(1995 - Bouffons du roi)

J'ai toujours kiffé l'enchaînement Alpha/Flav ♥.

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— Je n'arrive pas à croire que je participe à ce genre de conneries... 

Voilà ce que je me répète inlassablement, hésitant une dernière fois avant de rentrer dans l'appartement de Sneazzy. 

Cela fait deux semaines que je n'ai pas vu les autres. Depuis que j'ai dormi chez Hakim, chacun dans notre coin, nous ne nous sommes plus jamais croisés. 

C'est Lana qui m'a invitée par sms le weekend dernier, me disant que les soirées chez Moh étaient toujours les meilleures et que, surtout, je ne pouvais pas dire non à une soirée Halloween. 

— Je te jure, c'est génial. Tout le monde va faire l'effort de se déguiser, m'avait-elle dit avant de raccrocher. 

Je suis prête à faire demi-tour quand je croise Antoine et son pote Benjamin, déguisés tous les deux en Dalton. 

—  Waw Kamilah, sympa le costume. s'exclame le blond un grand sourire aux lèvres. 

C'est bizarre mais je suis vraiment heureuse de le voir. Je fais un petit tour sur moi-même pour qu'il puisse admirer ma tenue du "Petit Chaperon Rouge" version  Zombie, avec la peau du loup dans son panier de pic-nique. 

—  Merci. Vous, par contre, ça fait pas très Halloween ! 

Benjamin s'allume une cigarette et me répond d'une voix très zen, comme si c'était une vérité absolue : 

— Le Ninetyfive gang ne doit pas être pris à la légère ma petite. 

Puis, il passe devant moi et entre dans l'appartement sans frapper. 

Antoine est toujours là, les bras croisés. 

—  Vous vous êtes tous habillés en Dalton ? 6 frères Dalton ? 

C'est totalement absurde. 

Les yeux du garçon pétillent lorsqu'il me répond  : 

—  Ouais. On voulait rire un peu, se rappeler le bon vieux temps. On monte ? 

—  Je te suis. dis-je en lui emboitant le pas. 

Antoine entre, lui aussi, sans frapper. De toute façon, le son est beaucoup trop fort, personne ne nous aurait entendu de l'intérieur. 

Mohammed et Ken viennent à notre rencontre. Ils sont si fières de leur costume. A leur regard, je comprends qu'ils vont se pavaner durant toute la soirée auprès des différents invités. 

Je ne peux m'empêcher de demander à  Ken : 

— Je supposes que tu es Jo Dalton ? 

Le principal interessé fait semblant de bouder alors que Moh éclate de rire. 

Attaquer les gens sur leur taille ? C'est tellement facile et, puis, ça fonctionne presque tout le temps. 

D'ailleurs, en parlant de petite chose, je réalise soudainement que je n'ai pas encore intercepté celle qui m'a proposée de la rejoindre ce soir : 

— Où est Lana ? 

Mohammed me tend un verre de bière tout en répondant à ma question : 

— Elle vient pas. Avec la...la...la chimio, elle est crevée. Elle s'est endormie sur le chemin du retour alors Fram a décidé qu'il allait la laisser se reposer. Ils restent ensemble chez elle. 

J'acquiesce tout en prenant une première gorgée de mon breuvage. C'est tiède et je suis obligée de prendre sur moi pour ne pas faire la grimace. 

— Je... Je pense que je vais rentrer.  je finis par soupirer. 

Les trois garçons froncent les sourcils. La vérité, c'est que j'ai maintenant l'impression d'être de trop. 

Si Lana ne vient pas, je n'ai aucune raison d'être ici avec eux ce soir. 

—  Surement pas, commence Ken, t'as le plus cool des costumes. Ce serait complètement con de partir maintenant. 

—  Le plus cool après le notre tu veux dire, le corrige Mohammed, Quoi ? C'est vrai. Nous sommes les plus sexys et puis c'est Kami sur la deuxième marche du podium. 

