Plusieurs camps comme le nôtre ont attaqué une prison à proximité en même temps.
Des centaines de prisonniers ont été libérés, il y a de ça plusieurs jours maintenant, et si pendant un temps la paix semblait de retour, ce fut de courte durée.
Le lendemain, tout le monde parlait déjà d'une possible attaque du Gouvernement, ils n'avaient que ça à la bouche, et il est clair que l'idée m'a évidemment aussi traversé l'esprit. Je ne pense qu'à ça. Un millier de questions se bousculent dans ma tête, perturbant mon sommeil un peu plus chaque nuit.

Alors il a été décidé qu'on se disperse tous un peu partout dans le pays, par mesure de sécurité et comme Mark me l'a rappelé, je suis une fugitive, je ne peux pas rester.
C'est pourquoi que je prépare mon sac, comme tout le monde.

Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

Le Gouvernement va riposter, ce n'est qu'une question de temps. Ils sont capables du pire, mais on ne sait pas quand ça arrivera, et c'est ce qui angoisse tout le monde un peu plus chaque jour.

Quelque chose tombe de mon sac, une photo. Je me baisse pour la ramasser, les bords sont abîmés, je la retourne.

Mes parents, mes frères et moi. Un sourire s'étend sur leurs lèvres. On était si jeune, Léo n'était qu'un nourrisson et mes parents encore en vie.
Je soupire doucement, le cœur serré.
Mes parents, je n'y avais pas pensé depuis un bout de temps maintenant, je ne pensais pas un jour arriver à ne plus y penser. Au début c'était tellement dur, une douleur insoutenable qui devenait presque physique, qui me donnais envie de mourir à chaque minute qui s'écoulait.
J'ai tenu grâce à mes frères et Liam, je n'avais plus qu'eux.

Soudain, le bruit d'un objet qui tombe se fait entendre dans mon dos. Je me retourne vivement, mon meilleur ami est déjà en train de ramasser l'objet en question.
Je range la photo et ferme mon sac avant de me redresser face à Liam.

_ Qu'est-ce que tu veux ? Demandé-je doucement.

_ Avec tout ce que qui c'est passé ces derniers temps, on n'a pas eu l'occasion de se parler, tu sais, comme avant, dit-il, l'air nostalgique.

Je hoche doucement la tête. Je m'assieds sur ce qui me sert de lit et l'invite à faire de même. J'ai toujours considéré Liam comme mon frère, bien que ces derniers temps, je n'ai pas tellement pris le temps pour lui. Il n'y a pas si longtemps de ça, je me suis énervée contre lui, lorsque Caleb s'est fait enlever, je ne pensais pas cela possible, pourtant ce qu'il avait fait, m'avais mise en rogne sur le moment et après avoir réfléchi, j'en suis venue à la conclusion que j'avais agi excessivement.  Certes, je me suis excusée, mais nous n'avons pas parlé.

_ Tu sais que je suis toujours là pour toi ? Dit-il presque tristement.
_ Évidemment Liam ! M'empressé-je de lui dire, je le suis pour toi aussi, même si c'est compliqué en ce moment...

Liam soupire. Je suis à mon tour nostalgique. Divers souvenirs refont soudainement surface, je souris.

_ À quoi tu penses ?
_ Je me rappelle juste de toutes ces fois où tu es passé clandestinement par la fenêtre de la chambre de Lucas ou la mienne, (je souris un peu plus) on passait la nuit devant la télé, ou on sortait dehors dans le parc à côté.

Liam hoche la tête, un sourire s'étire sur ses lèvres.

_ Et la voisine qui était sortie en furie de chez elle parce qu'on faisait trop de bruit ! rit mon meilleur ami.

Je ris de bon cœur, me rappelant parfaitement de cette bonne femme.

_ Elle nous a couru après pour nous chasser, gloussé-je, je crois que Lucas n'a jamais couru aussi vite de toute sa vie.
_ Je reste persuadé qu'elle lui faisait peur, se moque Liam.

Nos rires se mélangent encore durant une petite minute, mais l'agitation dehors nous ramène durement sur Terre. Ils se regroupent tous, nous allons partir. Liam soupire lourdement, je tourne la tête vers lui, il est inquiet. Je cogne doucement mon épaule contre la sienne.

_ Hey, tout ça va bien se passer, assuré-je.

Il hoche faiblement la tête mais souris. J'enroule alors mes bras autour de lui, il ne tarde pas à me rendre mon étreinte. Une chose est sûre, c'est que je suis absolument pas certaine que les choses vont effectivement bien se passer. Même si j'ai dit le contraire, c'est pour lui, le rassurer parce qu'il a besoin de ça pour continuer. Il a toujours été réticent par rapport à tout ça, Liam a dû trahir toute sa famille pour cette cause et je lui serai éternellement reconnaissante.

