Chapitre 52

Je ne me souviens pas comment je suis parvenue à me relever pour rejoindre les autres, ni même des questions que ceux-ci m'ont posé à notre arrivée et comment a été annoncée la mort de Zack.
Je n'étais pas proche de lui, pourtant il m'a toujours soutenue dans mes décision, il a fait preuve de courage tout au long de sa vie, du moins durant la période où je l'ai connu. Les choses que nous avons accomplies sont peu nombreuses mais assez pour apprendre à avoir confiance en lui, assez pour savoir que l'air arrogant que j'ai distingué la première fois que je l'ai vu n'était pas ce qui le définissait. C'était quelqu'un de bien, sans lui je ne serais pas là, et Caleb et Thomas non plus.

Nous nous sommes rapidement éloignés du laboratoire en nous cachant dans les montagnes. Une fois sûrs de ne pas être surpris, nous avons installé notre campement, au milieu des arbres. Nous ne pouvons pas faire la route directement, beaucoup ont besoin de soins médicaux et de repos, voyager dans de telles conditions n'est pas conseillé.

Je cherche du regard le Particulier aux cheveux noirs ébènes, il est installé plus loin sur le sol, reculé des autres. Thomas essaie tant bien que mal de soigner sa blessure avec le peu de matériel que nous avons. Je peux entendre Caleb se plaindre d'ici...

Après ma crise de panique, Caleb a jugé bon de me laisser un peu d'espace, il ne sait pas exactement comment réagir et je le vois, sauf que c'est loin d'être ce que je veux.

Je monte pour me rapprocher des deux jeunes hommes.

_ Tu es sur de savoir mettre un pansement ? râle Caleb.

_ Si tu arrêtais de bouger ça serait plus facile, réplique le blond.

_ Je vais m'en occuper.

Les deux garçons tournent la tête vers moi.

_ Avec plaisir, lâche Thomas.

Il me donne rapidement le bandage puis descend rejoindre les autres. Les yeux de Caleb ne m'ont pas quittée, le Particulier semble avoir repris un semblant de force, il est vrai qu'ils ont la capacité de se remettre plus vite que nous.
Néanmoins, il reste épuisé, blessé à plusieurs endroits.

Je m'approche doucement avant de m'asseoir à côté de lui, toujours sous son regard attentif.
J'examine la blessure à son épaule, la balle qu'il a prise à ma place. J'avale difficilement ma salive, la gorge nouée.

Je respire un bon coup.

La blessure a été désinfectée par Thomas. Je tire alors sur le bandage et lui enroule délicatement autour de l'épaule.

_ Merci, souffle le Particulier.

J'acquiesce d'un léger sourire.
Je regarde enfin son dos, ses anciennes marques sont maintenant contrastées par de nouvelles encore rouge vif. Mon cœur se serre à cette vision, je connais la douleur qu'on lui a infligée, et imaginer qu'il la connaisse aussi me fait encore plus de mal.
J'amène mes doigts jusqu'à son dos, passant délicatement sur une de ces marques. Je le sens se tendre, il se redresse, contractant tous les muscles de son dos et retient sa respiration.

_ Je suis désolé Ad'...

Je fronce les sourcils et m'immobilise. Je rampe sur le côté pour m'asseoir face à lui.

_ Pourquoi tu t'excuses ?

Il soupire et passe nerveusement sa main dans ses cheveux avant puis sur sa légère barbe naissante.
Il tend la main vers moi.

_ Approche, murmure t-il.

Je glisse ma main dans la sienne et me déplace jusqu'à lui. Il passe ses jambes de part et d'autre de mon corps et attrape les miennes pour les enrouler autour de sa taille.

Cette proximité est grisante. Il n'a jamais été aussi proche, sauf la fois où nous avons dormi ensemble, mais tout ceci est nouveau pour moi. Mon cœur s'emballe. Son torse nu touche presque ma poitrine.
Je rougis, et un sourire se place sur les lèvres de Caleb.

_ J'aime l'effet que j'ai sur toi, susurre t-il.

Il passe ses bras autour de moi.

_ Tais toi.

Il ricane et je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai vraiment cru que je n'allais plus le revoir mais grâce à ce petit groupe d'individus courageux, il est là.
Zack...
Mon sourire disparaît petit à petit, me ramenant à la dure réalité.

_ Pourquoi tu t'es excusé Caleb ?

Il perd son sourire. Le Particulier soupire une nouvelle fois.

_ Pour tout ce que j'ai dit et fait avant de finir ici. Ce que je ressens pour toi, tout ça... ça n'a rien d'une histoire enfantine et ça a du sens pour moi.

Il souffle légèrement.

_ Même si je t'ai dit l'inverse...

Je baisse la tête, je me souviens parfaitement de ce qu'il m'a dit.

_ Je veux juste que tu prennes bien conscience que je ne suis pas quelqu'un de bien.

Ma tête se relève automatiquement, je fronce encore les sourcils.

_ C'est faux Caleb, tu es quelqu'un de bien. Je n'en ai jamais douté.

Le Particulier ne dit rien, il ne fait que m'observer.

