Chapitre 26 : Laisse les gars de mon équipe s'installer.
(Areno Jaz feat. Fonky Flav - Les gars)
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Il est 18h30 lorsque je retrouve les garçons sur le parking de l'hôpital.
Revenir ici me donne la nausée mais ce n'est pas le moment de flancher.
Alors je me dirige, les poings fermés, vers la voiture de Ken. Je grimpe à l'intérieur et y découvrir mes trois compagnons du jour, une casquette sur la tête et des lunettes de soleil. A croire qu'ils prennent un peu trop au sérieux leur rôle "d'espion".
—Vous êtes prêts ? je demande en soufflant.
Ken me répond par l'affirmatif en récapitulant, une dernière fois, la marche à suivre :
—Zer2, tu vas voir le mec pour une prise de sang. Tu vas faire le type super curieux, qui a entendu parlé de cette affaire et qui se pose une tonne de questions à ce sujet. Si tout se passe bien, il te répondra.
Je ne me fais pas de soucis en ce qui concerne Martin, il a toujours aimé raconter sa vie à n'importe qui. On lui disait souvent de faire attention car, un jour ou l'autre, cela pouvait se retourner contre lui.
Cependant, Ken a oublié de préciser une dernière petite chose :
—Et n'oublie pas ce qu'a dit le chef, pas d'accent !
Les deux garçons rient contrairement à Hakim qui décide, pour tout le monde, qu'il est temps d'y aller en se précipitant en dehors du véhicule.
—Je reste ici moi. on ne sait jamais, s'il faut se casser en vitesse. nous explique Ken en choisissant une nouvelle Playlist Spotify dont le son me casse déjà les oreilles.
Le rappeur augmente une nouvelle fois le volume ce qui me pousse à quitter l'habitacle dans la seconde. Théo me suit de près.
On y est...
Lorsque nous franchissons les portes automatiques, je baisse la tête. Il est hors de question que je me fasse cramer maintenant. Je porte du noir, de la tête aux pieds et mes cheveux sont attachés et cachés, pour la plupart, sous une capuche trop large.
Théo est déjà parti pour confirmer son rendez-vous. Moi, je suis paralysée.
—Ca va pas ou quoi ?
La méfiance peut se lire sur le visage d'Hakim alors qu'il me pose cette question.
—Si si, ça va. Ne t'en fais pas.
On se ressaisit ma grande.
—Je m'en fais pas. me répond-il avant de s'avancer vers Théo.
—Ok les gars, j'y vais. On se retrouve à la sortie.
Il semble perdu, scrutant chaque tableau d'affichage avec attention.
—Je vais t'y conduire, ce sera plus simple.
Je lui arrache les papiers des mains et prend la direction des ascenseurs.
C'est fou, ça fait deux ans et, pourtant, rien n'a changé. Je reconnais chaque distributeur, chaque siège et chaque table dont la surface est couverte de magazines sortis tous droits des années quatre-vingt-dix.
Des groupes de médecins et d'infirmiers circulent entre les patients. J'en reconnais certains, avec qui j'ai pu échanger quelques mots autour d'un café après une opération de plusieurs heures... Mais ces personnes ne m'ont jamais vraiment intéressées.
Je n'avais pas besoin d'eux dans ma vie. J'avais cinq potes super canons.
Dont Martin qui vient de surgir d'une autre pièce et qui fait, désormais, signe à Théo de le suivre.
Son teint de surfeur, ses cheveux blonds... Je souffle et tente de rester calme.
Pourtant, c'est comme si cet endroit agissait sur moi comme un électrochoc.
Tout me revient en mémoire. C'est beaucoup plus clair que dans mes rêves, je revie la scène.
Jassim qui agite son appareil photo, ses boucles cachants une partie de son visage. Sky qui plaisante avec John sur les marches de l'escalier alors que Martin et Meredith se précipitent pour nous rejoindre.
Puis plus rien.
—Putain.
Mes doigts viennent se presser contre mon dos. Je ressens une douleur vive alors que c'est impossible. Je recule et m'appuie contre le mur, les yeux fermés.
—Qu'est-ce que t'as ?
La voix d'Hakim me semble si lointaine.
