Chapitre 10

Assise à table entouré de mon groupe, je n'écoute pas. Ils parlent de ce qu'ils ont vu ou fait durant cette journée, moi je reste muette. Je n'arrête pas de penser, de penser à lui. Il m'a sauvé la vie puis ensuite il m'a laissée partir. Pourquoi ? Je me torture l'esprit depuis que j'ai quitté cette forêt. Je ne peux pas m'en empêcher.

_ Tu ne manges pas ? Me demande Liam à côté de moi.

_ Si je vais manger t'inquiète pas.

Je commence alors à manger, je ne veux pas que Liam se doute de quelque chose, ça serait catastrophique. Ayant ses parents au gouvernement il est du même avis qu'eux au sujet des Particuliers. Je n'ose même pas imaginer la façon dont il réagirait s'il savait pour Caleb. Ce Particulier que j'ai aidé tout comme il l'a fait en retour. Que va t-il arriver à les deux hommes que j'ai paralysé ? Est-ce que il les a tués ? Il les a fait prisonniers ? Ou il n'a absolument rien fait ? Si c'est le cas je suis vraiment dans un sacré pétrin. Pas que je ne veuille qu'il les tue, mais s'ils sont maintenant en liberté qui sait ce qu'ils vont faire ? Ils diront tout au Gouvernement et je subirai un pire sort que la mort. Toutes ces questions me donnent un horrible mal de tête. Tout ce que je veux c'est partir loin de se brouhaha produit par toutes ces personnes dans le réfectoire. Je veux être seule.

***

J'ai enfin pu enfiler une tenue confortable. Leurs uniformes sont absolument horribles, pas du tout confortables. Je suis vraiment soulagée d'être dans ma chambre, maintenant je n'ai qu'une hâte c'est de me glisser sous les draps.

Maélis y est déjà. Elle tient un livre entre ces mains, lisant tranquillement. Elle aime beaucoup ça, elle peut être complètement folle, quand elle lit elle devient extrêmement calme, plongée dans son univers de fiction.

Je me couche dans mon lit alors que Maélis ferme son livre et le pose avant d'éteindre sa lampe.

_ Bonne nuit, me dit elle

_ Bonne nuit.

Je tombe rapidement dans les bras de Morphée.

***

Trois heures du matin.

Le bruit d'un véhicule me sort de mon profond sommeil. J'ai le sommeil très léger. Et moi qui espérais passer une bonne nuit de sommeil, c'est foutu. Je soupire, énervée. Des lumières venant de l'extérieur traversent notre fenêtre. D'autres bruits surviennent. Mais qu'est-ce qui se passe ? Je me lève, bien décidée à savoir d'où provient tout ceci. Je regarde par la fenêtre. Un véhicule est rentré à l'intérieur de la base. J'aperçois Mr. Wiliams parler à d'autres Sergent, dont Mr. Clark. Plusieurs gardes sont postés autour du véhicule. Pourquoi ? C'est très bizarre comme situation. On est au beau milieu de la nuit et j'ai l'impression qu'ils effectuent une mission.

Ils continuent de parler quelques minutes très sérieusement, jusqu'à ce que Mr. Wiliams hoche la tête vers les gardes. Je m'approche un peu plus de le fenêtre, je ne veux rien rater. Deux gardes ouvrent les portes arrières du fourgon, puis deux autres entrent à l'intérieur. Ils en ressortent avec un homme qu'ils tiennent par les bras. Il m'a l'air inconscient. Je ne me sens pas bien. La scène est assez similaire à celle de la forêt avec Caleb. Sauf que la personne ne peut faire quelque chose pour lui. Mais pourquoi il l'amène ici ? Le véhicule repart. Les hommes tenant cet inconnu inconscient se retrouvent entourés par les gardes et ils se dirigent vers le bâtiment inutilisé, censé être en rénovation. Mais pourquoi ? Je ne comprends pas. Ils sont vite suivis des Sergents.

Ils pénètrent à l'intérieur puis les portes se ferment.

C'était quoi ça ?

Un homme inconscient est amené à la base, puis dans le bâtiment non utilisé. Sans oublier le fait qu'il est était accueilli par une multitude de gardes ainsi que des différents Sergents. La seule chose dont je suis sûre c'est que ça doit être quelqu'un d'important.... ou dangereux. Et si c'était un Particulier ? Pourquoi l'amener ici ?

_ Qu'est-ce que tu fais ? Demande la voix endormie de ma colocataire.

_ Rien, rendors toi...

Je regarde une dernière fois par la fenêtre. Tout est redevenu calme, comme s'il n'y avait jamais rien eu. C'est étrange tout ça... Non, je ne dois pas m'en mêler, j'ai déjà fait assez de choses irréfléchies pour le moment. Autant éviter de me faire tuer. Je retourne me coucher.

***

Six heures trente du matin.

