•Chapitre 56• Non-dits.


 « Ça va être une catastrophe ... Une catastrophe interplanétaire! Soufflai-je. »

Mes mains tremblaient alors qu'il m'était impossible de rester sur place. J'attendais péniblement l'arrivée de ma famille à l'aéroport aux côtés de Karen, ma meilleure amie. Elle souriait visiblement amusée par la situation.
« Mais non ... Tout se passera bien ! Rigola-t-elle. »

Comment pouvait-elle trouver le point positif dans toute situation ?

« Hayyydeeeeenn »

Je me retournai vers ce cri persistant. Et sans même que je m'en rende compte, ma petite sœur se trouvait dans mes bras.
Elle me compressait contre son petit corps. Je me laissai tomber sur mes genoux, pour approcher ma tête à son niveau.

"Mon amour... Murmurai-je"


Pendant deux ans j'avais pris le rôle de ma mère, Jade était comme ma petite fille désormais. La voir à mes côtés me faisait tant de bien. J'étais heureuse de sentir sa chaleur contre mon torse, de voir qu'elle allait bien.

Elle pleurait de joie dans mes bras, si bien que mon tee-shirt était trempé.

Un raclement de gorges grave se fit entendre. Je relevai la tête, alors que mes yeux me brûlaient.

Mon père se tenait en face de moi. Il n'avait l'air ni en colère, ni content de me voir.
Après 8 mois de séparations il pourrait tout de même manifester un peu plus sa joie.
Il m'embrassa brièvement avant d'envoyer un beau sourire à Karen.

Super...

Céline quant à elle, m'attrapa dans ses bras telle une vraie mère.

Au moins deux sur trois personnes ici se réjouissait de ma présence.

La seule chose que mon père dit, fut : « Où est Spencer ? ». Comme si c'était la seule chose qui l'intéressait. La seule chose que je désirais était de lui donner une raclée. Je me forçai malgré tout à lui répondre avec le sourire.

« Il travaille. Il ne sera pas présent avant deux jours. »

Mon père releva un sourcil, visiblement étonné par mon propos.

En effet, Spencer était parti depuis cinq jours en France, afin de régler quelques détails au sujet de Wilden Company. Il ne rentrerait pas avant trois malheureux jours.


Céline frappa le bras de mon père, comme pour lui demander de se montrer un peu plus enthousiaste.

Le trajet en voiture fut agréable. Mise à part mon père qui restait muet, Celine et Jade ne cessaient de me questionner à propos de tout et de rien. Karen aidait également à faire la conversation.

Ma petite sœur semblait émerveillée par ce paysage New Yorkais. Son bonheur si innocent me donnait envie de la croquer. Elle tenait son petit sac à dos « Dora l'exploratrice. » C'était d'après Céline un cadeau que mon « oncle » Jack lui avait offert. Depuis, elle ne s'en séparait pas.
J'avais un sourire étiré jusqu'aux lèvres. Cela me donnait tant de baume au cœur de tous les avoirs devant moi.

Mon père avait choisis un hotel, non très loin de mon appartement, dans le centre de Brooklyn. Cependant, il n'y avait aucune place de libre pour cette première nuit, j'allais donc devoir les héberger. Cela ne me posait pas de problèmes. De toutes les façons, Spencer n'était pas là, ils allaient pouvoir me tenir compagnie un petit peu.

Jade était tout aussi heureuse qu'à son arrivée. Karen lui apprenait quelques mots d'anglais, elle se croyait déjà bilingue. Je vous jure, si vous connaissiez cette enfant, vous la dévoreriez tout crus.

Mon père cependant restait à l'écart. Tant pis.

Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre.

Mince ! Il était déjà vingt et une heure ! J'étais attendue à une soirée. J'étais invitée à une fête qu'organisait un élève de l'école. Je ne sais pas pourquoi m'avait-il invité moi, la fille de nulle parle, pauvre et inutile, mais... J'avais besoin de me libérer l'esprit. Depuis cinq putains de jours la voix de Spencer ne cessait de me hanter. Je me sentais seule, il fallait que j'apprenne à vivre sans lui.

