Chapitre 53

_ Adelia ?

La voix d'abord lointaine réussit à me sortir du sommeil. J'ouvre difficilement les yeux, les rayons du soleil s'infiltrent dans la tente et je me souviens parfaitement du moment où je me suis laissé tomber sur le matelas, le soleil était aussi là. Il n'y a que deux possibilités : soit j'ai dormi très longtemps, soit pas du tout.

_ Enfin tu es réveillée ! S'exclame Maélis.

Mon amie se tient à l'entrée de la tente, je m'assieds en me frottant les yeux. J'ai beaucoup dormi, en même temps les deux derniers nuits ont été assez mouvementées. Après nos retrouvailles avec tout le monde, Les Particuliers que nous avons délivrés ont été examinés en priorité, on a soigné Caleb et après m'être assurée qu'il allait bien, je me suis écroulée.

_ J'ai dormi longtemps...
_ Un peu oui ! J'ai presque cru que tu étais tombée dans le coma, ironise t-elle.

Je lui souris doucement et m'étire.

_ S'il te plaît lève toi parce qu'il est hors de question que je supporte Thomas toute seule.

_ Thomas ?

_ Oui il s'est mis en tête de renforcer mon entraînement et il prend un malin plaisir à me faire chier, alors si tu veux bien on va lui régler son compte, sourit-elle.

_ Très bien je me lève, ris-je doucement.

_ Ad' ?

Caleb entre dans la tente. Il me regarde, enfin plutôt m'examine du regard pour voir si tout va bien.

_ On se retrouve dehors, déclare alors mon amie avant de sortir.

Caleb souffle doucement. semble aller beaucoup mieux, du moins c'est ce que les traits de son visage traduisent. Le Particulier s'avance vers le matelas et finit par s'asseoir dessus.

_ Comment tu te sens ?

_ C'est à toi que je devrais poser la question Caleb. Tu t'es fait tirer dessus...

Il sourit doucement et passe sa main sur ma joue. Son pouce caresse doucement ma peau, mon corps entier est soudainement détendu, et je suis plongée dans un autre monde.

_ Je vais bien Adelia, je guéris vite, sourit-il.

Heureusement.

_ J'étais inquiet pour toi.

Je relève les yeux vers lui, les sourcils froncés.

_ Je vais bien, Caleb.

Il me regarde un instant sans rien dire, avant d'avancer son visage vers le mien. Mon cœur bat plus vite, il est évident que je ne peux pas nier l'effet qu'il a sur moi. Le Particulier pose son front contre le mien, son souffle chaud s'abat sur mon visage. Il sourit légèrement avant d'embrasser mon front. Instinctivement, mes yeux se ferment.
Caleb se lève rapidement, je fronce une nouvelle fois les sourcils.

_ Aller lève toi, tu as un entraînement à reprendre, je veux te voir dehors dans cinq minutes.

Je suis outrée. Si je m'y attendais, à celle-là !

_ T'es vraiment qu'un...

_ Un quoi ? Sourit-il d'un narquois.

Je lui lance un regard noir qui ne fait qu'agrandir son sourire, je prends mon oreiller et lui lance, mais il le rattrape. Il rit, me laissant apercevoir la totalité de ses dents blanches, et je peux m'empêcher de sourire à mon tour.

_ Je t'attends dehors, lance-t-il avec un clin d'œil.

***

Je marche à travers le petit camp, saluée de temps à autre par certains des réfugiés, en particulier ceux avec qui j'ai effectué cette mission de sauvetage. Maélis m'a tenue au courant de l'endroit où Caleb m'attendait pour mon entraînement. J'ai par moment l'impression qu'il oublie que j'ai été entraînée toute ma vie. J'attache mes long cheveux pour éviter d'occasionner une gêne et je m'enfonce un peu plus dans le camp. J'espère ne pas m'être trompée. Je grimpe la pente en maudissant Caleb de me faire venir ici.
Finalement arrivée sur un plateau, je reprends ma respiration, et croise alors le regard amusé du Particulier.

_ J'ai cru que tu n'arriverais jamais.

Il pouffe et passe sa main dans ses cheveux ébène. Ils sont plus long qu'avant, en même temps, vu les événements récents je ne vois pas quand il aurait pu s'en occuper. Et pour ne pas mentir sa nouvelle longueur me plaît assez. Ce que je ressens est indescriptible, mais à la seconde où mes yeux se posent sur lui, tout mon corps est en détresse, et subitement je n'arrive plus à agir ou penser normalement. Je suis totalement sous son contrôle.
Je suis ridicule ? Probablement, oui.
Caleb s'avance subitement vers moi, un sourire espiègle aux lèvres. Le Particulier me regarde, ses yeux vairons dans les mains, il apporte sa main à mon visage, je suis complètement figée.

_ Tu as un peu de bave, là.

Il essuie le coin de ma bouche.

L'enfoiré. Je plaque mes mains à plat sur son torse et le pousse de toute mes forces.

_ La ferme !

Il rit de plus belle. Je passe la main dans mes cheveux et baisse la tête, j'ai les joues qui chauffent.

