Chapitre 9

À l'intérieur d'un grand véhicule, nous attendons notre destination.

La route est très étroite, mais le paysage qui défile sous mes yeux est magnifique, tellement que j'en oublie la raison pour laquelle je suis ici, c'est extraordinaire. Le sol est encore recouvert d'une couche de neige, de grands arbres majestueux se dressent face à nous, mais sont largement surpassés par les arbres en arrière de plan. Je n'ai jamais vu quelques chose d'aussi beau. Les hommes qui nous accompagnent nous disent qu'il faut qu'on ait fouillé toute la partie ouest de la forêt avant dix-sept heures trente, et vue la superficie, le seul moyen d'y arriver est de se séparer.

On s'arrête soudainement à l'entrée d'une forêt, On descend du véhicule avant que celui-ci reparte pour la base, nous laissant seuls Thomas et moi. Nos GPS accrochés à notre ceinture, ainsi que notre arme à feu.

_ Bon... Qu'est-ce qu'on fait ? Dit Thomas en brisant le silence.

_ Il faut qu'on se sépare. Si on veut avoir fini pour dix-sept trente.

_ Très bien, on se retrouve ici à dix-sept heures, fais attention à toi, dit-il en s'éloignant vers la droite.

_ Toi aussi, m'exclamé-je avant de partir à gauche.

***

Cela doit faire maintenant plusieurs heures que je marche dans cette forêt sans rien trouver, mais au moins je découvre du pays. Je suis arrivée à plus de la moitié de mon parcours et je suis fatiguée. J'en ai marre tous ça, je ne veux pas la faire, pourtant je suis là sous contrainte. Et si je croise un Particulier, qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je dois le neutraliser et l'emmener à la base où après il sera enfermé, privé de liberté ? Ou je dois tous simplement le laisser partir et prendre le risque d'être sévèrement punie, voire même tuée ? Oui, parce que dans notre société actuelle, la trahison n'est pas acceptée, aucune erreur ne l'est, mais la trahison est vraiment la pire chose, le gouvernement a tué pour beaucoup moins que ça. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils feront subir à ceux qui les trahissent.
Mes traces de pas restent gravées dans la neige, tandis que l'air froid me brûle les mains. Le magnifique paysage que j'ai vu à travers la vitre du véhicule tout à l'heure est encore plus beau une fois qu'on le voit vraiment. Je regarde ma montre, quinze heures. J'ai encore deux heures à tenir puis je rentre. D'un côté j'aimerais rester ici, parce que c'est le seul endroit qui m'apporte un soupçon de liberté, mais la raison de ma venue me pousse à vouloir partir.
Un bruit m'arrête. J'entends des voix, je suis trop loin pour distinguer ce qu'ils disent mais je suis sûre qu'il sont plus de deux. Je décide alors de m'approcher de ces voix. Je monte une butte et me cache derrière un arbre pour regarder la scène qui se déroule un peu plus bas. Deux hommes, un blond et l'autre roux, tirent violemment un autre par les aisselles. Celui-ci à l'air très mal en point. Un quatrième arrive juste derrière eux, il est plus grand que le autres mais ils ont tous un air mesquin sur le visage. Ils lâchent brutalement l'homme qui tombe comme une masse au sol.
Le grand lui donne un coup de pieds dans l'abdomen, les autres rigolent. Ils continuent à le frapper plus fort à chaque fois, il garde la tête baissée et ne bronche pas, probablement trop faible pour faire quoi que ce soit.
Je peux pas rester ici sans rien faire, il faut que je fasse quelque chose, je dois réfléchir avant d'agir, comme me disait souvent mon frère. Et moi je lui répondais qu'il fallait savoir agir et ne pas perdre de temps. Alors je me lève et sors de derrière l'arbre, me laissant à leur vue. J'ai peur, je ne me suis jamais retrouvée dans une telle situation, j'ai le cœur qui bat plus vite que jamais.
Le blond est celui qui me repère le premier, je respire à fond pour le calmer.

_ Qui est tu ? Hurle-t-il en pointant son arme sur moi.

Je lève les mains en l'air et commence à jouer la comédie.

_ C'est bon les gars, elle a l'uniforme du Cort, lance le plus grand avant de m'adresser un sourire en coin. Approche, n'aie pas peur et apprend comment on s'occupe d'un Particulier.

Je m'avance doucement vers eux, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Dans quoi je me suis embarquée ? Mais évidemment il a fallu que je fonce tête baissée. Bravo, super intelligent. Maintenant, je ne sais absolument pas quoi faire et je suis bloquée.
Une fois à leur hauteur, le grand me prend par les épaules et me place face au Particulier au sol, le roux le relève pour qu'il soit à genoux devant moi. Il garde la tête baissé, mais je peux entendre sa lourde respiration. Ces cheveux d'un noir de jais sont recouverts par les quelques flocons de neige qui tombent, un beau contraste.

_ Pourquoi est-il dans cet état ? Demandé-je curieuse.

_ On lui a administré une dose de calmant pour qu'il arrête de s'agiter et ensuite on s'est un peu amusé... annonce le blond.

Lâches. Je serre les dents, tentant de me canaliser.

_ Bon, tu es censé attraper les Particuliers et les ramener à la base non ? Alors paralyse le, me dit le plus grand en prenant mon arme avant de me la mettre dans les mains.