_ Je suis quelqu'un de brisé Adelia..., souffle-t-il. J'ai beaucoup de problèmes que je n'ai pas réglé, j'ai vu des choses, j'ai été torturé, j'ai servi de cobaye sans que je puisse l'en empêcher.

Chaque mot que prononce Caleb me fait mal. Tout ce qu'il a vécu l'a changé à jamais. Et je ne supporte pas de savoir qu'on lui a fait du mal comme ça.

_ J'étais mort Adelia, à l'intérieur il n'y avait plus rien.

Des larmes coulent silencieusement sur mes joues. Je détourne mes yeux des siens en baissant la tête.
Un de ses bras quitte ma taille, et ses doigts passent sous mon menton pour relever ma tête. Il glisse sa main sur ma joue, essuie mes larmes en la caressant tendrement. Un léger sourire éclaire le visage du Particulier.

_ Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je puisse être sauvé, jusqu'à toi.

Mon cœur s'emballe et je souris.

_ Tu m'as sauvé le jour où on s'est rencontré, souffle-t-il doucement.

Il rapproche son visage du mien, collant nos front tandis que je sens mon pouls accélérer davantage.

_ Et tu continues de le faire, chaque jour depuis que je te connais.

Je n'ai pas le temps de réagir à ses belle paroles, Caleb pose ces lèvres sur les miennes. Une de mes mains glisse sur sa joue pour approfondir le baiser. Cet homme aura ma mort un jour. Tout le bas de mon ventre se contracte, mon corps frissonne, et la brise fraîche n'en n'est aucunement responsable.
Mon cœur va exploser.
Je me sépare de ses lèvres, mettent assez de distance pour pouvoir le regarder.

_ Tu es peut-être quelqu'un de brisé, dis-je, mais tu es quelqu'un de bien. Je n'en ai jamais douté, malgré les derniers événements. Et te sauver à été la meilleure chose qui me soit arrivée.

Je prends une inspiration, son regard sur moi devient intimidant.

_ Tu m'as montré ce que je ne voyais pas, et d'accord, depuis qu'on se connaît les choses ont été assez mouvementées, mais au moins maintenant, je connais la vérité.

Un long soupir s'échappe de mes lèvres.

_ Dans chaque chose que je faisais, je connaissais les risques que j'encourais, comme pour venir te libérer, mais...

Caleb se redresse.

_ Je n'ai pas penser aux risques pour les autres et Zack est mort.

Mon regard s'est perdu dans le vide, et je revois la balle traverser le crâne du Particulier et son corps s'écrouler au sol.
Et tout ce sang.

_ Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé, Zack savait ce qu'il faisait, il connaissait les risques, souffle Caleb. Si quelqu'un doit s'en vouloir ici, c'est moi. C'est moi que vous êtes venus chercher au lieu de suivre les autres.

Je secoue la tête. Peut-être, mais c'est moi qui ai insisté pour y aller.

_ Zack était loin d'être stupide, certes il avait un humour de merde mais il était assez intelligent pour savoir ce qu'il faisait et je sais qu'il n'aurait pas voulu que tu culpabilises. D'accord ?

Caleb me sourit tendrement, et vient embrasser mon front.

_ On devrait rejoindre les autres, suggère t-il.

Je hoche la tête, et nous finissons par nous lever. La main de Caleb dans la mienne, nous nous rapprochons des autres.
Une chose est sûre, c'est qu'après ce soir, le Gouvernement passera en mode offensive.

****

Après une courte nuit, nous avions repris notre chemin jusqu'au refuge. Mon corps entier me fait mal, de plus la fatigue me ramollit le crâne, je n'ai pas su trouver le sommeil.
Zack hante toutes mes pensées, l'image de son corps sans vie se refait en boucle et en boucle dans ma tête.

Une main se pose sur mon épaule, et une touffe brune apparaît à côté de moi.

_ Tu vas bien ?

Maélis marche maintenant à mes côtés, son regard inquiet me scrute. Cette fille est un ange.

_ C'est compliqué...

Elle me sourit tristement. Aucune pitié dans le regard, seulement de la compassion.
Quelqu'un d'autre nous rattrape et marche de l'autre côté de moi.

_ Ça faisait longtemps, remarque Thomas.

Je fronce les sourcils.

_ Quoi donc ? Demande Maélis.

_ Tous les trois, ensemble.

Un rictus se place sur mes lèvres, il est vrai que la dernière fois que nous avons été tous les trois comme ça remonte à quelques temps. Et la douleur de la mort de Zack s'estompe légèrement durant une seconde, parce que ce qui compte actuellement c'est que nous soyons tous ensemble.

Nous commençons finalement à apercevoir notre destination. On est enfin arrivés. À l'entrée, des exclamations se font entendre, des cris de joie, des larmes, les gens se prennent dans les bras. Depuis mon transfert au Cort, je n'avais jamais rien vu de tel, je n'avais pas ressenti ce bonheur. Mon cœur bat plus vite, et les lames me montent aux yeux. Encore. Mais les raisons sont opposées. Je suis submergée par la joie qui dégage de cette scène.

_ Adelia ?