« Je suis désolée, mais je vais devoir vous laisser mon appartement cette nuit !

-Et pourquoi donc ? Répliqua Céline.

- Je suis invitée à une soirée. »

Je souris avant de m'activer. J'avais exactement vingt minutes pour me préparer.

****

Après avoir tourné une belle heure, dans l'Upper West Side, afin de dénicher une place, j'en trouvai finalement une, à moins d'un kilomètre de l'appartement de ma destination.

Le vent traversait ma robe et glissait entre mes jambes. Je me faisais également violence contre ces magnifiques talons que je portais aux pieds.

Lorsque je sonnai à l'appartement, évidement ce fut un jeune qui semblait déjà avoir bien bu qui m'ouvrit la porte.

Il était vêtu d'un magnifique costard empli de... vomi.

Dans quoi m'étais-je embarqué ?

J'entrai timidement dans la pièce principale, alors que la musique battait son plein. Il faisait presque noir, seule des lumières colorées, tamisées éclairaient l'appartement.

La fête devait avoir commencé depuis une bonne heure, hors tous les jeunes semblaient déjà bourrés. L'odeur de la marijuana ainsi que de l'alcool baignait l'air.

J'avais un mal fou à me faufiler un chemin entre ces centaines de personnes qui dansaient au rythme de la musique ( du moins qui essayaient, leurs cerveaux semblaient totalement ralentis).

Je sais que je me répète. Mais dans quoi m'étais-je embarquée ?

Je n'avais pas l'habitude de boire, ni de fumer. J'étais rarement conviée aux grosses fêtes d'adolescents. Après tout, je n'avais jamais été très populaire à l'école. Je n'avais jamais été invité à une soirée. Je n'en avais jamais ressenti le besoin.

Je ne savais pas comment agir entre toutes ces personnes qui baignaient dans l'extase. Je me sentais invisible et seule.

Ma première idée, fut de me diriger vers le bar. Quoi de mieux qu'un peu d'alcool pour se mettre dans l'ambiance ?

Je savais que je regretterais cette phrase tôt où tard, mais pour l'instant deux choix s'offraient à moi. M'ennuyer durant toute la soirée, où combler mon manque de pèche avec de l'alcool. Le choix était vite fait.

« Je vous sert quoi Madame ? » répliqua un serveur, tout en hurlant, en vu du niveau sonore beaucoup trop élevé.

J'optai pour un cocktail « Sex on the beach. »

Alors que le serveur me le tendait je sentis tout à coup une source de chaleur derrière mon dos, puis des mains se poser sur ma taille.

Je sursautai et me retournai vers cette personne.

Sa langue se trouvait sur les tendons de mon cou, alors que ses mains tiraient sur ma robe.

« Tu as trois secondes pour te décoller de moi où je te brise les couilles, lui chuchotai-je sensuellement à l'oreille. »

L'homme dont je n'arrivais toujours pas à distinguer la personnalité, sûrement car je ne le connaissais pas, rigola, visiblement hébété par l'alcool.

Je soufflai, complètement agacée par cette sensu qui me retenait.

Alors que je m'apprétais à passer à l'acte et de clairement repousser cet individu, une main me retint.

« Non mais ça va pas Kate ! »

Je reconnu la voix de Miranda.

J'allais me poser la question au sujet de sa présence avant de me rappeller à qui j'avais affaire. Si j'étais invitée à une soirée, évidement que cette fille l'était aussi.

« Kyle laisse Kate tranquille, elle n'est pas là pour ça. »

Il y avait-il une caméra cachée ? Depuis quand Miranda me défendait-elle ?

« Allez viens suis moi ! »

Elle fit pression sur ma main avant de me tirer brusquement. Elle m'attira contre son torse avant de me glisser à l'oreille.

« Allez lâche toi, arrête de faire ta coincée ! »

J'hallucine ? Depuis quand me parlait-elle de cette façon ? Avais-je raté une étape où elle essayait réellement de m'intégrer à cette fête ?

« Barman ! Trois verres de Vodka pour elle ! Hurla t-elle.

