix : "Pulp Fiction".
Selon Idriss, ils l'ont déjà vu cent fois depuis le début de l'année et une cent-unième est loin d'être nécessaire.
Pourtant, le grand frère finit par avoir le dernier mot.
Et alors que le film commence, que la courte scène du "Diner" apparait sur l'écran du salon, Hakim passe un bras autour de mes épaules.
Les autres nous regardent, de temps à autre, pour nous proposer une bière ou des chips mais il ne s'écarte à aucun moment.
Je comprends maintenant.
Les mots ne sont pas toujours obligatoires en fin de compte.
Après cette séance de cinéma improvisée, nous restons un peu plus longtemps pour discuter du prochain album de Ken avant de prendre la direction de la sortie aux alentours de trois heures.
— Tu veux terminer la soirée chez oim ? me propose Hakim tout en quittant sa place de parking.
Son regard, toujours si sérieux, est tourné vers la route. Une de ses mains tient le volant alors que la seconde pianote contre sa propre cuisse au rythme de la musique "Guess, Who's Back" de Rakim.
— Je crois que tu connais déjà la réponse, dis-je en m'affalant au fond du siège passager.
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A peine, sommes-nous rentrés que les deux chiens nous sautent dessus, ravis de retrouver leur maitre.
Le rappeur s'occupe d'eux quelques instants avant de me pousser vers sa chambre.
— Hé ! Doucement, je m'exclame en prenant appuie contre le mur.
Hakim ne me répond pas, préférant me rejoindre directement.
Très vite, ses lèvres s'abattent contre les miennes.
Ces dernières s'accordent parfaitement lorsque nous nous dirigeons vers le lit.
— Cette tenue putain. grogne-t-il soudainement.
Ses mains, jusqu'alors baladeuses, viennent agripper mes hanches.
— J'ai envie de te l'arracher depuis des heures.
S'il continue comme ça, je ne vais pas faire long feu.
Putain, qu'est-ce qu'il m'a manqué.
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Le jour vient de se lever.
Je suis couchée à ses côtés. Nous regardons tous les deux le plafond, comme le soir où nous avons dormi l'un à côté de l'autre pour la première fois.
Le silence est maitre, seul nos respirations viennent perturber ce calme si reposant.
Je pense, durant quelques minutes, qu'Hakim est endormi.
Mes yeux commencent à se fermer quand sa voix grave vient briser ce moment de mutisme :
— Je parle pas de mes parents parce qu'ils ont eu aucun impact dans notre iv à mon reuf et moi.
Je tourne ma tête et l'observe. Il se mordille l'intérieur des joues. J'ose poser ma main contre son torse, sa respiration est saccadée.
Quelques mots en arabe sont prononcés.
Ses doigts viennent, ensuite, suivre le tracé de mon tatouage au henné alors qu'il reprend son récit depuis le début.
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Hey,
J'espère que le chapitre vous aura plu.
Après celui-ci, Il n'en restera que deux (1 chap + l'épilogue).
Nous passerons, alors, à la suite (sans jeu de mot...).
La prochaine histoire sera différente mais sera, pourtant, liée aux deux autres.
Puis, je pourrai enfin corriger ce tome. Mes premiers jets ne sont jamais bons selon moi ahah.
En tout cas, un grand merci pour tous vos votes et vos commentaires.
Amy.
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