Chapitre 51 : La vie n'est pas si rose, méfie-toi des innocents.
(L'Entourage - Méfie-toi des innocents)
Yo les gars,
C'est complètement déphasée que je reviens pour vous offrir les tous derniers chapitres.
J'espère que l'histoire vous plaira toujours autant.
Je vous avoue que moi, je suis perdue. D'une certaine façon, j'ai hâte qu'elle soit terminée pour corriger toutes ses imperfections (je vous ai déjà dit que j'étais une éternelle insatisfaite ?).
Enfin bref, voilà une nouvelle partie :
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Mon coeur se tord et menace, à tout instant, de s'échapper de ma cage thoracique. J'ai envie de le faire taire, qu'il finisse en poussière entre mes doigts si ça peut suffire à faire disparaitre la douleur.
Je n'ai plus vraiment conscience de ce qui se passe autour de moi. Je crois que Lana fait les cent pas, son portable entre les mains mais je n'ai pas la force de vérifier.
Mon regard est tourné vers la porte, celle qui peut s'ouvrir d'une minute à l'autre.
J'ai l'impression d'attendre ce moment depuis une éternité. Après tout, découvrir la vérité, c'est tout ce que je voulais depuis deux ans.
Alors, pourquoi le crains-je aussi à ce point ?
J'aimerais qu'Hakim soit là. C'est bizarre. Parce qu'il y a quelques mois, j'aurais tout fait pour éviter son regard. Pourtant, je ferais n'importe quoi pour qu'il me serre contre lui comme il a pu le faire encore ce matin.
Le grincement de la porte chasse subitement le rappeur de mon esprit. Sofyan et son avocat apparaissent dans mon champs de vision. Il ne me faut pas plus d'une fraction de seconde pour que je les rejoigne.
Le second a un geste de recul et me demande poliment de partir. On les attend ailleurs, je n'ai pas vraiment le droit d'être ici...
Mais Sofyan lui demande :
— Juste deux minutes, s'il vous plait.
Il est heureux de me voir. Je le sais parce qu'il m'offre un sourire rassurant, Jassim avait le même.
Mon Jassim.
— Qu'est-ce que tu fais ici Kami ?
C'est dur, très dur.
J'ai l'impression d'avoir échoué, que ma vie n'a été qu'une vaste blague du début à la fin.
— Je sais que c'est toi. Toi et...Jass.
Le dire à voix haute rend la chose plus réelle.
Les personnes que j'ai le plus aimée dans ma vie, les personnes qui étaient mes piliers au quotidien sont, en réalité, d'horribles personnes.
Mes mains tremblent subitement. Je croise les bras, je ne veux pas qu'ils s'en rendent compte.
— Il faut que tu assumes et que tu arrêtes de protéger Martin. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi vous le faites parce que lui ne se gêne pas pour vous attaquer depuis deux ans.
C'est incompréhensible mais ce n'est pas ce qui compte le plus actuellement.
Sofyan fait de grands yeux et son avocat le prie de ne pas me répondre. Il me demande poliment de partir mais je n'en ai pas fini pour autant :
— Si tu as un minimum de respect pour les familles de nos amis mais aussi un minimum de respect pour moi, tu dois faire ce qui est juste et honnête.
Je commence à m'éloigner alors que son avocat parle d'appeler la sécurité du bâtiment. Sofyan fait un pas en avant et attrape mon poignet au vol. Un frisson de dégoût se propage dans tout mon corps.
Voilà où on en est arrivé.
— Lâche-moi.
— Je suis désolé.
Je suis paralysée. Lana me tire par le bras et m'emmène à l'extérieur.
Une fois à l'air libre, la petite blonde me demande :
— Ca va ? Tu veux que je fasse quelque chose ?
— C'est bon. T'as déjà fait beaucoup.
Je me saisis de mon portefeuille et y sors la photo de Jass et moi, celle qui se trouve depuis deux ans au milieu des pièces de monnaie.
C'est un besoin urgent.
Mon Jassim.
Ses boucles brunes, ce sourire charmeur et ses poignets squelettiques sur mes épaules.
Notre relation privilégiée, des soirées passées ensemble avec son objectif.
Mon Jassim à moi.
Juste des mensonges.
La photo se froisse entre mes doigts.
— Je sais pas si j'ai pris la bonne décision, commence Lana. Mais j'ai appelé Idriss...
Un rapide coup d'oeil dans sa direction me fait prendre conscience qu'elle fixe quelque chose sur le trottoir d'en face.
C'est là que j'aperçois les frères Akrour se précipiter dans notre direction.
— Pourquoi t'as fait ça ? je m'emporte.
— Parce que j'ai besoin de lui...et toi, d'Hakim.
Elle est si naïve.
Malgré son air sévère, il est évident que son mec est avant tout rassuré de la retrouver sans la moindre égratignure.
Mais le regard noir que m'offre Hakim confirme ce que je pensais : je n'ai pas seulement perdu mes amis aujourd'hui.
J'ai aussi perdu le garçon dont je suis amoureuse.
Idriss passe devant moi comme si je n'existais pas et entraine Lana avec lui. La blonde commence à hausser le ton alors qu'ils s'éloignent dans la rue.
Hakim, lui, ne bouge pas. Les bras croisés, il se contente de parler d'une voix terne, le genre à ne trahir aucune émotion :
— T'es toujours seule chez toi ?
