Chapitre 16
Le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, le blanc et le noir. Certaines personnes pensent qu'il n'y a que ces deux extrêmes qui existent dans le monde. Pourtant, moi, je pense que c'est plus complexe que ça, plus compliqué. Entre le blanc et le noir, il y a des nuances de gris, des personnes bien avec une part d'ombre en eux, exactement comme Caleb. Il est une nuance de gris, il n'est pas totalement bon ni totalement mauvais, il est compliqué, complexe. Cette complexité me rend encore plus curieuse et depuis que je suis rentrée à la base, je ne fais qu'y penser. J'aimerais pouvoir le comprendre, mais il ne semble pas le vouloir. Je garde les yeux rivés sur mon plateau, le regard perdu, alors que j'entends brièvement Thomas et Maélis parler ensembles. Soudain, Mr. Williams entre dans la cafétéria, il semble chercher une personne en particulier, son regard froid fait le tour des tables et s'arrête sur Jackson, une table après la notre. Il se rapproche de lui, il lui glisse quelques mots discrètement, puis Jackson se lève et suit Mr. Williams à l'extérieur. Je me tourne vers mes deux amis qui semblent aussi perdus que moi, et me lève pour rejoindre Liam.
_ Qu'est-ce qui se passe ? l'interrogé-je.
Liam regarde autour de lui, pour voir si d'autres personnes nous écoutent. C'est si grave que ça ? Pourquoi veut-il être si discret ? Il me regarde à nouveau et se penche un peu plus.
_ Jackson est parti en patrouille avec un certain Finn, et il n'est pas rentré. Ils l'interrogent pour savoir exactement ce qu'il sait, me confie Liam.
Quelqu'un a disparu. Qui sait ce qui lui est arrivé. Mr. Williams a l'air énervé et inquiet, la situation n'est pas simple. Tout peut arriver dans une si grande forêt, et une disparition ce n'est pas rien, ça soulève des questions, les gens s'inquiètent, ce n'est pas bon pour ce genre d'endroits. Je retourne près de Thomas et Maélis, et leur raconte ce que mon meilleur ami vient de me confier.
_ Cette histoire va mal se finir. À votre avis, qui va être soupçonné ? lance Thomas.
_ Les Particuliers, répond Maélis sans même réfléchir.
On se regarde tous les trois, l'atmosphère soudain devenue oppressante, on sait que tout ça peut rapidement mal tourner. Les guerres sont déclenchées pour un rien, espérons qu'on n'en arrivera pas jusque là. Mais depuis quelques années, le nombre de disparition a doublé, et le Gouvernement ne sait pas quoi faire. Alors ils accusent les Particuliers. Sans preuves concrètes, ils les accusent à cause de ce qui s'est passé il y a plusieurs années. Notre société est monstrueuse. C'est comme ça que les choses fonctionnent de nos jours, c'est injuste, il n'y a plus de lois, même si c'est ce que le Gouvernement veut faire croire. Tout n'est qu'une illusion.
***
Le lendemain matin, nous tous à l'extérieur par groupes, alignés, tels de bons soldats. Je supporte pas le fait qu'on soit vus comme cela. Les gens pensent que nous les protégeons, que nous sommes les gentils. Et pendant un certain temps c'était le cas, les soldats nous défendaient au péril de leurs vies, sauf qu'aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Nous répandons la terreur chez les Particuliers, nous les menons en chasse. Je ne peux pas accepter de faire partie de ça. Mr. Williams arrive face à nous, l'air grave, dans un silence de mort seulement brisé par le vent sifflant dans nos oreilles. Je regarde le reste de mes camarades qui semblent tous ignorants de ce qu'il se passe. De toute façon, nous sommes la plupart du temps ignorants, on ne nous dit pas la vérité, et ça se voit. La voix de Mr.Willams résonne finalement.
_ Comme vous devez sans doute le savoir, hier, un de vos camarade a été porté disparu. Notre équipe a passé la nuit à le chercher, mais la superficie de la forêt est bien trop grande, et c'est pour cela qu'aujourd'hui, vous allez effectuer les recherche avec nous. On ne rentrera pas sans l'avoir trouvé. Alors faites des groupes départ dans cinq minutes.