Aujourd'hui nous avons encore été affectés sur le terrain. Je suis dans le réfectoire, face à moi se trouve une Maélis complètement épuisée, comme si elle dormait encore. Je dois avouer que je suis aussi fatiguée. Avec ce que j'ai vu cette nuit je n'ai pas réussi à dormir tranquillement. J'ai tellement de questions sans réponses. Je me retiens de toutes mes forces pour ne pas aller voir dans le bâtiment en rénovation. Mais d'un côté, je meurs d'envie de savoir. Un plateau se pose à côté de moi. Liam. Il affiche un air déterminé.

_ Bon, qu'est-ce que tu as ? Et ne me dis pas que tu as rien, je te connais, Ad'.

Là, je suis mal.

_ C'est juste... Mes frères qui me manquent beaucoup...soufflé-je tristement.

Mes frères me manquent réellement, je ne mens pas complètement mais il ne doit pas savoir la vérité. Liam connait très bien mon attachement à ma famille, il sait que ça peut me rendre très mal.

_ Je comprend Ad' mais rappelle toi pourquoi on est ici... Ne perd pas ton objectif, dit il en me souriant.

Mon objectif ? Je n'ai aucun objectif ici.  Je ne veux pas participer à ça. Ça me dégoûte, je ne comprends pas comment on peut prendre la chasse de toute une espèce comme objectif. Surtout que les raisons données de sont pas valable. La guerre ? Nous avons tous fait la guerre pourquoi seulement eux devraient payer ? Parce qu'ils sont différents ? C'est nous qui avons déclenché cette guerre, pas eux. Je ne comprend pas et je comprendrai sans doute jamais.

Je hoche la tête comme seule réponse, et replonge dans mes pensées.

***

Nous avons encore été affectés aujourd'hui. Pour la plupart d'entre nous c'est la même chose qu'hier. Alors je suis encore en patrouille. La même forêt mais cette fois-ci c'était la partis Est que nous devons fouillé. Mais je ne suis pas avec Thomas, je suis tombée sur une fille dont je connais rien. La seule chose que je sais c'est son prénom, Lise. C'est une grande blonde avec un sale caractère. Quand elle a décidé quelque chose, on ne peut pas l'arrêter. Elle dit ce qu'elle pense, que cela plaise ou non. Son visage est froid, elle ne donne pas envie d'aller sympathiser. Et je me retrouve seule avec elle dans cette voiture, sans compter les deux gardes qui nous amènent.

_ Qu'est-ce que tu regarde comme ça ? crache t-elle d'un air dédaigneux.

Qu'est-ce que je disais, elle est complètement désagréable.

_ Rien, soupiré-je.

La voiture finit par s'arrêter au même endroit, on descend du véhicule avant qu'il ne parte.

_ On doit se séparer si on veut avoir fini avant l'heure, recommandé-je.

_ Parfait ! Comme ça j'aurai pas à te supporter toute la journée ! s'exclame t-elle.

Je lui réponds par un faux sourire avant de prendre le chemin opposé au sien. Je ne l'aime décidément vraiment pas.

Mes pieds s'enfoncent dans la neige, les arbres sont si grands. Dans ma cellule, je n'en ai jamais vu d'aussi grand. Ici, je suis à la fois en liberté, je ne suis plus contrainte à rester dans ma cellule, je vois des choses que je n'avais jamais vu et c'est merveilleux. Mais je suis en même temps prisonnière du Cort, je ne suis pas complètement libre de mes mouvements, je dois constamment exécuter des ordres qui me plaisent pas. Je pense que j'aurais adorer ce pays s'il n'y avait pas ces contraintes. Le Canada est un pays magnifique.

Je continue de progresser sur ma route, je regarde partout, je ne veux pas affronter un Particulier. Je ne sais pas si j'aurais le courage de le paralyser et de le conduire jusqu'au Cort. Je ne peux pas priver la liberté à quelqu'un, uniquement parce qu'un groupe de personne a peur de lui. Surtout que, moi-même, je suis en quête de cette liberté. Je ne peux pas retirer quelque chose que je recherche à quelqu'un. Cela n'aurait aucune logique, ce n'est pas juste. Mais je ne sais pas si je veux réellement risquer ma vie pour ça. Je ne sais pas si je pourrais affronter le Gouvernement. Parce qu'en réalité, ce sont eux qui me font peur. Ce ne sont pas les Particuliers, les monstres, mais nous. Cela me répugne. En revanche, je ne peux m'empêcher d'espérer que je le reverrai. Caleb. Il suscite ma curiosité. Je n'ai jamais rencontré de Particulier avant lui. J'aimerais tellement voir de quoi ils sont capables. Je ne comprends pas pourquoi les hommes ont peur d'eux. Moi je trouve ça intriguant, fascinant, ils sont tous simplement une évolution de l'espèce humaine. Peut-être est-ce pour ça que tout le monde les repousse, parce qu'ils sont en quelque sorte supérieurs à nous.