***

Nous nous sommes remis en route. Notre petit groupe qui il y a de ça quelques semaines à trouvé refuge dans ce campement plus d'autres Particuliers viennent de partir. Les bavardages fusent alors que nous marchons en pleine forêt, Mark a envoyé deux Particuliers en éclaireurs, pour assurer notre sécurité.

Devant moi, Thomas et Maélis sont en pleine conversation. Les joues rouges de mon amie et le sourire aux coins des lèvres du Particulier m'indique qu'il y a clairement un rapprochement. Ce n'est pas trop tôt !
Lucas et Liam sont un peu plus loin devant, en compagnie de Sam et Caroline, eux semblent débattre. Évidemment, Mark est à la tête du groupe.

Caleb arrive à côté de moi.

Un sourire s'étend sur mes lèvres, le Particulier aborde lui aussi un sourire. Je ne peux m'empêcher de constater que ces cheveux ont nettement poussé depuis notre première rencontre, et quelques boucles s'y forment maintenant.

_ C'est moi que tu regardes comme ça ? Demande t-il taquin.

Je rougis et détourne les yeux.

_ Non, réponds-je trop rapidement.
_ Pas besoin de te cacher Adelia, je sais que je te fais de l'effet, rétorque t-il un sourire au coin des lèvres.
_ Tu veux bien arrêter de dire des conneries... marmonné-je.

J'aperçois quelques uns de nos camarades nous lancer des regards lourds de sous entendus. Je maudis leurs capacités auditives. Caleb rit doucement, amusé par ma réaction. Il se penche vers moi, je sens son souffle contre mon oreille.

_ T'inquiète pas, tu as le même effet sur moi.

Bordel.

Sans m'en rendre compte je mords l'intérieur de ma joue, et souris. Il dépose ses lèvres sur ma joue avant de se redresser.
« Je t'aime Adelia ». Depuis qu'il a prononcé ces mots, ils ne cessent de se rejouer dans la tête, comme une chanson, la plus belle de toute. Je n'ai pas eu l'occasion de lui répondre, bien que je sois sûre de mes sentiments pour lui. Lorsqu'il m'a avoué qu'il m'aimait, des tonnes de question sont venues à moi. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que je ne suis pas sûre de l'avoir encore longtemps au près de moi, on ne sait pas ce qui peut arriver, surtout ces derniers temps.

Il faut que j'arrête d'y penser.

Je pose mon regard sur Caleb.

_ Tu sais où est-ce que Mark a décidé de nous emmener ?
_ Il y a un camp plus au Sud, à quelques jours de marche, mais on y sera plus en sécurité, répond Caleb.
_ Je doute que nous soyons vraiment en sécurité quelque part... lâché-je.

Je soupire, les yeux rivés sur ma route. Le Particulier pose ses mains sur mes épaules et me force à m'arrêter. Son expression est grave, ses sourcils froncés, ceux qui marchaient derrière nous ne tardent pas à nous dépasser.

_ Parle moi Ad'.

J'avale difficilement ma salive, j'ouvre la bouche pour commencer à parler mais la referme, ne sachant pas quoi dire exactement. Je suis partagée par tellement de sentiments, tellement de questions, et la seule conclusion que j'en ai de tout ça, c'est que je suis juste anxieuse.

_ Je réfléchis trop sans doute...
_ Comment ça ?

Je le regarde un instant, hésitante. Je sais que je peux tout lui dire, mais j'ai peur qu'il confirme mes doutes.

_ Ce que nous avons fait à la prison à été un succès, ça été si simple, soupiré-je. Peut-être trop simple, tu crois pas ? Je sais pas peut-être que je parano mais j'ai un mauvais pressentiment...

Caleb ne dit rien, il m'observe, attentif comme s'il voulait lire en moi, il exerce une légère pression sur mes épaules avant de glisser ses mains sur mes joues.

_ Je sais Ad'... (il pose ses lèvres sur mon front) je veillerai à ce qu'il t'arrive rien, ne t'inquiète pas.
_ C'est justement une des choses qui m'inquiète le plus, je soupire une nouvelle fois, je ne veux pas que tu te fasse tuer...
_ Ça n'arrivera pas.

Il glisse ses doigts sous mon menton et m'oblige à relever la tête.

_ Tu sais pourquoi ? Il sourit.

Je secoue la tête, les sourcils froncés.