-A quoi tu joues Miranda ? Qu'est-ce que tu fou ? »

Elle me dévisagea avant de me tendre deux verres et d'en avaler un elle-même.

Je crois qu'elle était totalement saoule. En temps normal, jamais elle ne me traiterait de cette façon. J'avais à la fois l'impression qu'elle se foutait de ma gueule, mais en même temps non.

Elle alluma quelque chose qui ressemblait fortement à une cigarette, du moins.. plus à un joint, empli d'une variété d'herbe étrange.

Elle tira un coup de fumée avant de me le tendre.

Je fronçai les sourcils et me décollai de sa personne.

« Je ne boufferais pas cette merde. »

Elle releva les sourcils en l'air, avant de fourrer cet objet dans ma bouche.

« C'est le prix à payer pour rentrer à cette fête, aspire une taffe, ça te fera du bien. »

Elle avait un sourire hypnotique sur sa face.

J'étais complètement perdue. Je ne savais que faire. J'en étais sûre, assister à une fête de genre n'était pas du tout une bonne idée.

Et puis merde ! Il y avait une première fois à tout.

J'aspirai un coup avant d'étouffer.

POUAH ! Ca déchirait la gorge ! Le gout était vraiment dégueulasse et se déversai dans toute ma cage thoracique.

Ma tête commençait légèrement à tourner. Et malgré tout ce que je pouvais dire, je me sentais bien... excellemment bien.

Petit à petit, j'entrais dans un nouveau monde, un monde lent, et bénéfique. L'extase me pénétrait.

Je n'avais même pas remarqué que Miranda ne se trouvait plus devant moi, et qu'un mec plutôt bien battit, pour le coup, dansait avec moi.

Il m'était impossible de le repousser, ce sentiment de bien-être était indescriptible.

Le temps s'était arrêté pour moi. Je ne savais clairement plus où je me trouvais, quelle heure il était.

Et plus le temps passait, plus j'enfilais les verres d'alcools. J'avais également reniflé quelques substances qui m'étaient inconnues, mais qui m'avaient complètement défoncé la tête. La musique, les cris, les rires emplissaient l'appartement.

Je senti tout à coup mon téléphone portable sonner.

J'avais dû prendre au moins trois minutes pour comprendre cette information, pour enfin décrocher.

« Allo... ? Répondis-je lentement.

-Hayden ?! »

Je me redressai subitement, alors que j'étais allongée, telle une morte vivante sur les jambes d'un mec. C'était la voix de Spencer...

« Spen..cer ? »

Je regardai l'heure. Il était plus de deux heures du matin passé, sachant que nous avions six heures de décalages, il devait être six heures en France, ou huit... ou dix.. ou quatorze ?!. Mon cerveau était complètement endormi.

« Qu'est ce que ta famille fou chez toi ? Hurla t-il.

-Qu...quoi ?

-Tu aurais pus me prévenir que ta famille se trouvait chez toi bon sang ! Hurla t-il.

-Chez moi ? »

Je ne comprenais strictement rien. Quel chez moi ?

« Je suis rentré plus tôt ! Je comptais te faire une surprise, mais visiblement, tu n'étais pas chez toi !

-Oh... »

En réalité, je ne prenais même pas conscience de ce qu'il me disait, mon cerveau était complètement mort.

« Viens... me chercher...

-Tu es où là ? Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi tu as l'air complètement défoncée ? ! HAYDEN ? Hayden ??!! »

Mon esprit avait totalement décroché. Je n'avais même pas eu la force de lui répondre.

***

Outch !

Encore une fois, j'avais la malheureuse impression d'être passée sous un camion. Mes oreilles bourdonnaient, ma bouche était pâteuse, mon haleine quant à elle avait l'odeur de vomi.

Je serrai ma tête entre mes deux mains.

Lorsque j'ouvris mes yeux, je restai perplexe durant deux belles minutes.

Où me trouvais-je ? Bordel de merde ?!

J'étais allongée sur un lit qui faisait au minimum la taille de ma chambre. La literie était blanche et propre, cela ressemblait fortement à une chambre d'hôtel, ou d'un palace, en dépit de la décoration luxueuse.

