Chapitre 25
La souffrance peut être morale et physique, deux formes de souffrances bien différentes, pourtant liées. Lorsque moralement, nous sommes épuisés, notre corps en paie le prix. La souffrance physique, elle, est une douleur réelle, qui peut aussi provoquer un épuisement moral, on se sent dénué de toute force, de toute énergie.
Je suis dans cet état de souffrance physique qui s'est transformée en souffrance morale. Le fait de savoir que d'autres personnes innocentes ont vécu ce que j'ai vécu me rend malade, surtout quand je me sens en partie responsable. J'ai été avec ceux qui ont fait ça. Leurs actes sont animés par la haine, et les Particuliers se défendent avec la même haine. C'est un cercle sans fin. On ne peut pas arrêter ça. Caleb a vécu ce que j'ai vécu probablement plus longtemps que moi, et il est toujours là. C'est quelqu'un de fort et courageux, il n'y a aucun doute. Mais savoir qu'on lui a fait ça me donne le tournis, j'ai l'impression qu'un poids énorme s'est installé brusquement sur ma poitrine. Je ne peux pas imaginer ça. J'aurais voulu empêcher ça, mais je ne le connaissais pas, j'ignorais toute la vérité.
Je souffle doucement, avant de me séparer doucement de Caleb. Je prends ses deux mains dans les miennes et le regarde dans les yeux.
_ Je suis désolée Caleb... Tu ne mérites pas ce qui t'est arrivé... Quand je pense que j'ai travaillé pour ces gens...
_ C'est du passé, tu n'es pas responsable de ce que le Gouvernement a fait et continue de faire d'accord ? me répond-il d'un ton assuré. Je sais très bien que tu ne ferais jamais ça.
Je relève finalement la tête et lui souris doucement.
_ Je te promets qu'un jour je te dirai tout, mais pour l'instant, je ne suis pas prêt à en parler... souffle-t-il.
Je serre un peu plus ses mains et le rassure d'un sourire qu'il me rend. S'il n'est pas prêt, ce n'est pas moi qui vais le forcer, même si je dois avouer que je veux savoir ce qu'il c'est passé, je veux mieux le connaître. Savoir qui il est.
_ T'inquiète pas, prends le temps qu'il te faut, fais-je calmement.
Caleb me sourit un peu plus, dévoilant ses dents blanches. Il a un magnifique sourire, le genre de sourire qui te donne aussi envie de sourire et qui te fait oublier pendant un instant tes soucis et te réchauffe le cœur.
_ Mais dis moi, s'amuse-t-il, tu es un ange tombé du ciel...
Je sens mes joues rougir. Il sait comment me rendre mal à l'aise et au vu de son sourire moqueur, c'est exactement ce qu'il voulait. Je lui frappe l'épaule, il ricane.
_ Tais toi, lui dis-je d'un air faussement excédé.
Nos rires finissent par se mêler. L'atmosphère est détendue, ma douleur est supportable, et la seule chose que je vois actuellement est le jeune homme aux vairons face à moi. C'est fou qu'en si peu de temps on puisse s'attacher à une personne. Pourtant, tout nous amenait à ce que ça n'arrive pas, un Particulier, une humaine, une fantaisie et un cliché à la fois. Je suis heureuse qu'il soit rentré dans ma vie, et je ne regrette absolument pas de lui avoir sauvé la vie la première fois.
Je pousse doucement la couverture de mon corps, je suis habillée d'un legging noir et d'un tee-shirt beaucoup trop grand pour moi. Caleb se lève du lit toujours en tenant mes mains, il m'aide à me relever. Une douleur se propage une nouvelle fois dans mon dos, et je grimace. Ça tire, mais je suis étonnée que cela ne me fasse pas plus mal.
_ Tu veux prendre une douche ? Me demande Caleb.
Je hoche la tête. J'en ai besoin en effet. Il me montre où se trouve la salle de bains et me donne des vêtements propres avant que je ne m'y rende avec hâte.