_ Parce que je sais que tu es là pour assurer mes arrières.
_ Il n'y aucun doute là-dessus, si je t'ai sauvé la vie une première fois, c'est pas pour te laisser mourir après, souris-je.

Il rit, me laissant entrevoir ses dents blanche. Je me met sur la pointe des pieds, mes bras s'enroulent autour de son cou, il sourit un peu plus. Caleb approche son visage du mien, son souffle chaud s'abat sur mon visage, mon front repose contre le sien, et je ferme les yeux.

_ Eh ! Qu'est-ce vous faites ? On vous attend ! hurle Thomas.

_ Je vais le tuer, jure Caleb.

Je pouffe et me sépare de lui. J'enroule ma main autour de la sienne et le tire vers mon ami qui nous regarde d'un air amusé.

_ Fallait dire si je dérangeais, se moque le blond.
_ Tu nous déranges, grogne mon Particulier.

Il rigole un peu plus, nous regagnons rapidement le groupe, qui en réalité ne nous attendait pas du tout et avaient pris la décision de s'arrêter. Mon frère me regarde, un sourire au coin des lèvres tandis que Liam en affiche un qui veut clairement dire qu'il désapprouve.
Il s'en remettra.

_ Tu veux manger quelque chose ? Propose Caleb.

Je hoche simplement la tête, et il me tire un peu plus vers le groupe avant de s'arrêter brusquement. Caleb regarde maintenant dans une autre direction, comme tout les Particuliers. Mon cœur s'accélère.

Les deux Particuliers envoyés en éclaireurs reviennent en courant, la panique déforme leurs visages.

_ Ils arrivent !
_ Qui ? demande quelqu'un dans le groupe.
_ A ton avis abruti ?! Les soldats ! crache un des éclaireurs.

Les gens s'alarment, la panique atteignant tout le monde rapidement.

_ On se calme ! intervient Mark autoritaire, explique nous calmement.
_ Il faut partir, ils sont trop nombreux et ils savent où nous sommes.
_ Comment il peuvent savoir ?!

Tout de suite, beaucoup commencent à dire qu'il y a une taupe parmi nous. Ça hurle, se bouscule, Mark tente de rétablir le calme en vain.
Je serre un peu plus la main de Caleb.

_ Et qui nous dis que c'est pas les humains ?!

Les regards se tournent sur Lucas, Liam, Maélis et moi. J'avale difficilement ma salive, le fait qu'on puisse penser ça me donne mal au ventre. Le Particulier qui avait parlé s'avance vers moi, son regard noir me détaille, son crâne est complètement rasé et recouvert d'encre noire, toute sa peau l'est.

_ Toi là, qui est miraculeusement apparue avec un air innocent et qui en plus fréquente un des nôtres, (il lance un regard dédaigneux à Caleb) la taupe idéale.
_ Oh arrête de raconter des conneries ! S'exclame Sam qui se met à côté de moi.
_ Comment peut-on en être sûr -?!

Il s'avance soudainement vers moi, mais Caleb me pousse un peu plus en arrière en se positionnant devant moi. Il a la mâchoire crispée, les yeux reflétant sa colère, il pose sa main sur le torse de cet homme et le repousse.

_ Un conseil, t'approche pas.

Il n'a pas hurlé mais sa voix était suffisamment froide pour qu'il comprenne. Plusieurs lancent des regards inquiets, presque peureux à Caleb.

_ Sinon quoi ?

Mark s'interpose entre les deux brusquement. Je vois du coin de l'œil que Lucas, Maélis et Liam nous avaient rejoints. J'ai les mains qui tremblent, mais je ne saurais dire si c'est la colère ou la peur qui le provoque. Caleb semble tout aussi tendu, je commence à dessiner des petits cercles sur le dos de sa main avec mon pouce.

_ Il faut partir, déclare Mark.
_ C'est trop risqué en groupe, rétorque Caleb visiblement plus calme, il faut se séparer.
_ Chacun part de son côté, déclare Mark.

Automatiquement je tourne les yeux vers mon frère et mes amis, Thomas, Sam et Caroline nous rejoignent rapidement.
Je sens ma poitrine se comprimer sous le stress, je jette un coup d'œil à celui qui vient de m'agresser, il me lance un regard noir, j'en ai la chair de poule.

_ Il va falloir courir, dit Thomas.

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Voilà pour vous ! En espérant que ce chapitre va vous plaire ! N'hésitez pas à commenter 💕

Concernant la fin de l'histoire, elle approche, j'ai pas le nombre exact encore de chapitre qu'il reste mais moins d'une dizaine c'est sûr !