Je sursautai à l'entente de la poignée de la chambre qui se contractait.

Le corps de Spencer apparut alors. Il était trempé de sueur, vêtu d'un short et de basket. Il semblait revenir d'un footing intensif.

Je vous promets qu'il n'y avait rien de plus que sexy que de le voir dans ce genre de tenue. Je fondais littéralement.

« Eh bien, tu es enfin réveillée, lâcha t-il sur un ton sec. »

Qu'est ce que Spencer foutait là ? Il n'était pas en France ? Pourquoi me parlait-il de cette façon ?

« Qu'est ce que... commençai-je tout en tremblant.

-Tu ne te rappelles vraiment de rien ? Souffla t-il. Putain mais Hayden combien de fois je t'ai demandé de ne pas boire ?

-J'ai bu ? »

J'enfui mes mains dans mon visage. Qu'avais-je bien pus faire comme ça ?!

Il souffla, visiblement agacé avant de s'assoir à mes cotés.

« Je suis rentré hier soir, je comptais te faire une surprise. Cependant en arrivant chez toi, c'est ton père qui m'a ouvert. Je te jure, j'avais l'impression qu'il voulait me tuer ! Alors je t'ai appelée pour savoir où tu étais, et c'est là que je t'ai entendu, complètement bourrée au téléphone. Tu as de la chance que j'ai réussis à tracer ton portable. »

Le regard qu'il me portait semblait signifier tant de choses, mais il m'était impossible d'en décrypter le message.

« Et alors ? On est où là ? Pourquoi tu as l'air en colère ?

-Je n'allais tout de même pas te ramener à trois heures du matin, complètement bourrée devant ta famille... Je nous ai donc pris une chambre d'hôtel... »

Il s'interrompit avant de se relever du lit, sans m'envoyer un sourire. Il faisait froid dans le dos.

« Et.. ?

-Et quoi ? répliqua t-il.

-Tu n'as pas répondu à l'autre question ! Pourquoi tu fais la gueule ?

-Je ne fais pas la gueule ! S'énerva t-il.

-Arrête, je te connais bien. J'ai fais quelque chose de mal en étant bourrée ? Par pitié dis moi que je n'ai pas fais de connerie... »

C'était si terrifiant de ne pas me savoir maitresse de mes souvenirs.

« Non ! Mais ça m'a juste énervé de te voir allongée à cette soirée, morte vivante sur un mec... »

Il n'osa même pas affronter mon regard après cette phrase. Oh c'était trop mignon ! Spencer était jaloux ! JALOUX !! Les gars !! Spencer était jaloux !

J'affichai un sourire sincère.

Il se retourna vers moi, avant de se gratter la nuque avec sa main droite, tout en effritant sa touche de cheveux avec sa main gauche.

« Excuse-moi d'être aussi froid... Mais ça m'a juste énervé ! Tu m'as énormément manqué et... j'avais juste l'impression que tu t'en foutais clairement que je sois parti. A peine avais-je le dos tourné que tu te bourres la gueule avec des mecs. »

Je fronçai les sourcils tout en me relevant brutalement.

« L'impression que je m'en foutais ?! répétai-je »

J'hallucine !

« Je devais me faire violence pour ne pas t'appeler toutes les trois minutes ! »

Il souffla tout en réfléchissant. Finalement, il dirigea son regard vers le mien avant de me prendre dans ses bras. Il agissait bizarrement, il était différent de d'habitude. Il semblait à la fois stressé, mais aussi ailleurs.

« Qu'est-ce qui ne va pas Spencer ? M'inquiétai-je. »

Le ton colérique que j'avais commencé par aborder disparut totalement.

« Non... J'ai eu pas mal de stress cette semaine... Tu as raison, je n'ai pas envie qu'on s'engueule à ce sujet. On devrait faire l'amour plutôt que la guerre franchement... ricana t-il sarcastiquement. »

Il enfuit ses lèvres sur les tendons de ma nuque, avant de tirer ma peau légèrement avec ses dents.

« Vu qu'apparemment cette surprise que je pensais phénoménale a totalement échouée, j'en ai une autre. »

Il sourit avant de m'embrasser brièvement sur les lèvres.