— Oui.
— Rentre.
La photo toujours coincée dans la paume de ma main, je m'exécute et prends la direction du trottoir. Je suis surprise de constater qu'il me suit, sans un mot. Je tangue un peu et je tremble toujours mais Hakim ne dit rien.
Une fois arrivée devant ma porte, je m'arrête. J'ai envie de hurler, de taper sur tout et n'importe quoi.
Pourtant, je me retiens.
Je ferme les yeux et prends une grande inspiration avant de murmurer :
— Tu dois être content.
Hakim fronce un peu plus les sourcils. Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce genre de réaction.
— Pourquoi ?
— Parce que tu avais raison. Jass... est un assassin.
Ce sont les mots qu'il avait employé à la librairie. Tout ce que je voulais à ce moment là c'était lui faire mal pour ce qu'il avait osé dire.
Putain. Comment puis-je être aussi conne ?
Suis-je entourée que de mauvaises personnes ?
Je serre un peu plus fort la photo entre mes doigts. Me voyant faire, Hakim me l'arrache des mains et la fixe longuement. Puis, il relève la tête et me regarde droit dans les yeux :
— Crois pas que ça me fait plaisir.
On se toise encore, j'ai la main sur la poignet de la porte. C'est quand les larmes commencent à couler le long de mes joues qu'il détourne le regard vers la rue bondée en ce début d'après-midi.
— Je vais y aller.
— Pourquoi ?
Je ne sais pas pourquoi je pose la question. Je connais déjà la réponse.
— Je peux pas rester avec les gens en qui j'ai plus confiance.
C'est de ma faute, il a raison.
Pourtant je ferais n'importe quoi pour qu'il reste.
Il me rend la photo et commence à s'éloigner.
Je m'exclame alors sans vraiment réfléchir :
— Comment ai-je pu être aussi idiote ? J'aurais dû le remarquer.
Hakim s'arrête. Il pivote et replace la capuche de son sweat sur sa tête.
— Nan, t'aurais pas su.
— Comment tu peux en être aussi sûr ?
Il grogne, ça faisait longtemps.
Le rappeur m'explique tout en fixant un point sur la façade de ma maison :
— J'ai passé tous mes étés avec ma mif au pays. Ma grand-mère, ma tante, Id... Medhi.
Ses doigts pianotent nerveusement contre sa cuisse.
— On faisait que gol-rie. On passait des soirées à trois à faire tout et n'importe quoi. Pourtant, il a pas hésité deux fois avant de nous planter un putain de couteau dans le dos.
Sa mâchoire se resserre :
— Tu ne peux avoir confiance qu'en toi-même. Si c'est pas le cas, ta iv est fichue.
J'avance d'un pas. Il ne bouge pas.
Alors je continue.
Quand je me retrouve à quelques centimètres du rappeur, je me rends compte que son corps tout entier est sous tension. chacun de ses muscles est contracté. Lui aussi semble vouloir hurler et cogner sur n'importe quoi.
Pourtant, il reste calme, comme moi.
— Qu'est-ce que tu veux ? me questionne-t-il.
— J'ai confiance en toi.
Un rictus se perd.
— Tu devrais pas. T'as pas encore retenu la leçon ?
Je sais, c'est incompréhensible. Je suis complètement inconsciente.
— Hakim, je...
Mais il ne me laisse pas terminer. La distance qui nous séparait disparait alors que ses lèvres s'entrechoquent avec les miennes.
Mon coeur se réveille et recommence à battre un peu plus fort.
Ses mouvements sont précipités, agressifs mais il y a autre chose aussi, je ne sais pas ce que s'est.
De toute façon, je n'ai pas le temps de m'y attarder. Hakim finit par s'écarter bien que ses mains soient toujours posées sur mon dos :
— On peut plus se voir.
— Je comprends.
Et qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On reste planté là ? L'un contre l'autre devant ma porte d'entrée ?
— Mais je veux bien un verre d'eau avant de partir.
J'acquiesce et l'invite à me suivre à l'intérieur. Heureusement, mes parents sont toujours en voyages pour les affaires.
Dans la cuisine, il s'installe autour de la table. C'est drôle car il garde toujours la même place à chaque fois qu'il met les pieds ici.
En fait, je ne veux pas que ce soit la dernière fois qu'il vienne s'asseoir là.
J'en ai marre de fuir ou de subir toutes mes émotions.
Il y a une tempête qui se créée dans mon cerveau.
— Je suis pas d'accord Hakim. On peut toujours se voir.
Il stoppe son mouvement et son geste reste en suspend dans les airs.
— Quoi ?
— Je trouve que...
On frappe à la porte.
Hakim hausse les épaules et me fait signe d'aller ouvrir.
Je soupire et me précipite vers l'entrée. J'ouvre la porte à la volée, m'apprêtant à rembarrer la personne qui ose me déranger. Après tout, je suis à deux doigts de dire quelque chose, peut-être la chose la plus importante de toute ma vie.
C'est alors qu'avant même que je comprenne quoique ce soit, je reçois un coup violent sur le haut du crâne.
Ma vision se trouble, j'entends simplement Hakim m'appeler de la cuisine.
Puis, une autre voix, plus proche cette fois, qui me souffle :
— Quand on fouille, il y a des conséquences ma jolie. C'est dommage, on avait convenu de ne pas te toucher.
Martin.
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