Chapitre 31 : Est-ce qu'on peut dire que ça s'est pas passé ?

(Todiefor & Shoeba feat. Roméo Elvis - Signals)

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Malgré l'état lamentable dans lequel je me trouve, je termine les comptes de la librairie. Mon cerveau ne m'est, toutefois, d'aucune utilité. Pour faire court, je dois  recommencer certains calculs plusieurs fois et utiliser la calculatrice de mon téléphone pour des maths de niveau primaire. 

Pitoyable Kami. 

Hakim, lui, est toujours assis dans le canapé. Il me fixe avec insistance. Non pas parce qu'il me désire mais plutôt parce qu'il se pose toujours des questions à mon sujet. 

Des meufs qui acceptent de coucher mais qui refusent d'enlever le haut, ça court pas les rues. 

Après avoir tout rangé, lui avoir (enfin) rendu son portable, mis l'alarme et fermé la porte à clé, il lâche d'un ton désinvolte : 

Tu veux passer à l'appart ? 

Et comme si je n'étais pas encore assez rassasiée, j'acquiesce. 

Nous prenons alors  la direction de sa voiture et nous n'ouvrons plus  la bouche jusqu'à ce que nous soyons tous les deux dans sa chambre. 

Il est fort, très fort. 

Et je sais qu'une grande part de frustration l'habite alors que je refuse toujours qu'il me déshabille. Ses doigts ne cessent de chiffonner mon chemisier. Je crois même, un moment, qu'il va le déchirer,  ce qui entrainerait mon départ précipité et une facture dans sa boite aux lettres le lendemain matin. 

Vers trois heures, Hakim est  allongé à côté de moi dans le noir. Sa voix résonne dans la nuit quand il ose, enfin, poser LA question que je redoutais tant : 

Pourquoi tu te désapes pas ? 

Mais je n'ai pas envie de répondre. Alors je fais semblant de dormir. 

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Le lendemain matin, je suis réveillée par un poids lourd s'abattant sur moi. Je me redresse sur le coup et tombe nez à nez avec un staff qui me lèche le visage. 

Bordel Hakim, ton chien ! 

Mon cri ne change rien au bien-être de Monsieur. Il est toujours endormi sur le dos, la tête penchée vers le côté. Un léger ronflement accompagne les battements de son coeur. 

C'est étrange de le voir aussi serein, lui qui a toujours l'air à deux doigts de commettre un meurtre.

Je pourrais le regarder dormir encore longtemps...Enfin, si je n'avais pas décidé qu'il était temps de se réveiller :  

 — Il est l'or monseignor ! je m'exclame en lui pinçant le bras de toutes mes forces. 

Hakim grogne avant de me tourner le dos. Dans son mouvement, il vole toute la couverture. Je m'apprête à lui faire la réflexion mais son chien se jette sur son maitre et lui lèche, désormais le visage. 

Je grimace face à cette scène quand le garçon quitte le lit pour se rhabiller. Une fois son t-shirt enfilé, il me fait face, un doigt accusateur tourné dans ma direction : 

La prochaine fois que tu me pinces, je lui ordonne de te mordre. 

Je lève les yeux au ciel et récupère un coussin que je sers contre mon buste : 

Elle ne me fera aucun mal. Pas vrai ma belle ? 

La chienne penche la tête comme si elle comprenait mes paroles. 

Je ris quand le rappeur qui la pièce et s'écrie : 

Viens Steamy. Reste pas avec l'Indienne qui te sous-estime. 

Je profite de ce moment de solitude pour enfiler mon jean et attacher mes cheveux en une queue de cheval. Mon écharpe retrouve sa place autour de mon cou avant que je prenne la direction de la cuisine. 

J'y découvre Hakim, adossé contre le frigo et dégustant un café brûlant.   

 L'Indienne, elle t'emmerde. je proteste en prenant place sur l'une des chaises disposées autour de la petite table à manger. 

C'est pas ce qu'elle disait cette nuit. 

Il hausse un sourcil, attendant une réaction de ma part. Sauf que je ne lui donnerai pas cette satisfaction. 

C'est alors que son portable vibre bruyamment.  Il est posé devant moi, je suis donc la première à découvrir le nom de la personne qui tente de le joindre. 

Roxanne. 

Je me sens soudainement mal alaise. Même s'il a juré qu'il n'y avait rien de sérieux entre eux, je ne peux que me demander si elle voit les choses de la même manière. 

Après tout, qui d'autre qu'une petite amie pourrait l'appeler de si bon matin ? 

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Deux semaines plus tard, Hakim nous rejoint à la maison. Maman lui a proposé de venir manger et je le soupçonne d'être accro à son Poulet Tandoori. 

Nous n'avons plus jamais parler de notre nuit "ensemble". D'ailleurs, il ne m'adresse pas vraiment la parole de la journée. Il discute du prochain album de Nek avec ma mère et même de voiture avec mon père. Avec moi, par contre, c'est silence radio. 

Vers 17h, ma mère nous demande de l'accompagner jusqu'à la pharmacie. Elle a quelques petites choses à acheter pour le bébé de Danna et elle refuse de s'y rendre seule "aussi tard". 

Lorsqu'elle s'éloigne vers la caisse pour payer, Hakim décide qu'il est temps pour lui de mettre fin à son mutisme : 

Je crois que ça devient sérieux avec Rox. 