Et là.... Ce que je pensais improbable arriva.

Il se mit à genou.

Spencer se trouvait à genou, la tête dirigée vers ma face. Je n'arrivais pas à me défaire de son regard. Mon cœur ainsi que tous mes sens, s'accéléraient puis finirent par s'arrêter. Que faisait-il bordel ? Qu'est –ce que Spencer faisait ?

Il ne pouvait pas...

Non...

Ma main tremblait. Tout comme mon corps entier.

« Spencer... Qu'est.. Qu... »

Mes yeux s'arrondirent alors qu'il tenait ma main droite.

Nous nous regardions tous les deux dans les yeux. J'étais complètement terrifiée.

Finalement, il se mit à rire, alors que je ne m'y attendais pas du tout.

« Oh mon dieu Hayden ! Si tu avais vu ta tête ! »

Pardon ?

Il fini par sortir quatre images de sa poches puis me les tendis, alors que j'étais totalement déboussolée.

Il m'était impossible de bouger.

« C'était une blague ? Tremblai-je.

-Oh que oui mon cœur ! Ca m'a tenté sur le coup. Tu crois vraiment que si je te demande en mariage, je ferais quelque chose d'aussi minable ? Crois-moi, le jour où cela arrivera, tout sera beaucoup plus parfait. »

MAIS BORDEL ! QUI POUVAIT DIRE A CE JEUNE HOMME QU'IL N'ETAIT PAS DROLE DU TOUT ?

Je le frappai contre son torse, légèrement vexée, avant d'attraper les images qu'il possédait en main.

« Non mais tu es vraiment con Spencer ! Tu m'as fais une de ces peurs ! »

J'esquissait un sourire, tout en montrant que cette blague ne m'avait pas du tout touchée, bien que ce n'était pas le cas réellement. Je sentais les larmes monter au fur et à mesure, je décidai donc de changer de sujet.

« C'est quoi ces photos ?

-Tu te souviens du voyage que l'on doit se faire en couple ? Je te propose quatre destinations, répliqua t-il enjoué»

J'essayais toujours de faire abstraction à sa blague pourave, qui m'avait fortement bléssée, et jetai un coup d'œil à ces photos.

J'ouvris grand les yeux en apercevant les destinations qu'il avait me proposait.

-Maldives

-Australie

-Bora Bora

-Ibiza.

Il me tendait ces photos, un peu comme un boulanger qui me vendait son pain. Ce boulanger vous dirait : Alors monsieur pour aujourd'hui , du pain où des croissants ? Lui il me disait plutôt : Alors mon cœur, ça sera quoi pour aujourd'hui ? Australie ou Ibiza ? Tu veux qu'on prenne le petit déjeuner en Australie et qu'on aille ensuite se baigner dans l'eau bleu turquoise de Bora Bora ?

Je souris à cette idée.

C'était quatre destinations de rêves pour moi. Quatre destinations où la vie ressemblait à un paradis réel, c'était juste inimaginable. J'avais pensé que nous irions simplement à Los Angeles, où une ville du genre. Non ! Il me donnait le choix sur des iles plus que paradisiaque.

Mon sourire s'agrandit avant que je ne me jette sur lui.

« Mais c'est un truc de fou ! hurlai-je totalement en extase. »

Il se contenta de me réceptionner dans ses bras, et de sourire lui aussi à son tour.

Et bien que sa blague au sujet du mariage m'ait beaucoup affectée, j'avais du mal à lui en vouloir. C'était terrifiant. Mon amour pour lui dépassait la colère que je pouvais lui porter. Je n'arrivais plus à résister à son charme, j'étais envoutée, j'étais amoureuse. Amoureuse de son corps, de ses yeux, de sa sociabilité, de son humour catastrophique, amoureuse de lui, tout simplement. Certes, j'étais décidée à lui faire regretter sa mauvaise blague, au sujet de notre mariage, mais pour le moment, le seul endroit où je désirais me loger, était dans ses bras.

****

Point de vue de Kaylie.