Je "remercie" le garçon pour son drôle de compliment avant de me tourner vers Antoine. Il doit comprendre à mon regard que j'ai besoin de bouger car il me propose : 

—  Viens, on va rejoindre Jazz si tu veux. 

C'est une bonne idée. Je regarde autour de moi mais le garçon est introuvable : 

—  Ivan est déjà là ?  

Les faux Dalton se taisent subitement avant de s'esclaffer de manière un peu trop bruyante : 

—  Quoi ?  J'ai dit une connerie ? 

—  Pas Jazzy mais Jazz, m'explique gentiment Antoine alors que les deux autres rient toujours comme des gamins, Jazz c'est Benjamin. 

Je soupire et finis mon verre d'une seule gorgée.

En même temps,  ils font chier avec tous leurs surnoms. 

—  Ok. Allons-y. 

Je suis le blond jusqu'au bar. Nous nous servons, chacun, un peu de cette bière tempérée avant de rejoindre Benjamin. 

C'est là qu'une surprise de taille m'attend. 

Car Benjamin semble plongée dans une conversation des plus passionnants  avec Hakim et... Roxanne. 

Elle est magnifique. Elle s'est déguisée en diablesse. Le rouge la met tellement en valeur. Ses jambes musclées sont, elles aussi, mises en évidences grâce à la coupe courte mais cintrée de la robe. Ses cheveux sont bouclés et ses mains, dont les ongles sont vernis, tiennent fermement le bras de Hakim qui boit un verre de Whisky. 

Je commence à croire que le mec vient avec sa réserve personnelle à chaque soirée. 

Moi, la bière bon marché me convient parfaitement et je m'empresse de finir ce deuxième verre. 

— Eh Flav ! T'as vu la sublime créature ? 

Benjamin est admiratif devant Rox et le ton qu'il emploie ne laisse aucun doute sur ses intentions. Hakim ne semble, toutefois, pas réaliser la chose. La jeune femme est obligée de se défendre toute seule : 

—  Désolée mon chou, je suis avec Haks maintenant. 

Waw. Carrément. 

Je tente de me confronter à son regard. Hakim n'a pas vraiment pris la peine de se déguiser, se contentant de porter des lentilles de couleur rouge. Il ne réagit toujours pas aux paroles de ceux qui l'entourent. 

Je dois dire que je suis assez surprise. 

Cela explique certaines choses, notamment pourquoi je n'ai pas de nouvelle depuis maintenant deux semaines.

 Alors oui, ce n'est pas comme si j'en attendais au point de départ mais cette information me déplait plus que je ne l'aurais cru. 

Je me sens, soudainement, mal alaise. Heureusement pour moi, Deen et Eff surgissent de nul part et viennent nous saluer. Le premier en vampire des temps modernes et le second en Jack L'éventreur. 

Je les ai suivi jusqu'au canapé et j'ai profité de leur gentillesse légendaire pour fumer un peu plus que d'habitude. Cela me fait énormément de bien et je tente d'ignorer le regard désapprobateur que me lance Antoine depuis tout à l'heure. J'ai aussi l'étrange sensation d'être observée par Hakim mais il s'agit surement de mon imagination qui me joue des tours. Après tout, il est accompagné d'un canon de beauté. 

—  Kami, t'abuses quand même sur la fumette. 

Je me tourne vers le blondinet et lui souris. 

Je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool bon marché ou des joints très chargés de Deen, mais, je ressens le besoin de déposer ma tête sur l'épaule du garçon. 

—  Parle-moi un peu de vos débuts. je lui demande. 

Je ne vois pas son visage mais je pense qu'un gigantesque sourire apparait sur son visage : 

—  Pourquoi ? 

—  J'ai envie de vous comprendre un peu plus. 

Antoine est un très bon orateur. Je l'écoute attentivement tout en continuant de fumer sur le compte des deux autres rappeurs. C'est alors que des jambes apparaissent dans mon champs de vision. 

Je relève la tête et découvre Hakim les bras croisés. Le blondinet a même cessé de pester contre une émission débile passant sur France 2 chaque semaine. 