***
Je sors finalement de la douche. L'eau chaude m'a complètement détendu, et je me sens beaucoup mieux, physiquement et mentalement. Je suis assez surprise de ce manque de douleur, mais depuis que Caleb a posé ses mains dans mon dos, ça va beaucoup mieux. Je ne sais pas ce qu'il a fait mais ça m'a énormément soulagée. Il reste encore un grand mystère qui ne cesse de me surprendre de jour en jour.
J'enfile un jean noir, peut-être un peu trop serré pour moi, et attache mon soutien-gorge autour de ma poitrine avec précaution. Je souffle doucement en passant près du miroir. La buée m'empêche de voir nettement mon reflet, est-ce que je veux réellement voir mon dos ? Je passe finalement ma main tous le long du miroir pour que je puisse voir correctement. Je pivote sur moi même, dos au miroir, et tourne la tête pour voir mon reflet. Une marque rouge, d'environ dix centimètres, part de mon omoplate et descend un peu plus sur mon dos, une autre semblable à la précédente est visible dans le bas de mon dos. Quelques autres, plus petites marquent mon dos. Mon cœur se serre en voyant ça. C'est ce qu'ils m'ont fait, ce qu'ils infligent aux autres. C'est horrible, c'est marques sont horribles en sachant ce qu'elles représentent, et c'est mon propre peuple qui en est responsable. Je me rappellerai toujours de cette partie de ma vie en voyant mon dos. Je suis en colère, dans une colère indéfinissable, et triste, et honteuse, si honteuse. Et ça, ce sentiment qui me déchire le cœur, je m'en souviendrai toute ma vie. Je ne veux pas être cette personne. Qu'est-ce que mes parents diraient ? Des larmes coulent le long de mes joues, larmes de dégoût, de déception, de colère, et de peur aussi. J'ai eu peur, j'ai été plus terrifiée que je ne l'avais jamais été, et je ne veux plus jamais ressentir ça.
On toque à la porte, et je sursaute en passant mes mains sur mon visage brûlant.
_ Tout va bien ? Résonne la voix soucieuse de Caleb.
_ Oui, ne t'inquiète pas, fais-je d'une petite voix.
J'essuie mieux mes joues et les tapote pour me calmer, puis enfile le débardeur qu'il m'a donné. Je souffle un bon coup et ouvre la porte. Je tombe directement sur Caleb, qui fronce les sourcils, l'air inquiet.
_ Ad'... fait-il d'une voix rauque.
_ Je vais bien, t'inquiète.
_ Tu penses sincèrement que je vais te croire ?
_ Ça va passer, je t'assure, lui souris-je doucement.
Il me considère en silence, puis hoche lentement la tête en me laissant sortir de la salle de bain. Il me tend un sweat-shirt noir, je le remercie et l'enfile rapidement.
_ Il va falloir aller voir les autres, m'indique-t-il.
Je fronce les sourcils et me tourne vers lui. C'est vrai que je suis dans le refuge des Particuliers. Une humaine dans un refuge de Particuliers, ils doivent tous me détester. Je suis très nerveuse à l'idée de me retrouver, moi, simple humaine, au milieu d'une foule de Particuliers dotés de capacités assez extraordinaires. De plus, ils détestent mon peuple, et ce légitimement.
_ Ils doivent me détester, lâché-je finalement.
_ Ils ne te connaissent pas, répond Caleb. Ils ont peur et ils n'ont pas confiance, mais quand ils se rendront compte de qui tu es vraiment ils t'accepteront, fais moi confiance.
Je hoche la tête et lui souris légèrement. J'ai confiance en lui. Je mets rapidement mes chaussures et souffle un bon coup en me redressant face au Particulier. Il tend sa main vers moi, j'y glisse la mienne, et il la serre avant d'ouvrir la porte de la chambre.