Depuis l'incident au sujet de Paul qui avait débarqué dans mon appartement, j'avais rarement vu Hayden. Alors lorsqu'elle m'avait appelé afin que l'on se voit ce samedi après-midi pour une journée shopping, j'avais accepté avec joie, plus qu'heureuse que ma fille tienne à passer du temps avec moi.

Elle m'avait donnée son adresse afin de venir la chercher. C'est donc avec enthousiasme que je grimpais les marches. J'avais hâte de la revoir.

Bien évidement, je n'allais à aucun moment montrer cette hâte que je possédais en moi, je n'avais pas changée, je suis et serais toujours Kaylie.

Cependant, en toquant à sa porte, je crus tomber d'un étage.

Rodrigue... Rodrigue se tenait devant moi. Il avait un sourire jaune affiché sur sa face, ce qui me fit trembler, comme s'il s'y attendait...

Je clignai des yeux afin de me rassurer que tout ceci n'était qu'un rêve.

Malgré tout mes efforts, cet homme se trouvait toujours devant moi. Et bientôt j'apperçus le visage d'Hayden.

Elle se rapprocha de moi avant de me glisser aux oreilles.

« On va dire que maintenant on est quitte. »

Je n'eus pas besoin de plus pour comprendre ces propos.

C'était une vengeance du coup monté que j'avais mis en place avec Spencer quelques semaines auparavent ,afin qu'elle puisse me rencontrer à mon appartement.

Eh merde. J'étais cette fois moi aussi tombée dans le piège. Ce beau discours de shopping entre mère fille aurait du me surprendre un peu plus.

Je le sentais, mon quart d'heure arrivait.

***

Tout ceci était d'une hypocrisie pure. Tout ces gens attablés autour d'une table.. Il était clair qu'aucun d'entre eux n'avait envie de subir cette soit disant « réunion de famille ». C'était le terme qu'avait employé Hayden. Laissez-moi rire ! De quelle famille parlait-elle ? Nous n'étions plus une famille, depuis longtemps.

Hayden discutait vivement avec Jade sur ses genoux, ainsi qu'avec Spencer, alors que Rodrigue et sa petite amie me fixaient dans les yeux. C'était génant.

Rodrigue fini par se gratter la gorge et de faire taire les plus jeunes.

Je le savais, ce qui suivrait par la suite, me mettrait mal à l'aise comme jamais.

« Bien, commença mon ex mari. Si nous sommes là aujourd'hui c'est parce que je désire mettre les choses au point. Il y a un mois de cela, le fameux père de ce Wilden, continua t-il tout en fusillant du regard Spencer, a débarqué chez nous et a menacé ma plus jeune fille avec une arme. Une vraie. Mais ce n'est pas tout ! Quelques jours après, il se retrouvait dans l'appartement de Kaylie à menacer mon autre fille. Alors j'aimerais des explications.

Il avait prononcé ces mots d'une voix calme, bien que je savais qu'il bouillonnait de l'intérieur. Il attrapa la main de Céline tout en me fixant du regard.

Dire que cela ne me faisait aucun effet serait mentir... De toute les façons, je passais ma vie mentir, à me mentir sur les sentiments que j'épprouvais.

Alors qu'Hayden s'apprêtait à parler, je pris la parole. J'étais la personne qui avait pour tâche d'expliquer cette situation ultra complexe.

« Tu es vraiment sûr que tu veux que Jade entende tout ce que j'ai à dire ? Soupirai-je. »

Il hocha la tête.

Bien que je fusse contre, je me lançai dans un long monologue. J'avais bien compris que je n'avais plus mon mot à dire sur l'éducation de mes propres filles.

J'avais dû parler pendant une belle dizaine de minute sans m'arrêter. J'avais tout expliqué, tout. De mon enfance désastreuse à la raison de la venue de Paul aux Etats-Unis. Les mots les plus dur à prononcer avaient été « Je t'aimais vraiment Rodrigue. »

Je n'avais plus rien à perdre après tout. J'avais déjà tout perdu.

Rodrigue me fixait toujours autant, et contrairement à ce que j'avais pensé, il ne rigola pas. Il ne se moqua pas de moi.