Je me retourne vers mon jumeau. Un sourire se place sur ses lèvres, il s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Les miens s'enroulent autour de lui.

_ Je vais bien, Lucas.

_ Je sais.

Je souris à mon tour. On a toujours su l'un pour l'autre, si j'avais eu un problème il l'aurait su. C'est inexplicable, mais si évident pour nous. Je me sépare de lui. Liam nous rejoint rapidement, il pose sa main sur mon épaule.

_ Je vais bien, soupiré-je.

Il souffle à son tour, soulagé, et m'entraîne rapidement dans une étreinte. Je lui réponds avant de me séparer de mon ami. Je finis par lui sourire.

_ C'est Maélis là-bas ? Questionne mon frère.

Je confirme en regardant la brune parler avec Thomas. Mon jumeau se dirige vers elle. Liam s'apprête à prendre la parole, mais il se stoppe au même moment ou un bras s'enroule autour de mes épaules.
Je lève les yeux, c'est Caleb.

_ Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais te faire soigner ! m'exclamé-je.

Il sourit. Il est tellement beau...

_ Ad', je guéris rapidement, la seule raison pour laquelle ça ne marchait pas hier, c'est parce que ces enfoirés m'injectait du poison, se vante t-il.

_ Vraiment ? J'aurais peut-être dû te laisser là bas, toi qui est si fort que rien ne peut t'atteindre, dis-je sarcastique.

Il glousse, avant de rapprocher son visage du mien.

_ Non tu ne l'aurais pas fait, murmure t-il.

Caleb embrasse ma mâchoire, ma peau frissonne. Un raclement de gorge nous interrompt. Simultanément, nous relevons les yeux, je sens la température monter en voyant Liam nous fixer ainsi.

_ Vous avez fini ? S'exaspère t-il.

_ Pas le moins du monde, va voir ailleurs si on y est, grogne Caleb.

Je frappe le torse du Particulier, la situation est déjà assez gênante. Je soutiens le regard désapprobateur de mon meilleur ami qui lance un regard noir à Caleb tandis que le Particulier s'amuse à l'ignorer.

_ On se voit plus tard, Adelia.

Je hoche la tête en guise de réponse, Liam tourne les talons et part.

_ Enfin, souffle Caleb.

_ Tu as un problème avec Liam ?

_ Je ne l'aime pas.

Ça a le mérite d'être clair. Avant que je réplique, je remarque une femme s'avancer vers nous. Elle tient Faye par la main, la petite fille que j'ai sortie de sa cellule.

_ Je tenais à vous remercier d'avoir sauver ma fille, merci infiniment, dit-elle, reconnaissante.

Elle a les yeux bouffis, encore marqués par les larmes. Je suis assez gênée qu'elle se sente obligé de venir me remercier alors que j'ai une part de responsabilité dans ce qui s'est passé.

_ Vous n'avez pas à me remercier...

_ Si au contraire. Je vous en suis éternellement reconnaissante.

Sa voix tremble légèrement, comme si elle était sur le point de pleurer à nouveau. Je finis par sourire à la jeune mère et elle part avec sa fille. Faye tourne la tête vers moi avant de me faire un signe de la main, puis elle court vers sa mère. J'aurais aimé pouvoir lui garantir que maintenant sa fille serait en sécurité, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes tous en perpétuel danger, sans échappatoire.
Je soupire.

_ Qu'est-ce qu'il y a ?

Je tourne la tête vers Caleb, qui a gardé un bras autour de mes épaules.

_ Les choses vont empirer...

Tous ces gens ont un avenir incertain, tout comme moi. Nous sommes tous dans l'incertitude sans aucune garantie de survie. Si ça se trouve, demain mes amis ne seront plus de ce monde, Maélis, Thomas, Liam, Lucas ou même Caleb. Pourtant ils sont tous là, ils sourient, l'air confiant, mais tout peut basculer en une seconde. Comme avec Zack, il était là, et la seconde d'après il y avait plus personne.

_ Combien de personnes vont encore mourir ?

Je lève les yeux vers Caleb, son regard vairon me scrute, il soupire et passe son deuxième bras autour de moi. Je pose ma tête contre son torse en continuant de regarder les autres, mes bras s'enroulent autour de sa taille. Son rythme cardiaque me parvient comme une douce mélodie et je ne veux pas que ça s'arrête. Il embrasse mon front.

_ On va s'en sortir Ad'...

C'est tout ce que j'espère, Caleb.

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Voilà un petit chapitre tout mignon pour la rentrée, j'espère qu'il vous a plu et que vous avez tous profité de vos vacances !
Je suis vraiment désolée du retard, j'ai été occupée avec la rentrée et tout, donc désolée désolée !

En ce qui concerne l'avenir de mon histoire, il reste facilement une dizaine de chapitre ne vous inquiétez pas, en revanche pour le moment le tome 2 n'est pas prévu. J'ai besoin de changement bien que j'aime particulièrement écrire Incompris donc je suis assez mitigée.

Merci de lire mon histoire, on est passé à 30k et franchement si pour certains ça semble peu, pour moi c'est juste incroyable alors merci à vous 💕 N'hésitez pas à laisser un commentaire, ou à poser vos questions !

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