Il tire dans à travers le couloir, et nous arrivons rapidement à une pièce qui ressemble à un salon. Je n'ai pas le temps d'observer grand chose, il ouvre une autre porte et nous arrivons à l'extérieur. Le froid canadien frappe directement mon visage, la neige a recouvert le sol, tout semble être comme avant. Pourtant, au fond de moi je sais que c'est différent. Alors que nous marchons, j'observe les maisons, toutes construites en bois, et peux entendre quelques cris d'enfants, puis nous croisons les premiers Particuliers. Je respire le plus calmement possible pour cacher mon angoisse face à leur regards inquisiteurs et méfiants. Tout le monde est occupé, que ce soit au niveau des plantations, des constructions ou alors tout simplement en pleine conversation, je pourrais presque croire que je me trouve dans un village comme les autres. L'organisation est incroyable, ce qu'ils ont fait est impressionnant, c'est vivant, je suis complètement abasourdie. C'est un vrai petit village d'apparence banale, et il est flagrant que quelque chose cloche maintenant que je suis là. Les regards de chacun se posent sur moi lorsque je passe, intrigués. Ils sont si nombreux, je me sens terriblement nerveuse, et mon coeur bat la chamade. Je serre un peu plus la main de Caleb, et il me sourit chaleureusement en baissant ses yeux vers moi. Des enfants passent rapidement à côté de moi en courant, leurs éclats de rire me font chaud au cœur. Quelques personnes saluent Caleb quand il passe, il leur répond en souriant. Le beau brun me tire dans vers une construction en bois, la plus grande que j'ai vus pour le moment, au centre du village. Nous montons les escaliers avant de poussée la porte.
Une dizaine de regards se posent sur nous. C'est extrêmement déstabilisant, je suis dévisagée comme une intruse, je suis différente d'eux, et je n'ai pas l'habitude d'être ainsi toisée. Encore une fois, beaucoup d'entre eux se méfient, je le vois sur leurs visages. Je reste légèrement plus en arrière que Caleb qui tient fermement ma main, mon épaule contre son dos, il n'est pas question que je le lâche, je suis complètement désemparée.
Soudain, l'homme au centre de la pièce, qui était jusqu'alors en pleine discussion, porte son attention sur moi et s'éclaircit la voix.
_ Je vois que vous allez mieux Mademoiselle..., commence-t-il.
_ Adelia, elle s'appelle Adelia, déclare Caleb à ma place.
L'homme hoche tout simplement la tête, ses yeux bruns me scrutant de la tête au pieds. Il a le visage légèrement ridé et visiblement fatigué, et ses cheveux grisonnants lui donne un air plus sévère. Mais malgré ça, il semble bienveillant.
_ Très bien Adelia, tu peux m'appeler Mark, poursuit-il. Je suppose que nous te devons tous des remerciements pour ce que tu as fait, pour avoir ramené Gabriel et sauvé Raphaël, mais tu te doutes aussi bien que nous devons nous assurer que tu n'es pas contre nous, n'est-ce pas ?
Quoi ? Comment ça ? Je fronce les sourcils et commence légèrement à stresser. Il s'approche de moi d'une marche confiante, je recule d'un pas toujours en tenant la main de Caleb.
_ Je ne te ferai rien, m'assure-t-il alors avec un sourire. Si tu n'es pas contre nous, tu n'as rien à craindre.
Je hoche finalement la tête. De toute façon, qu'est-ce que je peux faire ? Je tourne les yeux vers Caleb, il me sourit doucement avant de lâcher ma main. Mark me regarde dans les yeux, puis il encadre ma tête avec ses mains et ferme les yeux. Je ne comprends pas ce qu'il fait, mes yeux balaient la pièce et je constate que tous le monde regarde fixement Mark, comme s'ils attendaient qu'il dise quelque chose de bien précis. Et moi je suis complètement perdue. Soudain, il ouvre brusquement les yeux et plonge son regard dans le mien alors que je retiens ma respiration. Mon cœur s'emballe, et j'ai du mal à me détendre. Ses yeux gris ainsi plongés dans les miens, c'est comme s'il voulait lire en moi. Il laisse finalement ses mains tomber le long de son corps, et je respire à nouveau.