Quant à Jade, son regard était horrifié. Elle était estomaquée, alors qu'Hayden la rassurait doucement.

J'avais désormais fini de parler, personne d'autre ne daignait prendre la parole.

Mon ex mari se contenta juste de se lever, alors que tout le monde le suivait du regard.

Il balança une violente claque à Spencer avant de l'attrapper par le col.

Par respect, Spencer ne se défendait pas.

« Tu es un vrai enfoiré ! Hurla t-il.

-Papa ! Lâche Spencer ! Il n'y ait pour rien ! »

Ma plus grande fille était complètement paniquée alors que Spencer défiait mon ex mari du regard.

« Pour rien ? Pour rien ? Son père a complètement foutu notre vie en l'air ! Tu te rends compte à quel point lui aussi est capable de foutre en l'air ta vie Hayden ?! A cause de lui son père t'a menacé ! Il a menacé ta sœur de sept ans Bordel !!! Tu te rends compte un peu de la situation ? S'énerva t-il.

-Spencer n'est pas comme son père. »

Elle avait les larmes aux yeux, et se battait contre son paternel tant bien que mal pour qu'il lâche son petit ami.

« C'est bon ça suffit ! les interrompis-je. Ce n'est pas la faute de Spencer, c'est la mienne. Tout ceci est ma faute, mon unique faute. Je n'aurais pas dû le mêler à cette histoire. Il n'a rien avoir avec son père Rodrigue lâche le ! »

Ce dernier me lança un regard électrique avant de relâcher violement Spencer sur sa chaise. Il se rassit à sa place avant de croiser les bras.

Hayden demanda gentiment à Céline d'éloigner Jade de la pièce. Le ton allait monter, et ceci serait bien trop violent pour ses petites oreilles.

***

Point de vue d'Hayden.

J'avais été bête de croire que mon père aurait pus être comprehensif deux secondes, même Kaylie était plus mature que lui. Spencer n'y était pour rien dans cette histoire.

« Dans cette histoire, qui a vraiment le plus souffert ? Commençai-je. Je me sens libre d'affirmer que c'est moi. Pendant deux ans, je me suis prostituée. Je ne sais pas si tu te prends compte du sens de ce moment. Je n'avais plus aucune dignité, j'étais sale, bien payée certes, mais je me sentais repoussante, l'argent que je gagnais était repoussant. J'étais en dépression. Tu me battais presque tous les soirs. Je me retrouvais à pleurer dans ma chambre, seule. Si Spencer n'avait pas été là, je me serais suicidée. Je n'avais plus envie de vivre, mise à part pour Jade. Cependant s'il n'avait pas été là, je n'aurais retrouvé aucun regret à commettre cet acte irréparable. Alors tu auras beau chercher qui dans cette histoire est responsable d'un véritable merdier, je t'interdis de reprocher la moindre chose à mon petit ami. Bien qu'il soit riche, con, et sûrement comme son père, il m'a sauvé la vie. »

Ces paroles me sortirent de la bouche avant même que je 'n'y réfléchisse. Jamais je n'avais dis à mon père ce que je ressentais depuis toutes ces années, jamais. Il était enfin temps de déballer tout ce que je possédais sur mon cœur.

« Tous ces soirs où je t'ai soigné, tous ces soirs où je préparais le repas au lieu de réviser mes cours, où je payais nos dettes, et toutes ces choses qu'une jeune fille n'est pas capable de penser, moi je les faisais, sans rechigner. Tu te rappelles de ce jour où malgré tout mes efforts tu m'as annoncé qu'un de tes potes voulait me baiser pour de l'argent et que tu étais d'accord ? Tu t'en rappelles où pas ? »

J'hurlais alors que les larmes me venaient aux yeux. Je me souvenais désormais de cette terrible première fois. Mon père, était affalé contre le canapé en train de se saouler encore une fois, alors que je me trouvais, en pleure, dans ma chambre avec un homme de son âge qui prenait son pied avec mon corps non défleuri.

Spencer compressait sa main contre ma cuisse, pour me montrer qu'il me soutenait dans mes propos.