Les souvenirs défilent sous mes yeux. Cet endroit était mon paradis. J'aimais mon job, j'étais heureuse et j'étais entourée par les meilleurs amis du monde.
Mais, aujourd'hui, je n'ai plus personne.
— Il faut que je parte.
J'essaye d'avancer mais Hakim me retient. Sa main aggripe mon poignet.
—Sûrement pas.
Les larmes me montent aux yeux. Je ferais tout pour que mes amis soient là.
Je ne veux pas que lui me voit pleurer. J'aimerais que parmi les vivants, ce soit Antoine qui apparaisse et qui me fasse partir d'ici, loin de mon passé et loin de ce garçon qui me scrute, les bras croisés sur son torse.
C'est alors que la voix de Théo résonne soudainement dans le couloir.
Enfin, c'est Théo... Mais...
—Le con. Il a pris un accent de bourge.
Hakim ricane. Je place une main sur sa bouche pour lui demander de se taire. Je suis toujours dos à Martin mais mon coeur s'accélère quand sa voix retentit ensuite :
—Oui, tout à fait, j'y étais... J'ai perdu des amis ce jour là. Désormais, nous ne sommes plus que deux...
Meredith et lui, évidemment.
— Deux ? J'ai pourtant lu que vous étiez trois survivants.
Si la situation n'était pas aussi stressante, je serais en train de me moquer de Théo et de son accent débile qui ne correspond en rien à son look composé d'un jogging et d'un sweat.
—Oh vous savez, la troisième personne... Elle a perdu la tête. Elle a subi un lourd traumatisme avec ses brûlures, elle ne réalise pas ce qui se passe.
Mon regard rencontre celui d'Hakim et ce dernier n'a jamais été aussi insistant. Je subis un interrogatoire silencieux.
Putain, c'est pas de moi qu'ils doivent discuter pourtant.
—Des brûlures ?
—Oh oui. Ce n'est pas beau à voir. Une partie de...
Il doit se taire, tout de suite.
Je me précipite vers Martin et le bouscule avant qu'il ne puisse terminer sa phrase.
Hakim, ne s'attendant pas à cette réaction, n'a pas le temps de me rattraper.
—Espèce de connard.
Tout le monde se tait et nous observe alors qu'une infirmière se précipite pour appeler la sécurité.
—Kami, qu'est-ce que tu fais ici ?
Mais où est passé mon ami ? Celui avec qui je passais mes journées et mes nuits, celui avec qui je discutais de mes problèmes familiaux ? Celui qui faisait rentré de la beu en salle de repos ?
— Je voulais te parler. Mais toi, tu préfère parler sur moi, c'est plus drôle on dirait.
Martin passe une main dans ses cheveux et rougit.
—Excuse-moi de dire la vérité ma belle. Mais tu es aveuglée par tes sentiments pour Jassim.
De quoi il parle ?
—Je te demande pardon ? Jassim est innocent tout comme son frère, et ça n'a rien avoir avec mes sentiments.
Le garçon tente de poser une main sur mon épaule mais j'ai un geste de recul.
—Ils sont coupables Kami ! Jassim a voulu nous tuer mais il a raté son coup. De toute manière, tu l'as toujours idéalisé. On le savait tous que t'étais grave en kiffe sur lui. Quand on se reverra au tribunal, faudra pas venir pleurer quand le verdict tombera.
Je n'arrive pas à croire ce que j'entends.
—Comment peux-tu dire ça ? C'est ton ami.
Martin semble hésiter mais finit, quand même, par cracher le morceau :
—Ce n'était pas mon ami. Quant à toi... Pour moi, aujourd'hui, tu es morte comme les autres. Maintenant, sortez s'il vous plait.
C'est là que le coup part sans que je ne puisse le contrôler.
Ma paume claque contre sa joue. Les patients, autour de nous, commencent à s'exciter à leur tour.
—Grosse pute.
Martin s'apprête à me frapper à son tour quand il reçoit un deuxième coup, beaucoup plus puissant.
Et pour cause, ce n'est pas moi qui vient, peut-être, de lui casser le nez.
C'est Hakim.
Une de ses collègues accourt et lui tend des mouchoirs alors que le sang se déverse de ses narines.