_ Bon on s'y met ? Au lieu de raconter des conneries ! m'exclamé-je.

Il secoue la tête, moqueur et le fait signe de le suivre au centre du plateau.

_ Je vais essayer d'améliorer tes techniques au corps à corps, explique Caleb.

Il est sérieux ?

_ Tu sais que je me suis entraînée à ça justement toute ma vie ?

_ Peut-être mais je doute que tu aies eu d'aussi bons professeurs que moi.

Il m'adresse un clin d'oeil et je souris.
L'objectif du Cort était de nous entraîner à combattre les Particuliers, pour pouvoir « protéger » les populations humaines, bien que le véritable sens ne soit pas révélé. En arrivant ici, ce que j'ai fait le plus, c'est me battre contre les miens...
Et je n'ai aucun remord.

_ Je vais t'attaquer, et toi tu te défends, montre moi ce que tu as dans le ventre.

Il est plus rapide que moi, plus agile et surtout plus fort. Mon seul moyen de le battre est la stratégie.

Caleb reste quelques secondes, inexpressif. D'une façon, cela ressemble beaucoup à notre première rencontre.
Il s'avance à une vitesse hallucinante jusqu'à moi, il attrape mon bras, me retourne et m'attrape le deuxième. En moins de deux secondes mon dos est plaqué contre son torse.

Merde.

Le souffle du Particulier s'écrase contre la peau de mon cou.

_ Je t'ai connue plus réactive.

Avant que j'ai eu le temps de réagir, il dépose ses lèvres dans mon cou, mon corps frissonne.
Je le pousse et me positionne face à lui.

_ On recommence !

Il rit, moqueur, me laissant encore la possibilité de voir son sourire. Il est magnifique.
Caleb reprend sa position initiale, et m'attaque à nouveau.

***

Mon corps commence à me faire mal, j'ai la responsabilité saccadée, la sueur perle mon front. Caleb n'y a pas été de main morte. Mais il ne cesse de répéter qu'il veut être sûr que je sache quoi faire en cas de problème s'il n'est pas là, c'est mignon. Il s'inquiète pour moi, même si je sais parfaitement me défendre, mais si ça peut le rassurer cela ne me gêne pas.
Mon cœur bat fort contre ma poitrine.

_ Tu vas bien ?

Je pose mes yeux sur Caleb, qui affiche une expression légèrement inquiète. Il marche jusqu'à moi. Je hoche la tête tout en reprenant ma respiration, les mains sur les hanches, je prends de grandes bouffées d'air frais qui s'infiltrent avec difficulté dans mes poumons.

_ Ah, vous êtes là !

Mark s'avance jusqu'à nous. Il semble pressé, comme s'il avait quelque chose à nous dire.

_ Qu'est-ce qui se passe ? L'interrogé-je.

Le Particulier arrive à notre hauteur, il détient une mine fatiguée. Une barbe de quelque jours recouvre ses joues. Je n'y avais pas prêté attention avant...
Mon père, il me fait penser à mon père.
Après leur mort, j'ai toujours espéré, j'ai espéré qu'ils finiraient par rentrer à la maison... mais les morts ne ressuscitent pas.

_ Ce qu'on a fait au Centre de recherche va engendrer leur colère, explique Mark. Si on ne fait rien, on risque de tout perdre. On ne peut pas ne rien faire, on ne peut plus.

Je jette un coup d'œil à Caleb qui continue de fixer Mark, les bras croisés sur son torse.

_ Qu'est-ce que tu proposes ?

Mark regarde Caleb.

_ Ce que nous avons fait a redonné espoir. Les gens en parlent, à l'heure qu'il est ça ne m'étonnerait pas que tout les États-Unis soient au courant. On doit attaquer là où ça fait mal.

Il est déterminé, animé par la possibilité de retrouver sa liberté, la possibilité d'arrêter cette horreur.

_ On attaque leurs centres de recherches, leurs prisons, tout ce qu'on peut atteindre, et libérer le plus possible d'entre nous.

Aucun de nous ne dit rien après cette révélation. Les installations du Gouvernement sont des structures hautement protégées, on a réussi à le faire une fois, mais nous avons eu beaucoup de mal à y arriver, nous avons subi des pertes.
Zack y a laissé la vie.

_ Tu penses sincèrement que ça peut marcher ? Demande Caleb après un instant de silence.

_ Nous ne pouvons pas laisser les choses comme elles sont, seul les volontaires viendront.

_ C'est quand même risqué... soufflé-je.

Les deux Particuliers me regardent. Je croise mes bras et hausse les épaules. Il m'aurait proposé ça un mois avant, j'aurais accepté les yeux fermés.
Maintenant, j'ai peur.

_ Ce qui est arrivé à Zack est tragique, commence Mark. Il ne méritait pas ça, mais il savait dans quoi il s'embarquait. Et il l'a quand même fait, parce que dans ce genre de combats il y a de lourdes pertes.

J'avale difficilement ma salive. Mark pose une main sur mon épaule.

_ Mais si on ne fait rien, ça sera pire.