Quoi ? Il veut sérieusement que je fasse ça ? Après, c'est vrai que c'est ce que je suis censée faire. Mais je ne veux pas, non. Je ne m'en sens absolument pas capable. Je n'ai jamais réellement tiré sur quelqu'un, je sais me servir d'une arme mais ça s'arrête là. C'est vrai que si je ne le fais pas, je risque beaucoup mais je peux pas tirer sur une personne pour garantir ma sécurité personnelle, même si c'est un Particulier. Ce serait injuste.

_ Qu'est-ce que tu attends ? Dit le blond.

_ Rien, fais-je en levant l'arme vers le Particuliers.

Il faut que je sois rapide, sinon je risque de me faire tuer. J'ai les mains qui tremblent légèrement, mon cœur qui menace de sortir de ma poitrine. Encore une fois, j'ai peur. Il faut que je me calme. Je ferme les yeux et respire lentement. Mon pouls ralentit.

_ On n'a pas toute la journée, se plaint le grand.

Je pointe mon arme vers lui et tire rapidement sans que personne n'ait le temps de réagir. Le grand tombe au sol,  paralysé.
Le blond hurle de rage avant de se lancer vers moi. Ces bras encerclent ma taille, nous faisant tomber dans la neige. Il est au dessus de moi, il me frappe au visage. Une douleur parcourt tous le côté gauche de mon crâne. Je prends une poignée de neige dans ma main et lui lance au violemment au visage. Il détourne son attention assez de temps pour que je puisse le pousser loin de moi avec mes pieds. Je me relève, pointe mon arme sur lui et tire. Il tombe.
Quelqu'un me prend les épaules, me retourne et me plaque brutalement le dos contre un arbre. Je grimace de douleur. Le roux entoure ses mains autour de mon cou. Mes pieds ne touchent plus le sol, je manque d'air. J'ai l'horrible impression qu'on me brûle tout l'intérieur de ma gorge. Je tente de le repousser mais avec mon manque d'oxygène, je n'ai plus de forces. Je ne peux plus respirer, ma vison se fait trouble. Je vais mourir dans peu de temps.

Soudain, la prise qu'il avait sur mon cou disparaît, je tombe au sol. Je tousse fortement, une douleur incessante est présente dans ma gorge. Je peux enfin remplir mes poumons d'oxygène. Je suis vivante. Je soupire de soulagement, mais mon instant de bonheur est écourté par un cri. Le roux. Je lève les yeux pour apercevoir le Particulier tenir l'homme qui a tenté de m'étrangler. Il le tiens de telle sorte à se qu'il soit dos à son torse. Les mains du Particulier se placent autour de son crâne.

_ Pitié... dis le roux en commençant à pleurer.

Le Particulier ne l'écoute pas, il lui brise la nuque, il tombe raide mort. Je suis tout simplement choquée. Pourquoi ? Il y avait d'autres façons de régler ça. Je lève les yeux vers lui en restant assise sur le sol recouvert de neige. Ces yeux vairons rencontrent les miens. Un œil bleu, un œil vert. Magnifiques, sa posture est si froide, tout comme les traits de son visage, mais ses yeux ne le sont pas. Ça mâchoire est contractée, ces poings serrés faisant ressortir les veines de ces bras. Ces cheveux noirs ébène retombent légèrement sur son front. Sa grande taille et sa carrure imposante feraient peur à n'importe qui, avec ces larges épaules et ces muscles visibles malgré son tee-shirt. Il est tout simplement magnifique. Je ne pense pas avoir déjà vu un jeune homme aussi beau.
Ses yeux ne quittent pas les miens, il est très intimidant je me sens tellement petite à côté. Et maintenant ? Que va t-il faire ? Me tuer ? Après tout, il vient de tuer un homme à l'instant, qu'est-ce qui l'empêcherait de recommencer ?

_ Pourquoi ? Demande t-il d'une voix grave et autoritaire.

Je déglutis. Il est vraiment impressionnant.

_ Pardon ? Demandé-je à mon tour d'une voix mal assurée.

_ Pourquoi tu m'as sauvé ? Dit il durement.

_ Pourquoi je ne l'aurai pas fait ?

_ Parce que tu es humaine et que tu faits partie du Cort, tu n'est pas censée faire ça, dit-il, toujours aussi froidement.

_ Peut-être, mais je l'ai fait.

Le Particulier semble réfléchir quelques instants sans pour autant me quitter du regard. Il est très déstabilisant. Il fini par s'avancer vers moi. Qu'est-ce qu'il fait ? Je ne bouge pas pour autant, de toute façon s'il veut vraiment me tuer, je n'ai aucune chance. Finalement, il tend sa main vers moi. J'hésite un instant avant de l'attraper. Il me relève sans aucune difficulté.
Une fois face à lui, je me rends compte à quel point il est plus grand et plus imposant que moi. Je suis minuscule à côté. Je peux l'affirmer, il est vraiment beau, encore plus maintenant que je suis face à lui.

_ Comment tu t'appelles ? Me demande t-il, un peu plus détendu.

_ Adelia... et toi ? fis-je d'une petite voix.

Il me regarde de haut en bas.

_ Caleb.

Un léger silence s'installe. Il me regarde un instant avant de reculer.

_ Tu dois partir. Maintenant, Dit-il fermement.

Il me lance un regard froid. Je recule et décide de partir. Je suis encore toute chamboulée par ce qu'il vient de se passer. Ces trois hommes et le meurtre réalisé par ce Particulier m'ont beaucoup troublée, mais je pense que ce qui me perturbe le plus est Caleb. Il est si froid, mais il m'a tout de même sauvé la vie comme je l'ai fait pour lui. Je viens de sauver un Particulier, je risque gros, peut-être la mort, et tout ce que je veux savoir, c'est quant est-ce que je vais le revoir.

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