Chapitre 29

Petite, j'étais ambitieuse, impatiente de découvrir le monde, de voir tous ses trésors cachés, je voulais en découvrir le plus possible. Aujourd'hui, la seule chose que je veux vraiment c'est rentrer à la maison. C'est contradictoire, mais on dit souvent qu'on se rend compte de notre attachement pour un lieu le jour où on part. Si j'avais la possibilité de rentrer chez moi, les seules choses qui me retiendraient seraient Caleb et mes amis. Je ne me vois pas les rayer définitivement de ma vie, je tiens trop à eux. Cet expérience m'a changée, je reconnais maintenant ma part de responsabilité dans cette histoire, les personnes que j'ai rencontré m'ont changée, et tout particulièrement Caleb. De jour en jour il me fait davantage découvrir son monde qui m'était jusqu'à maintenant inconnu, enfin, je pensais le connaître, mais j'étais loin de la vérité.
Mes yeux s'ouvrent doucement sur un visage inquiet.

_ Comment te sens tu ? Demande Caleb.

Le Particulier est assis sur le bord du canapé où j'ai visiblement passé la nuit. Une douleur aiguë se propage dans tout mon crâne. Je ne me souviens même plus m'être endormie, la seule chose dont je me rappelle c'est de ma crise de larmes et des bras de Caleb. Je soupire doucement en me redressant.

_ Un peu mal à la tête mais ça va... qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?

_ Tu pleurais quand je suis arrivé... tu as fini par t'endormir après plusieurs longues minutes à pleurer contre mon épaule.

Je hoche tout simplement la tête. J'espère que Lucas va bien, s'il lui arrive quelque chose, je ne me le pardonnerai pas. Parce que ça serait de ma faute, et Léo dans tout ça ? Mon petit frère n'a pas à subir les conséquences de mes choix, je ne laisserai pas ça arriver. Mais je suis impuissante, seule face au Gouvernement, je ne fais pas le poids. Mon cœur paraît si lourd, si douloureux.
La main de Caleb se glisse sur ma joue, me sortant de mes pensées. Mes yeux rencontrent les siens, il me porte un regard doux et inquiet, un regard rassurant.

_ Qu'est-ce qui t'a mise dans un tel état...?

_ J'ai juste relâché la pression...

Je souffle doucement. La main de Caleb toujours sur ma joue crée une douce chaleur sur ma peau. Peu à peu, sa main glisse doucement dans mes cheveux, laissant ses doigts balayer ma longue chevelure brune. Mes yeux suivent chacun de ces mouvements et encore une fois, c'est comme si tout avait disparu autour de nous. J'apprécie énormément ces moments avec lui, le rythme de mon cœur s'accélère. Je ne peux pas définir exactement ce que je ressens, je ne suis sûre de rien. La seule chose que je sais, c'est que je veux être avec lui.

_ Tu sais que je ne les laisserai plus te faire du mal, Adelia ? Souffle-t-il alors.

Un sourire prend place sur mes lèvres. La façon dont il est protecteur avec moi me touche, il s'inquiète beaucoup, je le vois. Mais depuis que Le Cort m'a torturée, ce sentiment s'est renforcé. J'ai l'impression que Caleb pense qu'il est seul à devoir me protéger et que ses pouvoirs lui permettent de négliger sa propre sécurité. Je n'ai pas peur pour moi, j'ai peur pour lui, pour tous les autres. Mon sourire abandonne mes lèvres. Me protéger pourrait lui coûter la vie.

_ Je n'ai pas peur de ce qui pourrait m'arriver s'ils me retrouvent, enfin si mais ce n'est pas pour moi que j'ai le plus peur, murmuré-je, c'est pour tous les autres... Les Particuliers d'ici, mes amis, mes frères et toi...

_ Ad' il n'arrivera rien d'accord ?

Sa main quitte mes cheveux pour venir se glisser dans ma main, je frissonne alors qu'il soupire.

_ Tu es quelqu'un de trop bien, Adelia... Tu préférais donner ta vie pour nous sauver... mais s'il te plaît, ne fais rien de stupide.

Ses yeux me supplient, sa voix essaie de masquer un soupçon de peur. Je ne pense pas qu'il se doute de ma détermination à vouloir les garder en vie, lui, mes frères et les autres, alors si un jour je devais faire un choix, c'est sans hésiter que je donnerai ma vie pour eux.

_ Je ferai de mon mieux, Caleb.

Le Particulier fronce les sourcils, pas satisfait de ma réponse, et ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais la porte d'entrée s'ouvre à la volée. Caleb se redresse rapidement se mettant debout devant moi. Je souris en secouant la tête, je pense qu'il a oublié que j'étais capable de me défendre.

_ Ah vous êtes réveillés ! s'exclame Thomas. Vous venez ? On commence les entraînements.

_ Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, commence Caleb.

Je me lève rapidement et offre un sourire à mon ami en marchant jusqu'à lui.

_ Évidemment qu'on vient.

_ Parfait ! Tiens Adelia, il me tend des vêtements propre, enfile ça, on se retrouve là bas !

Je pars alors me changer.

***
Une nouvelle fois assise sur le côté, je regarde Thomas se confronter à un autre Particulier alors que Caleb arbitre. L'adversaire de Thomas se retrouve vite au sol.

_ Il faut anticiper les mouvements de son adversaire, lance Mark, être le plus malin parce que même si vous êtes plus fort, il pourra vous avoir si vous ne réfléchissez pas. Au suivant.

Personne n'ose bouger. Thomas se tourne finalement vers moi.

_ Viens, c'est à ton tour.

