Alya cligna des yeux à plusieurs reprises, incrédule devant le bric-à-brac qui habitait la maison. Pas un seul centimètre carré de mur n'était vide. Des cadres, des armes, des animaux empaillés, des gravures, des dessins, étaient fixés sur les murs de la maisonnette. La pièce principale était un grand bureau, lui aussi plein à craquer. Les meubles étaient couverts de rouleaux de parchemins ouverts, certains étaient même étalés sur le sol.

Un à un, les soldats entrèrent dans la maison d'Hector et se tassèrent dans le bureau, essayant de ne pas marcher sur un des objets jonchant le sol. Flavio se plaça derrière Alya et posa ses mains sur sa taille.

— Je ne comprends pas ce qui se passe, mais j'espère qu'il pourra nous aider, chuchota le chevalier à l'oreille de la jeune femme.

Alya hocha la tête, perdue dans ses pensées. Plus les jours passaient, plus les différents mystères qui gravitaient autour d'elle semblaient s'épaissir. Il y a quelques semaines, elle ne savait même pas que les mages existaient. Aujourd'hui, elle était dans la chaumière du doyen des mages du royaume, et elle avait elle-même des pouvoirs.

Elle tourna la tête en entendant un éclat de rire. Colin avait grimpé sur les épaules du vieil Hector et jouait avec sa longue barbe. L'aveugle ne sembla pas s'en formaliser, il tâtonna quelques secondes et trouva un fauteuil dans lequel il s'affala sans grâce aucune. Il souffla de manière impolie dans la direction de Flavio.

— Bon, vous voulez quoi ?

Alya entendit Flavio déglutir. Le jeune homme ne semblait pas très à l'aise dans cette chaumière, mais il prit son courage à deux mains.

— Comme vous l'avez senti, Auxence a perdu ses pouvoirs. Ils ont été mystérieusement absorbés par Ali.

Hector pencha la tête sur le côté, et sourit méchamment. Il se leva et parla quelques instants dans sa barbe.

— Ah, quand ils ont besoin de mon aide ils savent venir me trouver. Sinon, ils me laisseraient crever au milieu de mes carottes.

Personne n'osa couper le vieillard, qui se retourna brusquement vers son assemblée. Ses yeux transparents se braquèrent sur Alya. La jeune femme eut l'impression que mille aiguilles transperçaient son corps. Elle hoqueta quelques secondes face à cette étrange sensation et lança un regard interrogateur à Auxence. Elle croisa son regard et put lire dans ses pensées.

« Ne t'inquiète pas, il s'y connaît et il sait ce qu'il fait. »

Alya se sentit légèrement rassurée, jusqu'au moment où Hector se remit à parler, cette fois-ci avec une voix d'outre-tombe.

— Je sens une magie puissante. Une magie puissante dans cette pièce. Une magie ancestrale que personne n'a manipulée depuis des années. Une magie qui a été interdite pour sa dangerosité.

Les yeux du vieil homme se révulsèrent et la jeune femme eut un sursaut de peur. Il tendit son bras vers elle et l'attrapa par le cou.

— Qui es-tu ? cria-t-il en resserrant sa prise sur son cou, ses yeux toujours révulsés.

Flavio réagit immédiatement. Il écarta sans difficulté le vieux mage et l'assit de nouveau dans son fauteuil.

— Hector, calmez-vous. Ali n'est pas un danger pour qui que ce soit.

Le mage reprit une attitude normale et ricana.

— Qu'est-ce que tu en sais ? La magie qui coule dans ses veines a été interdite il y a plusieurs siècles. Même si elle ne veut pas être dangereuse, elle le sera un jour ou l'autre. Ce n'est pas une magie anodine. Elle est indomptable. Incontrôlable. Et surtout mortelle.

Alya s'était figée en entendant ces mots. Elle n'imaginait pas une seule seconde qu'une telle magie puisse couler dans ses veines. Elle respira calmement et tira une chaise à côté du fauteuil d'Hector dans laquelle elle s'installa.

— Hector, je vais avoir besoin d'explications supplémentaires, je ne comprends pas ce que vous dites.

Le vieux mage haussa les sourcils et ricana de nouveau.

