Chapitre 27

Je me redresse doucement dans le lit pour voir l'heure qu'il est actuellement, sept heures. Je laisse mon corps retomber paresseusement sur le matelas. Après que nous soyons rentrés, Caleb à insisté pour le laisser dormir dans son lit, donc il dort sur le canapé juste en dessous. Ce que j'ai vus hier ne cesse de se rejouer dans ma tête. Caleb à un don puissant qui semble invraisemblable, et pourtant, je l'ai bien vu. Je suis émerveillée, c'est magique, c'est magnifique, et je ne comprends pas qu'on puisse voir ça autrement, car je n'ai jamais rien vu d'aussi incroyable. Ça me dépasse complètement, c'est quelque que chose que je ne peux pas atteindre, c'est une magnifique évolution de l'espèce humaine. Je ne suis peut-être pas raisonnable, complètement inconsciente, mais pour moi, ce sont ceux qui ont peur de ça qui sont inconscients. De toute façon l'espèce humaine sera amenée à disparaître, c'est scientifique, pourquoi avoir peur de quelque chose d'inévitable ? C'est comme ça, il faut se faire une raison, et les Particuliers ne devraient pas subir les conséquences du déni des humains.
Je pousse la couverture, et frissonne lorsqu'elle quitte mon corps. Je me lève rapidement et enfile des vêtements que Caleb m'a trouvé. Ça sera toujours mieux que mon uniforme du Cort. J'enfile un simple jean, et un pull de laine blanc, un peu trop grand pour moi, une des manches tombe sur mon bras et dévoile mon épaule. Tant pis. Je descends discrètement l'échelle du lit, et je peux alors voir Caleb dormir sur le canapé. Il est allongé sur le ventre, le bras pendant dans le vide, sa tête sur le rebord du canapé, la bouche entrouverte, d'où s'échappe un léger ronflement. Je souris doucement. Ses cheveux sont complètement désordonnés, et la couverture ne couvre que ses jambes, laissant son dos découvert. Mes yeux se posent sur les marques blanches dans son dos, les marques d'une douloureuse torture, d'un douloureux passé, et mon coeur se serre. Je sais maintenant ce qu'on lui a fait, je sais à quel point ça fait mal, et je ne le souhaite à personne.
J'attrape délicatement la couverture pour la remonter un peu plus haut sur son corps. Mon regard glisse jusqu'à son visage, il est magnifique, et son air serein me réchauffe le cœur. Parce que malgré les marques sur son dos, il ne souffre pas, plongé dans ces rêves. Je souhaite qu'il n'ait plus à connaître cette souffrance, je souhaite que plus personne ne connaisse ça.
Je mets rapidement des chaussures et une veste avant de sortir dehors. L'air est toujours aussi frais, la couche de neige est moins épaisse que les jours précédents.

_ Salut ! S'exclame soudain Sam à côté de moi.

Comme la dernière fois, elle est apparue d'un coup, me faisant une nouvelle fois sursauter. Je lui souris doucement alors qu'elle ricane face à ma réaction.

_ Je vais avoir du mal à m'y faire, soufflé-je.

_ Personne ne s'y fait vraiment t'inquiète, tu n'es pas la seule à sursauter, rit-elle. Caleb est réveillé ?

Je secoue négativement la tête. Elle me propose ensuite de faire un tour avec elle, j'accepte avec plaisir et marche à ses côtés. Pas mal de personnes sont déjà réveillées, occupées par des activités diverses. Chacun aide à sa manière. C'est surprenant le nombre d'objet, de meubles, qu'ils ont réussi à se procurer alors qu'ils sont censés être complètement coupés du monde.
Le bruit d'une arme à feu me stoppe net et pendant un instant, je suis complètement refroidie.

_ C'est rien t'inquiète pas, me rassure Sam, certains s'entraîne à tirer avec des armes.

Je souffle doucement. Il faut que j'arrête de craindre qu'à chaque fois, il s'agisse du Cort.

_ Comment vous avez fait pour vous en procurer ? La questionné-je.

_ On a plus de contact dans votre monde que vous ne le pensez, sourit Sam.

Ça explique certaines choses. Je pense vraiment que mon peuple les sous-estime trop, les Particuliers sont très intelligents, ils ont certes des ennemis, mais le Gouvernement en a encore plus.

_ Pourquoi tu t'es retournée contre ton propre peuple pour nous sauvé ? fait-elle soudain. Je pense bien que c'est pas la première fois qu'on doit te poser la question, mais j'aimerais savoir.

_ Je sais ce qui est juste de faire ou non, ce qui est bien ou mal. Et ce que mon peuple fait au tien, c'est mal, dis-je simplement.

Sam me sourit doucement, un sourire que je lui rends, alors que de l'agitation se fait soudain entendre plus loin. Elle me fait signe de la suivre, nous nous rapprochons alors du bruit. Plusieurs Particuliers se préparent, enfilent des gilets de sécurité sans oublier leurs armes, un air grave peint sur le visage. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça m'a l'air important.

_ Plusieurs d'entre nous ont disparu hier, depuis que tu es arrivée, m'explique Sam à mi-voix, ils ont jugés utile de renforcer la sécurité, alors ils ont envoyé certains d'entre nous pour surveiller les environs... mais ils ne sont jamais revenus.

C'est le Cort qui est derrière tout ça. Les voix froides et agitées des Particuliers résonnent rapidement, l'atmosphère est complètement refroidie d'un seul coup. Ma gorge se serre, alors que la culpabilité refait surface, et je pose les yeux sur Mark qui donne quelques directives.

_ Pourquoi on dégage pas tout simplement l'humaine ? crache alors un des Particulier en me montrant du doigt.