Les voix de mes camarades s'élèvent en un brouhaha d'interrogations. S'ils veulent absolument le retrouver, nous devons faire vite. Je reste avec mon groupe et nous embarquons tous dans les fourgons. Personne n'ose parler pendant le long du trajet.
Ils commencent par nous donner un lieu de rendez-vous à la fin de la journée, puis ils dispersent les groupes dans la forêt. Nous sommes amenés au point le plus au Nord. Jackson, Haley et Liam sont devant, prenant leurs travail très au sérieux, leurs yeux regardent partout. Maélis et Thomas juste derrière eux, ne sont pas aussi sérieux. Moi, je suis beaucoup plus en arrière. En réalité, tout ça me rend perplexe, j'ai l'impression que le Cort veut retrouver quelque chose de bien précis, je ne pense pas réellement qu'ils s'inquiètent du sort de ce pauvre garçon.
Soudain un bruit dans mon dos me stoppe net. Je me retourne, rien. La seule chose que je vois est la neige, rien d'anormal dans ce paysage blanc, et pourtant, j'aurais juré avoir entendu quelque chose.
_ Adelia ? Tu as vu quelque chose ? me parvient la voix de Maélis.
_ Non...Il n'y a rien.
_ Aurais-tu peur, Nelson ? demande Jackson, moqueur.
En réalité, je pense plutôt que c'est lui qui a peur. Au fond de lui, il n'est pas serein. Alors il se cache derrière les autres, c'est un lâche. Je décide d'ignorer sa remarque, ne voyant pas l'utilité de lui répondre et je continue à marcher avec les autres, toujours en retrait.
J'aimerais tellement être ailleurs, avec mes frères, loin de tout ça. Depuis toujours j'ai l'horrible l'impression d'être bloquée dans ma propre vie, sans aucune possibilité de changement. C'est de loin la pire chose que j'ai pus ressentir, la sensation d'être enfermée.
Je suis brusquement tirée vers l'arrière par une main qui accroche fermement mon avant bras. Ma respiration se bloque en un hoquet quand l'autre main de la personne se plaque sur ma bouche quand elle me tire dans une faille en pleine roche. J'ai le coeur qui cogne fort contre ma poitrine, et pendant une seconde, je suis paralysée. Je n'ai aucun contrôle face à la personne derrière moi qui a une force surhumaine. Mon dos se plaque contre la paroi rocheuse et je peux enfin voir celui qui est a l'origine de tout ça, et je lâche un soupir de soulagement en reprenant mon souffle. Caleb. Ses cheveux noirs légèrement ébouriffés, ses yeux vairons posé sur moi et un léger sourire moqueur sur les lèvres. Je détends mes épaules, rassurée. Mais lorsque je me rends compte de la proximité entre nous, un élan de nervosité me prend. La faille dans laquelle nous sommes est extrêmement étroite, et son torse touche ma poitrine, à un tel point que je pourrais presque sentir son cœur battre. Son visage est si proche du mien que chacun de ses détails fascinants sont à portée de vue. Je pourrais jurer que je rougis.
_ T'aurais-je fais peur, Adelia ? Demande le Particulier un rictus railleur au coin des lèvres.
Un sourire se forme sur mes lèvres. Je secoue doucement la tête et finis par enfin le regarder dans les yeux. Je suis tous de suite hypnotisé par la magnifique couleur de ses yeux. Caleb est forcé de baisser la tête pour me regarder, toujours le sourire aux lèvres.
_ Pas le moins du monde, Caleb, répondis-je.
Il rit légèrement, et passe la main dans ses cheveux. Son rire est parfaitement mélodieux. Il secoue la tête, amusé, et me regarde à nouveau.
_ Qu'est-ce que tu fais là ? m'enquiers-je, intriguée. Enfin je veux dire... on est loin de l'endroit où on se voit habituellement...
Caleb me regarde quelques instants, comme si il examinait chaque trait de mon visage. Depuis la dernière fois, la seule chose à laquelle je pensais, c'était le revoir. Il est la seule personne qui me donne l'impression de ne plus être enfermée.
_ J'ai vu les voitures arriver, je vous ai suivis, répond-il d'une voix rauque.