Un bruit suspect me sort de mes pensées. Je me fige. Ce sont des pas, je pourrais reconnaître ce son entre mille. Je sens mon cœur battre un peu plus vite. Il faut rester calme, c'est ce que l'on m'a appris, c'est sûrement la seule chose d'utile que j'ai appris. Dans ce genre de situation il faut rester serein, savoir gérer sa respiration, ralentir son rythme cardiaque. Si l'on panique, on est perdu. Alors je sors rapidement mon arme de ma ceinture, prête à paralyser l'individu derrière elle. Je me retourne en un rien de temps en levant mon arme sur l'inconnu. Caleb. Je bloque, oui je voulais le revoir, mais je ne m'attendais pas réellement à le voir.

_ Tu peux baisser ton arme, je vais pas te tuer, dit il en roulant des yeux.

_ Euh... Ouais, désolée..., bredouillé-je, gênée.

Je ne veux pas qu'il pense que je veux le tuer. Parce que c'est tout le contraire. Face à lui, je me sens beaucoup moins sûre de moi, déjà que habituellement je suis loin d'être la fille confiante, mais là, c'est pire. Son visage est froid, sa mâchoire carrée est légèrement contractée. Il semble fermé et agacé, pourtant, une lueur dans ses yeux m'indique le contraire. Un silence gênant s'installe, il reste là sans rien dire, il me regarde. C'est très déstabilisant. Il passe sa main dans ses cheveux noirs. Est-ce que la beauté est l'un des critères des Particuliers ?

_ Je t'ai pas remerciée, alors...merci de m'avoir sauvé la vie, dit il d'une voix rauque.

Je hoche tout simplement la tête. Je ne m'attendais pas non plus à ça. Mais il reste neutre dans ses paroles. Pas un sourire. Il reste neutre, froid. Il a l'air sur la défensive. Je peux le comprendre, je suis humaine, et vu ce que mon peuple fait subir au sien, il a ses raisons d'être comme ça.

_ Je veux savoir pourquoi tu m'as sauvé la vie ? continue alors Caleb, visiblement intrigué. Je ne comprends pas... Tu es humaine. Pourquoi ? Tu aurai pu me paralyser et m'emmener. Mais tu m'as sauvé la vie.

Il a l'air de vraiment vouloir savoir. J'ai l'impression qu'il a pensé à hier autant que moi. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Si ce n'est la vérité.

_ Je ne suis pas contre vous, avoué-je. Je n'ai aucune raison de l'être. J'aurai plus tendance à dire que je suis contre mon propre peuple.

_ Pourquoi ? enchaîne t-il, les sourcils froncés.

_ Je ne les comprends pas. Rien n'a de sens pour moi. Je ne voulais même pas être ici, et j'aimerais pouvoir changer les choses. Je suis sérieuse.

Caleb me regarde comme si je débarquais d'une autre planète. C'est vrai qu'il y a peu de personne qui pense comme moi, mais je suis sincère. Je ne comprends pas les humains. Il continue de me regarder intensément. Mon cœur bat plus vite, j'ai l'impression de rougir, ce n'est peut-être pas seulement une impression... J'espère que si. Je suis une fois de plus déstabilisée. Je baisse les yeux, ne pouvant plus supporté son regard insistant. Je crois que je préférerais être en entraînement intensif.

_ Comment je peux savoir que tu es honnête avec moi ? lâche le Particulier. Rien ne me le garantis, vous n'êtes pas connus pour votre sincérité, les humains.

Je lève le menton, et pointe alors mon arme vers le sol. Je la vide en un rien de temps, et la balance à terre, ne quittant pas Caleb des yeux. Je prends certainement un risque en agissant ainsi, mais c'est la seule preuve de mon honnêteté que je peux lui fournir. Il plisse un instant les yeux, avant d'étirer ses lèvres d'un très léger sourire.

_ C'est étrange....Tu es étrange, dit-il plus doucement.

Le ton qu'il emploie m'étonne. Il n'a encore jamais parlé de cette façon. Je relève les yeux vers lui. Mon regard se plonge dans le sien. Il semble beaucoup moins froid d'un seul coup. Ses yeux vairons sont si profonds et magnifiques. Ils sont la seule touche de douceur sur son visage.

_ Viens, je vais te montrer quelque chose... annonce t-il doucement.

Je suis surprise. Qu'est-ce qu'il veut me montrer ? Mon côté rationnelle me hurle de ne pas y aller, je ne le connais pas, qui sait, c'est peut-être un piège. Mais d'un autre côté, je veux prendre le risque de le suivre. Je prends une grande inspiration et arrête de réfléchir. Après avoir rattaché mon arme vide à ma ceinture, je m'avance vers lui et inspire longuement. Je peux plus retourner en arrière.

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