_ Je suis désolé pour ce que tu as dû subir pour avoir sauvé deux d'entre nous, souffle-t-il avant de m'adresser un sourire bienveillant. Tu es la bienvenue parmi nous, tu y es en sécurité, tu n'as pas à être nerveuse.
Je suis soulagée, je soupire doucement et fini par sourire timidement.
_ Merci beaucoup, hésité-je.
_ Comment peut-on être sûr qu'elle ne va pas nous piéger ? S'élève alors une voix féminine.
Je tourne la tête pour découvrir une jeune femme à la chevelure d'un beau blond vénitien et aux visage et corps parfaitement dessinés. Je vais réellement finir par croire que la beauté est un trait spécifique aux Particuliers, et malgré son air arrogant elle pourrait facilement rendre jalouse plus d'une femme, j'en suis persuadée. Mais en réalité ce n'est pas ce à quoi je fais attention, mais plutôt à la dureté de sa voix.
_ Je l'ai vu, Alexiane, remettrai tu en cause mes capacités ? fait Mark d'un ton autoritaire.
_ Non, mais-
_ Il suffit, la coupe froidement Mark. Quelqu'un d'autre est contre ?
Elle ne dit plus rien, personne ne dit rien. Je crois vraiment qu'elle ne m'aime pas. Je tourne les yeux vers Caleb, qui fixe froidement la jeune femme.
_ J'aimerais tout de même savoir Adelia, me fait alors Mark. Pourquoi tu as fait ça ?
C'est exactement ce que Caleb m'avais demandé lors de notre première rencontre. Je m'en souviens comme si c'était hier, je suis heureuse de l'avoir aidé ce jour là. Si je ne l'avais pas fait, je ne l'aurai probablement jamais rencontré, et ma vie n'aurait pas autant changé.
_ J'ai fait ce que j'ai estimé être juste, expliqué-je sincèrement. Je ne savais pas sur quoi j'allais tomber en entrant dans ce bâtiment, et ce que j'ai vu m'a ouvert les yeux. Je ne regrette pas d'avoir sorti Gabriel et Raphaël de là. Personne ne mérite ça.
Il sourit et hoche lentement la tête.
_ Tu es quelqu'un de bien Adelia, me sourit-il. Tu es ici chez toi. Évidemment, certains vont se montrer méfiants mais ça leur passera. Caleb, je compte sur toi pour tout lui expliquer.
Ce dernier acquiesce, et nous sortons finalement. Je retrouve l'air frais, j'ai l'impression de respirer enfin, c'était tellement stressant. Je vois que la nuit commence à doucement tomber, je me tourne vers Caleb qui me sourit.
_ Tu vois, tout s'est bien passé ! me fait-il chaleureusement. Et maintenant, si tu veux bien attendre demain, je t'expliquerai tout dans les moindres détails, tu as besoin de manger et de dormir.
_ Je suis d'accord, allons-y ! m'exclamé-je. Je dois t'avouer que tout ça m'a ouvert l'appétit.
On s'avance tous les deux côte à côte. Pas loin du centre, un feu se forme, et les gens se ressemblent sur ce grand espace. Ici, tout n'est que joie, malgré quelques regards curieux sur ma personne, j'arrive à les oublier, c'est très certainement un paradis ici. C'est exactement ce dont j'ai toujours rêvé, un endroit où les gens vivent ensemble en parfaite harmonie, heureux. J'aimerais tellement que mes frères soient là. Je me sens soudainement submergée par une vague de tristesse et de culpabilité, mes frères doivent me penser morte ou alors ils me voient comme une traître.
Je sens une main se poser dans mon dos, un souffle chaud s'écrase contre ma joue et l'odeur douce et rassurante de Caleb me ramène à la réalité.
