Chapitre 34 : J'étais en panique quand j'complotais chez Mekra.
(S-Crew - C'est pas un film)
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En quittant l'Olympia ce soir là, je me suis sentie étrange.
Antoine est parvenu à ses fins. Il a réussi à me faire cogiter ce crétin.
Tout ce que je souhaite pourtant, c'est trouver un moyen d'innocenter mes amis. C'est ce qui me lie aussi à Hakim et à sa bande.
Alors, autant mettre toutes les chances de mon côté pour que cela soit rapidement terminé.
— Antoine ?
Le blondinet qui m'ouvre la portière de sa vieille voiture, une Renault 5 de couleur blanche, me dévisage, attendant que je continue sur ma lancée.
Je crois que notre conversation sur son ex nana l'a également remué.
— Je dois passer à l'hôpital, récupérer quelque chose qui m'appartient. Ca ne te dérange pas de m'y déposer ?
Ses lèvres s'étirent légèrement, m'offrant ainsi un sourire bienveillant :
— Non, c'est bon. Allons-y.
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Me faufiler jusqu'à la salle de repos n'est pas une mince affaire.
Je ne peux pas y envoyer Antoine. C'est une personne formidable et je n'ai pas non plus envie qu'il soit impliquer dans tout ce merdier.
De plus, Beaucoup de personnes me connaissent, encore plus depuis ma dispute avec Martin le mois passé.
Alors, je dois me la jouer "petite souris" : capuche sur la tête et démarche assurée. La nuit, ils ne sont pas nombreux et je sais qu'ils ont rendez-vous, pour la plupart, à la cafétéria. Un dernier café avant le début du service de nuit, il y a rien de plus revigorant.
Arrivée là-bas, je pousse l'étagère. Je m'attends à tomber nez-à-nez avec nos carnets, nos photos Polaroïd ou mêmes nos cigarettes.
Mais non, il n'y a qu'une seule chose.
Je me saisis du minuscule objet. Mon ventre se tord lorsque je lis le nom inscrit sur cette clé U.S.B.
"JOHN".
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— Lana ?
L'air frais n'a aucun pouvoir sur mon corps. Je suis un feu brûlant, des flammes ardentes dansent à l'intérieur de moi, tout près de mon coeur.
De un, car nos affaires ont étrangement disparu de cet endroit. Et de deux, parce que cette clé n'a rien à faire là, John n'était même pas au courant de cette cachette.
— Oui Kami, qu'est-ce qu'il se passe ? me répond-elle d'une voix pâteuse, elle vient de se réveiller.
— Je suis tellement contente que tu me répondes. C'est long à expliquer mais j'ai trouvé une clé USB appartenant à John et... et je suis persuadée qu'elle peut nous être utile.
Je l'entends se redresser et sortir de son lit.
La pauvre, elle est épuisée moralement et je viens l'emmerder à une heure pareille.
Idriss grogne à côté d'elle quand elle ne se gène pas pour parler fort.
— Ok. J'appelle les autres. On va regarder à ça tout de suite.
Mon coeur ne cesse de battre à tout rompt.
— Merci. Je viens chez toi.
— Je te tiens au courant d'accord ?
J'acquiesce avant de raccrocher et de rejoindre Antoine à côté de sa voiture.
— Tu as trouvé ce que tu voulais ? me demande-t-il plus tard en lançant le contact.
Je sors le minuscule objet de ma poche et le fixe toujours avec attention. Je ferme les yeux quelques secondes et les ouvre à nouveau, comme pour m'assurer que je ne rêve pas.
Il est toujours là.
— Oui. Je te revaudrai ça.
Le blond a repris la route depuis seulement quelques secondes lorsque je reçois un message de Lana :
" On se retrouve chez Hakim. A tout de suite."
Super.
— Tu peux me déposer chez Haks s'il te plait ?
A peine ai-je prononcé ces mots que je le regrette. J'aurais dû rentrer chez moi et prendre ma voiture, tant pis si je devais arriver avec un peu de retard.
Parce qu'Antoine a un sourire idiot sur le visage et ça m'agace au plus au point.
— C'est pas ce que tu crois, les autres membres du S. nous rejoignent.
— Je ne juge pas vos préférences.
Il rit quand je fronce les sourcils avant de détourner le regard vers la vitre.
Heureusement, Antoine ne pose aucune question à propos de cette réunion improvisée. C'est pour ça aussi que je kiffe autant ce garçon.
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Hakim m'ouvre la porte. En entrant, j'ai l'"agréable" surprise de constater que je suis la première arrivée sur les lieux.
— T'as été toute seule ?
Ah oui. J'avais presque oublié ce détail.
— Je l'ai fait sur un coup de tête, peu importe.
J'entends ses pas s'accélérer. Soudainement, il se trouve devant moi, me bloquant le passage pour arriver au salon.
— Et tu trouves ça normal d'agir seule comme ça ?