—  On peut t'aider ?  je prononce ces mots avec difficulté tellement ma gorge est sèche. 

—  Ouais. Tu dégages. 

Sa voix est ferme et menaçante. Je me redresse prête à lui demander de répéter sa dernière phrase. Cependant, Deen, qui est toujours à ma gauche, prend les devants : 

—  Mec, t'es sérieux ? Pourquoi elle devrait partir ? 

Il ne lui répond pas, préférant toujours s'adresser à moi directement : 

—  Lana n'est pas là donc tu n'as rien à faire ici. C'est pas parce que t'as plus d'amis que ceux-ci, il pointe Deen et Antoine en insistant particulièrement sur ce dernier, doivent les remplacer. Alors, au revoir. 

Les deux garçons commencent à riposter. J'écoute pas vraiment ce qu'ils disent. 

Je me contente de me redresser et de m'éloigner de leur position. Je me précipite, ensuite, jusqu'à la salle de bain et referme la porte derrière moi. 

Après quelques minutes, la voix douce et reposante de Flav retentit à travers la cloison : 

— Kami ? Je peux rentrer ? 

J'expire une dernière fois et déverrouille la porte. 

—  Je suis désolé, je sais pas ce qu'il lui prend. Je suis certain que t'as pleins de potes. 

Sauf que non, je n'en ai plus. 

Les mots qu'a employé Hakim me font bien plus de mal que je ne voudrais l'admettre. 

Alors je me laisse glisser sur le sol, reposant ma tête contre le chauffage. 

—  Mes amis, ils ne sont plus là. 

Antoine s'abaisse pour me faire face : 

—  Tu veux en parler ? 

Ce n'est peut-être pas une bonne idée. 

Je ne sais si je peux lui faire confiance. 

Pourtant je finis par le faire. 

Durant une heure, nous restons dans la salle de bain tous les deux. Le garçon m'écoute sans jamais se plaindre, se contentant de balancer la tête de bas en haut. 

Lorsque nous sortons enfin pour rejoindre les autres, il manque une grande partie des invités. Théo, méconnaissable avec son maquillage du Joker, nous apprend que le groupe est parti, en ville, pour terroriser les enfants et ainsi leur piquer des friandises. 

Mon regard croise, durant quelques secondes, celui de Hakim lorsqu'il sort précipitamment de l'appartement avec Roxanne. 

Il est trois heures du matin quand je décide qu'il est l'heure de rentrer chez moi. Je paye le chauffeur de Taxi et marche, de travers, jusqu'à la porte d'entrée. 

Je dois m'y prendre plusieurs fois avant de parvenir à faire rentrer correctement la clé dans la serrure. 

C'est alors que des pas résonnent derrière moi. 

Je sursaute et balance mon panier de Chaperon, comme si cela suffirait à me protéger d'un intrus. 

—  Putain, t'as voulu m'assommer ou quoi ? 

Je plisse les yeux. Les réverbères encore allumés me permettent de distinguer certains traits :  

Le panier que j'ai jeté est entre ses mains alors que ses sourcils sont  froncés et sa bouche plissée, ses cheveux noirs sont partiellement cachés sous une casquette blanche et ses pupilles sont à nouveau normales ..

A vrai dire, je n'ai aucun doute sur son identité.  J'ai même l'impression que je pourrais reconnaitre ce garçon dans une foule si on me le demandait, sans jamais me tromper. 

Mais cela ne m'empêche pas de m'interroger : Bordel, mais qu'est-ce qu'il fout ici ? 

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Hey,

Je m'excuse pour le retard. Dans un premier temps, j'avais beaucoup de travail et, ensuite, j'étais inspirée... mais pour autre chose :).

J'espère que le chapitre vous aura plu malgré tout. 

Merci à vous de lire mon histoire. Parfois, j'ai encore du mal à réaliser que vous êtes aussi nombreux. C'est fou. Vous êtes les meilleurs.

A très vite, pour la suite.

Amy ou Am ou Amanda.
C'est comme vous préférez (Il est deux heures du mat' faut m'excuser).