Tous les regards sont posés sur moi, je me sens extrêmement mal à l'aise. Mark hausse simplement les épaules, tout le monde semble attendre que je bouge. Je regarde qui Caleb, qui a la mâchoire contractée et qui ne semble pas tellement d'accord avec le fait que je me confronte à Thomas. Je ne comprends pas, il m'a déjà vue me battre, il sait que je suis parfaitement capable de me défendre.
Je me lève de ma place et m'avance vers mon ami au centre du cercle. Tous les yeux des Particuliers suivent mes mouvements, et Mark, positionné à côté d'un stand où se trouve différents types d'armes blanches, me regarde avec un sourire amical sur les lèvres.
Thomas et moi nous regardons dans les yeux. J'ai déjà battu Thomas, je peux le refaire. J'observe chacun de ses mouvements pour être sûre de n'en louper aucun. Il prend appui sur ses pieds et il fonce sur moi. Il essaie d'écraser son poing contre mon visage mais j'esquive, il donne de l'impulsion à sa jambe pour qu'elle vienne frapper ma tête, mais je me baisse. Mon cœur s'accélère au fur et à mesure des efforts. Le plus important, c'est de rester concentré. J'enfonce mon poing aussi fort que je peux dans ses côtes, il se plie. Je me redresse rapidement et à mon tour, je lance ma jambe au moment où il se redresse lui aussi, et frappe son visage. Il tombe. Je ne le quitte pas des yeux. Thomas se relève rapidement, il essaie encore une fois de frapper mon visage, mais j'échappe à son coup. Plus rapide, il frappe mes côtes avec son autre poing, la douleur se propage dans mon corps, je serre les dents. Il frappe ensuite mon visage, la seconde d'après il me prend le bras et me balance au sol. Mon dos frappe durement le sol enneigé. Je grimace de douleur, il s'accroupit à ma hauteur en me bloquant les bras. Un sourire fier se place sur ses lèvres.

_ Tu es morte, raille-t-il.

Je peux encore bouger mes pieds. Je regarde Thomas dans les yeux, nos visages sont très proches.

_Tu veux que je te dise l'erreur que tu as faites ? (Il fronce les sourcils) C'est celle de m'avoir sous estimée.

Sans plus attendre, je lui donne un coup de genoux. Il gémit de douleur et relâche sa prise sur moi. Je me remets debout sur mes jambes, Thomas se relève difficilement, je saute en lançant ma jambe, mon pieds frappe violemment son torse. Son dos cogne l'arbre derrière lui, il tombe. Je cours jusqu'au stand d'armes blanches. Le cœur qui menace de sortir de ma poitrine, la douleur de mes membres qui sont plus intenses à chaque pas que je fais, j'attrape rapidement un arc et l'équipe d'une flèche.
Je me retourne et pointe la flèche vers Thomas qui se redresse, le dos contre l'arbre.

_ Arrête ! Crie Mark.

Je décroche la flèche qui vient se planter dans le tronc de l'arbre à quelques centimètres de sa tête. Thomas me regarde, les yeux écarquillés. Je souris doucement.

_ C'est toi qui es mort.

Thomas se met finalement à rire nerveusement. Il s'avance vers moi en souriant.

_ Tu m'as eu, en effet. Mais si j'avais utilisé toutes mes capacités je ne suis pas sûr qu'on aurait eu le même résultat.

Un sourire se place sur mes lèvres.

_ C'est vrai que tu débrouilles bien pour une humaine, intervient Mark. Bon, on reprendra l'entraînement demain.

La foule se disperse. Caleb arrive rapidement vers moi, je lui souris doucement. Il pose sa main sur mon épaule et me regarde de haut en bas comme pour m'examiner.

_ Tu vas bien ? Souffle t-il.

_ Je vais bien t'inquiète pas, c'est pas la première fois que je fais ça. Je sais me défendre, comme tu as pu le voir.

Caleb sourit doucement.

_ Aller viens petite terreur, j'ai quelque chose à te dire.

Je ris doucement au surnom qu'il me donne. Il passe son bras autour de mes épaules et me tire doucement plus loin. Je fais signe à Thomas avant de le perdre de vue. Mon corps est proche de celui du Particulier qui me dépasse facilement de deux têtes. La proximité de nos corps fait battre plus rapidement mon cœur. Chaque moment avec lui, pousse mon cœur à battre à l'extrême sans que je puisse expliquer pourquoi.
Caleb continue de nous traîner je ne sais où, je suis curieuse de savoir ce qu'il veut me dire.

_ Où est-ce que nous allons ?

_ Tu verras.

Je souffle doucement, impatiente.

_  Caleb, Adelia ! résonne derrière nous.

Nous nous retournons vers la personne qui nous a interpellés. Mark, accompagné d'une femme du même âge, que je ne connais pas. Ils s'avancent tous les deux vers nous, le bras de Caleb retombe, lâchant mes épaules. Je ressens une pointe de déception à ce manque de contact.
Ils arrivent à notre hauteur, la femme sourit à Caleb, sa chevelure brune tombe sur ses épaules, un air bienveillant et rassurant peint son visage.

_ Heureuse de te revoir, Caleb.

_ Ça fait longtemps que tu es partie, Anne.

_ Oui, trop longtemps.

Elle se tourne vers moi après ce bref échange. Elle me regarde de haut en bas, les sourcils froncés. Je me sens mal à l'aise face à son regard insistant.

_ C'est l'humaine dont je t'ai parlé, commence Mark, Je te présente-

_ Adelia Nelson, le coupe t-elle.

Je fronce les sourcils. Visiblement, cette femme me connaît. Mais moi, je n'ai aucun souvenir de l'avoir un jour rencontrée.

_ Excusez moi mais, on se connaît ?

_ Je ne t'ai jamais officiellement rencontrée, mais tes parents oui, et je ne suis pas étonnée de te voir ici.

Je déglutis. Elle connaissait donc mes parents.

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