« Quant à toi Kaylie... Oui je t'en veux d'être partie. Oui je t'en veux d'avoir fais passé ton ambition avant notre famille, d'être partie sans rien dire. Mais en y réfléchissant bien, j'ai la vulgaire impression que tu me mérites mieux que mon stupide père qui se trouve en face de moi. »

Mon père ne parlait plus, complètement sous le choc de mes propos. Hors je ne faisais qu'énoncer la simple vérité. Il ne m'avait pas traité comme un père devait le faire.

Il m'était désormais impossible de m'arrêter de pleurer, j'étais mal. Mes souvenir de ce temps si compliqué me tuaient de l'intérieur. Spencer avait beau m'avoir sorti de cette vie, il n'en restait pas moins qu'un jour je vendais mon corps contre de l'argent.

Je me levai tout en attrapant Spencer dans ma lancée.

« Viens, on va faire nos valises » c'était la seule chose que j'avais réussis à prononcer.

-Vous allez où ? S'inquiéta ma mère.

-Je crois qu'on va aller se détendre un petit peu du coté des caraïbes ou...quelque part d'autre... répondit Spencer à ma place, alors que j'avais enfouie ma tête dans son torse.

-Hayden... mon dieu.... Je suis tellement désolé... fini enfin par répliquer mon père. »

Je m'en foutais clairement de ses excuses, je voulais juste m'en aller de ce foutu appart, et prendre des VACANCES.

« Laisse moi me rattraper Hayden, soupira mon paternel, alors que je m'éloignais de la pièce avec Spencer. Tu ne vas tout de même pas nous laisser ici alors qu'on est venu ici pour te voir !

Je souris faussement.

« Pour me voir ? Ou plutôt pour régler tes comptes avec mon petit ami ? Tu ne m'as pas adressé un seul sourire depuis ton arrivée.

- Laisse-moi venir avec toi ! me supplia mon père.

-Hors de question ! Lâchai-je en même temps que Spencer.

-S'il vous plait. Vous comptez vraiment partir alors que l'on aura fini sur une aussi mauvaise note ? Vous n'aurez pas l'esprit tranquille. Laissez nous venir avec vous ! J'ai compris, j'ai merdé... mais je ne peux pas revenir sur mes actions passées, soupira mon père... On pourrait tout reprendre sur de bonnes bases... Evidement, je ne m'interposerais plus dans votre couple.

-Laissez tomber monsieur, c'est hors de question, répondit-sèchement Spencer.

-Dites oui ! Faites le pour Jade. Pour elle. La seule a qui un vrai et magnifique avenir peu être offert. Vous croyez qu'elle a envie de voir sa famille déchirée à ce point ? Hayden, dit oui, pour ta sœur, je te promets, je me rattraperais. »

C'était si facile de me prendre au niveau des sentiments en invoquant le nom de ma sœur. Bien trop facile. Hors je ne saurais vous expliquez comment, mais cet argument m'avait convaincu, bien que je savais que je regretterais ce choix à jamais. Et puis ce n'est pas comme si Spencer ne pouvait pas payer un billet à mon père, Céline Jade et Kaylie... Il n'avait pas de problèmes avec l'argent.

Argh ! J'étais une terrible mauvaise petite amie.

Et puis ? Ce n'est pas parce que l'on partait en famille, que je ne pourrais pas m'exiler de l'autre coté de l'ile, avec lui seul.

Je regardai Spencer, avec un pincement au cœur. Il secoua la tête me montrant qu'il en était hors de question. Je savais que je regretterais mon choix, je le savais. Je fermai les yeux avant de prononcer faiblement.

« L'avion décolle dans quinze heures. Vous avez intérêt à être prêt à l'heure. » 

***

Heyy ! Alors votre semaine s'est bien passée ? 

J'espère que vous avez aimé ce chapitre ^^ 

J'ai  rien de très spécial à dire... Mais je vais vous poser une question parce que j'adore vos commentaires :D  !

Quel personnage d'Incompatible préfères-tu ? Et pourquoi ? Voilààà :)  

SEE YOU NEXT WEEK <3 Et merci pour les 840 000 vues c'est... Incroyableee ><


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