Un frisson parcourt mon corps. Les yeux froid du Particuliers me foudroient. D'une imposante carrure, il serre sa mâchoire carrée. Il me fait froid dans le dos. Qu'est-ce que je ferais seule dehors ? Je ne tiendrais pas une semaine sans aide, le Cort finirait par me retrouver. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils me feront la prochaine fois, j'ai plutôt intérêt à ne pas me faire prendre. Rien que d'y penser me fait mal, j'ai l'impression de sentir encore leurs coups de fouets dans mon dos, la peur que j'ai ressenti en pensant que j'allais probablement mourrir et laisser mes frères.

_ C'est hors de question, répond sévèrement Mark. On en a déjà parlé, si on la laisse, elle est morte. Elle est digne de confiance.

_ C'est une putain de blague ?! Hurle l'autre. On risque notre vie pour elle, et plusieurs d'entre nous se font capturer par son peuple ! Ils sont peut-être morts à l'heure qu'il est.

_ Arrête de dire des conneries James, lâche alors froidement Thomas.

Mes yeux se posent sur mon ami. Les paroles de James me blessent, elles font mal, parce que je sais que c'est vrai. Il a entièrement raison, c'est de ma faute, j'ai causé la colère du Cort. Je n'ai pas réfléchi aux conséquences de mes actes, elles sont lourdes. Et pourtant, même en sachant ça, je ne regrette pas ce que j'ai fait, je regrette simplement ce que ça à généré. Je dois assumer mon choix et prendre la responsabilité. Je ne veux pas que les Particuliers soient touchés par ce que j'ai fait, je ne peux pas. Mais est-ce que je dois réellement prendre toute cette responsabilité toute seule ? Probablement pas. Nous sommes tous responsables à notre manière, et il est temps que les choses changent. Soudain animée par un mélange de colère et de détermination, je relève la tête vers le Particuliers que j'ai mis en colère.

_ Je suis désolée pour ce qui arrive à vos camarades, ils ne méritent pas ça, j'en suis persuadée, déclaré-je d'une voix assurée. Mais je n'irai pas m'excuser pour ce que j'ai fait. J'ai délivrer deux d'entre vous en trahissant mon peuple, et maintenant ils veulent me tuer. Mais tu sais quoi ? J'en n'ai rien à faire. Qu'ils viennent me tuer, je mourrai sans regretter de n'avoir rien fait.

Je m'avance finalement vers James, la tête haute. La colère se propage dans toute les cellules de mon corps, et je vois un attroupement se former autour de nous. On ne peut plus rester là sans rien faire, nous devons agir. La colère que j'ai envers le Gouvernement et le Cort m'a donnée courage de les trahir, le courage de me battre contre eux, et elle me donne à l'instant le courage de m'adresser aux Particuliers.

_ Il serait peut-être temps de faire quelque chose et arrêter de se cacher ici. Alors oui ce qui est arrivé à votre peuple est incontestablement horrible, mais est-ce que vous pouvez réellement vous proclamer être les victimes de cette histoire ? Nous sommes tous responsables, il faut juste que vous l'avouiez. Qu'est-ce que vous avez fait jusqu'à maintenant pour lutter contre eux ? Absolument rien. Il serait peut être temps que ça change.

Mes mots sont sortis avec une telle assurance que plus personne ne dit rien. Les regards sont posés sur moi, et je me sens soudainement mal à l'aise. Mes mots étaient sans doute durs, mais je dois les faire réagir. Je suis persuadée qu'ils sont capables de se défendre, de se battre contre les humains, mon peuple sait que face à eux nous n'avons aucun chance. Cependant, les Particuliers semblent avoir peur. Ils sont peur de ce que les hommes peuvent faire, ce que je comprends, ils sont capables d'atrocités. Je tourne doucement sur moi même, pour fixer tous les Particuliers. Mon regard croise alors des yeux vairons, et ma respiration se coupe quelques secondes. Les bras croisés contre son torse musclé, Caleb aborde un air fier, un sourire aux coins des lèvres. Rien que sa présence me rassure et me donne la force de poursuivre.

_ Je ne suis pas différente de vous, je veux que cela cesse autant que vous. Je ne vous demande pas de me faire confiance, mais seulement de me croire. Des personnes meurent tous les jours, sommes nous plus innocents que ceux qui les tuent, en restant là sans rien faire ? C'est vous qui êtes le plus touchés, c'est vous les persécutés ! Ne voulez vous pas retrouver cette liberté d'autrefois ? Ne voulez vous pas vous battre pour pouvoir vivre ?

Les derniers échos de la voix résonnent durant une fraction de seconde. Tous leurs yeux sont posés sur moi. J'ai l'impression que le temps est suspendu. Je me tourne vers James, qui a perdu son regard froid et me regarde d'un air attentif, touché par les paroles que je viens de prononcer, comme tout le monde ici.

_ Elle a raison, intervient soudainement Mark. On ne peut plus laisser notre peuple se faire persécuter de cette manière. Il est temps d'agir. Mes amis, nous allons leur montrer ce qu'être un Particulier signifie.

Des exclamations de joie et de colère s'élèvent alors. La foule est surexcité, les cris de joie des Particuliers retentissent dans tout le refuge. Mark me sourit un instant, avant de reporter son regard sur les siens. Mes yeux retrouvent ceux de Caleb, qui m'adresse un sourire. Je lui souris en retour. Ça y est, c'est le début. C'est aujourd'hui que les Particuliers décident de ne plus se laisser faire, c'est aujourd'hui qu'ils arrêtent d'avoir peur.

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Je m'excuse une nouvelle fois du retard mais en période de fête j'ai préférée passer du temps avec ma famille ! Je vous souhaite une bonne année et j'espère que vous avez passer de bonnes fêtes ! ♥️
-G.A.

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