Je ne sais pas quoi répondre. Je ne bouge pas non plus, analysant son visage fermé, ses traits figés et ses cheveux qui semblent un peu plus long que lors de notre première rencontre.
Mes yeux s'arrêtent, sans que je puisse vraiment le décider, sur ses lèvres.
C'est toute cette adrénaline, elle me donne envie... envie de lui.
Je prie l'univers pour que le garçon ne s'en rende pas compte et pour que cette soudaine attirance s'évapore dans la seconde.
Et je crois qu'il m'entend.
Parce que son téléphone vibre dans sa poche.
Hakim détourne son regard vers son portable quand il le prend entre ses doigts. Je ne sais pas qui l'appelle, aucune émotion ne le trahit quand il décroche.
C'est seulement quand il s'éloigne vers la chambre que je l'entends murmurer :
— Salut Rox.
Je ne sais pas de quoi ils sont en train de parler. Mais le temps me semble soudainement long. Lana et les autres ne sont toujours pas là et j'ai besoin de savoir ce qu'il y a dans cette putain de clé.
Mes mains sont moites à force de tripoter le petit objet dans tous les sens. Je me concentre sur cette écriture et ce mot : John.
Mon John, mon ami, son écriture.
La porte d'entrée s'ouvre brusquement. Lana, en legging et pantoufles, est suivie de près par le reste de la bande. Tous les quatre semblent tout droit sortis du lit.
Ils sont dingues. J'aurais jamais accouru à leur place.
Ken est le dernier à me saluer et le premier à me poser la question :
— Tu nous expliques ?
Ses cheveux sont indisciplinés. Il n'a même pas pris le temps de mettre une casquette comme les deux autres garçons.
— Tout à l'heure, avec Hakim, on a pu approcher Meredith...
Je leur propose un bref topo de la situation.
Quand j'évoque ma découverte, Hakim fait son grand retour dans le salon. Il s'installe à côté de Lana sans un mot.
Ses prunelles ne me quittent plus jusqu'à la fin de mon monologue.
— Tu es certaine que John ne connaissait pas cette cachette ? me questionne Théo, toujours debout.
— Ouais. Sky lui en a peut-être parlé, ils étaient très proches... Mais, je ne vois pas pourquoi il aurait été la mettre là. Qui plus est...
C'est toujours difficile de terminer ce genre de phrase. Les mots sont coincés au fond de ma gorge.
C'est Hakim qui la termine pour moi :
— Le jour où il est décédé.
Je tends le petit objet à Idriss qui s'empresse de le connecter à son ordinateur portable.
Il place ensuite le Macbook sur les jambes de Lana. Ken et Théo viennent s'installer derrière eux pour regarder l'écran.
Moi, je m'avance difficilement. Je sais pas trop pourquoi, c'est comme si j'avais un mauvais pressentiment.
Rien n'est logique dans cette découverte.
Je me place à côté de Hakim, parce que c'est la seule place encore disponible qui me donne une vision directe sur l'ordinateur.
La clé s'installe lentement. Plus le temps affiché à l'écran diminue, plus mon coeur s'accélère.
— Arrête de trembler. Ca me gonfle.
Malgré sa voix grave, j'ai l'impression d'être la seule à l'entendre. Ils sont tous obnubilés par ce qu'ils voient, attendant, peut-être, comme moi d'être surpris d'une façon ou d'une autre.
La grande main du rappeur vient se poser sur la mienne. Ses ongles entrent presque dans ma peau, c'est sa façon à lui de contrôler mes tremblements.
Cinq secondes, quatre secondes, trois secondes, deux secondes, une seconde...
— C'est quoi ce bordel ? s'exclame Idriss pour tout le monde.
J'ai l'impression de me prendre une douche froide.
La clé est bloquée. Il nous faut un mot de passe si on souhaite toujours découvrir les fichiers.
— T'as pas une petite idée toi ? demande Lana après avoir essayé tous les codes bateaux du type : "1234".
— Non...
Je me redresse, repoussant la main d'Hakim.
J'ai l'impression de partager la douleur de Sisyphe.
Parce que, comme d'habitude, je pense arriver au sommet de la colline avec mon rochet.
Mais comme à chaque fois, nous finissons par dégringoler violemment la pente.
— Laissez-tomber, on ne trouvera jamais... je soupire.
Hakim fait signe à Théo et Ken de s'approcher. Il chuchote quelque chose à leur oreille. Tous les deux acquiescent.
Le grec finit par relever la tête vers moi.
— Je sais qui peut nous aider.
Un dernier espoir ?
— Qui ça ?
Tout le monde semble avoir compris sauf moi.
— Flav.
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J'espère que le chapitre vous aura plu !
Moi je vous laisse, c'est Belgique-Chypre ce soir.
Merci à tous pour votre lecture !
Si vous avez des questions ou des attentes pour la suite, n'hésitez pas.
Amy
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