—Mais vous êtes vraiment cons ma parole !, murmure Théo à notre attention, Partez, vite ! Magniez-vous.
Il est trop tard pour passer par la porte d'entrée, les agents vont arriver d'une minute à l'autre.
—Suis-moi, je connais un autre chemin.
Hakim ne se fait pas prier. Nous descendons les escaliers à toute vitesse avant de nous diriger vers une sortie réservée au personnel, une sortie qui a été rénovée, le seul espace touché par l'explosion.
Une fois à l'extérieur, je suis incapable de marcher. Mes jambes ne fonctionnent plus. Je scrute chaque brique, chaque parcelle de cet endroit.
—Kami, bouge !
Je ne pensais jamais revenir ici.
Il y a deux ans, je pensais même que j'allais mourir dans cette cour, entourée par les personnes que j'aime.
—Me dis pas que c'est ici ? s'énerve Hakim.
Il devra se contenter de mon silence.
—Tu fais chier ! grogne le rappeur avant de faire marche arrière. Ne laisse pas ce fils de pute gagner. On va trouver qui est le connard derrière tout ça mais avant, tu dois bouger tes grosses fesses jusqu'à la voiture. Je le dirai pas deux fois.
Entendre Hakim s'inclure dans cette histoire me renvoie à la réalité.
Alors, dans un dernier effort, malgré mes jambes tremblantes, j'accélère le pas et me précipite avec lui vers la voiture de son ami dans lequel nous entrons précipitamment.
Théo nous rejoint peu après :
—Lana va vous tuer ! Vous avez tout fichu en l'air !
Je ne l'avais jamais vu hausser le ton.
Toutefois, je réalise soudainement que je n'ai pas à m'en faire. Parce qu'on va découvrir la vérité, j'en suis persuadée.
Après tout, je suis entourée par la bande de potes la plus déterminée et la plus soudée qui doit exister dans ce monde.
Et c'est Martin qui viendra pleurer.
***
Ca n'a pas loupé.
Lana est effectivement très en colère.
—Voilà pourquoi vous auriez du me laisser y aller à votre place ! Vous ne savez pas garder votre sang froid.
Elle soupire et barre sur son tableau blanc la tâche "parler à Martin".
—Mais bon, ce qui est fait, est fait. Prochaine étape, c'est à son père qu'il faut s'adresser. Je m'en chargerai.
—Hors de question Lana ! intervient Idriss jusqu'alors silencieux.
Les deux amoureux partent dans une bagarre de regards. Moi, je suis trop fatiguée mentalement pour me défendre. Je veux partir d'ici, il y a trop de monde et, surtout, beaucoup trop de bruit.
Sauf que...
—Putain !
Je pensais avoir été discrète mais Hakim détourne son regard de la télévision :
—Quoi ?
—Ma voiture est restée sur le parking de l'hôpital.
Dans la précipitation, je me suis échappée avec les garçons.
Je suis vraiment trop conne.
—T'es débile. Je vais te reconduire. On y va.
Je suis le rappeur à l'extérieur après avoir remercié, une dernière fois, le petit groupe.
Lorsque nous prenons place dans son Audi, je tremble toujours.
—Hakim ?
—Mmmh ?
J'aimerais dormir, ne plus me réveiller à cause de mes cauchemars, me vider l'esprit quelques instants, être libérée de ces souvenirs.
—Cette nuit, tu veux rester avec moi ?
Le rappeur se gratte la barbe.
—Non, désolé.
Je pouvais m'en douter.
—J'ai les chiens aujourd'hui. Mais si tu y tiens, t'as qu'à rester. On peut passer chez toi prendre des affaires.
Je hoche la tête et ferme les yeux quand Hakim choisit de balancer l'album de Skepta, un rappeur anglophone.
Je veux bien faire un effort sur la musique, pour une fois.
"When it's shutdown, That's not me and it's shutdown."
—Merci. je finis par soupirer.
De longues minutes passent avant qu'il me réponde enfin :
—C'est parce que je t'en dois une.
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Hey les gens,
Je passe beaucoup de temps sur Tumblr pour l'instant. Donc si vous avez des chouettes liens, n'hésitez pas à me les partager. Kiss sur vos deux joues.
Am
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