Ils devront tous tomber

L'embarcation dérivait depuis de très longues heures. La mer, plutôt agitée, l'emmenait çà et là. Toutefois, au fur et à mesure, les vagues la firent se rapprocher de la côte. Les rochers, sédentaires voilà maintenant des centaines d'années, s'apprêtaient à l'accueillir. Du même gris que le ciel qui se couvrait, l'impact avec ceux-ci était imminent. Au dernier moment, un plongeon, un sauvetage et le bruit du bois qui s'écrasait contre la pierre.

**

Les tubes en métal du carillon se percutaient sans cesse et à chacune des collisions, le visage de Gershom et certains membres de son corps se crispaient. Sa respiration était laborieuse. Il murmurait quelques mots inintelligibles. Un crissement soudain le fit sortir de sa torpeur. En se relevant, sa chevelure brune, abondante et mal peignée lui retomba sur les yeux. L'homme les rabattit en arrière d'un geste de la main devenu systématique. Ses yeux marrons montraient qu'il était encore hagard, le temps d'émerger.

— Vas-y en douceur surtout, dit-on.

Gershom releva la tête et plissa les yeux pour tenter de distinguer qui l'entourait. Ce dont il était sûr, c'est que c'était le jour. Puis, une personne s'avança vers lui tandis qu'une deuxième restait à l'écart. Celle-ci cachait le soleil à tel point que l'on aurait pu croire qu'il faisait dorénavant nuit.

— M'entends-tu ?

L'homme ne répondit pas.

— Sais-tu parler ?

Rien.

— Comprends-tu ce que je dis ?

Toujours rien. Puis une gifle.

— Maël !

— Ce n'est que pour le réveiller.

En effet, les esprits de Gershom se remirent vite en place. Il empoigna son agresseur par le col de sa tunique en toile de jute. Avant qu'il ne puisse faire quelque chose, Maël se défit de son emprise et le mit à terre sans mal.

— Qu'est-ce que je disais ? Le voilà parmi nous maintenant.

Ce dernier se releva et tandis sa main à Gershom qui la saisit pour qu'il fasse de même. À hauteur d'homme et bien présent, il put observer et comprendre son environnement.

La pièce n'était pas grande, notamment à cause des caisses par dizaines qui l'encombraient. Il y avait des plantes, des fruits, des liquides, des fioles et des documents. Une fenêtre carrée avait été placé en haut d'un mur et l'homme se tenait toujours devant.

Il était « bâti comme une armoire à glace », comme l'aurait dit une des connaissances de Gershom. Ni cela, ni son regard, aussi sombre que ses cheveux, n'intimidaient l'étranger. Il avait rencontré des gens bien plus brutaux et féroces. Il ne percevait aucune réelle animosité.

Derrière Maël se trouvait une femme rousse. En bleu de travail, elle regardait son camarade avec un semblant d'exaspération vis-à-vis de son comportement. Elle décida enfin de s'avancer et se tint à côté de ce dernier.

— Excuse-le, le social n'est pas son fort. Ça fait bizarre de dire ça sachant qu'il t'a sauvé d'une mort quasi-certaine.

Ces mots interpellèrent Gershom qui tenta aussitôt de raviver ses souvenirs et il acquiesça.

— Oui... La barque... La mer...

— Tu étais inconscient, précisa Maël. Inconscient et dans un sale état.

Il pointa l'accoutrement de l'étranger, taché par la transpiration, mais aussi imprégné par l'odeur.

— Une bonne toilette te fera du bien, ajouta la rousse. Un point d'eau se trouve juste là. Pendant ce temps, Maël va te chercher un change parmi ses affaires, n'est-ce pas ?

Il ne dit rien et partit. Quant à elle, elle dépassa Gershom et ouvrit en grand une porte qui donnait sur une cour extérieure. Il se retourna et la remercia avant d'y aller. Un puits tout ce qu'il y a de plus banal se tenait au milieu. Le naufragé se servit du seau à disposition et récupéra de l'eau. Il jeta quelques coups d'œil autour de lui pour ensuite finir en sous-vêtements. Il aspergea son corps et ses cheveux et frotta le tout pour retirer la crasse qui s'y était imprégnée. Il en profita pour observer le paysage.

Devant lui, s'étendaient des champs et encore bien plus loin, il aperçut la mer. Maël avait fait un sacré chemin pour le ramener là où il se trouvait maintenant. Gershom s'étirait quand son sauveur lui lança par derrière un tas de vêtements, exactement les mêmes qu'il portait à ce moment-là.

— Pour toi.

— Merci...

L'étranger les ramassa, sceptique. Cependant, il les enfila sans réfléchir.

— Ha !

Ce début de rire, tendant vers l'arrogance, intrigua le naufragé qui fronça les sourcils.

— Tu dois t'en poser des questions.

— C'est le moins qu'on puisse dire.

— Je suis tout ouïe.

— D'accord... Pour commencer, où est-ce que je suis ? Ensuite, pourquoi m'avoir sauvé si c'est pour se comporter ainsi avec moi ? Et pour conclure, comment ça se fait que tu étais comme par hasard sur cette plage tout là-bas quand je suis arrivé ici malgré moi ?

Maël fit les grands yeux.

— Je ne m'attendais pas à autant de questions. Tu as un esprit assez vif, me trompe-je ? Enfin, si on met de côté tout à l'heure quand tu étais dans le gaz. Ha !

— Et toi ? Tu es coincé, me trompe-je ? Parce qu'à chaque fois, ton rire meurt dans ta gorge.

— Ha ! Elle est pas mal celle-là.

Il remonta ses manches puis croisa les bras.

— Pour te répondre, nous sommes sur l'Île aux Pâquerettes. Je t'ai sauvé parce que tu allais sûrement mourir et c'était sur le chemin de mon parcours de 2 heures de course.

— Je... Je ne sais pas par quoi commencer.

— Dans ce cas, ne commence pas. À moi de t'interroger. Pourquoi étais-tu... ?

— Maël ! coupa la rousse. Il ne faut pas tarder à y aller !

— Pff ! C'est vrai, nous avons ça à faire. Tu peux venir avec Jude et moi-même si tu le souhaites.

— Jude ?

La rousse leva la main.

— Maintenant que j'y pense, nous n'avons pas pris le temps de faire les présentations en bonne et dûe forme. Je m'appelle Jude, je suis pharmacienne.

— Gershom.

— Drôle de nom.

— C'est elle qui s'est occupée de toi avant que tu ne te réveilles, intervint Maël.

— Ce n'est rien, assura-t-elle, bien que flattée, comme on pouvait le voir à ses joues. Trève de bavardages. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être en retard.

— Où allez-vous ?

— Inscrire Maël au tournoi pour désigner le nouveau chef de l'île.

***

✎ Thèmes principaux : Combat, Chef, Arène, Sang, Meurtre, Complot

✌︎ Place dans l'univers : Se déroule après Purgez-moi ça !

✑ Résumé : Rescapé d'un naufrage, Gershom se retrouve sur l'Île aux Pâquerettes. Si son nom respire la légèreté, le revers des pétales est bien plus... tacheté. 

Mêlé malgré lui au tournoi pour désigner le nouveau chef, il aura confirmation qu'il existe deux types de règles. Celles écrites noir sur blanc et celles que l'on lit entre les lignes.

FAITES VOS PARIS ! QUI PÉRIRA ? OU PLUTÔT, QUI SURVIVRA ?

Tous, ils devront tous tomber, murmura Maël, prêt à vaincre.

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