***

Les paroles de Mark résonnent dans ma tête.
Je sais qu'il a raison.
Combien de Particuliers sont déjà morts ? On ne peut pas nier ça, ou sinon ça serait comme de la collaboration, on ne vaudrait pas mieux qu'eux.

_ Adelia ?

Caleb entre dans la tente. Je lui souris doucement et me lève. On a pas reparlé après la venue de Mark, Maélis est venue me chercher et j'ai passé le reste de ma journée avec elle, Thomas, Liam et Lucas. Je veux profiter d'eux un maximum.
C'est pessimiste, déprimant, pourtant si je ne le fais pas, je vais le regretter plus tard.

_ Je sais que Mark a raison et je ferai ce qui est juste mais... (je soupire) j'ai peur.

Le Particulier ne dit rien, il me regarde dans les yeux. Les siens, je peine à les distinguer à cause du peu d'éclairage qu'il y a. Il fait quelques pas vers moi, je suis obligé de lever un peu plus la tête. Caleb passe sa main sur ma joue et la glisse doucement dans ma nuque pour me prendre dans ses bras.
Je suis doucement bercée par les battements de son cœur, sa chaleur corporelle et ses bras autour de moi. Il n'y a que là que je veux être. Mes paupières se ferment. Je passe mes bras autour de lui pour le serrer contre moi. Sa tête se pose sur la mienne.

_ J'ai peur aussi.

J'ouvre les yeux et relève la tête pour le regarder.

_ Depuis la mort de mes parents je n'ai jamais tenu à quelqu'un, jusqu'à toi. Et la seule chose qui me terrifie c'est de te perdre.

Lui dire qu'il me perdra pas serait lui mentir, parce que je ne peux pas l'affirmer. On ne sait pas ce qui peut se passer et c'est bien ça qui me fait aussi peur.
L'incertitude.
Nous n'avons aucun pouvoir sur ça, mais c'est à nous de décider ce que nous voulons faire du temps qu'il nous reste.
Alors sans réfléchir, je pose mes lèvres sur les siennes.
Caleb d'abord surpris, finit par me rendre mon baiser. Je déplace doucement mes bras autour de son cou, les mains du Particulier glissent le long de mon corps pour s'arrêter sur mes hanches. Il colle mon bassin au sien et rend l'échange langoureux.

Je le ressens au fond de moi, au plus profond de mon être, notre baiser est désireux, rempli d'attente, de passion. Poussés probablement par tout ce qui se passe, c'est comme une échappatoire. Un moment à nous.
Caleb quitte mes lèvres et vient déposer une ligne de baisers humides dans mon cou. J'ai le cœur qui s'emballe, mon corps tremble et j'ai la respiration lourde. Je suis entrain de planer, il me rend complètement folle.
Il tire doucement sur l'ourlet de mon tee-shirts et se sépare de moi. Il tire mon morceau de tissu vers le haut, je lève les bras et me retrouve vêtue simplement de mon soutien gorge.

Son regard brûlant parcourant mon corps me déstabilise. Je me sens désirée... aimée. C'est étrangement beau, je n'ai jamais ressenti ça, et tout mon corps s'embrase. J'ai la poitrine comprimée, tellement qu'il m'est trop difficile de soutenir son regard. Alors je baisse le mien.

_ Non, regarde moi Adelia.

Caleb passe ses doigts sous mon menton et relève ma tête. Un doux sourire prend place sur son visage, rassurant. Il embrasse mon front.

Respire Adelia.

J'attrape à mon tour l'ourlet de son tee-shirts, hésitante, j'ai les mains qui tremblent. Comme il l'a fait avec moi, je tire le tissu vers le haut puis le jette au sol.
J'ai déjà vu Caleb torse nu, mais cette fois-ci ça semble différent.
Caleb place sa main sur ma joue et m'attire brusquement contre lui pour écraser durement ses lèvres contre les miennes. Sa peau collée à la mienne, je frissonne encore, le bas du ventre se contractant violemment. Il glisse ses mains une nouvelle fois sur mes hanches avant d'enrouler ses bras tandis que je viens accrocher sa nuque.
Il détache ses lèvres tout en gardant notre proximité intacte. J'ai la respiration saccadée.

Mon cœur va exploser.

_ C'est ce que tu veux ? Susurre t-il.

_ C'est ce que je veux, murmuré-je.

Son regard plongé dans le mien, nos lèvres finissent par se retrouver.

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Voilà un notre chapitre rempli de douceur 💕 Je m'excuse du retard, on va dire que après la rentrée tout est allé très vite !
J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu, je vais essayer de publier le prochain très rapidement !
En ce qui concerne un le Tome 2, je pense effectivement pas en faire, peut-être plus tard mais j'aimerais écrire autre chose avant, changer complètement d'univers en espérant qu'il vous plaira 😉

J'ai aussi décidé de vous donner mes comptes Instagram et Twitter, évidemment je vous force pas à me suivre vous faites ce que vous voulez après c'est pour vous, que vous me connaissiez un peu, même pour moi, savoir qui lit Incompris fait toujours plaisir alors n'hésitez pas à m'envoyer un message ! 💕

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