Je relève la tête vers lui, m'attendant à ce qu'il continue ses explications. Mais déjà ses yeux sont tournés vers le portable qu'il tient entre ses mains. 

C'est cool. Et surprenant. 

En vrai, je ne trouve pas ça très cool mais comment pourrai-je justifier cet apriori ? 

Il hausse les épaules : 

Elle est sympa et je vois pas en quoi c'est surprenant. Tu ne me connais pas.

Pourquoi il prend la mouche déjà ? 

—  C'est pourtant toi qui m'as dit qu'il n'y avait rien de concret entre vous. C'est aussi pour cette raison que j'ai couché avec toi. 

Il rit. Sauf que ce n'est pas le genre de rire qui se veut chaleureux. Il est en colère. 

J'ai aucun compte à te rendre. Je sais même pas pourquoi je prends encore la peine de venir t'aider avec ton connard de "Pita"... Merde Kami, c'est tellement ridicule ce mot. 

Je crois qu'il a haussé le ton. Un couple de personnes âgées nous dévisage alors que je lui réponds : 

Pas de problème Hakim. On arrête tout. Si tu trouves mon père aussi nul, c'est que tu dois avoir un modèle irréprochable. Va donc diner avec lui. Je dirai à maman que tu as dû partir . Au revoir. 

Son regard s'assombrit bien plus que d'habitude. Il veut riposter mais...

Kami ? Hakim ? 

Nous tournons la tête et découvrons Lana, droite comme un I et les bras croisés. 

En autre temps, je crois que le garçon l'aurait bouffé de nous avoir interrompu...mais pas aujourd'hui. 

De un, parce que Lana nous a surpris en pleine discussion et de deux, parce qu'elle n'est pas au mieux de sa forme. 

Son teint est blafard, ses pupilles sont minuscules et les cernes se dessinant sous son visage ne laissent aucun doute sur son état de fatigue. Elle a maigri aussi. 

Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? elle demande. 

Ca te regarde ? Toi tu fous quoi ici ? répond Hakim du tac au tac. 

Elle soupire et nous répond doucement : 

J'ai des médicaments à prendre. Je suis avec ton frère. 

En parlant du loup, Idriss apparait sur ses talons. Il essaie de déchiffrer l'étiquette d'un médicament. Il relève la tête pour poser une question à Lana mais ne termine pas sa phrase quand il nous aperçoit : 

Haks, Kam.  C'est quoi ce bordel ? 

C'est ce que j'essaie de découvrir. ajoute Lana en prenant la boite des mains du garçon.  

Faut que je nous sorte de là et vite. 

—  Je suis venue avec ma mère et j'ai croisé Hakim par hasard. C'est fou, à quatre en même temps. 

Comme s'ils allaient avaler ce mensonge. 

Car, pour ne rien arranger, maman décide qu'il est temps pour elle de nous rejoindre. 

Elle sourit en apercevant le jeune couple : 

Bonjour. Je suis Rita, la maman de Kamilah. 

La petite blonde se présente à son tour avant de laisser la parole à son mec : 

Je suis Idriss. Le copain de Lana. Et ça, c'est Hakim, mon frère.  

Quand il prononce ces mots, j'ai soudainement très chaud. 

Je n'ai pas le temps de supplier l'univers, de lui demander de m'épargner au moins ce soir. Ce dernier a déjà pris sa décision me concernant : 

Tu es le frère d'Hakim ?, s'exclame maman d'une voix beaucoup trop enjouée, C'est génial ! Je suis heureuse de rencontrer sa famille. 

Idriss fronce un sourcil : 

Vous... Vous le connaissez ? 

Evidemment. Pourquoi ne devrais-je pas connaitre le copain de ma fille ? 

J'ai envie de disparaitre sous terre. 

Quant à Hakim,  vu le regard qu'il lance en direction de son reuf, il a surtout envie de lui péter le nez. 

Lana reste impassible, toujours très bonne comédienne. Idriss, lui, rit dans sa barbe :  

Le copain de votre fille, carrément ! 

Maman ne comprend rien. Je lance un regard désespéré en direction de la blonde qui semble subitement réaliser quelque chose : 

Idriss, va la chercher, je vous rejoins à la voiture. 

Aller la chercher ? Mais de quoi parlent-ils ? 

Oh Lana ! Mais moi je veux en savoir plus sur mon frère et sa petite amie. On peut encore rester quelques minutes. 

Ok. En sortant de cet endroit, je lui fais avaler son chignon ridicule. 

Qui sort avec mon Hakim ? 

Je sursaute et me décale pour faire face à une dame plutôt âgée. Ses cheveux noirs légèrement grisonnants sont attachés en un chignon strict, son  teint est hâlé alors que son visage m'est étrangement familier. 

Je ne sais pas de qui il s'agit mais quand la mine du rappeur à mes côtés se décompose, je réalise que ça n'annonce rien de bon. 

Est-ce qu'on peut  rembobiner le film et ne jamais rentrer dans cette putain de pharmacie ? 

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Yo les gars,

Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais j'ai été sélectionnée pour un concours Wattpad 

 Si vous voulez voter pour "J'irai jusqu'au bout",  Il suffit d'aller sur le profil de WattyContestFR , "Story of 2019", catégorie "Fanfiction". 

Merci par avance à ceux qui le feront ( Et votez aussi pour Mataraxie évidemment ❤️). 

Des bisous sur vos deux joues.

Amy

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