— La magie qui coule dans tes veines est celle des quatre éléments. Il y a deçà un millénaire, quatre éléments dominaient le monde : l'Eau, la Terre, l'Air et le Feu. L'ordre du monde était garanti par l'équilibre qui régnait entre les mages des éléments. Mais un jour, le Feu sema la discorde. Il se considérait plus fort que les trois autres mages des éléments. Il commença alors à disséminer des parcelles de ses pouvoirs auprès d'humains totalement normaux, il voulait monter une armée pour gouverner le monde. L'Eau, la Terre et l'Air se rendirent vite compte de ses agissements. L'équilibre du monde était menacé, les hommes commençaient à s'entretuer. La douceur paradisiaque qui régnait sur la terre avait laissé place à la violence de l'enfer et du feu.

Alya retint son souffle quelques secondes. Elle avait déjà lu cette histoire dans un livre de contes lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Mais elle ne savait pas que l'histoire était vraie.

— La légende raconte alors que l'Eau, la Terre et l'Air ont réuni leurs forces pour combattre le Feu et remettre de l'ordre sur terre. Mais, où qu'ils aillent, le Feu entravait leur avancée. Les trois mages se sont alors cachés parmi les hommes. Ils ont dissimulé leurs pouvoirs et ont chacun fait leur vie, attendant que le Feu se calme. Mais le feu ne se calma jamais. Il parcourut la Terre pendant des années, à la recherche des trois autres mages. Il voulait à tout prix voler les pouvoirs de l'Eau, de l'Air et de la Terre. Après des années de lutte, il arriva à ses fins. Mais les pouvoirs des autres mages étaient déjà très amoindris car ils avaient eu des enfants. Lorsqu'un mage des quatre éléments a un enfant, ses pouvoirs deviennent plus faibles car ils sont peu à peu transmis à son aîné. Alors le Feu, fou de rage de ne posséder que des demi-pouvoirs, se lança à la poursuite des enfants aînés des trois mages. Il ne les retrouva jamais.

Flavio sentit la douce main d'Alya se glisser dans la sienne. Il était captivé par l'histoire que l'homme leur racontait.

— Que s'est-il alors passé ?

— Les enfants ont vécu à leur tour, chacun de leur côté, ils eurent des enfants à qui ils transmirent leurs pouvoirs. Le Feu, sentant sa fin proche, divisa ses pouvoirs entre ses deux enfants. L'aîné héritait de la maîtrise du feu, le deuxième de la maîtrise de pouvoirs restants de l'Air, de la Terre et de l'Eau. On appelle cela le Triptyque des Pouvoirs. On pourrait penser que l'aîné a été lésé, mais le second enfant a en réalité été soumis à un triste destin. Les pouvoirs dont il disposait n'étaient pas des pouvoirs complets, ils étaient donc particulièrement instables. Impossible à maîtriser. L'enfant vécu donc dans la souffrance, qui le rendit peu à peu fou. Pris d'une folie sans pareille, il décida que chaque personne possédant le Triptyque des Pouvoirs devrait souffrir autant qu'il avait souffert.

— Qu'a-t-il fait ? demanda Alya, horrifiée.

— Tant que le parent possédant le Triptyque des Pouvoirs n'est pas mort dans d'atroces souffrances et dans une lente agonie, alors son enfant ne pourra pas en hériter.

La jeune femme déglutit bruyamment. La malédiction du deuxième fils du Feu était terrible.

— Et si le parent ne meurt pas dans d'atroces souffrances, que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

Hector haussa les épaules.

— Alors les enfants du mage possédant le Triptyque des Pouvoirs mourront tous, un par un, dans d'atroces souffrances.

— Et si ce mage n'a pas d'enfant, que se passe-t-il ? demanda Auxence, troublé.

— Alors c'est l'avenir de l'humanité qui est en danger, dit Hector d'une voix grave. Si le mage meurt sans enfant, alors cela sera la fin de l'humanité. 

***

Hello ! 

Je suis tellement désolée de ma longue absence !! J'étais en stage ultra long et prenant mais maintenant j'ai un peu plus de temps !

J'ai hâte d'avoir vos remarques sur ce chapitre hehehehehe

Qu'en avez-vous pensé ? 

Vous vous attendiez à ça ? 

Quelles sont vos hypothèses pour la suite ?

Et d'ailleurs, vous faites quoi de vos vacances ? 

Gros gros bisous, et mille fois merci de me lire <3