Je hoche la tête en guise de réponse. Nos regards ne se décrochent pas l'un de l'autre. Ça me donne presque l'impression d'être dans un autre monde avec lui, complètement coupé du monde. Sa mâchoire carrée est légèrement contracté, il reprend un air sérieux. Encore une fois je suis frappée par ça beauté, comme si que je le voyais pour la première fois. Caleb lève sa main et vient remettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, le regard perdu. Je n'ose plus bouger, j'ai l'impression que mon coeur s'est arrêté.
_ Adelia ? crie la voix de mon meilleur ami, Liam.
Je sursaute en sortant de mes rêveries. Je tourne la tête vers l'extérieur, ils ne vont pas tarder à venir ici. Il faut que je parte. Je souffle doucement. Je suis déçue de devoir partir, mais il ne faut pas qu'ils voient Caleb.
_ Tu devrais y aller, me souffle le Particulier.
J'acquiesce et le regarde dans les yeux. Il me sourit en me faisant signe de sortir. Je lui adresse un dernier sourire et commence à sortir. Mais Caleb me retient par le bras. Je me tourne vers lui, les sourcils froncés face à son air inquiet.
_ Fais attention, m'avertit-il. Je suis au courant de ce qu'il se passe avec ce garçon qui a disparu, et je sais aussi que Le Cort soupçonne les Particuliers. Et je ne suis pas le seul à le savoir. Ils sont énervés et ils n'hésiteront pas à tuer pour se défendre.
C'est la première fois que je le vois inquiet, inquiet pour moi qui plus est. Je lui souris doucement.
_ Je ferai attention.
Il me sourit avant de me lâcher. Je sors finalement de la faille, Et m'éloigne le plus rapidement possible. Je tombe sur Liam, suivi du reste du groupe. Les yeux inquiets de mon meilleur ami se posent sur moi.
_ Tu étais où ? Ça va ?
_ Je vais bien, m'empressé de répondre. J'ai cru entendre du bruit par là, mais il n'y avait rien.
_ Ouais, bah la prochaine fois on te laissera ici, lance froidement Jackson.
Il a un problème avec moi. Et ses remarques commencent sérieusement à m'énerver. Je le regarde aussi froidement qu'il le fait. Je suis bien décidée à ne pas me laisser faire.
_ On n'abandonne personne, répond Thomas.
Je souris à mon ami, puis nous nous remettons en route. Ce que Caleb m'a dit ne fait que se répéter dans ma tête. Les Particuliers doivent se sentir menacés, ils vont vite devenir dangereux. Je ne me fais pas d'illusion. Si l'on doit se retrouver face à l'un d'eux, je ne suis pas sûre qu'on l'emporte. Si seulement on avait trouvé d'autres moyens que la violence, tout serait plus facile. Mais je ne pourrai pas me résoudre à tuer un Particulier, même s'il venait à m'attaquer, ça serait au dessus de mes forces. Peu importe qui c'est, un humain ou un Particulier, je ne veux pas tuer. Même si le Gouvernement justifie les meurtres des Particuliers en clamant la "légitime défense", je suis dégoûtée de voir à quel point mon peuple est tombé bas.
Nous marchons depuis maintenant plusieurs heures et nous n'avons toujours rien trouvé.
_ Venez voir ! résonne la voix de Haley.
Nous nous empressons de la rejoindre un peu plus loin. Elle fixe le sol couvert de neige, avec quelques tâches écarlates. Du sang. Maélis se baisse vers les traces pour mieux les inspecter.
_ C'est très récent, fait-elle en levant les yeux vers nous, l'air grave.
_ Il y en a ici aussi ! Crie Thomas plus loin.
_ Qui que ce soit, il était là il n'y a pas longtemps. On doit le rattraper, lance Liam.
Nous commençons alors à courir, guidés par les traces de sang sur le sol blanc. C'est très mauvais signe. Quelque chose me dit que tout ça va très mal tourner.
------------------------------
Je tenais à m'excuser pour mon retard mais j'ai été très occupée ces derniers temps mais vous inquiétez pas je suis de retour avec pleins d'idées ! J'espère que ça vous plaît, encore une fois désolée, bisous 😘
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top