_ Tout va bien ? Chuchote-t-il.
_ Ça va, lui répondis-je simplement.
Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, on nous appelle :
_ Adelia, Caleb !
Je reconnais tout de suite la voix de Thomas. Il est en compagnie de Elliot avec Gabriel dans ses bras, qui sourit de toutes ses dents en me voyant. On dirait mon petit frère Léo. Il descend des bras de son frère pour courir dans notre direction. Un grand sourire se place sur mes lèvres, je suis heureuse de le voir loin de toute cette horreur, qu'il soit avec son frère. Il encercle ses petits bras de ma taille et je pose ma main sur l'arrière de ça tête alors qu'il lève les yeux vers moi, tout sourire.
C'est pour ce genre de sourire qu'on devrait se battre. Thomas et Elliot ne tardent pas à nous rejoindre.
Elliot me regarde dans les yeux, et un grand sourire reconnaissant s'affiche sur son visage lorsqu'il regarde son frère.
_ Je ne te remercierai jamais assez pour m'avoir ramené mon frère Adelia, souffle t-il. Je suis désolé d'avoir douté de toi, à l'avenir je saurai que je ne devrai pas le faire. Si tu savais à quel point je suis reconnaissant, il est ma seule famille... Dis moi ce que je peux faire pour te remercier.
Mon regard se pose sur Gabriel. Je ne sais pas ce que je ferais si un jour on enlevait un de mes frères, je serai complètement perdue. Je les aimes plus que tout, ils sont tout ce que j'ai. Depuis la mort de nos parents, je me suis promis de tout faire pour les protéger, d'être forte pour eux. Lucas s'était attendu à ce que je craque, après leur mort, il pensait que j'allais m'effondrer. Sauf que je ma promesse m'en a empêché. Au fur et à mesure cette promesse s'est transformée en habitude. Je dois reconnaître que ces derniers temps j'ai eu du mal à contenir ce flot d'émotions, mais je n'arrive pas à me lâcher entièrement. Comment je pourrais ? Après ce que j'ai vu, le malheur et le désespoir dont j'ai été témoin, je ne peux pas ignorer le fait que d'autres personnes ont bien plus de quoi craquer. Elliot n'a pas à me remercier, j'ai été complice de ce qui a fait souffrir son peuple et son frère, alors je pouvais au moins le sauver.
_ Tu n'as pas à me remercier, dis-je en relevant la tête vers lui, c'est la moindre des choses. La seule chose que tu pourrais faire en retour c'est profiter de chaque instant que tu passeras avec lui, et de veiller sur lui.
Je lui adresse un léger sourire qu'il me rend ensuite.
_ Tu as des frères et sœurs ? Demande finalement Elliot.
J'acquiesce doucement.
_ Tu es la plus grande, je me trompe ?
_ J'ai un jumeau et un petit frère.
Un sourire est toujours scotché à mes lèvres, et Elliot affiche une expression sereine. Me reviennent en tête mes souvenirs de famille, et l'image chaleureuse de Léo courant partout dans la maison, avec ses cheveux bruns complètement décoiffés sur sa petite tête et son rire qui résonne dans tout la pièce avec Lucas le pourchassant. Ces moments me manquent, quand j'avais encore l'impression qu'aucun malheur du monde ne pouvait plus nous atteindre, nous n'étions que tous les trois.
Mais aujourd'hui, tout est différent. Je ne suis plus chez moi, je n'entends plus mes frères rire dans toute la maison, nous sommes séparés. Je ne suis plus une enfant, j'ai des responsabilités, des décisions à prendre, et je ne peux pas perdre mon temps à m'apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas la plus à plaindre. Parfois c'est très dur, quand ce soldat c'est amusé à me torturé j'ai cru que j'allais vraiment craquer, faillir à ma promesse, mais je suis responsable, et c'est parfois dur à assumer.
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